"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

lundi 31 janvier 2011

C'est juste un SMS...

Oups !

Il vient de m’arriver un truc pas possible !

Bon, le temps de rentrer chez moi et je vous en reparle.

Dès demain…

dimanche 30 janvier 2011

MAM, Ben Ali et petite mise au point…

Figurez-vous que, de nos jours, il arrive à des ministres régaliens de la République d’avoir la fâcheuse idée d’aller passer leur réveillon de fin d’année à l’étranger. Il s’agit-là d’une innocente manie fréquemment observée dans d’autres segments de la population, aussi bien dans la bobosphère aisée que chez le CLS (Consommateur Lambda Solvabilisé) assidu au Club Med’ ou client chez FRAM avec ou sans chèques-vacances. Pour déplorable qu’elle soit quand on sait la richesse de nos provinces dont les intéressés n’ont sûrement pas épuisé les charmes, cette manie n’est pas critiquable en soi. Mais s’agissant de nos dirigeants au plus haut niveau, quelle imprudence !

Certes, le Canard Enchaîné et autres "organes institutionnels" du genre Bisounours-Info, Live together-One et Canal-Prozac ne se sont jamais ému des réveillons sur le Nil de tel de nos présidents qui se la jouait look à la Bruant. Avec à n’en pas douter l’assistance sécuritaire aimablement fournie par notre pote Hosni Moubarak.
Oui, mais aujourd’hui c’est pas pareil !

Aujourd’hui, quand Madame le ministre de la Défense va dîner dans un pays dont on ne peut présumer d’un jour à l’autre si le dirigeant est un pas méchant ou un pas gentil, elle prend des risques inconsidérés. J’espère pour elle qu’elle a bien gardé sa note d’hôtel, la facture du restaurant, celle du taxi et le ticket du pressing.

Bon, ceci-dit, vu les sondages de mon précédent billet, si mon CV doit un jour intéresser le Torchon Palmipède, je veux d’ores et déjà démentir catégoriquement avoir été l’invité de Moubarak, ni, en leurs temps, du roi Hussein responsable du Septembre Noir, de Hafez el Assad, du Shah d’Iran ou de Franco.

Ni d’ailleurs de Walter Ulbricht. Mais celui-là, ça n’est pas sulfureux…

samedi 29 janvier 2011

2012 – Des sondages, encore des sondages !

Bon, je sais qu’il est trop tôt pour faire des pronostics… Mais dans moins de trois mois, on sera pile à un an du 1° tour des présidentielles ! On passera donc aux choses sérieuses car, dès lors, toutes dépenses risquent d’être réintégrées dans les futurs comptes de campagne des futurs candidats ! On n’a donc plus que trois mois pour raconter n’importe quoi (je veux dire pour rêver n’importe quoi, parce qu’après, on aura encore un an pour entendre n’importe quoi…)

Il est encore bien tôt, donc. Et pourtant les instituts de sondages ont déjà un plan de charge bien garni car la clientèle en redemande, les média comme les partis…
Vous noterez d’ailleurs au passage que personne n’a jusqu’à présent commandé de sondage sur l’identité des compétiteurs de la future primaire socialiste. Personne, évidemment n’est prêt à claquer son pognon pour ce machin qui s’annonce si bordélique qu’il n’aura peut-être même pas lieu et qui, de toute façon, n’aura pas plus d’influence sur le choix final du compétiteur socialiste à la présidentielle que la pisse d’un chiot sur un parcmètre.

Toutefois, figurez-vous que certains viennent de claquer leur fric pour faire poser la question suivante :

Qui souhaiteriez- vous voir qualifiés pour le 2d tour ?

En avant première et en exclusivité absolue, je suis en mesure de vous présenter ci-après les résultats des six premiers sondages* réalisés sur cette question, d’autant que la presse n’en parlera pas :

1° - "Rêve TRANQUILLE" - Ipsos pour le Collectif Presse - Média :

Martine Encorepire
et
Nicolas
Pasmieux
– Probabilité : 3 %



2° - "Rêve SUPER TRANQUILLE" - SOFRES pour la France privilégiée :

Dominique Çamegonfle
et
Dominique Jelaurai
– Probabilité : nulle.



3° - "Rêve DE BOBO" - OpinionWay pour le Collectif Paris-Plage :

François Jelavaisdit
et
Jean-Louis
Yadégrenelle
- Probabilité : nulle



4° "Rêve D’IMPATIENCE" - IFOP pour les jeunes attachés parlementaires :

Manuel Alorçavient
et
J.-François
Jypensaussi
- Probabilité : nulle



5° - "Rêve AGITÉ" – CSA pour les Vrais Indigènes de la République :

Jean-Luc Archéotrotsko
et
Marine Archéofâcho
- Probabilité : 48 %




6° - "Rêve SUPER 21 AVRIL" – BVA pour le FOPOD et associés :

Kévin-Ibrahim Ducon
et
Le Plouc-em’
– Probabilité : non significative

(scores scientifiquement incompréhensibles…)

* Tous ces sondages ont été réalisés par hygiaphone ou parlophone selon la méthode des quotas ethniques et avant l’heure du laitier, un matin arrosé dont j’ai oublié la date entre quatre heures quarante cinq et cinq heures moins le quart auprès d’un échantillon aléatoire de 998 porteurs de prothèses auditives remboursées par la Sécu âgés de moins de 18 ans.

vendredi 28 janvier 2011

Y a pas de quoi sonner les cloches…

Les minarets sont des monuments qui bien sûr peuvent servir pour l’appel à la prière, mais dont la fonction première, en réalité, est celle de proclamation politique : c’est moi qui suis là, c’est moi qui règne sur cet endroit (...) en quelque sorte l’équivalent des arcs de triomphe dans le monde romain…”

Des Racines et des Ailes – France 3 – 26 janvier 2011 – reportage en Ouzbékistan.

- A Strasbourg, la municipalité vient d’approuver l’attribution de terrains et une participation aux travaux pour la construction de deux mosquées de proximité. Mais rassurez-vous, une des deux n’aura pas de minaret (la plus périphérique…)
-Dans une petite ville du Sud-Ouest, le permis de construire de la mosquée inclut un minaret de 12,5 m de haut (15 000 habitants…) Mais il ne sera pas "sonorisé"…
- Le minaret de la future grande mosquée de Marseille fera 25 mètres…
- etc.

Mais voyons ! Qu’est-ce qui vous chagrine ? Les tours de Notre-Dame de Paris font bien 69 m ! Et le sommet de la flèche est à 94 m du sol !
Et puis on n’est pas en Suisse. Il suffit que tous ces nouveaux minarets ne servent pas à l’appel à la prière pour la tranquillité sonore ; ce que les responsables du culte musulman acceptent toujours assez volontiers.

On les en remercie…

jeudi 27 janvier 2011

Quel sang abreuve nos sillons ?

De la terre et du sang…

Petite mise au point…

Contrairement à ce qu’on ne cesse d’entendre, le droit du sol n’a jamais constitué le fondement de notre droit de la nationalité. Depuis la stabilisation du concept de France (milieu du IX° siècle ?) jusqu’au début du XX siècle, ce droit était fondé sur le principe qu’est français celui ou celle qui est né d’un père français, point barre. Il est désormais mainstream d’appeler ça le "droit du sang"…
Puis le "droit du sol" a fait une apparition mais de manière très subsidiaire : Une loi, sans doute postérieure à 1918, a disposé qu’est également français celui, ou celle, qui est né en France d’un père qui y est lui-même né. La justification de cette innovation était que cette double naissance en France de deux générations successives valait présomption d’intégration. Dans la pratique, les services administratifs utilisèrent souvent ce texte lorsqu’il s’agissait d’établir des documents réservés aux citoyens français, puisqu’il suffisait de se fonder sur le lieu de naissance du père et du fils, ce qui était plus simple que d’établir un certificat de nationalité du père. Mais ceci ne changeait rien au caractère accessoire de ce droit du sol.
Ce n’est qu’en 1993 (hier, donc) qu’une nouvelle loi ouvrit une importante extension au droit du sol. Ce texte permettait aux enfants nés en France de parents étrangers nés à l’étranger, de demander la nationalité française, ce qu’ils ne pouvaient faire jusque-là que par le recours à la procédure bien plus lourde de la "naturalisation". Pour bénéficier de cette procédure simplifiée et de cette extension du droit du sol, ils devaient prouver un séjour d’au moins cinq ans sur notre sol et exprimer leur volonté de devenir français en formulant une demande auprès du juge d’instance. Ce qui permettait à celui-ci de procéder à diverses vérifications, notamment en ce qui concerne le casier judiciaire du requérant. Bien entendu, celui qui ne formulait pas expressément une telle demande restait strictement étranger.
En 1998, le gouvernement Jospin modifia profondément la chose en promulguant une nouvelle loi selon laquelle la nationalité française était octroyée automatiquement à tous les enfants nés en France de parents étrangers, sous la seule condition d’un séjour d’au moins cinq ans sur notre territoire, mais sans qu’ils aient à exprimer leur volonté de devenir français. En revanche, celui qui ne souhaitait pas acquérir notre nationalité devait formuler ce refus par une demande écrite (tu parles !).

Il faut dire qu’une dérive sémantique astucieusement promue permettait d’opposer un "droit du sang" négativement connoté (puisque sang = race = nazi…) et un "droit du sol" positivement connoté mitterrandien ("la force tranquille" sur fond de clocher… et même "la terre ne ment pas" ^^…)
Ce n’est que depuis la promulgation de cette loi de l’ère Jospin que l’on a assisté à une propagande intense affirmant que le droit du sol serait, depuis la Révolution française, le fondement essentiel de notre nationalité, ce qui est une contre-vérité flagrante.

