"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

mardi 31 juillet 2012

De l’homme, de l’innovation et de la routine…


L’homme, dit-on, remonte à la plus haute antiquité. La femme aussi d’ailleurs, ce qui n’est pas sans poser problèmes… On observera que si l’homme est aussi ancien, il ne s’use que très modérément. En effet, qui d’entre vous a déjà pu croiser, par inadvertance, des Mathusalem d’âge biblique, tout ridés et ratatinés, aux barbes blanches kilométriques, assis sur une moignon renversé de colonne dorique, accoudés à une canne en sarment de vigne torve et millénaire, en train de commenter, l’air réprobateur, la hauteur d’ourlet sous le moteur de la jolie fille qui passe ? Ou en train de délivrer l’enseignement de leur âge, oracle de Diogène ? Personne… L’homme est lisse et rose ; qu’il soit guichetier des postes ou employé du gaz ; parfois ondulé sorti tout droit de chez Alexandre avec le décolleté immaculé le plus sexy de Paris quand il cause de la Libye à la télé ; parfois même bouclé quand il est ministre du Viagra industriel. Même le commis épicier de chez Félix Potin ou le commercial des Pompes Funèbres Générales (lorsqu’il est endimanché, je précise) mérite d’être immortalisé par Raymond Depardon en personne. Regardez les jaquettes de Gala, de Gay-Pied, de Notre Temps (mais pas de Play-Boy car l’homme y laisse toute la place à l’autre genre, ce doit être ce qu’on appelait la galanterie) : Dans tous ces regards réjouis, aucune trace des prémisses d’Alzheimer…
L’homme est donc toujours dans la force de l’âge, dans les émerveillements d’une tardive jeunesse ou les frémissements d’une prématurité adolescente. Depuis la nuit des temps, il se déplace sur ses pattes de derrière avec cette élégance et cette mâle assurance qui font s’agiter les hormones des sauterelles botoxées comme des bourgeoises middle-class et des shampouineuses mal baisées. Et ce n’est pas seulement le cas des spécimens d’éphèbes hantant l’été les plages de Saint-Trop-Pèze. J’en veux pour preuve que même des Corréziens d’élection, un peu enveloppés, en chemise à manchettes et en prêt à porter qui draguent en voiturette électriques ont du succès ! Si je cite cet exemple, ce n’est pas par hasard : dans un échantillon, le zoologiste prendra toujours en référence le spécimen médian, l’individu moyen, bref le plus normal. Celui qui lui semblera faire le mieux la synthèse de l’ensemble étudié. Dans lequel on pourrait retrouver aisément et tout à la fois Sébastien Chabal et Justin Bieber.
Mais je m’égare…

L’homme, disais-je, remonte à la plus haute antiquité. Comment est-ce possible ? C’est la simplicité même ! L’homme se régénère selon la vieille méthode du manche et de la lame du couteau : Ce n’est plus lui et c’est encore lui. Pour être encore aussi frais sur le papier glacé des magazines tout en étant aussi vieux, c’est que l’homme a des aïeux encore plus vieux. Ce qui implique, notamment, que les belles-mères remontent aussi à la plus haute antiquité. Aussi loin qu’on remonte dans le temps, on ne peut échapper à cette évidence : l’homme descend des belles-mères comme le singe du bananier. Pour partie seulement… Jusqu’à avant-hier soir, l’homme savait (souvent d’ailleurs comme monsieur Jourdain faisait de la prose…) que quatre huitième de lui-même lui venaient de semblables ayant (de fait, sinon en droit) la qualité de belles-mères. Cela lui convenait parfois très moyennement mais, l’obscurantisme aidant, il faisait avec… Il est vrai que les mères et les belles-mères des mères (et des pères parfois) sont de plus en plus attrayantes, surtout sur les pages de Notre Temps et dans les pubs pour des croisières ou pour des colles à scotcher les dentiers. Cela est dû aux progrès de la science en générale et des assurances sociales en particulier. Toutefois, si ce constat semble avéré sur les supports susdits, il ne se vérifie qu’assez médiocrement par ailleurs, que ce soit dans les foyers appropriés ou dans le secret des familles. Il s’en suit toutes sortes de petites contrariétés pouvant parfois déboucher sur un recours à des cellules d’assistance psychologique. Bien que ces dernières soient créatrices d’emplois, l’acceptation de leur nécessité trahit un renoncement à l’horizon indépassable du risque zéro et au respect constitutionnel du principe de précaution. Rien n’est donc encore parfait.   
Heureusement, l’homme n’arrête pas le progrès et il peut faire confiance aux progrès de la science. Celle-ci se démène et ça nécessite beaucoup de monde : des milliers de laboratoires, d’enseignants-chercheurs, de budgets de la recherche, de ministères, de pôles d’innovation, de subventions, de têtes d’œufs, de pôles d’excellence, de multinationales, de chimistes, de groupes pharmaceutiques, de prix Nobel, peut-être même de prix Pulitzer, de pétrochimistes, de comités d’éthique, d’ingénieurs, de professeurs, de veilleurs de nuit au CNRS, de doctorants… et de contribuables, ne les oublions pas. Toutes ces personnes : morales, messieurs, dames et autres personnes physiques de genre parfois indéterminés s’emploient d’arrache-pied à libérer l’homme de cette dépendance génétique superfétatoire. C’est ainsi que, par exemple, l’homme sait depuis hier soir qu’en déroulant la ficelle de son ADN pour s’en faire une main courante, il peut aisément faire 150 000 fois l’aller-retour de la Terre à la Lune sans se perdre en chemin. Il le sait ; c’est même écrit dans Wikipédia. Mais je m’égare encore…

