"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

samedi 4 juin 2011

Féminisme et confusion des siècles…

Derrière la confusion des sexes, la confusion des siècles…

Revenant sur les réactions indignées d’associations féministes devant les propos que les soutiens canal habituel de DSK ont tenus par reflex pavlovien, Roland Hureaux publie aujourd’hui sur Liberté Politique un billet dont je m’empresse de vous donner ci-après une contraction de texte :


S’agissant de l’appel lancé par ces associations, nous ferons deux réserves :

- Quand elles dénoncent une fulgurante remontée à la surface de réflexes sexistes et réactionnaires, si prompts à surgir chez une partie des élites françaises, il est dommage qu’elles ne précisent pas de quelle partie il s’agit ; c’est d’abord, paradoxalement, celle où naviguent la plupart des militantes féministes : la gauche bobo, libérale-libertaire, précisément la moins réactionnaire selon les canons convenus. Ceux qui se sont ainsi lâchés sont presque tous issus de cette partie des élites qui a toujours soutenu les revendications féministes.

La plupart de ces féministes considéreraient avec horreur de fréquenter des réactionnaires. Pourtant, si elles le faisaient, peut-être seraient-elles moins pessimistes sur l’homme car, plus qu’une gauche devenue presque entièrement hédoniste, il est des conservateurs qui savent ce qu’est le respect.

Pourquoi cette apparente contradiction entre les idées et les actes chez tant de progressistes ? La plaignante de New York est femme, noire, musulmane, immigrée, prolétaire, chef de famille monoparentale (c’est plus politiquement correct que veuve) Elle a tout pour susciter l’empathie de la gauche. Mais non, c’est pour son agresseur supposé que cette gauche prend parti ! Car il est de leur monde, elle pas. Car Dominique Strauss-Kahn est la figure emblématique du milieu, l’expression la plus accomplie de sa vision de la société. Quelques favorables que ces gens prétendent être à tout ce qu’incarne cette femme, il est un principe qui passe avant : Touche pas à mon pote !


Des stéréotypes bien d’aujourd’hui

- L’autre réserve porte sur l’expression des stéréotypes qu’on croyait d’un autre siècle. Non, mesdames, ces stéréotypes sont bien de notre siècle !

Parmi les fantasmes où s’égare le féminisme idéologique (à distinguer du féminisme authentique), se trouve la dénonciation d’un Moyen Age mythique où le pouvoir de l’homme était supposé s’exercer sans frein, époque révolue dont les mœurs, croit-on, refont surface au moindre manque de vigilance.

Non, la multiplication des agressions contre les femmes, l’arrogance sexiste croissante, la transgression des règles de respect sont enfants du siècle : du XXe et du XXIe. Ils sont l’héritage de mai 68.

En invoquant le Moyen Age, les mouvements féministes pensent en fait à l’héritage chrétien, à saint Paul : l’homme est le chef de la femme (1C 11,3), en oubliant : il n’y a plus ni homme ni femme ( Ga 3, 28) les hommes doivent aimer leur femme comme leur propre corps (Ep 5, 28) et celui qui veut être le premier se fera le serviteur de tous (Mt 20, 27) : des maximes à l’opposé du comportement dominateur des mâles de l’âge libertaire.

Ces mouvements oublient qu’au Moyen Age, comme ils disent, toute violence faite à une femme (comme à un homme ou un enfant) était tenue pour un péché mortel et passible du feu de l’enfer. Jusqu’au concile Vatican II, c’est ce qu’enseignait tout curé de campagne. Quoi qu’en pensent des mouvements féministes, prisonniers des stéréotypes, le droit de battre sa femme, n’a jamais fait partie de l’héritage chrétien, ni juif, ni grec.

La morale laïque de Jules Ferry, enseignait, elle aussi, le respect, pas spécialement des femmes mais de tout le monde. A la fin des années soixante, en même temps que le catéchisme perdait sa vigueur et son public, la morale était rayée des programmes de l’enseignement laïque.

Certes, cet enseignement ne suffisait pas à empêcher les violences, pas davantage que les interdits sexuels n’ont jamais dissuadé les relations sexuelles hors norme sociale. En temps de guerre, les viols étaient courants (ils le sont encore au XXIe siècle), mais les interdits, infatigablement ressassés, constituaient un frein, frein qui a disparu.

L’ordre moral que condamnent les associations féministes, c’était d’abord ne pas forcer la volonté d’autrui.

Les comportements que les féministes dénoncent ne sont pas des survivances du vieil ordre judéo-chrétien mais, au contraire, le produit de sa décomposition.

En proclamant l’abolition des interdits, mai 68, a diffusé l’esprit prédateur. N’être ni coincé, ni refoulé, savoir se lâcher n’est-il pas le nouvel impératif moral ? Il est interdit d’interdire. Comment certains héritiers de mai 68 ne considéreraient-ils pas qu’une femme qui interdit son corps offense le sacro-saint principe libertaire ? Habitués à ce qu’on ne leur résiste pas, ceux qui sont riches et puissants finissent par tenir le refus d’une femme pour illégitime, par penser qu’en la forçant un peu, juste un peu, on en aura raison. Raison des Lumières qui n’admet aucun obscurantisme, y compris moral tel qu’il s’exprime par exemple dans les scrupules d’une femme plus ou moins illettrée !

C’est pourquoi le féminisme idéologique se fourvoie quand il se lie à la cause libertaire dont le principe est : jouissons sans entrave !

