"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

mardi 19 juin 2012

Contribution de l’Aâârt au redressement productif…


Sachant mon "goût" épisodique pour les promenades cul-turelles (comme ici), Carine a aimablement attiré mon attention sur la dernière acquisition d’Estuaire, le musée en plein air qui s’étire sur je ne sais combien de kilomètres en posant ses crott… œuvres çà et là le long des berges molles entre Nantes et Saint-Nazaire. 
 Si je consens à vous mettre la chose sous les yeux, c’est uniquement pour introduire l’illustration. Car l’illustration n’est pas ici l’image mais le texte qui l’accompagne. Il est vrai que, comme pour les spécialités pharmaceutiques, une notice explicative est de nos jours de plus en plus nécessaire à la compréhension de l’Art (ce qui relève peut-être aussi du principe de précaution) Bref, voici ci-après la péroraison du discours sérigraphié sur pancarte pour instructionner le passant, dés fois qu’il ait des doutes :

"… En faisant apparaître sur les rives de l'Europe une des figures majeures de la mythologie chinoise, Huang Yong Ping aborde, comme souvent dans son travail, les notions d'identité et d'hybridité culturelle. La question environnementale est également très présente dans son art où il met régulièrement au jour le paradoxe de l'homme sciant la branche sur laquelle il est assis, tiraillé entre capacités créatrices et pulsions destructrices. C'est une des lectures possibles de cette œuvre. Positionné sur l'estran, le squelette apparaît au rythme de la marée, et accueillera, peu à peu, faune et flore marines."

Plage et baignade interdites au public

Œuvre cofinancée par l'union européenne*

*au titre du FEDER (Fond Européen de Développement du Redressement productif régional…)
En cofinancement, bien sûr, avec les collectivités territoriales, régionale, départementale et locales, sans oublier le ministère de la Kultur….

La banalité récurrente et creuse de ce jargon de commis subventionné d’une quelconque DRAC n’atteint même pas les hauteurs sublimes de certains experts (comme la) et on se demande pourquoi on les paie…
Au demeurant, la dite pancarte ne se contente pas de bavasser sur l’œuvre de ce Chinois de 58 ans. Elle commence par égrainer treize noms – souvent exotiques : Ceux des plus grands artistes d’aujourd’hui ayant signé les œuvres collectionnées par le musée. Je n’ai retenu que le premier qui m’a fait tilt en pensant à la remarque de Carine sur ces trucs payés par nos impôts

En effet, le premier cité n’est autre que l’inestimable Daniel Buren. Oui, LE Buren ! Le créateur des colonnes du Palais-Royal à Paris, bien connues des habitants du quartier cherchant où faire pisser leurs chiens. Le plasticien qui, à 74 ans, continue à fourguer ses rayures blanches et noires de Tokyo à Valparaiso. Quelqu’un passe toujours payer…

Et pourquoi vous parler de Daniel Buren ? Juste pour une anecdote :

En 1992, il emporte à Lyon le marché concours d’aménagement de la place des Terreaux consécutif au creusement d’un parking souterrain : Déplacement sur cent mètres de l’énorme fontaine pompier de Bartholdi, création de 69 mini fontaines au raz des pieds (avec malfaçons, fuites et salpêtre sur les bagnoles au-dessous), etc. Et bien sûr aussi les rayures de marbre blanc et noir, inévitable signature du maître, désormais bien ébréchées… Quelqu’un est passé payer.

Et bien figurez-vous qu’en 1996 Sa grandeur Daniel Buren a estimé devoir poursuivre en justice quatre éditeurs de cartes postales. Ces derniers avaient eu le front de commercialiser neuf clichés de la place sans son accord et sans les avoir crédités au verso. En substance : une atteinte à ses droits d'auteur. S'appuyant sur le code de la propriété intellectuelle, notre Buren leur demandait fort civilement devant le tribunal de Lyon, 25 000 francs de dommages et intérêts pour chaque carte postale… Il n’y a pas de petits profits.

Dans son jugement, le tribunal a finalement débouté l'artiste, estimant que l'aménagement d'une ancienne place est bien une œuvre artistique et architecturale relevant des droits d'auteur, mais que l'intrication entre patrimoine historique et aménagement moderne est telle qu'elle interdit en pratique de distinguer les deux éléments et qu'aucune carte postale incriminée ne reproduit isolément l'œuvre
Toutefois, les éditeurs ne devront plus omettre à l'avenir de mentionner le nom de l’artiste au verso des cartes postales…
 Du côté de la dépense publique, tout autant que des factures du chantier et des honoraires de l’artiste pour son œuvre, j’ignore tout de la comptabilité analytique des tribunaux et de la valorisation des heures passées par les juges et greffiers sur le dossier des cartes postales.  Quoi qu’il en soit, il est certain que la multiplication des commandes publiques à des artistes, souvent étrangers, ne peut qu’avoir des effets positifs sur le Produit Intérieur Brut.
Toussa est bon pour le redressement productif

6 commentaires:

  1. Voilà qui est parfait !
    Je tenais absolument à partager le plaisir de rencontrer de l'art vrai, à défaut de lard frais, avec vous et vos lecteurs.
    Je vois que vous appréciez à sa juste valeur.

