"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

samedi 17 décembre 2011

CNAP, CNAP, CNAP !!

Applaudissons le Centre National des Arts Plastiques (CNAP) si nécessaire ! Depuis plus de deux siècles, cette vénérable institution tient le rôle autrefois dévolu pour l’essentiel au monarque : Celui de collectionneur achetant des œuvres d’art pour le compte de la Nation. Regroupant 90 000 œuvres et complété en moyenne par 500 nouvelles pièces par an, ce patrimoine est inaliénable comme toute propriété de l’Etat. Si plus de la moitié du stock est en dépôt dans des musées ou meuble les palais nationaux, le reste nécessite le prochain doublement des 6 000 m² d’entrepôts dédiés à sa conservation. On notera que cela est distinct et n’a rien à voir avec les acquisitions des Fonds régionaux d’art contemporain ou des musées et autre Centre Pompidou qui sont par ailleurs autonomes pour leurs achats (et leurs conneries…)

Le CNAP, donc, a eu l’ heureuse idée de présenter à Lille dans une exposition "collector" une sélection de 200 œuvres contemporaines acquises depuis vingt ans. Joie !

A n’en pas douter, ça valait un AR en TGV. Pensez-donc ! Une expo collector, substantifique moelle de 20 ans d’acquisition d’œuvres d’art par l’Etat ! Pour nous quoi ! Avec nos sous, d’accord, et raison de plus d’en profiter.

Avec quand même un fond de zest de soupçon de doute vu qu’il s’agit d’art comptant pour rien. Mais bon, de mon voyage d’étude de l’an dernier*** je n’avais pour l’essentiel retenu que des expos privées ou des investissements de collectivités territoriales dont le goût n’est pas toujours sûr… Là, c’est l’Etat qui décide et paie en direct : c’est du sérieux !

Je vous en rapporte donc quelques cartes postales :

Voilà la pièce maîtresse, le joyaux de l’expo retenu pour illustrer l’affiche. Pauvre bête… Elle commence à se miter… Elle est timide, se demande ce qu’elle fait là et ne sait plus où se fourrer. On la comprend… Car l’artiste fait bien les choses et n’a pas perdu la tête : C’est une œuvre réaliste et il a fallu faire un trou dans le parquet pour loger le cerveau, le bec, etc. Ça nous épargne au moins le regard fixe et cruel dont est coutumier ce genre de volatil. On rebouchera le trou après… On comprends mieux qu’aucun collectionneur privé n’ait surenchéri sur l’Etat français pour l’installer dans son salon…


La Joconde est dans l’escalier ! Mine de rien, cette œuvre dans laquelle l’artiste s’est totalement investi, illustre avec une exceptionnelle profondeur de sens les avancées de l’art contemporain : Désormais, Lisa Maria Gherardini n’est plus qu’une utilité des temps figuratifs encore réclamée par quelques japonais du troisième âge. On la supporte comme la concierge, bien obligé. Pendant qu’elle passe la serpillière dans l’escalier, on peut garnir les cimaises en faisant plaisir à la Réunion des Artistes Subventionnés ; Léonard, lui, n’a plus besoin de rien…

Restez assis ! J’ai trouvé ça magnifique : admirez ces lignes épurées ! Le potentiel d’exégèse du travail de l’artiste justifie cet achat en faveur de l’emploi : Ça fait du plan de charge pour les critiques d’art, les experts, les conservateurs, les commissaires d’expos, les historiens du design, les sociolo-bavasseurs et pisse-copies de la presse spécialisée. Ils ont là de quoi tirer à la ligne mille pages sur les relations et les copulations entre société de consommation, fatigue et besoin de s’asseoir du consommateur, son vieillissement, l’offre et la demande d’achats et de repos aux caisses de la grande distribution, etc. Sans oublier l’espérance de fauteuil roulant, horizon indépassable…

Surtout, attention avant de vous asseoir ! Non seulement on ne pose pas son cul sur la diversité en générale et la biodiversité en particulier, mais il importe de garder un minimum de distance pour contempler l’œuvre de l’artiste témoin de son temps : La nouvelle Arche de Noé ! Outre l’incarnation de Bisounours dans sa diversité en peluche, nous avons là toute la richesse du gender et de la polysexualité ! Les couples bibliquement classiques sont encore résiduellement présents mais tigres et lions se font la gueule. Les crocos triolisent, la panthère s’auto-satisfait et le gentil dauphin dominant honore la tortue… Enfoncé le LGBT ! Voici venu le temps du désordre salvateur et de l’Amour universel !


Merci au CNAP de nous avoir acheté ce magnifique symbole ! Je ne sais pas ce que ça veut dire "officiellement", mais ça saute aux yeux : Immeubles, habitat des acurabas dans les villes de grande solitude…

Home, sweet home = Frigo et congélateur !

La bannière étoilée dans tous ses états. L’artiste a merveilleusement su exprimer en une œuvre unique la fusion existentielle du surendettement souverain, des subprimes, de l’océan de dettes, de la Bush connection et de l’Obamania way of live… Mikado et tréteaux, il faudra ranger tout ça après l’expo.

Faut quand même un peu de figuratif pour instruire les enfants des écoles. Ou du moins pour permettre aux enseignants de prendre un peu l’air, bon prétexte pour sortir les apprenants de la garderie et les emmener promener… Les mômes aiment ça. Et puis David et la Vénus de Milo en version figurines moulées genre Tintin, Goldorak ou Lara Croft, ça parle mieux que la marbre aux graines d’acurabas. Par ailleurs, en réunissant les deux personnages de son œuvre, l’artiste a magnifiquement illustré la supériorité de la femme sur l’homme qui, aussi beau gosse soit il, n’a manifestement qu’un pois chiche dans l’occiput. Car de se voir ainsi admiré dans sa plastique de plastique, comment David peut-il ne pas se dire comme sa voisine : "- les bras m’en tombent…"


*** : Ici, et

7 commentaires:

  1. On appelle ça un garant en dernier ressort, l'art ne valant plus rien, comment maintenir à flot le marché ? Solution : l'Etat achète avec l'argent du contribuable. Simple, non ?

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  2. Rhâaalala, mais le balais est là pour tout mettre dans le chariot avant de le' hisser dans le camion du ramassage de poubelles, m'enfin c'est simple !
    Nettoue

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  3. Les achats aux artistes vivants ne sont qu'un moindre mal : on ne peut pas empêcher le père Soupe de foutre en l'air le pognon des contribuables. les appropriations incessantes d'objets anciens sont pires : elles désertifient le cadre de vie. En outre, elles sont souvent pratiquées de façon malhonnête, telle que la prétendue préemption. Il arrive que l'Etat aille plus loin : ainsi, un Nicolas Tournier, déjà saisi révolutionnairement en 1794, vient derechef d'être spolié au préjudice d'une galerie anglaise.

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  4. Manque le balai à chiottes pour que l'expo soit visitable.

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  5. Vous oubliez le côté comique. Le rire est sain, il faut être reconnaissant à l'Etat de s'en préoccuper.
    Dr WO

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  6. Y avait il un dégueuloir à la sortie de l'exposition pour exprimer un certain écoeurement devant un tel amoncellement de m......

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