"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

mardi 6 mars 2012

Les Russes ont bien de la chance…

L’élection (j’allais dire la réélection mais restons formaliste) dimanche de ce cher Vladimir m’a refait penser à un souvenir de jeunesse :

C’était à la fac en des temps encore nettement pré-soixante-huitards même si le ver était déjà en gestation dans le fruit. C’était toujours les Trente glorieuses mais on ne le savait pas puisqu’on était dedans… A l’époque, nul ne songeait à évoquer les HLPSDNH comme aujourd’hui pour faire peur aux petits (et grands) enfants car elles étaient encore dans la mémoire vécue des vivants. Bien sûr, elles avaient servi de justificatif aux Issus de la Résistance qui meublaient alors les ors de la République, mais on était passé à autre chose. Elles n’ont ressurgi que bien plus tard, brevetées, totémisées, piedestalisées, pointgodwinisées, pour servir tout à la fois de fauteuil roulant, de viagra et de tente à oxygène à la vacuité de la pensée et de l’action politique. Quand on ne sait plus (ou n’ose plus) désigner et enchanter un avenir, quand on ne sait quoi répondre à la question de bon sens "- On va où, là ?", il ne reste alors qu’à éluder en disant "- Avance ! C’est sans importance, derrière c’était l’horreur." Mais je m’égare…

A la fac, donc. En province. Dans un milieu alors encore essentiellement petit-bourgeois d’étudiants en droit et sciences éco encore bien propres sur eux, on s’amusait à se faire peur en menant campagne pour élire une Corpo ainsi que quatre guignols sensés nous représenter au Conseil de Faculté.

En avance sur notre temps (^^) nous avions (nous, c’est-à-dire certains) alors tendance à surestimer l’efficacité de ceux d’en face ; efficacité hélas aujourd’hui avérée… Perso, je n’avais pas digéré de m’être fait ramasser l’année précédente par une gauchiasse de l’UNEF. Je me souviens encore du score : battu par 279 voix contre 273 et 5 bulletins blancs… Toussa parce que ces connards avaient rameuté en fin de scrutin des salariés inscrits en cours de Capacité en Droit dont nous avions oublié qu’ils étaient aussi électeurs… Bref, cette fois-ci, fallait s’assurer de la marge…

Après notre "victoire", je me souviens de la tête du guignol qui était venu se plaindre auprès de moi. Le genre de mec qui doit hésiter en ce moment entre Hollande et Bayrou et qui me pensait récupérable avec ma réputation de jeune catho blacklisté par Jeune Nation et pourtant bizarrement fourvoyé dans ce qui était pour lui un repaire de fachos
Le pauvre fut sidéré par mon cynisme :

Lui : "- Vous 350 voix et nous 250 ! Vous avez fraudé ; cépabien !"
Moi : "- Ouais, et alors ?"
Lui : "- ???!!"
Moi : "- Ecoute, mon con, On n’a jamais transformé un seul bulletin pour vous en bulletin pour nous, on ne mange pas de ce pain-là ! (^^) Bon, OK, on a fait voter 50 abstentionnistes, pas un de plus sur ma mère ! ; on s’est dévoué pour leur rendre ce service de les faire paraître civiques. Vous, pour les centaines d’autres qui ne sont pas venus voter, vous n’avez fait aucun effort !"
Lui : "- Tu te fous de moi ?"
Moi : "- Jamais de la vie ! On a assuré, c’est tout. Maintenant que le résultat est là, jvoipapourquoi je te le cacherais puisque ça ne change rien et que tu t’imagines n’importe quoi. Sans ça on aurait quand-même fait 300 contre 250. Bon OK, ça ne vous met qu’à 41% alors que vous avez fait 45% ; ça change quoi sinon à votre petite vanité perso ?"

Le mec était scié aux rotules et n’a plus rien dit. Je m’étais fait plaisir en lui disant ce qui était la stricte vérité, sachant qu’il n’aurait pas les couilles de faire quoi que ce soit de cet aveu. Aujourd’hui, c’est différent. Sa progéniture n’a pas besoin d’avoir de couilles pour se victimiser avec délectation et se masturber d’indignation en usant parce qu’ils le valent bien de leur droit opposable à être crus et subventionnés jusqu’à la Cour européenne de justice si nécessaire…

Poutine est sans doute réélu suivant le même process que moi il y a près d’un demi-siècle. Et alors ?

