"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

samedi 11 juin 2011

Poussière tu retourneras…

Ces quinze derniers jours m’ont gratifié d’une belle illustration de la Vie qui continue


- Il y a tout juste quinze jours, en effet, j’assistais à la cérémonie de rappel à Dieu d’une proche dont le souvenir est indissociable de la mémoire conservée de mes années d’enfance et de jeunesse.

- Le surlendemain, je tenais dans mes bras un petit être vagissant de quelques heures qui est fruit de ma lignée

- Puis hier, j’assistais à la cérémonie de rappel à Dieu d’un autre proche dont le souvenir, celui-là, est indissociable de la mémoire de mes années de l’âge adulte.

- Alors que j’attends, d’un jour à l’autre, la venue en ce monde d’une autre créature de Dieu, elle aussi fruit de ma lignée


Et voilà qu’aujourd’hui même, successivement, Didier Goux et PRR me donnent à lire des billets qui me font repenser aux deux cérémonies de funérailles ci-dessus évoquées.

Dans les deux cas, il s’agissait du départ du chef de clan, deux clans, deux familles, différentes et pourtant culturellement, voire cultuellement, très proches. Deux clans sans liens entre eux mais auxquels je suis allié, me sens étroitement lié et qui me sont chers…


- Dans le premier cas il y eut messe concélébrée avec, notamment, un père jésuite de haute volée lié à ce clan qui a parlé avec chaleur de la défunte qu’il connaissait en vérité. Sortie du cercueil sur les épaules de six fils, gendre et petit-fils. Puis il y eut enterrement auprès des restes de l’époux qui l’avait précédé dans l’au-delà...

- Dans le second, les contraintes ecclésiastiques locales aidant, il y eut cérémonie, simple et recueillie, animée par deux laïcs qui ont parfaitement su personnaliser en concertation avec la famille. Sortie du cercueil recouvert des trois couleurs avec sa fourragère et l’honneur rendu par les drapeaux et fanions des amicales de chasseurs alpins. Puis il y eut incinération… L’urne ira se faire toute petite dans un caveau aux côtés du cercueil de sa belle-mère. Et l’idée des conversations que ces deux là vont pouvoir reprendre dans l’obscurité a égayé les miennes hier soir avec les fils du défunt…


Mais dans les deux cas, tout ceci fut parfait dans le naturel de la Vie. Si l’Eucharistie a pu manquer hier à certains, elle n’aura manqué qu’aux vivants qui se rattraperont demain… Aucun goût de cendre en quittant ces deux familles car tout était vrai et exempt de singeries


Pour en revenir au papier de Didier et à la réaction de Max, je ne me lancerai pas avec ce dernier dans une contestation pinailleuse de son propos sur la fumure de nos terres. On n’est pas chez les muzz et l’hygiénisme qui prévaut dans nos caveaux de béton n’est d’aucun secours pour les concombres espagnols (lesquels échappent aussi à la toxicité probable des "toilettes mortuaires" des entreprises de pompes funèbres…)

En revanche, j’ai bien rigolé à l’évocation par Didier du guignol qui faisait se lever et s’asseoir l’assistance, Dieu (sic) sait pourquoi ! Je m’en suis presque étouffé de rire comme mes enfants et moi lors de la mort de Mme Plouc en voyant débarquer un gus plus vrai que nature : Même pour incarner le croque-mort qui suivait Lucky Luke avec son mètre ruban, Goscinny n’aurait pas osé ; le mec était "trop" !


Bon. La seule vraie raison de ce billet décousu, c’est l’infinie tristesse que je ressens à l’évocation de ces singeries, de cette mascarade entourant le départ de la dépouille de ce Daniel. L’homme a besoin de sacramentel. Et même pour ceux qui n’attendent rien de l’après, les proches en on besoin, mais pas d’un théâtre vide de sens. Là encore modernoeud comme les Lumières ne peuvent cacher leur incapacité à faire du neuf, le vide, le néant de leur message


Cela me ramène au souvenir du mariage civil d’un de mes enfants. Célébration laïque, donc. Le maire nous connaissait bien. Il savait qu’il ne s’agissait pour nous que d’une formalité administrative imposée avant le passage à l’église… Il en a profité pour faire un discours sortant de l’ordinaire, un véritable cours de droit civil sur les engagements du mariage tel qu’il était en charge de le célébrer : stabilité sociale, aide réciproque, procréation, préservation du patrimoine, etc. Tout ça en faisant bien ressortir avec un clin d’œil complice que dans le petit Dalloz rouge du Code Civil il y avait un mot qui n’apparaissait pas une seule fois : celui d’Amour

4 commentaires:

  1. "contestation pinailleuse" whouarf, j'ai bien ri.
    Pour le reste, cette tendance à la crémation m'interpelle. Pourquoi ?

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  2. Pourquoi ? Voyons, cher Pierre, pour d’évidentes raisons "économico-civilisationnelles" qui n’ont rien à voir avec les radotages de quelques vieilles barbes chevrotantes des "sociétés crématistes"…
    La mort (surtout naturelle du vieillard) étant placardisée à l’hôpital et rangée dans l’ordre de l’obscène, au relâchement des liens familiaux réduits (au mieux) à la "famille nucléaire", couplé avec la mobilité géographique, s’ajoutent tant de "contrariétés" : Le banlieusard a perdu les papiers de la "concession" des parents dans la Creuse où on ne va plus à la Toussaint depuis trente ans. On a délégué la fin de vie du vieux à la maison de retraite ou à l’hosto et on est pris de court quand les PFG vous disent "- On fait quoi ?" On a pas prévu les démarches pour faire une "réduction" (et en plus faut y assister…) Le coût des obsèques proprement dit sont certes à peu près équivalents, inhumation ou incinération, mais obtenir un nouvel emplacement dans un cimetière n’est pas évident et la construction d’un caveau, même premier prix, ça thune… Bref, "faisons simple"…

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  3. Oui, dans ces cas là le dérisoire et le ridicule
    se révèlent difficiles à supporter mais il faut faire avec, c'est l'humain qui est comme ça.
    Merci pour ce beau texte.

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