"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

dimanche 11 janvier 2015

La marche des crayons et autres ratures...



- La marche des crayons…

"- La France va se lever vers ce qu’il y a de meilleur." a déclaré le Président Hollande…

Cet immense rassemblement-communion de tout un peuple ne doit évidemment rien à l’action présidentielle, ni au travail de nos gouvernants, ni aux bricolages de nos politiques, ni au vivrensemble™ - le saint du jour - qu’on nous rentre dans le crâne à coups de marteaux stigmatisations catégorielles et de cynisme judiciaire… Il ne doit quasiment rien non plus à la sensibilité et à la raison.
Il doit tout, en revanche, à la sensiblerie et à l’émotion avec, çà et là, quelques coups de pouce opportunément orchestrés. Un barnum de placebo-thérapie collective, une cellule un chapiteau de soutien psychologique avec indulgence générale donnée à tous les pèlerins…
Et pour que cela soit possible, il a fallu un fait déclencheur. La mort de quatre juifs Porte de Vincennes n’aurait pas suffi. Elles se rajoutent pour faire bon poids mais, seules, n’auraient pas eu plus d’effet au bout de quatre jours que les assassinats d’enfants par Merah…
Tout bien réfléchi, toussa n’a été possible que grâce à Charlie. A Charlie Hebdo et à la réaction corporatiste de la profession : La liberté Patrie liberté d’expression en danger ! Euh… leur liberté d’expression, pas celle de Zemmour et autres, pas vraiment la nôtre non plus… Mais cépapareil ! Il a fallu Charlie ; Charlie était le plus petit commun dénominateur sur lequel pouvait s’accorder ces foules immenses. Et même pas le canard en soi mais tous justes trois mots dupliqués à l’infini, une affirmation vide de tout engagement personnel au milieu de la foule, donc qui ne mange pas de pain.

Finalement, la seule chose, le seul concept, la seule liberté réelle, et même le seul slogan primaire sur lequel, après trente ans de démolition, on arrive encore à faire se lever ce qui fut une Nation, c’est "Je suis Charlie", nouvelle définition de la nationalité française universelle… Retour dans l’utérus, je vais chez Auchan, madame passera payer…    

- De l’utilité des crayons…

Le Président de la République aurait pu rester à l’Elysée où j’ose espérer qu’il y a du boulot par les temps qui courent. Il aurait alors envoyé aux participants un message de soutien, plein de chaleur, de force d’âme et qui, tout à la fois, rassure et motive… Il a choisi d’y aller. Comme un citoyen normal (alors que son job c’est de ne pas être normal, mais passons…) L’avantage c’est qu’il n’avait pas à s’engager, il lui suffisait de défiler, congratuler, consoler, condoléancer les familles des victimes, étreindre en un abrazo frénétique prolongé pour les caméras un des journalistes survivant qui pleurait sur son épaule pendant qu’il lui tapotait le dos. C’était beau. L’avantage, disais-je, parce que ça, depuis la Corrèze il sait faire.
Du coup, évidemment, tout le gouvernement a suivi. Et bien sûr il y avait là tout ce qui compose l’arc républicain : huit anciens premiers ministres (on avait ressorti Edith Cresson), les syndicats et les partis, de Mélenchon à Dupont-Aignan (celui-là c’était limite)…   Parce que ça s’appelait marche républicaine, voyez-vous. Ce n’était pas une marche nationale, on se comprend…  
Bien sûr, il y avait aussi les autorités religieuses : le président du Consistoire central israélite, le directeur exécutif de la Conférence des rabbins européens, le président du CRIF, un évêque représentant de la Conférence des évêques de France (Le Monde a cru utile de préciser : "Le pape François sera, quant à lui, absent"…) Il y avait le recteur de la mosquée de Paris. Le CFCM et même l’UOIF ont appelé les fidèles à rejoindre la marche. ,
Ceci-dit, contrairement aux manifs pour tous, les journalistes se sont curieusement abstenus de faire des remarques sur l’écrasante leucodermie de la foule (sauf à Marseille où la commentatrice n’a pas pu s’en empêcher dans la préfecture de la 49° Wilayas)

- Le sommet des crayons…

"La France, capitale du monde."