Evidemment, la "drouââte" revenue aux affaires s’est bien gardée, comme à son habitude, de remettre en cause cet "acquis" universaliste dont tous nos voisins rigolent… Un simple retour au texte de 1993 aurait au moins juste supprimé l’aberrante automaticité légale qui refuse même au bénéficiaire la possibilité d’exprimer sa volonté. Rien que ça demandait trop de courage…

"- Tu y a droit ! C’est d’office. On t’as rien demandé…" (à moi non plus d’ailleurs, c’est ça Liberté-Egalité-et cætera…)

mardi 25 janvier 2011

Même dessin, même dessein, ad nauseam…

Les décennies se suivent… Bien sûr, la "patte" de "l’artiste" a dû un peu évoluer, mais son cerveau est toujours aussi orthonormé ; ossifié quoi !

"Il est de bon ton de dire que Plantu est le meilleur éditorialiste de France (…) A mon avis, il est surtout le plus imperméable au réel. Le dessinateur qui officie chaque jour en « une » du Monde a sa grille de lecture, la même depuis 20 ans, (…). Qu’elle ait surtout permis de ne rien comprendre à ce qui se passait dans la société française et d’évacuer par le mépris les inquiétudes du peuple, ce n’est pas le problème de Plantu."

Suggéré par le ci-dessus dessin de Plantu, voilà comment commence le papier publié vendredi dernier sur Causeur par Elisabeth Levy. Belle description d’un spécimen lambda de l’homo post-sapiens "qui exhibe sa hauteur morale"…

Ne vous privez pas d’aller la lire. Ce sera tout pour aujourd’hui.

lundi 24 janvier 2011

Kabul et rue Myrrha même combat !

Et ça roule : même résultat…

Afghanistan, terre de tous les temps…
أفغانستان , mon questionnement…

کابل (Kabul) vous connaissez ?


Moi "Je deviens Kabul…" Fut un temps, suite à un lapsus révélateur, cette expression idiote m’avait encombré l’esprit de façon lancinante (pour une raison très personnelle sans intérêt ici, je dirais presque que c’était dans une autre vie…) Et elle me revient aujourd’hui. Pourquoi ?

A cause d’un article que je viens de lire dans Valeurs Actuelles de cette semaine.

Les Afghans, je les ai assez bien connus. Foutus gens ! Certes… Mais des sacrés mecs et quel pays !
Bien sûr, c’était pas hier ; juste avant que Zaher shah se fasse la malle… Je me souviens de leur accueil, dans les maisons de Shar i Nau (Neuilly local, magnolias partout mais eau courante au fond du jardin) comme dans les tchaï khanas des moutar saraï (équivalent local de nos restaurants routiers) des fin-fonds de provinces… Je me souviens de ce collègue venu pour informatiser la banque centrale et que j’y ai vu réduit pour tuer le temps à écrire avec un pakistanais débonnaire un règlement interne pour tenter de réduire les fraudes… Et aussi, à l’hôpital Aliabad chauffé au bois, de cette collègue de Mme Plouc ayant renoncé à dissuader le batcha crasseux d’apporter le thé dans le bloc opératoire… (NDLR : la dite Mme Plouc ayant eu raison de préférer épouser son mari plutôt que d’y retourner prendre la relève de la pauvre fille…) Je me souviens aussi des fusils des koutchis (genre de romanichels locaux, c’est dire…) qui m’ont dépanné la nuit tombée à trois heures de 4x4 du premier vivant (vaguement) civilisé…
Bien sûr, l’Islam était omniprésent. Mais juste pour les 5 prières, les tchadors c’était en ville et point barre. Et, si nécessaire, la flicaille n’hésitait pas à matraquer du mollah trop insupportable…
Les amerlocs avaient claqué leur fric pour offrir au pays l’aéroport international de Kandahar. Un furoncle inutile posé au milieu de rien. Façon de se donner bonne conscience en attendant de pouvoir financer les طالبـان (talibans)… Pendant ce temps-là, les russkofs renforçaient la route du Salang et élargissaient les tunnels. Histoire de pouvoir un jour y faire passer les chars…
Toutes mes connaissances indigènes se sont dissoutes dans la tourmente. Dès la liquidation de Daoud khan sans doute ; voire dans les épurations successives entre obédiences communistes (pas de procès de Moscou ; les mecs savent faire simple…)
Tout ça pour dire que depuis lors, je n’ai jamais pu me désintéresser de ce pays fascinant.
Le 11 septembre m’avait laissé interdit. Mais la veille, apprenant l’assassinat d’Ahmed shah Massoud, j’avais pleuré…

Au-delà de la multiplicité des ethnies et des clans, l’Afgha’ est une vraie nation, et à ce titre respectable au sens que Jean-Paul II donnait au mot nation. Une nation qui s’en tient à son pré carré et y tient bec et ongle, pas plus mais pas moins. Ce qui devrait être espérance de Paix, tout à fait dans l’esprit de l’éloge des frontières si cher à Régis Debray…

Mais cela dit, "ils sont eux et nous sommes nous" Faut pas confondre… Et nous devons montrer que nous sommes nous ! J’en suis navré, mais ils n’hébergent pas seulement nos ennemis. Force est de dire que, ic et nunc, ils SONT nos ennemis tels que Carl Schmitt les définissaient…

Et voilà que je tombe sur cet article de Valeurs Actuelles ! Si vous avez le temps, allez plutôt directement lire en pdf le rapport intégral de l’aumônier du 2° REP (ça fait dix pages, vous pourrez zapper la première) La hiérarchie militaire a demandé qu’on le vire de la Légion. Nécessairement…

Je découvre que dans ce pays où seuls comptent les liens féodaux et les rapports de force virile, nos jeunes qui s’y font trouer la peau ont de facto pour principale mission de montrer leur dhimmitude et leur immense respect de la charia ! Ils sont là-bas pour se faire les ambassadeurs contraints des Delanoë et autres trouillards fermant les yeux sur les prières de rue. Ici, ont leur construit fébrilement des mosquées ; là-bas, on restaure les leurs et on voile nos soldates !

Non. Kabul n’a pas rendu nos troupes maboules. Elles sont méprisées et ridiculisées, mais elles versent leur sang pour l’Empire du Bien. C’est bien…

dimanche 23 janvier 2011

Histoire de mer…

Il arriva que le City of Bénarès, trois-mâts franc, devint un jour son seul maître après Dieu sous le ciel et la mer.
L’aventure qui lui valut, sans autre mal, de perdre son équipage, n’a pas laissé de traces dans la mémoire des hommes.
On peut supposer (mais rien n’est moins certain) que les matelots et le subrécargue, descendus avec des barils et des outres, pour faire de l’eau sur la côte d’une île d’Océanie, furent réduits en servitude par des peuplades fanatiques et tinrent lieu d’holocauste à quelque divinité de bois peint. Mais comment expliquer que ni le capitaine (il a laissé, paraît-il, une vieille mère aveugle et sans ressources dans un faubourg de Londres), ni le mousse (un enfant trouvé), ni même Sam (le cuisinier nègre et hilare, originaire du Sud de l’État de Virginie), ne furent jamais signalés dans aucun pays, en rade d’aucun port, en partance sur aucun navire, ivres-morts dans aucun cabaret du monde entier. Le cas, unique dans les annales de la marine marchande, est jusqu’ici resté voilé du plus impénétrable mystère.
Le City of Bénarès n’était pas fait, quoi qu’il en soit, pour représenter, durant une existence, les intérêts de la maison Habburton and C° limited, d’Edimbourg (laines d’Australie) avec l’espoir, à la fin de ses jours, d’une retraite aléatoire comme ponton embarcadère sur la Tamise. La courbe de son étrave et l’inclinaison de ses mâts, sa précision à tenir le vent au plus près, et sa souplesse à monter à la lame, l’apparentaient aux plus fins voiliers de la Compagnie des Indes. De telles dispositions eussent incliné sa vocation naturelle vers la course ou le trafic du bois d’ébène, sans l’injustice des circonstances qui le vouèrent à la monotonie d’un commerce au long cours, mais de peu d’éclat.
Aussi, lorsqu’il n’entendit plus sur son pont et dans les profondeurs de sa cale que le travail sourd du bois et les courses brusques des rats, et dès qu’il ne connut plus à sa fantaisie d’autre limite que la circonférence immuablement parfaite de l’horizon, le City of Bénarès étira-t-il ses vergues dans un geste de grand délassement.
Pendant tout un après-midi de calme plat, il somnola, dérivant doucement sur un courant inconnu, tandis que la mer, où des vols de mouettes s’étaient posés en rond, réverbérait le soleil dans tous les sens par l’agitation continuelle de ses miroirs dansants. La brise ne fraîchit qu’à la tombée de la nuit. Le trois-mâts hésita un instant, cherchant le vent. Puis, penché brusquement sur bâbord, il reçut le souffle dans ses voiles qui claquèrent, et, retroussant à la proue une aventureuse moustache d’écume, s’enfuit sous la clarté de cette lune, qui, même par les nuits les plus chaudes, a toujours l’air d’avoir froid.
Il se disait : « Au-delà de tous les continents et de la lumière nocturne du dernier phare de la dernière côte doit s’étendre un océan plus stérile et plus beau que les plus déserts où j’ai laissé mon reflet et tracé mon sillage. Le rythme des houles parallèles s’y trouve réglé par l’haleine perpétuelle des alizés. Là s’arrête, avec tout négoce, le royaume des hommes et commence le pays des vaisseaux libres et des épaves abandonnées qui ne craignent plus ni bonace, ni saute de vent, ni trombe, ni cyclone, ni typhon ».
Le City of Bénarès, dans sa naïveté de navire en bois, partit ainsi à la recherche du bout du monde.
On ne peut préciser combien de temps il poursuivit sa chimère et joua le rôle du « Grand Voltigeur Hollandais », hors de tous chemins battus de la mer. Il naviguait sur basses voiles, l’usure ayant détruit les parties élevées de la mature. Sa carène, alourdie peu à peu, s’enfonçait dans les flots presque jusqu’au pavois. Il était plus délaissé que les ruines dont il portait le nom prédestiné. Aucun requin ne le suivait. Le dernier avait péri de faim en son attente d’un mousse problématique tombant dans l’angle du sillage.
Quelquefois, pourtant, des oiseaux marins se reposaient sur son pont maculé de leur fiente. Mais ni les eiders des régions polaires, qui établissent leur précaire demeure sur les glaçons, ni les frégates qui dorment en planant, ni les cormorans qui pêchent à la nage, soulevés comme des galères par les grandes vagues d’équinoxe, ni les goélands, dont le vol annonce l’orage, ni les mouettes, dont l’aile, sur les tableaux de marine, a toujours la forme d’un accent circonflexe, ni même les pétrels qui sont fous, n’auraient choisi pour y déposer leur couvée ce point mouvant sur l’infini.
Après qu’il eut croisé en vue de bien des terres ignorées, dont aucun livre de bord ne porte la mention et qu’il eut traversé des océans verts, des mers bleues, violettes, grises ou blanches, le City of Bénarès conçut cette notion désolante par laquelle commence l’instruction rationnelle des enfants des hommes sur les bancs de l’école primaire. A force de tourner autour du monde il se rendit compte de la vanité de ses recherches, et que la terre n’est qu’une boule, légèrement aplatie ― dit-on ― aux pôles.
Dès lors il ne lui restait plus qu’à choisir sa mort, seul moyen de reculer les bornes d’une planète trop limitée.
Au large des Iles de la Sonde, sur une mer très calme, dont la couleur plus sombre laissait prévoir un abîme, tout droit, les vergues en croix, il coula par six mille brasses de fond.
Depuis longtemps la valeur marchande du City of Bénarès était inscrite à profits et pertes sur le grand livre de la maison Habburton and C° limited, d’Edimbourg (laines brutes d’Australie).

