"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

mardi 8 octobre 2013

Schemeun...



Schemeun Sweborg était né à Paris en 2013 de l’ancien calendrier, d’une mère américaine d’origine scandinave. Très introduite dans le milieu culturel friqué new-yorkais, Solveig Sweborg avait dû accoucher prématurément à Paris au cours d’un voyage consacré à la recherche de nouveaux potentiels financiers en matière d’art contemporain. Seule à Paris et en l’absence de géniteur précis, elle s’occupa elle-même de déclarer à l’état-civil le lardon vagissant dans sa couveuse. Démarche,  disons-le, qui restera après son travail de parturiente le plus gros effort physique et mental qu’elle fournira en profit de son héritier.

Elle estimait à peu près la provenance du gamète mâle s’étant accidentellement invité chez elle. Il s’agissait sans doute, sauf erreur et marge d’approximation, d’un courtier en installations et performances d’art contemporain, un peu vulgaire mais suffisamment bien monté pour qu’elle s’en soit hygiéniquement servie après un vernissage ; ce qui l’exonéra de préfinancer une prochaine œuvre d’Aquiliù Farukami-Sturp dont le type faisait une insistante promotion. Pas plus portée sur son arbre généalogique que sur les vies des Saints et le type en question étant forcément juif, elle décida d’appeler le môme Simon…
Fraîchement débarquée de Somalie avec le statut honorable de réfugiée et une maîtrise approximative de la langue vernaculaire locale, la jeune employée municipale officiant à l’état-civil n’en était qu’au début de son contrat d’emploi d’avenir, depuis lors renouvelé jusqu’à sa retraite dorénavant acquise. Pour sa part, Solveig Sweborg était affligée d’un snobissime accent amerloque absolument épouvantable. Habituée à écrire Mohamed, Aïcha ou Ubwa, voire parfois Vassili ou Kevin, la pauvre fonctionnaire supplétive s'efforça de transcrire phonétiquement ce qu’elle pensait entendre, en ajoutant un S devant pour faire sérieux. Solveig Sweborg signa sans relire et un nouveau prénom vint enrichir le matériau que brasseront les historiens passionnés d’histoire sérielle.

Le môme bénéficiant accessoirement de la nationalité française grâce aux bienfaits du droit du sol, Solveig Sweborg imagina un instant l’abandonner purement et simplement. Mais, n’ayant pas pensé dans l’urgence à accoucher sous X, elle se dit que ça allait être compliqué et, surtout, que ce serait néfaste pour sa réputation. Elle se ravisa donc et le ramena aux Etats-Unis.

Il existe peu de documents permettant de reconstituer les années d’enfance du jeune Schemeun. Outre quelques bulletins scolaires d’une Elementary School suggérant un élève assez moyen et timide, les seules traces de son existence durant ces années-là se trouvent dans les relevés de comptes bancaires de sa mère : Paiement de pensionnats dès la Nursery school, d’internat en centres de loisirs durant toutes les vacances scolaires et de cours de français dès le retour des Républicains à la Maison Blanche… Sans oublier des règlements réguliers d’honoraires à des orthophonistes et des pédopsychiatres dont, semble-t-il, le garçon avait nul besoin…      
On en sait plus à partir de 235 (ah oui, excusez-moi, 2024 donc…) Solveig Sweborg jugea alors qu’il était temps pour son fils d’aller à la rencontre d’autres cultures. L’éloignement, disait-elle, lui ferait le plus grand bien (à son fils, hein !) Accessoirement, elle était, euh…, navrée de ne plus pouvoir lui rendre visite chaque trimestre mais seulement, disons… une fois par an peut-être ?

C’est ainsi que Schemeun Sweborg, alors encore garçonnet de onze ans, fut de retour à Paris où la fille de la rue Guy Môquet portait probablement encore une couche-culotte… 
(à suivre...)

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