    C'est vrai que la ptite étiquette nous parle.
    Et puis l'autre aussi "escalade interdite" ^^.
    C'est même pas pour amuser les petits enfants, donc il faut bien admettre que c'est juste pour hanter leurs cauchemars.

    Les hyènes… QLCLP !

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  2. Le génie Buren doit tout à la Gauche, c'est ce qui en fait l'excellence incontestée.
    Dieu merci, nous n'avons plus un fifrelin ce qui
    devrait considérablement limiter les déconnages,
    au contraire de tout ce que nous avions enduré sous Tonton. D'un grand mal sortent toujours quelques petits biens...
    En tout cas, je suis content de voir que ça remarche, depuis quelques temps je n'arrivais plus à commenter sur votre blog.
    Amitiés.

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  3. Vous oubliez de préciser, pour l'exemple d'introduction à votre billet (i.e. Estuaire Nantes saint Naz') que le tout est fort bien emballé et présenté sur une brochure format A4, 160 pages quadri gratos, que l'on feuillette pensivement au zinc du comptoir d'en bas. Il y est fait mention des partenaires. Je vous tiens au courant si vous le souhaitez.

    (ah, et eux aussi ont leur buren, sur la Loire : un alignement d'anneaux RVB)

    @ Carine : seriez-vous du coin ?

    Amicalement.
    Al.

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    1. Merci pour la précision. Très bonne initiative ! La valeur ajoutée dégagée chez l'imprimeur et l'agence de communicants, maquettistes, etc contribue a accroître le Produit Intérieur Brut. Et comme en l'absence de facturation aux usagers du service rendu la contribution au PIB de la fonction publique est valorisée au montant de sa masse salariale distribuée, plus les services "kultur" des collectivités locales passent du temps à ça, plus ça accroît la richesse nationale ! Bon ça !

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    2. Voui, Al West, pour une grande partie.
      Dans le cas du serpent, j'espère que les manouches (j'ai pas dit Roumains ^^) qui stationnent à St Naz' ne manqueront pas de le démonter (je me demande s'il ne faudrait pas leur flêcher l'accès au site, mais je pense qu'ils connaissent).
      Mais bon, c'est pas du cuivre ni de la fonte (heureusement pour le coût), ce n'est que de l'alu, je crains. Ca ne va pas chercher loin à la refonte.
      Et revendre ça os par os, je vois pas trop, c'est un peu gros pour une cheminée, ptet pour un jardin ? Mais ça serait repérable et l'acheteur serait un recéleur. Donc pas possible.
      Je ne voudrais pas avoir l'air d'appeler les identitaires bretons à la rescousse non plus, nous sommes sur un blog surveillé ^^
      En attendant, l'estuaire est tout pourri.

      Pour une fois que ce n'est pas par Total, penserez-vous !
      Et bien si ! Paraîtrait que Total fasse partie des "mécènes" malveillants. Déjà que Total fait payer l'essence plus cher dans le 44 qu'ailleurs (ptet pour récupérer par la bande des indemnités-Erika qu'ils ne veulent pas verser, mais je fais preuve de mauvais esprit, là), il nous manquait un mécénat pourri.
      Total n'est pas à une mauvaise action près et doit se dire qu'il n'y a pas qu'avec du brut qu'on peut polluer à long terme (Erika, puis mini- marée noire sur la Loire par fuite de la raffinerie de Donge…)
      Mais faudrait vérifier, je ne suis pas certaine de cette info de mécénat.
      C'est un nauséabond qui me l'a glissée à l'oreille et ces gens-là disent n'importe quoi par haine du progrès et du modernisme. Ils ne savent même pas reconnaître un artiste quand ils en rencontrent un.
      Demandez donc au Plouc Em'…

      Sinon, vous avez remarqué que l'argument ludique et écolo est encore actionné: habitat pour la faune et la flore marine.
      Sauf que la plage est interdite. L'escalade aussi. De quoi ont-ils peur ?
      Que ça saute ? Quelle idée saugenue…
      Je me demande même si on a le droit de photographier.

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  4. kobus van cleef03/07/2012 23:37

    ce qui m'a plu ; "baignade interdite"
    tu voudrais te baigner entre les cotes d'un pseudosquelette , toive?

    et aussi "les vendeurs de cartolines n'ont plus le droit de mentionner que la place a été réamenagée par buren"
    peuvent ils mettre :"place saccagée par buren" ?
    j'en doute

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