Jean de La Ville de Mirmont 1886 - 1914 (Contes – recueil posthume - 1923)

samedi 22 janvier 2011

Le domestique laisse n’importe qui vider la maison…

Perso, je n’ai jamais aimé Louis-Ferdinand Céline, ni l’œuvre littéraire, ni l’homme. Question de goût.

Mais putain ! Quel homme ! Quel sacré pavé dans le marigot qui a – justement – marqué son temps… et encore pour longtemps !

Et voilà que le petit larbin larvaire, bouffon du roi, vaniteux, pédéraste, lèche-botte tout azimut avec les célébrités du moment, sodomite (ou inverti, Dieu me garde de savoir…) amateur d’éphèbes tunisiens (c’est ministre, on n’a que ce qu’on mérite…) chie dans son froc devant le comptable monomaniaque autoproclamé Torquemada au petit pied en charge de la vengeance judéo-fasciste éternelle ! (éternel : qui n’aura jamais de fin…)

Céline rayé des listes ! Céline rayé de la carte ! (je suis sûr qu’il en rigole… moi pas)

C’est quoi ce pays ? C’est qui qui gouverne ? C’est Klarsfeld ?
C’est quoi ce ministre ? (on le savait déjà…)

Bon, je me calme (non) Allez plutôt lire ce qu’en disent Hoplite (2° article : l’index) et Nicolas chez Ilys.

ADDITIF du 22 janvier : Ne manquez pas les réflexions que la chose inspire à Mouloud chez Bouteille à l'amer

jeudi 20 janvier 2011

La Santé Publique est-elle tolérable par la HALDE ?

L’homo postsapiens (bisounoursus boboïdus politikécorrectus et quand même érectus) peut bien fermer la porte à double tour, le réel rentrera toujours par une fenêtre…

Dans un respectable souci du vivre ensemble, les statistiques ethniques sont strictement bannies. Ce qui n’est pas le cas pour les plantes à fleur et les singes. Ni d’ailleurs pour les chiens qui ont pourtant la chance de pouvoir se métisser à tout va. Curieusement, ce métissage, source incomparable d’enrichissement pour nous ne le serait pas pour ces braves amis de l’homme dont la pureté raciale est fort appréciée alors que les métissés sont péjorativement qualifiés de bâtards… Mais bon…

Donc pas de statistiques ethniques pour nous. Obscénité majeure et porte ouverte sur l’enfer…
Faudrait donc aussi penser à fermer toutes les fenêtres… Les matons de l’Empire du Bien s’en chargent, heureusement, mais ils oublient toujours un vasistas ou un truc ouvert quelque part…

Ces jours-ci, la gente médiatique s’esbaudit et tire à la ligne au sujet des 65 millions de guignols qui garnissent notre beau pays, pousse des cocoricos pour sa fécondité et se congratule de l’allongement de l’espérance de vie… Sur ce dernier point, merci qui ?

Merci les études épidémiologiques, et leurs suites logiques : les dépistages ciblés sur les populations à risques… Et c’est là, malheureusement, que le réel rentre par la fenêtre…

Connaissez vous la Drépanocytose (anémie falciforme) ? Non ? C’est une maladie génétique (transmission héréditaire type Loi de Mendel) qui affecte désormais en France trois fois plus de sujets que la Mucoviscidose dont on parle tant. Or, un diagnostic précoce au stade néonatal permet d’éviter ou d’atténuer les complications dues à cette maladie de l’hémoglobine et le test de dépistage existe.
Il se trouve que la probabilité d’être porteur de cette Drépanocytose est extrêmement corrélée aux origines ethniques des nourrissons. Ce fait scientifiquement validé est bien connu des pédiatres qui en tiennent évidemment compte pour prescrire le test ad hoc.
Les nouveau-nés identifiés "à risque" sont ceux d’origine africaine antillaise et maghrébine.

Le pourcentage de nouveau-nés à risque ayant bénéficié d’un dépistage par rapport au total des naissances est aisément disponible et publié région par région. Il reflète donc sans discussion possible le pourcentage de nouveau-nés d’origine africaine antillaise et maghrébine

En 2007, s’il n’est que de 4,40 % en Bretagne et 11,20 % en Poitou-Charentes, la moyenne est de 28,45 % pour l’ensemble de la France métropolitaine, de 41,91 % en Provence-Côte d’Azur et de 55,68 % pour l’Ile de France (contre seulement 45 % en 2003, et c’était déjà il y a trois ans…)

Oser afficher ainsi que nettement plus d’un enfant sur deux qui naît en Ile de France est issu de la Diversité est une atteinte intolérable à l’interdiction des statistiques ethniques. Qu’attend-t-on pour INTERDIRE les dépistages préventifs et les études épidémiologiques sur cette maladie ?

Sources : ICI et

(merci Dxdiag)

Illustration (qui n'a rien à voir...) : Promotion des médaillées de la Famille française 2010 pour la ville de Dijon.
- Six ou sept enfants : Fouzia Amezane, Fatiha Benhalima, Fatima Boularess, Aïcha Hadj-Abderrahmane, Mama Lefdou, Fatima Loubbi, Rosaria Rutigliano, Aïcha Tasry.
- Quatre ou cinq enfants : Saadia Ayar née Ayar, Saadia Ayar née Jabir, Medhia Bargaoui, Fatima Batta, Diane Brenot, Saâdia Brouzi, Fatima Et-Tellah, Nacéra Farsi, Fatima Haddache, Nathalie Lerbet, Zineb Oussghir, Stella-Cora Robert, Latifa Sabik.

mardi 18 janvier 2011

Ouf ! Nous aurons notre Mondial !



N’oublions pas que les grandes compétitions sportives d’audience mondiale contribuent de façon consistante à l’animation économique des pays organisateurs.

La candidature d’Annecy pour les Jeux Olympiques d’hiver de 2018 paraît assez mal barrée. Le seul espoir sur lequel compte encore la France (sans le dire) c’est que ça tourne au vinaigre entre Corée du Sud et du Nord avant que le CIO ne tranche prochainement… Et ça n’en prend pas le chemin…

Mais consolons-nous. En 2011 nous aurons notre Mondial de foot !

En effet, la France va de nouveau accueillir une Coupe de monde de football.
Elle a été choisie pour organiser à Paris du 21 au 28 août prochain le 9e Mondial des SDF avec la participation de 50 pays des cinq continents.

J’ai bien dit des SDF, des sans-domicile-fixe

Les quelque 500 joueurs attendus, outre leurs licences de club, sont tous homologués "privés de toit"

Ce sera tout pour aujourd’hui.

lundi 17 janvier 2011

L’avenir mais pas seulement…

Comme d’hab’, en m’asseyant encore ensommeillé devant mon petit dej’, je clique ce matin machinalement sur le bouton on/off de l’espèce de briquet qui traîne sur la table (briquet, oui ; autrefois, on disait allumer le poste…) Evidemment, c’est France Cul’. Normal puisque j’écoute souvent Répliques le samedi matin avec Fink’. L’appareil ne me servant le reste du temps qu’à assurer un fond sonore suivi d’une oreille distraite durant mes petits dej’, ma flemme ne justifie pas l’effort de changer les réglages…

Ce matin, donc, en lever de rideau, la préposée de service nous fait une pub d’enfer pour "L’avenir seulement", œuvre monumentale d’un artiste suisse montée au Théâtre de Gennevilliers, en partenariat avec France Cul’ comme de juste. Ça cause (je cite) "…de Rosa Luxemburg, d’utopies, d’engagements, de politiques, de révolutions, de travailleurs en marche, de guerre et de chômage" Point.(ça fait déjà pas mal...)

