"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

samedi 22 mai 2010

Ce dimanche, c’est "Pentecôte"…

Pentecôte. Fête chrétienne majeure : Début de la Mission… Ravalée par sa reductio ad festivum au statut de "droit acquis" à un week-end prolongé pour réunions sportives et congrès associatifs, elle célèbre pourtant le mémorial du démarrage de la Mission apostolique de l’Eglise sous la bannière de l’Esprit. Fête du prosélytisme donc (quelle horreur… J’assume !) Finie la frileuse nostalgie entre potes planqués bien au chaud au cénacle. Quand faut y aller, faut y aller !
Ad majorem Dei gloriam (sans oublier le Salut du Monde…)

Pour marquer ce jour saint (et oublier un peu mes billets de la semaine), j’ai décidé de vous présenter mon tableau préféré : "La vocation de St Matthieu" du Caravage qui orne la chapelle Contarelli en l’église San Luigi dei Francesi à Rome. [ " - Suis-Moi ! " - Mt 9,9 ]

Le tableau est d’un équilibre géométrique parfait. La scène se passe dans ce qui pourrait être un de ces bouges des bas-fonds de Rome que le peintre fréquentait assidûment. Les personnages profanes sont en costumes contemporains (de l’époque…), occupés à leurs affaires de pognon. Les uns restent absorbés dans leurs combines, indifférents à l’irruption de Jésus et de l’apôtre Pierre ; Les autres, à peine dérangés, ont l’air de se dire : "- Qu’est-ce qu’ils nous veulent, ces deux-là…" Celui qui est de dos a même un côté un peu hargneux et agressif ; le plus jeune, de face et en pleine lumière, a l’air de se poser un peu plus de questions… Peut-être est-ce un signe d’Espérance pour l’apostolat ?

Jésus et Pierre, eux, sont vêtus comme des galiléens du 1° siècle et pieds nus (en quelque sorte ils sont "hors du temps"…) L’attitude de Jésus incarne toute l’autorité du Christ et sa main tendue vers Matthieu rappelle celle de Dieu tendue vers Adam au plafond de la Sixtine. L’attitude de Pierre est nettement plus hésitante (même si le coq n’a pas encore chanté…) Sa main aussi appelle, mais avec plus de retenue. J’aime à penser qu’il laisse au Patron le soin de recruter son futur collègue de la bande des douze et que, "visant moins haut", son geste apostolique s’adresse plutôt au petit jeune. Mais sans doute n’y a-t-il pas mis assez de conviction…

Quant à Matthieu ("- Moi ? "), son visage, son regard et son geste manifestent ce mélange confus de surprise, d’étonnement, d’incompréhension et d’inquiétude déjà éprouvé par nombre de prophètes de l’Ancien Testament. Matthieu est ici l’expression de la pleine et prosaïque humanité confrontée à l’appel de la transcendance…

Et puis, il y a cette lumière qui vient éclairer les personnages, c’est à dire les hommes (tous, qu’ils soient de "bonne volonté" ou non…) Et cette lumière ne vient pas du Verbe Incarné mais de derrière Lui, d’au-dessus de Lui et on ne peut en voir la source... Enfin, (détail ?) il y a cette fenêtre, simple accessoire meublant du vide supérieur du tableau, mais dont la croisée banale rappelle que toute cette histoire doit faire un détour par le Golgotha…Il est vrai que Le Caravage, paillard débauché s’il en fut devant l’Eternel, grand amateur de rixes et de filles faciles, avait aussi de bonnes connaissances théologiques… Fasse le Ciel que se poursuive la transmission si ténue et si fragile du Message. Le Ciel, certes, mais à condition aussi qu’on s’y colle…

1 commentaire:

  1. Merci Plouc, pour tout : le tableau et votre commentaire.
    Bonne fête de la Pentecôte à vous et aux vôtres.

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