La morale ancestrale qu’il combat, ce n’était pas d’abord le pouvoir machiste, c’était la prise en compte du désir d’autrui.

Quelle que soit sa fin, l’affaire Strauss-Kahn n’aura pas été vaine si elle amène les féministes justement indignées à réexaminer en profondeur les mythes qui ont trop longtemps dénaturé leur cause.

6 commentaires:

  1. Parfaitement. Tout le fondement idéologique de
    68 tient en cette formule "jouissons sans entraves. Rien à ajouter, tout est dit et
    les malheurs qui se sont abattus sur nous depuis
    viennent pratiquement tous de là.
    Les soixante-huitards étaient des jouisseurs et
    rien d'autre, on voit bien maintenant le résultat.

    RépondreSupprimer
  2. Hehe .. "Jouissons sans entraves" maxime issue de l'œuvre du Marquis de Sade... Oui et cetera...

    RépondreSupprimer
  3. Tronc commun

    Il nous faut nous entendre la dessus tout de même
    même si c'est le vent que l'on sème pour nous rencontrer nous-mêmes
    la séduction c'est du harcèlement au féminin
    le harcèlement, c'est de la séduction au masculin
    un sourire suffit à la femme pour séduire
    pour l'homme, c'est beaucoup plus dur à cuire
    il faut qu'il insiste, qu'il persiste et qu'il existe
    toute une liste pour se faire passer pour un artiste.
    la légèreté d'une femme au propre comme au figuré...
    reste une chose bien compliquée pour le mâle
    qui ne sait jamais sur quel pied danser ?
    Mais c'est tout le charme de la séduction :
    les points de suspension...le point d'interrogation : j'y vais ? Ou j'y vais pas ?
    La lourdeur d'un homme au premier comme au second degré...
    ne peut être balayée, simplifiée, ni réduite à sa petite part d'animalité...
    elle en dit long sur la difficulté des hommes à conquérir l'objet de leur désir...
    ils sont peut-être plus démunis, moins armés pour gagner ce genre de guerre,
    il y a en tout cas, quelque chose à creuser...
    non... Pas le fossé qui les sépare déjà
    et que l'on doit aux féministes et machistes de tout bord
    Creuser... la-dedans... un tunnel, pour capter l'autre au lieu de la capturer
    l'éluder au lieu de le dénoncer comme un obsédé

    La séduction est un jeu mais ce n'est pas un jeu de dupes...
    ni oui... ni non...
    c'est l'art de plaire...
    mais c'est aussi l'art de se défaire de celui ou celle qui ne nous plaît pas.
    Je crois qu'il y a un mot pour dire NON à la nature...
    c'est... c'est la culture... des sens et dans tous les sens !

    http://www.lejournaldepersonne.com/2011/06/tronc-commun/

    RépondreSupprimer
  4. Puis-je me permettre d'émettre une note légèrement discordante, oh, très légèrement discordante ?
    Il me semble que l'auteur se trompe un peu de cible lorsqu'il écrit :
    "Parmi les fantasmes où s’égare le féminisme idéologique (à distinguer du féminisme authentique), se trouve la dénonciation d’un Moyen Age mythique où le pouvoir de l’homme était supposé s’exercer sans frein, époque révolue dont les mœurs, croit-on, refont surface au moindre manque de vigilance."
    Il me semble que ce que les féministes abhorrent dans le Moyen-age, ou plutôt, puisque dans le fond c'est de cela qu'il s'agit, dans le christianisme, c'est bien moins la légitimation de la violence masculine, que l'affirmation qu'il existe des différences naturelles entre les hommes et les femmes.
    Une féministe aujourd'hui, c'est une femme qui affirme que, à part quelques différences corporelles sans importance, les hommes et les femmes sont strictement identiques. Il n'existe notamment pas de différences naturelles de tempérament entre les deux sexes. Voilà le dogme, et voilà ce que l'Eglise refuse obstinément de concéder. Par conséquent l'Eglise, le christianisme en général, est l'ennemi héréditaire du féminisme (pour les autres religions c'est différent : diversité oblige!)
    Une vraie féministe préféra toujours un homme qui se comporte en vrai macho mais qui pense "bien" (pensez Simone avec Jean-Paul), à un vrai gentleman qui pense "mal" (surtout si en plus il a un peu de piété).
    DSK est socialiste, il pense "bien", donc il vaudra toujours infiniment mieux à leurs yeux que ce monsieur Hureaux qui écrit dans une revue catholique.

    Quant à DSK je pense que ce qui l'a protégé pendant longtemps c'est qu'il chassait avant tout dans les milieux "amis" : sympathisantes socialistes, journalistes (ce qui revient à peu près au même), etc. bref des femmes qui n'auraient à aucun prix voulu nuire au grand homme, qui certes agit mal mais qui pense "bien".

    RépondreSupprimer
  5. Aristide – C’est finement vu ce que vous dites et ça va à l’essentiel. Ceci-dit, Hureaux parle des féminiSTES "idéologiques" et ne se prononce pas sur les féminiSTES "authentiques", lesquelles restent bien des féminiSTES, pas des féminiNES et j’en pense comme vous…

    RépondreSupprimer
  6. Hureaux n'a pas tort de faire la distinction entre deux types de féminisme. Disons le féminisme du 19ème siècle qui réclame l'égalité des droits, et le féminisme post-Simone qui proclame l'identité des sexes. Malheureusement aujourd'hui c'est la seconde variété qui domine totalement le paysage. Il y aurait davantage moyen de discuter avec la première variété.

    RépondreSupprimer