Ça, c’est la fille qui cause dans le poste. Mais je suis ensuite allé un peu googeuler sur le thème :
On apprécie l’ellipse journalistique de la fille tout en nuances : On lit sur le site du théâtre "…de Rosa Luxemburg, d’utopies, d’engagements, de politiques utiles et inutiles, de révolutions, de travailleurs en marche, de guerre et de chômage. Mais surtout de Rosa, d’une communiste, morte pour ses idées"…
Et puis, sur le site de la mairie de Gennevilliers on ajoute dans la foulée : "donc aussi de situations vécues par les habitants de Gennevilliers face à la crise"…
Pour conclure, sur un site de critiques de théâtre j’ai retenu : "On ne sort pas du spectacle le poing en l’air : à quoi bon ?"

Bref, revenons à France Cul’. Immédiatement après ça la gamine annonce la programmation du matin : Dans le cadre d’une série historique sur l’avènement glorieux de la Lumière éclairant le monde en 1789-1792, une émission sur le retour de Louis XVI à Paris après son arrestation à Varennes. Mais avant ça, un débat chiant entre spécialistes sur la notion de tyran à l’époque archaïque. C’est à dire, précise-t-on, aux temps des premiers échanges documentés entre l’Orient et ce qui n’est pas encore l’Occident… Bref entre le 7° et le 6° siècle, avanjicé évidemment (je suppose que c’est comme ça qu’il faut dire, soyons déculturés, soyons laïcs…)

Bon. Je trouve fascinante la façon qu’on a désormais d’aborder l’avenir seulement en décortiquant le passé heureusement révolu, à se focaliser sur ce qui relève à n’en pas douter des HLPSDN comme enseignement primordial pour l’inaction ; que dis-je, à s’en masturber l’esprit avec la fureur monomaniaque de l’onaniste voué à son vice aussi égocentré que bestialement primitif. Dernière comparaison peut-être pas si débile, d’ailleurs, qui, plutôt que la satisfaction post-coïtem, propose ce sentiment, conscient ou non, de vain dégoût solitaire de soi et d’auto-repentance… But recherché ?

J’ai quand même distraitement écouté le début des échanges sur les tyrans à travers les âges
En gros, de mémoire, l’animateur du débat lui posant la question de savoir de quelles sources on disposait pour qualifier le caractère tyrannique des différents personnages de l’Antiquité évoqués dans l’émission (avant d’en venir à Ben Ali…), la spécialiste de la chose a naïvement répondu :
"- Quasi exclusivement de documents plus tardifs, des légendes noires construites par des régimes ultérieurs…"

samedi 15 janvier 2011

En prévision de la sortie…

On n’est jamais assez prudent…

La béquille ou le corset (au choix) que constitue l’euro est ces temps-ci de plus en plus critiqué. C’est un fait qui ne me réjouit que modérément vu le niveau pharaonique de la dette extérieur, mais qui ne me surprend pas.
Je me souviens qu’il y a douze ou treize ans, à un proche qui me demandait ce que je pensais vraiment de cette monnaie unique (le Plouc étant alors publiquement "pour" par obligation professionnelle…) j’avais marmonné à peu près ceci :
"- Prends les USA qui ont un $ unique. S’il y avait un $ propre à chaque Etat, celui de la Californie (à l’époque!) serait bien plus "fort" que celui du Michigan ; mais il y aurait moins de chômage à Détroit… Tu sais, avec la monnaie unique, ce ne sera plus la monnaie qui servira de variable d’ajustement, ce seront les hommes..."
Les faits sont têtus… Bon, je n’ai pas envie d’en parler ici, du moins maintenant….

En revanche, pour m’extraire un peu de la morosité du temps et pour ne pas être pris au dépourvu (le cas échéant…) j’ai demandé au FOPOD de nous préparer de nouvelles coupures pour le cas où on aurait à échanger le contenu des lessiveuses (oups ! ça c’était en 44 du précédent siècle, aujourd’hui ce seront plutôt des comptes aux Iles Caïmans…) Bref, voilà :

Ceci fait, il n’en demeure pas moins qu’un retour à l’appellation Franc aurait une petit parfum de suprématisme identitaire qui pourrait choquer les communautés issues de la diversité qui contribuent tant à la richesse de notre belle république à vocation universelle. Alors, quelle appellation adopter pour notre future hypothétique monnaie "nationale" ?
Pour ma part, j’aimais bien l‘ECU suggéré par Giscard, sigle pour European Currency Unit, certes, mais évoquant surtout pour moi quelque comptine du genre "la boulangère a des écus"… Abandonné, hélas au profit de l’insipide euro à cause de ces putains d’Allemands au jargon si barbare… (c’est vrai qu’en schleuh un écu – eine Kuh – ça fait plutôt bovin ; mais c’était leur problème, pas le mien…)
Ecu, donc, monnaie bien de chez nous : écu d’or depuis Saint Louis puis brave écu d’argent de 60 sols à partir de Louis XIII, il survécut aux assignats de la Révolution en continuant de désigner dans le parler du peuple la pièce de 5 francs jusque vers 1878 sous la présidence de Mac-Mahon environ. 550 ans donc, c’est autre chose que ce franc à la con né quand roula la tête de Robespierre et qui n’a vécu que 200 ans avant de se suicider en allant se noyer avec un sourire béat dans l’étang de cet improbable euro. Et en n'y allant même pas par désespoir comme l’écrivait le poète de
Ces mendiants de misères avides
Se béquillant là-bas vers les enclos feuillus
Et qui se noient la nuit dans des étangs livides

Livide l’euro ? Sans couleur, en tout cas sous le brouillard de sa lente évaporation qui, au ras de ses eaux stagnantes, masque aux regards son lent assèchement et les cadavres flottants de plus en plus nombreux de ses poissons privés d’oxygène. Cet euro à peine âgé de 12 ans qui souffre déjà de goutte et de schizophrénie…
Mais je déraille… Ecu, c’est encore plus franchouillard que le franc. Quoi alors ? Dirham afro-boréen ? Bon, on a encore le temps d’y réfléchir…

En revanche, si le franc est trop connoté souchien, pourquoi l’appellation France ne le serait-elle pas tout autant ? Après tout, sa vocation est universelle. Pourquoi conserverait-elle un nom géographiquement aussi circonscrit ? (j’ai pas dit circoncis mais bon) L’URSS, patrie de tous les travailleurs nous a montré la voie en zappant sur la Russie. Je sais, vous allez me dire que ce n’est pas très judicieux d’évoquer un tel modèle qui n’a tenu que 70 ans. Mais a-t-on besoin de plus ? Ce me semble un horizon bien suffisant au vu de la pyramide des âges de ceux pour qui l’appellation France est encore signifiante
Voilà une nouvelle vie possible – et éventuellement pérenne - pour notre vieil écu : La République française pourrait s’appeler l’ECU ! (gentilé : Ecuiiens, écuiiennes…)

Bref, l’ Espace Communautarisé Uchronique…

vendredi 14 janvier 2011

Un peu de recul avant le match - II

Deuxième texte annoncé, donc. L’encore jeune Criticus a mis son blog en sommeil depuis plus de six mois mais alimente toujours la toile. Mercredi dernier il a produit le texte suivant publié en tribune libre par Les enfants de la zone grise. Je le propose ci-dessous à votre réflexion :
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Je n’ai pas assisté aux Assises internationales sur l’islamisation qui se sont tenues en décembre dernier à Paris. J’ai hésité pourtant, comme j’avais hésité à aller au fameux « apéritif républicain » du 4 septembre 2010, qui se servait du prétexte du 140e anniversaire de la proclamation de la IIIe République pour dénoncer le danger qui pèserait sur nos « valeurs républicaines ». Quel danger, au fait ? "La charia" ironise Marie-Thérèse Bouchard, relayée d’abord par un court billet de Stag, puis par un article plus approfondi.
Si je ne suis pas allé à ces « événements », c’est bien sûr parce que j’avais mieux à faire, mais aussi parce que je ne me voyais pas écouter des orateurs défendant des idées à l’opposé des miennes sous prétexte qu’il y aurait urgence à une « Union sacrée » contre l’islamisation de l’Europe. La gravité de celle-ci semble faire perdre la raison à ceux qui s’en inquiètent, et qui sont de plus en plus nombreux. À en lire ou en écouter certains, il faudrait que les Européens oublient subitement leurs divisions philosophiques pour repousser l’envahisseur mahométan.
Je pense au contraire que l’islamisation est le révélateur d’une série de problèmes qu’il faut résoudre avant de savoir comment, avec qui et au nom de quoi l’on doit neutraliser ce danger.

L’impossible accord sur les causes du mal et les fins poursuivies

L’ennui, c’est que l’accord sur les moyens n’est possible qu’entre personnes qui s’entendent au préalable sur les causes du mal, et les fins qu’elles poursuivent. Quoi de commun entre des laïcards, des féministes, des libertariens, des identitaires, des cathos tradi, à part leur opposition à l’islam ? Prôneront-ils les mêmes solutions, si tant est qu’ils en aient en stock ?
Quel dénominateur commun trouver quand certains des « islamophobes » pensent qu’il faut défendre le tandem État-Providence/société de consommation contre l’islam, tandis que d’autres (dont je fais partie) considèrent que celui-ci n’est que le « châtiment » de celui-là ?
L’exemple de Geert Wilders et du Parti de la Liberté (PVV) aux Pays-Bas est très révélateur : voilà un homme qui, au péril de sa vie, mène depuis plusieurs années un combat déterminé contre l’islamisation des Pays-Bas. Le PVV constitue désormais la troisième force politique du pays et soutient la coalition au pouvoir, sans y participer. Il se pourrait, vue la dynamique favorable pour Geert Wilders, que celui-ci soit conduit dans les années à venir à participer au gouvernement, voire à le diriger. Mais pour défendre quoi ? Dans ses interventions publiques, Geert Wilders souligne immanquablement l’« homophobie », le « machisme » et l’« antisémitisme » inhérents à l’islam. Il est à cet égard le digne héritier de Pim Fortuyn et de Theo Van Gogh, assassinés en 2002 et 2004 et qui avaient défendu des positions analogues.

