"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

mardi 19 avril 2011

Anastasia, la Palme du petit flic de la pensée.

Je ne suis pas cinéphile, vais au ciné moins d’une fois pas an et n’ai vu aucun film d’Emir Kusturica. Bref, ce n’est pas le 7° art mon sujet ici.

Au demeurant, ce type fut encensé par la critique et collectionna les prix à Venise et à Cannes, y compris un Lion d’or et deux Palmes d’or (ce qui, vous me direz, n’est pas vraiment une référence, mais bon…) Devenu moins productif au tournant du siècle (j’ai maintenant compris pourquoi) il réapparaît Président du jury du festival de Cannes en 2005, année où il décroche le César du meilleur film de l’Union Européenne pour une sorte de Roméo et Juliette à faire pleurer Margot sur fond d’horreurs de la guerre, ceci expliquant peut-être cela. Depuis, il s’occupe de son village, d’enseignement, tourne comme acteur et ses créations cinématographiques me semblent se limiter principalement (vu de loin, à moi qui n’y connais rien) à des produits dérivés de ses activités dans d’autres domaines comme la musique. Bref, on en entendait moins parler… Et voilà qu’il réapparaît cette année comme président du jury d’une section secondaire (Un certain regard) du festival de Cannes. Est-ce possible !


Anastasia Levy, vous connaissez ? Je vous la recommande… Anastasia Levy, donc, au prénom le bien nommé et au patronyme omnibus ouvre-boîte, a lu Stéphane Hessel et ne va pas rater une telle occase de pondre sa crotte laborieuse de plus de 12 000 signes et, toute fière de son accroche, de la fourguer au torchon Slate.fr qui ne demande pas mieux :

Kusturica, la Palme de l'obscurantisme


"Double Palme d'or à Cannes, le grand cinéaste serbe, continue de se signaler par des dérapages politiques."

La gonzesse est appliquée – la conscience pro, que voulez-vous – et tire sûrement la langue pour tirer à la ligne. La pige, c’est au poids, ce qui justifie de recopier un digest d’au moins dix ans de guerre balkanique, d’évoquer les accords de Dayton et d’aller rechercher dans les archives du Monde et de Libé des éructations du Finkelkraut d’avant son virage de cuti et de BHL évidemment…

Bien sûr, comme on ne peut pas dire que l’establishment mé®diatico-people s’est trompé, elle enrobe :

"…il n’en est pas moins controversé. Pas artistiquement, non, puisqu’il fait quasi l’unanimité, il est respecté et célébré, à raison."


Mais… c’est qu’il y en a des Mais !

- Et Anastasia d’aller déterrer les propos des prétendues autorités morales d’il y a seize ans : "illustre les discours des assassins","Le collabo a empoché la Palme du martyr","les termes mêmes de la propagande serbe la plus éculée pour fustiger le ‘passé’ nazi de la Croatie et de la Bosnie", "sa Palme est une offense aux milliers de victimes des atrocités serbes, des meurtres et des viols orchestrés par Karadzic et Milosevic", etc.

- Et Anastasia, comme une grande, rappelle que "le Bosniaque Kusturica refuse de faire allégeance au défenseur de la Bosnie multi-ethnique." Elle relève qu’il a "la nostalgie de la Grande Serbie, patrie imaginaire et fantasmée" [et mon cul c’est du poulet ?] Elle s’étonne qu’un des ses films soit co-produit par certains de ses compatriotes proches de Milosevic (proches donc de leur chef d’Etat légitime d’alors…) Elle s’indigne qu’il ait pu tolérer que son film soit applaudi par des spectateurs par ailleurs accusés (2 et 3 ans après…) de crimes contre l’humanité "soutiens visibles et choquants". Elle renifle les relents nauséabonds des paroles chantées en serbe par son groupe musical [c’est pas du rap du 9-3] Elle s’auto-épouvante de soupçonner chez lui "une fascination malsaine envers Karadzic, reconnu aux yeux de tous comme un bourreau", etc.