Le Président de la République a estimé nécessaire d’inviter à cette marche républicaine le ban et l’arrière ban de nos voisins, amis ou non, concurrents ou commensaux. Ceux-ci, évidemment, ne pouvaient diplomatiquement pas se défiler. On a donc eu droit, avec tout le surcroît de dépense de protection qui va avec, à la présence, regroupés selon leurs titres, de (reprenez votre respiration) :
La chancelière allemande, le premier ministre britannique, le président du conseil italien, le président du gouvernement espagnol, le président de la Commission européenne, le président du Parlement européen, le président du Conseil européen ; Les présidents de la Confédération Helvétique, de Roumanie, de l'Ukraine, du Kosovo, du Mali, du Niger, du Bénin, et de l'autorité palestinienne ; Le roi et la reine Jordanie ; Les chefs des gouvernements danois, belge, néerlandais, grec, portugais, tchèque, letton, bulgare, hongrois, croate, polonais, irlandais et luxembourgeois ; Les premiers ministres danois, suédois, finlandais, norvégien, maltais, slovaque, slovène et israélien…
Rendez-vous compte ! Le Pédalonaute a réussi à réunir à Paris un G34 et quelque chose ! Un "sommet" sur un thème faisant unanimement consensus, un sommet qui, contrairement à la plupart des autres s’est conclu par une avancée puisque il n’y avait rien à décider et que tout le monde en est reparti d’accord ! Faut dire que personne n’avait à apporter de dossier, même pas sur la lutte contre le terrorisme dont-on-ne-dira-pas-d’où-il-sort ; il n’y avait qu’à venir communier et battre le pavé avec de bonnes chaussures…

Et si François II Pédalonaute a réussi cette performance, c’est par la seule grâce d’être Charlie comme les braves gens et les cons. On en revient à mon premier paragraphe et on tourne en rond… 



8 commentaires:

  1. Tiens et pendant ce temps la Croatie élisait une présidente très à droite

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  2. Tout ce cinéma va vite retomber. Mai 68 vient de se faire assassiner par ses petits enfants, les gens ont surtout montré qu'ils n'étaient pas prêts à tout accepter. L'avenir promet d'être passionnant !

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  3. Étonnant, et bien de le rappeler, de voir le décalage entre l émotion populaire soulevée par les tueries Merah et celles de la semaine dernière...

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  4. c'est tout à fait çà : je remarque que personne n'a souligné l'âge "respectable" si ce terme peut s'employer pour ce genre de personnages) des victimes et le jeune âge des perpétrateurs!

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  5. Bonjour,
    Merci de votre analyse toujours aussi pertinente à mon sens. Je vous envoie un lien vers un article peut être passé inaperçu du "Journal de Mayotte" ...
    http://lejournaldemayotte.com/societe/dis-moi-qui-est-charlie-je-te-dirai-qui-tu-es/
    Lionel

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  6. Tout à fait d'accord avec vous , le Plouc ,surtout avec le contenu du premier paragraphe, relatif à l'émotion de nos peuplades occidentales, et j'ajoute de leur pétoche de gros moutons bien nourris , bien abrutis de consumérisme , de loisirs et de spectacles de toute nature! Honte , oui, honte à ce corporatisme médiatique qui, avec un mot d'ordre imbécile,a réussi à jeter dans la rue ces millions de débiles mentaux paniqués et sans nerfs ! Quant à "Tout-mou"; rien à ajouter à votre texte : il va de soi...

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  7. J'étais dimanche à Marseille, je vous confirme l'absence de diversité!

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    1. Des manifestants non divers et la police ne matraque pas?

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