Pas de solution à l’intérieur du système

Admettons que Geert Wilders finisse par l’emporter aux Pays-Bas. Admettons même que dans chaque pays européen, un parti semblable s’impose. Que ferait-il ? Expulser tous les musulmans d’Europe ? Avec quels hommes pour le faire ? Qui, dans les administrations dont on connaît l’obédience politique des syndicats qui les co-gèrent avec les gouvernements, accepterait d’appliquer les mesures décrétées par ces derniers ou votées par les Parlements ? Qui, dans la presse dont on connaît les affinités partisanes, rendrait compte favorablement de telles mesures ? Qui, parmi les magistrats chargés, en dernier ressort, de faire observer la loi, irait dans un sens favorable aux vues des majorités fraîchement élues ?
La solution est impossible à l’intérieur du système actuel, sauf insurrection remise aux calendes grecques faute de troupes. Et le contexte n’est guère favorable à leur émergence…

Ajoutons à cela que si ces partis réussissaient à remporter les élections, ils ne répondraient en rien à ce qui a rendu possible le mal qu’ils prétendent vouloir éradiquer : le sabotage des systèmes éducatifs et la crétinisation qui en résulte, l’asservissement des populations européennes par l’État-Providence (Geert Wilders ayant délaissé sa position libertarienne initiale pour se concentrer sur l’islam), l’éclatement de la cellule familiale et la dénatalité subséquente, le consumérisme comme narcotique faisant oublier aux Européens qu’ils se sont, contrairement à ce qu’on leur dit, appauvris au cours des dernières décennies en s’endettant…
À ces symptômes de la décadence, les mouvements anti-islamiques n’apportent pas de réponse : les « Démocrates de Suède » défendent la social-démocratie scandinave, quant aux partis appartenant plus à la « droite nationale » (UDC en Suisse, Lega Nord en Italie, Vlaams Belang en Flandre), ils n’offrent pas d’alternative crédible à la société de consommation.
Même, donc, dans le cas fort improbable où des partis anti-islam gagneraient les élections en Europe, leurs chances de parvenir de manière concrète à leurs fins seraient à peu près nulles.

« Sortisme » et sécession

Est-ce à dire qu’il n’y a rien à faire, aux plans individuel, familial, local ? Si, même si le contexte actuel ne permet pas de compter outre mesure sur les initiatives spontanées. Les individus sont atomisés dans des enfers urbains ou péri-urbains. Les familles sont éclatées (divorces, fuite du père, exode des enfants ayant grandi vers les métropoles). Il n’y a plus guère de vie locale authentique : les régions sont de plus en plus centralisées, administrativement et économiquement, par les capitales régionales, les villes moyennes s’organisent de plus en plus en conurbations interminables, quant aux petites villes et aux villages, s’ils ne sont pas déserts, ce sont de simples dépendances résidentielles des villes.
Toutefois, comme nos échanges sur les blogs en attestent, le Web constitue une chance de pouvoir réfléchir aux moyens de sortir du système actuel. Tant que les réseaux de communication tiennent debout (et ce ne sont pas les plus vulnérables), il est en effet possible, par exemple, à des parents qui se rencontreraient sur Internet et qui vivraient à proximité les uns des autres de mettre en place des solutions de home-schooling pour l’éducation de leurs enfants, comme cela se fait aux Etats-Unis. Avec le recul des États dans leurs missions régaliennes qui s’annonce, crise des dettes publiques aidant, il sera également possible à ces mêmes familles de commencer à penser à leur approvisionnement en armes et à leur apprentissage du maniement d’icelles grâce au partage d’expérience. Hormis pour les habitants de mégapoles (Paris, Londres), il sera également facile à ces familles de trouver des fournisseurs alimentaires qui leur permettent d’échapper à l’enfer des zones commerciales.
De tels embryons de société ne pourraient pas être construits sur des affinités idéologiques, mais plutôt sur le plaisir que l’on a à vivre avec tel ou tel, qui ne les recoupe pas forcément. Et une fois ces communautés constituées, elles ne pourraient s’agréger de nouveaux membres qu’en leur donnant envie de les rejoindre. Le rejet de l’islam n’y suffira pas. La haine ne suffit pas à la réalisation d’un individu, et il n’y a pas de raison qu’il en aille autrement d’un groupe.
Si ces communautés réussissent, malgré le harcèlement du fisc (la dernière administration qui fonctionnera, à n’en pas douter), à perdurer, il y a toutes les chances qu’elles représentent une véritable alternative quand les entreprises seront en faillite, faute d’activité économique suffisante, et ce qui restera de service public aura définitivement renoncé à protéger les gens.
À partir d’une certaine masse critique, il sera possible à ces entités territoriales de faire graduellement sécession d’un État à l’agonie, puis de nouer des liens entre elles, via des sites Web indépendants d’abord, et enfin dans le monde réel. C’est peut-être, paradoxalement, la deuxième étape qui sera la plus délicate. Constituer un réseau d’amitiés sur Internet suppose que les leaders des entités partagent une vision du monde. Comme l’a rappelé Stag, l’« entreprise la plus admirable en la matière est sans conteste Alternative Right, dont une antenne francophone ferait un bien fou à la fafosphère européenne ». Ce site, qui concilie information, analyse et réflexion, vole à quelques milliers de pieds au-dessus d’un Fdesouche qui se contente d’une revue de presse réalisée pour l’essentiel à partir des médias mainstream.

C’est donc à nous, hommes de clavier, de commencer à réfléchir à un véritable média indépendant, sur le modèle d’Alternative Right, ou carrément en créant une antenne d’Alternative Right en langue française. S’il reste assez de rédacteurs francophones inquiets de l’islamisation de l’Europe, mais aptes à en analyser les causes et à proposer des solutions.

Criticus

Addendum par le Plouc : Et comme rien n’est simple vous pourrez, si vous en avez le courage, trouver le point de vue contraire (priorité à l’union électorale de tous contre l’Islam) exposé par Philippe Lemoine en vous plongeant dans le fil de ses échanges avec Roman Bernard (donc Criticus) en commentaire du billet de Marie-Thérèse Bouchard cité au début

jeudi 13 janvier 2011

Un peu de recul avant le match – I

Mardi dernier, le billet de Didier Goux (je trouve que je le cite un peu trop celui-là) "Mélanchon-Le Pen, le vrai match de 2012" commençait ainsi :
"- Savoir qui, de Nicolas Sarkozy ou du candidat socialiste, sera le prochain président de la République n'a pas grand intérêt"…

Effectivement ; là n’est pas le nœud de nos problèmes. Et son propos me suggère de prendre un peu de hauteur en relayant ici deux textes très différents. Commençons aujourd’hui par le plus long, l’intervention de Pierre de Lauzun le 17 novembre dernier (table ronde de la Fondation de Service Politique sur le thème : "Nicolas Sarkozy, les engrenages d’une politique incertaine") :
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Au-delà des perspectives politiques immédiates, ce qui frappe dans la classe politique en général et en premier lieu chez le président Sarkozy, est l’absence d’analyse structurelle de la société et des causes profondes de ses déséquilibres. D’où résulte l’incapacité à définir un projet réellement mobilisateur.

Le modèle social

En matière économique et sociale nous relevons trois grands axes de questionnement. Le premier est bien sûr le modèle social. C’est un problème de base : il est essentiel pour l’identité collective des Français et notamment le sens qu’ils donnent à la solidarité nationale, mais il est fondé en grande partie sur des mythes, certes importants émotivement, mais bloquants. Nous en soulignerons trois : le mythe de l’acquis social ; celui du rôle de l’État ; et celui de l’égalité. Quand nous disons mythe, cela ne pas veut dire que la base émotive sous-jacente n’est pas justifiée dans son intention première, mais que la forme qu’elle prend est celle d’une illusion conduisant à une impasse.

Le mythe de l’acquis social par exemple se fonde sur la représentation d’une échelle linéaire du progrès faisant évoluer constamment les curseurs dans le même sens, faute de quoi il y a régression. Or d’une part l’évolution d’autres facteurs (comme la durée de vie par rapport à la retraite à 60 ans) conduit naturellement à la remettre en cause. D’autre part et surtout une telle garantie ne peut jamais être considérée comme acquise. En fait ce qui a un sens dans la solidarité est le fait d’être solidaire au vu de ce qu’il est possible de faire à un moment donné, nullement qu’on construit une société radieuse garantissant à chacun que tout ce qui est acquis l’est pour la fin des temps.

Le rôle de l’État ensuite, comme garant universel, repose sur un modèle de société irréaliste et au fond non désirable dans laquelle c’est l’État qui régule l’ensemble de la société et lui donne sa seule véritable signification. Or non seulement c’est une grave amputation de la liberté des citoyens et des communautés naturelles, mais c’est intenable sur la durée, ne serait-ce que parce que cela aboutit à la paralysie de l’État lui-même, soumis de ce fait à trop d’exigences contradictoires. Comme on sait, le rôle de l’État est le bien commun de l’ensemble de la société composée de personnes et de communautés multiples, nullement une prise en charge universelle de cette société.

La passion de l’égalité enfin suscite une grande intensité émotionnelle, mais elle est aussi et surtout source de frustrations constantes notamment parce qu’elle se heurte directement à l’incapacité pratique de faire une mesure réaliste de cette égalité et a fortiori de la mettre en pratique. Sans compter que la liberté reconnue par ailleurs crée naturellement un niveau appréciable d’inégalité. Le tout conduit en outre à une conception schizophrénique de la justice, déchirée entre l’idée qu’elle se confond avec l’égalité et celle, contradictoire, qu’elle implique proportion entre les services rendus, évidemment inégaux, et leur récompense. Or si le terme égalité a un sens, c’est par rapport à la possibilité autant que possible ouverte à chaque personne humaine, selon ses possibilités et sa position dans la société, de s’épanouir s’il le souhaite réellement ; cela n’a rien à voir avec un exercice d’impérialisme arithmétique.