De nos jours, les avancées les plus prometteuses permettent de régénérer l’homme dans des salles blanches à l’aide de conteneurs cryogéniques, de cornues, de tubes à essai, d’oscilloscopes, d’énucléation et de transferts de cellules, de sélection de chromosomes, de centrifugeuses, de trucs à ions négatifs, de transferts en phase aqueuse, de sédimentation pâteuse et de crèmes de soins… C’est ainsi que l’homme descend de moins en moins des belles-mères et que les nouvelles conditions de sa production contribuent de façon plus monétairement mesurable à la hausse du Produit Intérieur Brut…
Au demeurant, on peut s’interroger sur la productivité et la compétitivité de ces nouveaux processus industriels. Outre le fait que leurs nouveaux protocoles de traçabilité sont fréquemment plus flous que dans la fabrication artisanale, la qualité du produit obtenu et le taux de défaut constaté en sortie de chaîne ne traduisent aucune amélioration significative.
Surtout, le prix de revient unitaire des spécimens produits – en très faible quantité - se révèle extrêmement onéreux et très supérieur aux prix pratiqués sur le marché mondial.
De ce fait, en dépit des formidables perspectives de libération que les progrès de la science offrent à l’homme, l’innovation ne peut résister à la concurrence de procédés de fabrication artisanaux d’un archaïsme qui suscite l’épouvante.
D’énormes centres de production, notamment africains et asiatiques arrivent ainsi à saturer le marché en produisant à faible coût et à une cadence industrielle des articles, certes plus rustiques mais moins fragiles, plus résistants, au mode d’emploi plus simple et moins compliqués à entretenir que les produits innovants de la recherche.

Et cela par la seule force de la routine…  

7 commentaires:

  1. Excellent ! Eh bien oui, les études les plus scientifiques démontrent que les fins de race que nous sommes sont tarées, fragiles, et laissent s’exprimer des gènes récessifs nauséabonds. Pour les régénérer, il faut du sang neuf. C’est pourquoi la gauche crie au racisme et nous force à nous métisser.
    C’est pour notre bien. La gauche veut améliorer la race.

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  2. kobus van cleef31/07/2012 11:56

    ça commence comme un vialatte , ça finit comme un muray.....

    mais le pire, c'est que c'est vrai

    d'un bout à l'autre...

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    1. C'est le plus beau compliment reçu par ce blog depuis deux ans et demi d'existence... Merci !

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    2. kobus van cleef01/08/2012 23:29

      ami plouc

      point de flagornerie dans mes propos

      je le pense réellement

      quand à la situation dans laquelle on se débat.....si on n'était pas dedans, ce serait à se pisser dans les guenilles ( les chuiches disent "aux culottes" ...pourquoi le pluriel ?)

      tiens, histoire d'alléger l'humeur , je viens de me revoir "un anglais sous les twopiques , làdidon" film des 2000 d'après le roman éponyme de william boyd
      ça se finit par une scène de fétichage émérite qu'on jurerait caricaturée....
      hé bien ,non !
      renseignements pris , ça reste bien en dessous de ce qu'on voit là bas....

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  3. Fort bien exposé. Mais nous aussi on produit beaucoup de rudimentaires, grâce à nos usines de banlieues
    financées aux allocs. La seule question c'est l'utilité...
    Amitiés.

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  4. @kobus et Le Plouc

    c'est peut-être bien parce qu'il s'est aperçu en 1971 que l'homme allait commencer à ne plus vouloir remonter à la plus haute Antiquité que ce cher Alexandre Vialatte nous a quittés sur la pointe des pieds ...

    Plouc, le ministre du Viagra industriel ... c'est bien de celui du dressement reproductif que vous voulez parler ?

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