Les Russes repartent pour un tour avec un patron que beaucoup ne supportent plus mais qui sait où il veut aller et qui y va. Même sans fraudes, ses quatre opposants réunis pèsent trois fois moins lourd que lui dont la moitié pour le Mélenchon local. Horreur sous le joug anti-démocratique…

Chez nous au moins, on est propre sur nous. On est un état de droit démocratique. On a la liberté de la presse, célaloi. Y a pas de matraquage propagande H24 à la radio et à la télé, célaloi. Y a pas de fraude non plus ; la preuve, c’est que les bulletins en faveur d’une gonzesse pesant 15 à 20% d’intentions de vote peuvent passer à la trappe, rien à dire, célaloi

Nous, au moins, on a la chance de tenter un jeton de casino dans l’isoloir ! On a le choix : Repartir pour un tour avec un gus qui n’osera dorénavant même plus donner du travail au plongeur et au voiturier du Fouquets’ ? Préférer un normal promu à l’ancienneté, ci-devant groupie d’un DSK, avec son non-programme "d'apathie constructive" et "d'abstention dynamique" ? Faire la synthèse du néant et du rien, du tout et du n’importe quoi avec la statue du commandeur démo-centro-social-truc-on-sait-pas-avec-qui béarnais ?

Oui, on a de la chance d’être en démocratie et je me demande bien pourquoi ma nature nauséabonde m’a instinctivement conduite à commencer en disant que les Russes avaient bien de la chance…

4 commentaires:

  1. Décidément, nous avons des souvenirs anciens qui se ressemblent...
    En attendant, je ne sais pas si les Russes ont
    vraiment de la chance, ce dont je suis, en revanche, convaincu, c'est que nous, nous n'en avons guère. Condamnés à se farcir des socialos
    à intervalles réguliers, avec des intermittents
    du spectacle pour assurer les intérims.
    Finalement, être Russe, c'est pas si con...
    Amitiés.

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  2. kobus van cleef06/03/2012 18:27

    ha les heures les plus sombres de notre histoire ....les hombres les plus sûres de notre histombre , les soires les plus heures de notre nombre , les ..., les quoi au fait?
    les heures les plus drôles !
    on se marre à les entendre , à entendre tous ces pignoufs qui n'ont jamais été confronté à plus rude que le sempiternel "rien à déclarer ?" lorsqu'ils reviennent des pays bas ( quoique...maintenant ce sera toute l'année pays bas chez nous), invoquer sans peur sans relâche et sans reproche ces zeurléplusombres
    on croirait qu'ils ont amassé une doc' d'enfer , hein ?
    en général ce sont les plus incultes parmi un peuple dont l'inculture fait plaisir à voir , voui , ce sont les journaloppes d'opinion qui se chargent de relancer ce ghimmick , jamais démentis par un monumental "mais putain , cessez de nous casser les couilles avec ces zeurléplusombres ! vous ne les avez pas connues , et moi non plus , rien que ce que nous ont raconté nos parents -surtout les miens -et ce que vous avez appris dans les bédés !"
    car c'est un fait universellement reconnu , lorsqu'e l'épopée tourne à la farce, le commerce s'en empare et ...on en fait des bédés et des films
    regardez les bacs des libraires et les programmes tévés ....

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  3. "Poutine est sans doute réélu suivant le même process que moi il y a près d’un demi-siècle. Et alors ?"

    Pfiou ! Et bien vous êtes décidément plus vénérable que ce que j'imaginais ^^

    C'est toujours une joie de vous lire en tout cas.

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  4. En tout cas, il y a eu levée de boucliers pour soutenir le ptit maire Boisart !
    Pas dans la presse bien sûr, faut pas rêver.
    Mais la pétition a donné et du coup, il est tout requinqué, paraît.
    Il va même faire appel !
    Vive la France !

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