Ces incohérences de fond du système le rendent incapable de prendre la mesure de lui-même, même si l’on fait abstraction de toutes les pressions externes qui agissent sur lui, pourtant par ailleurs énormes comme bien sûr la mondialisation. L’exemple des retraites est ici caricatural. Rappelons que la question, pourtant centrale, n’était pas dans les programmes électoraux de 2010. Il y a ici une sorte de volonté résolue de préserver les tabous et les a priori devant des évidences pourtant simples et aisément compréhensibles de tous, qui est symptomatique d’un problème plus structurel, d’une crise des références collectives.

Naturellement le problème ne se limite pas au système social au sens étroit : on le retrouve notamment dans la question de l’éducation, dont il faut souligner l’urgence, mais qui ne fait l’objet d’aucune réforme véritablement structurelle alors que l’Education nationale patauge dans l’inefficience, l’inégalité et la destruction organisée de la culture. On pourrait y ajouter l’immigration et bien d’autres sujets. Ce qui frappe dans tous ces cas est que les mythes ambiants ont un pouvoir suffisant non seulement pour bloquer les solutions, mais pour inhiber la capacité même à poser véritablement les problèmes dans toutes leurs dimensions, et pour les réduire à quelques débats idéologiquement acceptables et dont la violence émotionnelle n’a d’égale que l’étroitesse artificielle du champ ainsi débattu.

La question européenne

Un deuxième grand champ est ensuite celui de l’Europe, qui révèle les mêmes symptômes. À côté de positions réflexes saines de certains comme la réticence à faire entrer la Turquie dans un contexte de civilisation, d’histoire et de solidarité qui n’est pas le sien, on retrouve la même incapacité à faire face aux problèmes structurels par blocage idéologique et abus des tabous. Ce dont témoigne par exemple le tour de passe-passe du traité de Lisbonne, visant à créer un ancrage supposé populaire mais contre une volonté exprimée dans des référendums incontestables, et donc en évitant tout contact avec le peuple.

Cette capacité de cécité a été encore mise en évidence par la crise de la zone euro. Il faut souligner l’extrême gravité de la signification de cette crise, qui va bien au-delà d’un problème technique ou d’un de ces spasmes qui agitent sporadiquement les marchés financiers. Ici aussi le mythe en cause était celui de l’acquis, ici acquis communautaire : l’idée que l’Union construit par étapes irréversibles un avenir planifié.

Or ce que la crise a montré c’est la faiblesse de la base même de la construction commune : une même monnaie est utilisée par des pays extrêmement différents, dont les processus politiques, essentiels pour la définition de la politique économique, sont exclusivement nationaux ; les mécanismes de garantie mutuelle n’étant (comme il est logique de s’y attendre) absolument pas à la mesure de ce que signifie la mise en commun d’un outil aussi essentielle que la monnaie (et ils le restent aujourd’hui malgré les mesures prises). C’est pourtant cet outil qui est supposé représenter un horizon indépassable.

La mondialisation

Le troisième grand champ à considérer est bien entendu le monde ou plutôt la mondialisation. On voit bien le besoin d’une régulation globale de cet ensemble de plus en plus interconnecté et interagissant. Mais la mise en œuvre s’avère autrement plus difficile que les utopistes ne l’expliquent. Le G 20 par exemple est sans doute une bonne chose dans son principe. Mais si on en attend une régulation globale rationnelle et responsable, on va bien au-delà de ce que peut donner cette enceinte qui ne peut faire que des choses bien délimitées, fruits de négociations pures dans lesquelles la prise en compte de la rationalité objective ne joue qu’un rôle limité ; et où , moins encore qu’en Europe, personne n’est responsable de la planète prise dans son ensemble, ni devant elle ; et cela vaut non seulement pour des questions de souveraineté essentielles comme les monnaies mais aussi de la régulation financière. Et même si un accord est trouvé, la mise en œuvre peut être tellement différente selon les zones que la régulation commune a en fait créé plus de distorsions qu’elle n’en a éliminées : l’exemple des bonus est sur ce plan notable.

En pratique donc on régule ce qu’on a pu se mettre sous la dent, et tant pis si les effets vont être très différents selon les régions concernées. Il est d’ailleurs remarquable que ce niveau international s’intéresse plus aux institutions financières qu’aux marchés, alors que ces deniers sont plus centraux dans la création et la dissémination des crises. Mais leur régulation d’ensemble serait autrement ambitieuse et donc hors de portée : on régule ce qu’on peut et comme on peut.

L’injuste dette

Un dernier point essentiel à relever : comme le modèle politique ne parvient pas à traiter véritablement les problèmes posés à lui, puisque l’absence de références communes sur le fond empêche la mise en place de politiques à la hauteur de la situation et donc ayant un degré suffisant d’exigence, il faut un exutoire. C’est la dette. On s’endette, de façon désormais criminelle, parce qu’on traite l’absence de consensus en empruntant sur le dos des générations futures. Et c’est particulièrement dangereux dans le cas de la zone euro, parce que les pays qui la composent n’empruntent pas dans leur monnaie — contrairement à l’idée reçue. C’est un bon exemple d’une déficience d’ordre politique et au-delà symbolique, qui se traduit concrètement, sur le terrain financier, entièrement et cyniquement sur le dos de l’avenir.

En définitive, dans aucun de ces domaines on ne traite au fond les questions centrales, qui sont bien plus que des questions techniques, si lourdes ou complexes soient-elles, mais relèvent de problématiques de modèles de société, de références de vie collective, centrales à une époque comme la nôtre qui est une étape de mutation majeure, et plus encore du fait de la mondialisation. De ce fait un communiquant sans idée arrêtée comme Nicolas Sarkozy doit jouer sur des symboles sur lesquels il n’a pas de maîtrise ni d’initiative, dont le sens est presque toujours donné par d’autres ou l’héritage idéologique collectif, et qui ne sont pas pertinents pour la société actuelle. Ce qui le conduit à sauter de symbole en symbole au gré de l’actualité ou de sa programmation, mais sans jouer sur les fondamentaux du système.

Le rôle des chrétiens

Tout ceci interpelle directement le chrétien. Ce qu’il a devant ses yeux est une communauté manquant de boussole et de repères essentiels. Il a, lui, des éléments à proposer. Notons parmi les points ici pertinents de la doctrine sociale, la solidarité, si du moins elle est combinée avec la subsidiarité, et l’importance des communautés naturelles, notamment la famille et la nation, si bien soulignée par Jean Paul II. Ce qui donne potentiellement aux chrétiens les moyens non pas tant de créer un parti qui leur soit propre, mais sûrement une pensée propre. Il y a là largement de quoi non seulement proposer des pistes, mais aussi peser sur les évolutions.

Mais comme on l’a vu c’est sur les données fondamentales qu’il faut en dernière analyse agir, sur les ressorts premiers et essentiels de l’agir humain collectif. Ce qui implique une reconstruction politique. Et un point essentiel ici est qu’une telle reconstruction ne peut se faire qu’à partir de la base et non par en-haut.

Au fond, au départ c’est chaque personne qui doit progressivement être transformée. Car en dernière analyse tout commence par la conversion. Puis de proche en proche ses domaines d’action.

Nous donnerons ici un premier exemple proche, à la base, celui des écoles indépendantes, dont chaque création est aussi un acte politique de conquête d’un territoire d’autonomie, échappant à l’idéologie de la rue de Grenelle.

Puis sur un plan bien plus large, historique, un deuxième exemple, celui de l’Empire romain : le fait est que l’action lente des chrétiens a mis plusieurs siècles pour aboutir à une société véritablement différente, renouvelée dans ses bases ; et cela n’a véritablement débouché qu’au Moyen Âge. Entre-temps on avait cultivé l’illusion, récurrence dans l’histoire de l’action chrétienne en politique, du démiurge ou du grand bâtisseur qui reconstruit depuis le haut : or ce fut l’échec, avec le Bas-Empire puis Byzance, échec qui contraste avec le formidable succès de la reconstruction médiévale. Ce serait naturellement bien plus rapide aujourd’hui ; mais la logique reste la même.

Faut-il pour autant négliger la vie politique ? Bien sûr que non. Nos dirigeants ne sont sûrement pas en état de faire le genre de synthèse dont on aurait besoin ; mais ils sont sensibles au poids qu’on peut avoir dans l’opinion. Raison de plus pour agir, non pas nécessairement contre, mais au moins en partie en dehors. Un homme comme l’actuel président est par exemple un synthétiseur d’effets assez immédiats, sans grand dessein global ; mais il est pragmatique ; il a appris certaines choses. D’autres sur l’échiquier politique, de bords divers, peuvent être eux aussi sensibles à certaines priorités si elles sont exprimées avec suffisamment de force ou de poids. C’est là aussi pragmatiquement qu’il faut jouer, sur les uns ou les autres, sans se commettre, ni rejeter.

Pierre de Lauzun
Économiste, directeur général-adjoint de la Fédération bancaire française, délégué général de l'Association française des entreprises d'investissement. Auteur de plusieurs ouvrages, vient de faire paraître L'Economie et le Christianisme (F.-X. de Guibert, 2010).

mercredi 12 janvier 2011

Consommation ou sommation aux cons ?