- Et notre Anastasia de s’inquiéter dans sa péroraison : "Il paraît presque inconcevable qu’un si génial réalisateur, si ouvert sur le monde, et tellement brillant quand il s’agit de raconter une histoire, se rende à ce point coupable d’obscurantisme. Qu’enseigne-t-il aux étudiants étrangers qui viennent prendre ses cours et connaissent mal l’histoire de son pays ? Si ce sont ses mouvements de caméra, il a prouvé qu’il était un maître. Si c’est la politique, alors il en devient dangereux."


Pourquoi ce dégueuli inattendu (et pas si gratuit) de fiel ? Simple :


1° D’abord parce que malgré ses origines musulmane et bosniaque, Emir Kusturica a pris le parti au début de la guerre civile de devenir serbe. Interviewé sur son identité il avait répondu : "Je suis un exemple vivant de Bosnie, de mélange et de la conversion des serbes", "Mes grands-parents vivaient dans l’est de l’Herzégovine. Ils étaient très pauvres. Les Turcs sont venus et avec eux l’islam. Il y avait trois frères au sein de la famille. L’un était chrétien orthodoxe. Les deux autres ont été convertis à l’islam pour survivre."

En 2005, le jour de la Saint-Georges, Emir a été baptisé dans l’Église orthodoxe serbe. A ceux qui analysaient cela comme une trahison de son passé musulman, il a osé répondre : "Mon père était athée et il s’est toujours lui-même décrit comme un Serbe. Ok, nous étions peut-être musulmans pendant 250 ans, mais nous étions orthodoxes avant cela, nous avons toujours été des Serbes. On ne devient pas musulman par intérêt, mais pour survivre aux Turcs"


2° Ensuite parce que Anastasia Levy est une de ces petites choses secrétées par nos lycées, nos écoles de journalopes et tous les maîtres-mots du système tels que : "bisounoursez!" (cocoonez sans froisser l’Autre qui est puissant), mais "stigmatisez l’infâme!" (virtuel ou désigné, pour maintenir le minimum de peur nécessaire à la vie du consommateur) et cultivez votre ego "parce que je le vaux bien"… La concurrence est rude et il faut bien qu’elle perce, la petite…


Alors tout est bon (pas dans le cochon, faut pas déconner) qui pourrait lancer un débat, faire un buzz et me faire connaître. Emir Kusturica à Cannes, c’est pas Bertrand Cantat en Avignon, c’est peut être en ressortant ce salaud(-émissaire) que je décrocherai ce CDI dont je rêve à Libé

entre les deux y'a pas photo...

3 commentaires:

  1. C'est curieux que ce torchon soit publié au moment même où Tadic (le président serbe) a fait sa demande officielle d'adhésion de la Serbie à l'UE , et où Nikolic (opposition patriote) engage une grève de la faim, car lui sait parfaitement que le prix de cette adhésion sera le lâchage des derniers Serbes du Kosovo et de la République serbe de Bosnie.
    Comme en ex URSS et RDA, où des articles de la Prawda ou de Neues Deutschland étaient publiés pour faire connaître l'opinion de la nomenklatura sur un sujet x à un moment t.

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  2. Je lui ai laissé un petit commentaire sur son blog, à ce résidu de fond de presse. Il est "en attente de modération"…

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  3. Je me demande parfois si ces professionnels ou aspirants professionnels de la propagande sont conscients de leur abjection, ou s'ils agissent tout à fait machinalement, comme les gogos manipulés dès le biberon qu'ils sont.

    Je lisais récemment un article sur ledit torchon à propos de la Scientologie. Article très critique. C'était amusant, de constater qu'une journaliste réprouvait les méthodes de manipulation mentale de cette secte, sans doute pour la simple raison que cette secte n'était pas la sienne, et que, de ce fait, elle ne valait pas tripette.

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