Christine Lagarde a lancé ce matin à Paris les soldes d'hiver, "période d'accélération de la consommation" selon elle indispensable à la croissance.
A 08h00 pile c’est le secrétaire d'Etat au Commerce himself qui a coupé le ruban rouge tendu devant les portes des Galeries Lafayette où attendaient des centaines de clientes avides de bonnes affaires.
"C'est à la fois un moment de fête et une nécessité budgétaire pour des millions de Français", a déclaré Frédéric Lefebvre avant de rejoindre Christine Lagarde au Printemps voisin.
Les deux grands magasins parisiens attendent respectivement 250.000 et 150.000 clients ce mercredi.
Les Galeries Lafayette du boulevard Haussmann (plus d'un milliard d'euros en 2009) réalisent un quart de leur C.A. pendant les soldes.
Une jeune femme venue de Lyon pour profiter des soldes : "Il me faut un sac, des bottes, une doudoune, plein de trucs. J'adore le shopping"… Mais une autre, plus âgée : "Je n'achète qu'en solde, parce que j'ai un budget serré. J'ai trois adolescents a habiller. Je ne peux pas me permettre d'acheter hors solde."

Frédéric Lefebvre aimerait faire de Paris la capitale des soldes, devant Londres(*).
Pour son pays, pour son économie, pour sa croissance, pour sa production manufacturière, pour sa création de richesse, on a les ambitions qu’on peut ; à sa mesure

C’est vrai quoi ! Importer à tout va de Shanghai et afficher soldes permet de resolvabiliser le con-sommateur qui adore ça tout en maintenant les marges. Ça fait tourner la machine. Et puis ça favorise la création d’emplois de services, tout baigne…

Ouais, pour la création nette de richesses, la balance commerciale, l’endettement, toussa, on verra plus tard… Bien sûr, "Les touristes représentent ici la moitié de la clientèle, et les Chinois 15%"… Bd Haussman, mais pas à Parly2 ou à Charleville-Mézières...

Ouais, ça crée quelques emplois saisonniers de vendeuses surnuméraires (des divers de préférence)
Reste la question du pouvoir d’achat des con-sommateurs (indispensable pour que ça tourne, le réel est têtu, que voulez-vous) Pour les emplois dans les usines de textile, d’électronique und so weiter, c’est plutôt râpé, le RER n’allant pas jusqu’à Shanghai avec la carte orange. No problem ! Il y a Big Mother avec ses Assedic et ses petits miracles quotidiens, modernes multiplications des pains qui solvabilisent chaque jour un peu plus d’heureux agents d’ambiance, médiateurs de voisinage et autres souteneurs psychologiques, cellulaires souvent, humanitaires parfois, utilitaires peut-être…

Tout baigne…

(*)On notera que si Londres est, de loin, la capitale européenne des soldes, c'est aussi celle du pays européen le plus démanufacturé. On sait ce qui nous reste à faire...

Note subsidiaire : En des temps révolus où le secteur de la distribution était encore contraint par le concept de collection saisonnière et ignorait la notion de flux tendus, les soldes n’étaient pas une activité essentielle mais seulement, prosaïquement, bestialement, une occasion de se débarrasser des invendus encombrant les rayons. Ça se fait toujours…

Ainsi, Amazon.fr vient encore de me relancer ce matin pour tenter de me fourguer divers bouquins soldés à – 50% et plus. Par exemple :

"Carla Bruni, la dame de cœur"
"Confidences de François Bayrou"
"Le guide du respect" de Ni putes ni soumises

Si ça vous tente…

mardi 11 janvier 2011

L’humour durable et le tri sélectif…

Paris est toujours Paris
Figurez-vous.

Mais si la Balasko s’est bien recyclée

le Lauzier donnerait plutôt la nausée
(paraît-il…)

Heureusement qu’il est mort…


Hier Didier Goux nous ressortait la vidéo du sketch Paris sera toujours Paris, extrait du film tourné en 1984 sur un scénario tiré par Gérard Lauzier soi-même de sa série BD Tranches de Vie. Série d’ailleurs commencée sous Giscard alors que l’encre des décrets d’application du regroupement familial n’était même pas sèche…

Cette tranche de vie là, j’aurais une furieuse envie d’en voir annoncé la reprogrammation dans les salles, histoire de voir les bisounours-et-autorités-morales se torturer leurs neurones de conscience citoyenne (si elle existe) et se tordre les doigts devant un tel dilemme :

Car d’un côté ce serait tactiquement vachement bien venu de montrer au bon peuple que "C’était déjà comme ça il y a 25 ans" Donc que "rien n’a changé". "D’ailleurs, vous vivez toujours aussi bien (ou mal) depuis tout ce temps. C’est donc qu’il n’y a pas d’invasion mais seulement un ridicule sentiment d’invasion faussement entretenu par le FN. Vous voyez bien ! Dormez tranquille ! "…

Mais, d’un autre côté, quelle honteuse caricature ! Quelle stigmatisation raciste ! Quelle obscénité indicible aujourd’hui ! (n’oubliez pas que nous sommes désormais libérés de l’obscurantisme et qu’exposer le réel a fort heureusement remplacé la lubricité sexuelle dans l’ordre de l’obscène…)
Non ! On n’a pas le droit de diffuser une horreur pareille ! Il faut penser à la santé mentale de la jeunesse et des masses influençables. On n’a pas le droit de se moquer ainsi d’une souchienne aussi ouverte à l’enrichissement de la diversité ! Et puis qu’est-ce que c’est que cette remarque vipérine accouplant religiosité et CGT ? Insulte inadmissible faite à ce temple immaculé de la laïcité syndiquée et de la neutralité idéologique… On n’a pas le droit de ridiculiser odieusement les convictions religieuses d’un converti et ses pratiques rituelles qui sont tout à fait respectables. Rien à voir avec les insupportables et ostentatoires pratiques imposées depuis des millénaires aux peuples illettrés par le sabre, la calotte et le goupillon (le sabre et le turban ? Arrêtez de faire du mauvais esprit et taisez-vous, on risque de vous entendre !) Tout au plus pourrait-on, à la rigueur, tolérer l’air de niais débile de Gérard Cugnot. D’abord parce que celui-ci s’est souvent vautré dans des rôles de beauf pour des films populaires donc populistes, donc hautement suspects ; et puis on peut rire un peu des asiatiques, ils ne posent pas de problèmes (mais attention aux dérapages !)

Heureusement, si un malfaisant lepéniste avait l’intention de ressortir le film en salle, il ne le pourrait pas.
N’oubliez pas le MRAP, la Ligue des Droîîdeulom, le CRAN, le CFCM, la LICRA, la HALDE, SOSouacisme, la Grande Mosquée de Paris, la Reding et le Barroso, la CEDH, la place Beauvau, l’ambassade US, celles de Côte d’Ivoire (les deux, celle a Gbagbo et celle à Ouattara), Education sans Frontières, Libé, l’Obs, Télérama, Stéphane Hessel, Jack Lang, la veuve noire (née Danielle Gouze), Pierre Bergé, le recteur d‘Al-Azhar, l’imam de Tremblay-en-France, le grand mufti de Douchambé, Erdoğan, Bouteflika et Kadhafi, etc. (j’ai oublié personne ? j’ai bon ?) Aucun des ci-avant nommés ne donnera son visa d’exploitation ! Or ils sont indispensables pour la distribution en salle. Et c’est que ces visas, il nous les faut tous maintenant (j’ai quand même dû en oublier, heureusement qu’on a enterré l’abbé Pierre…) Il nous les faut et c’est normal, forcément… Vous savez bien qu’il n’y a plus de censure, ne l’oubliez pas ; et que la liberté d’expression se conjugue harmonieusement avec la liberté de création de l’artiste. C’est un grand acquis de notre démocratie exemplaire. Heureusement…
C’est comme la liberté de la recherche historique chèrement acquise malgré les pinailleurs de bibliothèques. Elle est désormais assez largement assurée grâce à la Loi Gayssot et aux lois mémorielles. Je dis assez largement car il faudrait encore faire un gros ménage de printemps (de l’humanité) dans les manuels et les archives. Celles-ci sont hélas encore encombrées ça et là d’horreurs susceptibles de servir soi-disant de preuves à quelque esprit malade… Faire progresser la liberté d’expression est un combat de tous les instants et, comme l’extension du domaine de la lutte, l’extension du domaine de la Loi est un devoir qui tangente l’infini. Grâce à Di.. euh… Grâce à l’Homme. Tâche exaltante pour l’Homo Postsapiens

En attendant de pouvoir tous dire شهد ان لآ اِلَـهَ اِلا الله و أشهد ان محمدا رسول اللهl (il n’y a pas d’autre divinité qu’Allah et Mohamed est son prophète) répétez tous avec moi : Rêve métissé d’un éternel futur

lundi 10 janvier 2011

Petit matin… Le Retour…

Après un première grasse matinée dans ses draps – chez lui, quoi ! – suite à trois jours d’hôtel payés par carte vitale, tout compris avec camisole cache-sexe, perf’, électrodes tout partout, café clairet et biscotte, le Plouc se fait une joie de vous offrir

ce petit interlude entre réveil et petit dej’

pour commencer d’un bon pied le premier jour ouvré de la semaine…

mardi 4 janvier 2011

C’est pour qui ?

Trop tard ! 31 décembre dernier délai pour s’inscrire sur les listes électorales (bon, je suppose que dans certaines communes on va encore pouvoir s’arranger… Question de couleur sans doute. Après tout, si on en croit Zoé Shepard, les 35 heures de la dernière semaine de décembre peuvent bien déborder jusqu’en février…)

Au temps béni des Chirac et autres Jospin, on n’oubliait pas la french way of life du cocooning du citoyen : le border dans son lit, lui tenir la main pour traverser la rue et lui rappeler de regarder son emploi du temps et son cahier de texte. Economie budgétaire aidant, les plans-média pour lui rappeler de s’inscrire sont un peu passés de mode.

Avec le sens de responsabilité citoyenne qu’on lui connaît, le PS s’y est donc collé de sa propre initiative et à ses frais (en principe…) Un beau bénévolat civique, donc. N’oublions pas qu’il y aura à l’automne les primaires socialistes ! Un beau bordel en perspective qui promet d’être jouissif et de nous donner matière à écrire ! (encore que ça s’annonce si foireux que ça va peut-être imploser d’ici là. Zut alors !) Surtout, pour voter aux dites primaires il faudra être inscrit sur ces foutues listes aimablement mises à la disposition du PS aux frais du contribuable (l’Etat vendra le fichier des cartes grises pour se rattraper)
Donc, la campagne média du PS c’est pour qui ? Pour le PS évidemment, faut pas déconner…Et c’est pour qui qu’est pas inscrit ? A vous de voir. D’ailleurs, les communicants qui ont conçu l’affiche sont des bons. Le mannequin qui a prêté son profil est-elle ardéchoise ou kabyle ? Allez savoir…

Evidemment, les socialistes et Libé ont dénoncé l’absence de campagne officielle pour inciter à s’inscrire sur les listes électorales. C’est de la mauvaise foi.

En effet, regardez les petits logos des "sponsors" de l’affiche du "COLLECTIF ARMONS LES QUARTIERS" : Un seul vous dira quelque chose ; il est sur votre feuille d’impôts. Les neuf autres sont d’illustres inconnus qui ne devaient pas exister avant-hier soir, pas plus que le "collectif" qui les réunit. Peut-être bien créés à l’instigation ou avec les encouragements de l’ambassade US conformément au plan d’action de celle-ci pour la France. Mais pas avec son fric, sont pas aussi cons. Gageons que c’est le petit logo tricolore qui a payé l’affiche tout seul comme un grand. Et c’est pour qui ? Je vous laisse lire le texte et zieuter les mannequins retenus pour l’illustration. On n’a pas dû l’afficher souvent en Lozère. Que fait la HALDE ?

Là aussi, les communicants sont des bons. "ARMONS LES QUARTIERS", message aussi primaire que subliminal pour retenir le regard et susciter l’intérêt du segment de clientèle ciblé. Mais si les communicants ont rempli leur contrat, leurs commanditaires sont totalement à côté de la plaque :

La carte d’identité, c’est jamais que du plastoc. La carte d’électeur tout juste du papier-carton qu’a même pas le parfum du papier d’Arménie… C’est pas très sérieux toussa ; Ce ne sont plus des enfants. Changer la France, ce n’est pas jouer au Monopoly ou au jeu des 7 familles. Putain ! Respect ! On se fout de qui là ?

C’est vrai, après tout. Proposer à tous ces jeunes qui sont notre chance et notre avenir des bouts de papiers en leur disant qu’ils seront armés avec ça, c’est se moquer d’eux avec une condescendance insultante et discriminatoire. Que fait la HALDE ?

Proposons-leur du sérieux. Bien sûr, la Kalachnikov est d’ores et déjà disponible sans formalités excessives en divers points de vente de proximité de l’économie souterraine avec des délais comparables à ceux de Darty pour l’électroménager. Mais elle n’est pas encore aussi accessible que la barrette de shit… Surtout, du fait d’une demande excédant largement une offre pourtant abondante, cet instrument de promotion sociale et d’amélioration du niveau de vie coûte encore dans les 250 € pièce ("consommables" en sus) Ce tarif est certes très abordable, pour ne pas dire symbolique, au regard des ressources hebdomadaires du segment de clientèle qui en fait jusqu’à présent usage. Mais il y a aussi l’ensemble des masses présumées laborieuses des quartiers, ces populations au sujet desquelles il ne faut pas faire l’amalgame. Il est inacceptable, discriminatoire et source de légitime ressentiment que ces populations qui manifestent avec une ardeur chaque jour renouvelée leur attachement aux valeurs de la République par leur adhésion enthousiaste à la CAF, à la CMU et à l’AME, ne puissent pas offrir une Kalach à chacun de leurs garçons. Car plus que le smart phone (dont l’acquisition n’est pas pour eux un problème…) il s’agit là d’un signe extérieur de réussite sociale dans leur communauté. C’est tout aussi respectable sinon plus que la Rolex de certains et nous devons respecter leurs coutumes… Faciliter et subventionner la diffusion accélérée de la Kalachnikov dans les quartiers serait une mesure beaucoup plus efficace et rapide qu’une ridicule distribution de cartes d’électeur pour changer la France. C’est ainsi que nous lutterions vraiment contre l’exclusion

lundi 3 janvier 2011

Rêve métissé d’un éternel futur…

Putain Stains ! J’y crois pas ! Figurez-vous que depuis l’heure du café je n’arrive pas à me sortir ça de la tête : Rêve métissé d’un éternel futur… Pire qu’une de ces rengaines de Salut les Copains ayant saoulé ma tête d’adolescent boutonneux (avant-hier, je vous rassure…) Cet après-midi, je me le suis répété malgré moi en bagnole, tout au long du chemin en allant faire une course au chef-lieu de canton. Pour me pénétrer de cette évidence absolue :
Rêve métissé d’un éternel futur

C’est la faute à Dixdiag qui a attiré mon attention là-dessus (faut-y qu’elle soit déjantée pour aller pêcher dans des eaux pareilles…)
La bonne ville de Stains, donc (Seine St Denis, 35 000 hab.), sous la houlette de son maire M. Beaumale le bien nommé, étiqueté PCF comme de juste (G.Marchais doit se retourner dans sa tombe) a commis un super calendrier 2011 : 100% consacré à glorifier la théologie dogmatique du métissage. Chaque photo de mioche café au lait illustrant chaque mois est accompagnée d’une courte légende dont certaines enchanteraient Didier Goux pour ses Modernoeuds. Je n’ai retenu que la dernière : Rêve métissé d’un éternel futur !

Que c’est beau ! Même dans ses plus riches heures, le FOPOD n’avait jamais réussi à atteindre ce niveau de néant sublime ! Portés sur l’oxymore et grammaticalement influencés par les discours du maire de Champignac, les slogans les plus inattendus du FOPOD n’étaient que bêtises laborieuses de cours de récré de maternelle à côté des petits bijoux concoctés par les communicants bac+7 grassement rémunérés par la mairie de Stains.

Rêve métissé d’un éternel futur ! Passe pour Rêve métissé, on peut toujours rêver mélangé, embrouillé donc, probablement. Ce n’est jamais qu’un rêve. Donc dans l’inconscient du sommeil. Et si c’est un souvenir conscient éveillé, c’est du passé. Mais éternel futur ! Eternel. Donc qui le sera toujours. Donc qui ne sera jamais le présent.
Exit le présent ! Formidable passage à pied joint d’un désir impalpable au futur ! Direkt ! Un saut qualitatif brusque qui fut inaccessible aux capacités mentales de Marx et Engels !

Rêve métissé d’un éternel futur

Faut pas chercher plus loin. Voilà la synthèse la plus parfaite et la plus achevée de la pensée sarko-ségolèno-attalienne, certes, mais surtout du Danube de la pensé "de gauche"… Tout est dit en ces quelques mots :

Rêve métissé d’un éternel futur

Vous avez là, concentré dans une définition qui ne se réduit à aucune autre, rassemblé en une seule phrase (sans sujet ni verbe ni complément d’objet direct…) la totalité du programme du PS et des fins dernières de l’Empire du Bien. Le futur éternel qui ne deviendra jamais le présent. But incontestable que le réel ne pourra donc jamais contester…

J’ai eu aujourd’hui ce privilège qui n’a même pas été consenti à Dante en 1306 : j’ai aperçu, entrouverte, la porte du Néant…
Rêve métissé d’un éternel futur

Post-scriptum : J’en profite pour vous rappeler, encore et encore, de relayer jusqu’à plus soif cette vidéo (hélas trop longue pour la flemme de nos contemporains) :
http://www.dailymotion.com/video/x9l5az_propagande-et-novlangue-sont-sur-un_news

dimanche 2 janvier 2011

Le Newspeak Award du jour….

Du jour seulement ; ne nous avançons pas…

Outre l’épuration ethnique (tapez 0) ou les dommages collatéraux (tapez 1), nous avions déjà les armes de destruction massives (on n'a pas retrouvé le doudou de Saddam sous son oreiller, ni au palais ni dans sa planque, mais bon…) Ces innovations lexicales nous ont enfin permis de sortir de la primitive et obscurantiste attitude consistant à appeler un chat un chat. Et notamment d’éviter d’avoir à dire crûment qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs ; affirmation d’autant plus vulgaire, voire obscène, qu’elle risque de faire peur, non seulement aux petits enfants mais aussi aux grandes personnes (ou supposées telles…)
Dans ce registre, les progrès continus de la Novlangue ne cessent pas de nous surprendre au saut du lit en forgeant de nouveaux concepts qui permettent une compréhension de la pensée et des intentions du locuteur ouverte sur des perspectives dont le flou tangente l’infini relatif...

A cet égard, on a tort de dauber sur le manque de créativité des neg… africains en la matière.
Evoquant la nécessité de se débarrasser de Laurent Gbagbo, le porte-parole du gouvernement de Guillaume Soro, Méité Sindou soi-même, a eu la lumineuse inspiration de dire :

"Il y a une seule solution, c'est la force. Il faut une force de dissuasion massive"

Puis, dans la foulée, craignant sûrement d’être trop bien compris et de faire peur aux enfants, il a immédiatement ajouté :
"Après ça, les forces de la Cedeao doivent venir."

Pour quoi faire ? Pour faire (vraiment) le boulot ? Pour comptabiliser (et surtout attribuer) les charniers ? Il a parlé, c’est l’essentiel ; nous voilà rassurés...