"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

dimanche 31 mai 2015

Il y a liste et liste…



Donc, la Fédération de Russie, horresco referens, vient de blacklister 89 guignols ressortissants de pays de l’Union Européenne. Et ça ne rigole pas : Le jour même de l’entrée en vigueur de la décision, je ne sais plus quel député anglais ou nordique venant à Moscou où il devait bavasser à je-ne-sais quelle conférence a été refourré dans son avion à peine descendu sur le tarmac… Faut dire que chez nous, on l’aurait laissé prendre une chambre d’hôtel, faire du tourisme sur la Moskova et rencontrer des journalistes, au moins le temps d’attendre que son avocat ait pu faire appel et que la procédure suive…

Depuis ce matin, toutes les agences de presse font état de ça et relaient avec gourmandise les commentaires des victimes de cette mesure de rétorsion ; lesquelles expriment leur fierté d’en être (on a les brevets de Résistance à l’oppression qu’on peut…), voire en rigolent comme Daniel Cohn-Bendit.

Pourquoi en causer ici ? En raison de la publication par Bruxelles d’un communiqué on ne peut plus officiel à ce sujet. Ce communiqué émanant d’un porte-parole de la diplomatie européenne n’aurait pas justifié qu’on s’y attarde s’il s’était contenté de décréter cette mesure "totalement arbitraire et injustifiée". Il le dit. Qu’elle soit jugée "totalement arbitraire" confirme que l’U.E. ne fait aucun cas de la souveraineté d’un Etat tiers, mais ça on le savait déjà… Quelle soit "injustifiée" peut peut-être se discuter au cas par cas, mais qu’elle soit "totalement" injustifiée fait rigoler… Quoi qu’il en soit, il ne s’agit là que d’une rodomontade banale à pleurer alignant des mots valises piqués et copié-collés du manuel du parfait communicant en indignation sélective. Mais ce n’est pas tout. Il en rajoute une couche en précisant :
"Nous n'avons aucune information sur la base légale, les critères et le processus de cette décision." !
De quelle base légale parle-t-il ? De celle de l’U.E. évidemment. Pas de celle de la Russie, éminemment suspecte, contestable et forcément contestée. Sachez, messieurs les Russes, que toute sanction prononcée chez vous est par nature illégitime dès lors que nous n’avons pas pu juger du bien-fondé des motifs et de votre procédure interne de décision…    Que les nôtres soient parfois obscures n’est pas la question, les nôtres sont LA référence que vous devez appliquer et il nous appartient d’en contrôler l’application !
Cette phrase "Nous n’avons aucune… etc." suffit à confirmer l’outrecuidance impérialiste de ce machin hors sol sans consistance ni influence qu’on appelle la diplomatie européenne…  

Depuis près d’un an, l’U.E. dresse de telles "liste noires". Régulièrement mise à jour par des ajouts, on y trouve désormais 151 personnalités et une quarantaine de sociétés russes, non seulement interdites d’entrée dans l’Union Européenne mais aussi interdites de voyager hors U.E. sur nos compagnies aériennes, interdites de toutes transactions commerciales et dont les biens et avoirs chez nous sont bloqués… Cette liste noire établie par Moscou n’est jamais qu’une mesurette de rétorsion, un "message" en attendant la suite…

Et ils sont bien bons : Il n’y a que quatre Français sur cette liste. Leurs identités peuvent faire rire. Pourtant, ce n’est pas anodin. Au risque de paraître ridicule ou complotiste, je dirai même que c’est un message ciblé adressé à… la CIA : La Russie de Poutine a bien compris le film et ne se laissera pas déstabiliser. D’autant que Washington n’a rien trouvé de mieux que d’envoyer maintenant comme ambassadeur à Moscou le spécialiste des "printemps de couleur", celui qui était ambassadeur sur place successivement pour fomenter des troubles en Géorgie puis en Ukraine aux riches heures de l’Euromaïdan…
Moscou n’a aucune envie de voir un Béachelle venir se boursouffler à coup de conférences en Russie avec l’aide des médias étranger pour y mettre le Bronx après avoir contribué en clown de malheur à la ruine et à l’épuration ethnique en Bosnie et Kosovo puis à la destruction d’un pays entier devenu trou noir de non droit en Lybie…

On était si tranquilles quand on avait le rideau de fer ! Pour le recréer soft, il faut faire en sorte que la Russie nous oublie, qu’elle se tourne vers la Chine, l’Inde, toussa. Comme ça, on pourra rester une maison de retraite maquillée en Disneyland, le Qatar étant propriétaire des murs et l’oncle Sam du fonds de commerce…  Et, en passant, Béachelle et Dany pourront entretenir le leur (de fonds de commerce) en se posant toujours et encore en héros de la défense des droits de l’homme….  
 

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Breaking news en passant : Qu’est-ce que John Kerry pouvait foutre à vélo à Scionzier, pas loin de chez moi, à 40 bornes de la frontière suisse ? Pouvait pas se casser le fémur à Genève comme tout le monde ?

samedi 30 mai 2015

La photo du jour avant que ça pète…



"- Bon. Z’ont pas la fusée mais sont quand-même des flèches…"

(Remarque incidente du Ploukèm’ qui se souvient quand même avoir été dans une autre vie artificier dans l’artillerie…)

vendredi 29 mai 2015

Voir Palmyre et mourir…



Je me vois encore à Palmyre. Il y a vingt-deux ans de ça… J’avais alors la chance de loger quelques nuits dans le vieil hôtel d’allure coloniale, le seul dans l’oasis au plus près des ruines ; pas dans l’espèce de motel en béton blanc sans âme "des touristes" à la sortie de Tadmor, le bled moderne. Je me revois surtout le soir où j’étais parti à pieds grimper jusqu’au "château arabe", le Qalat ibn Mann qui domine le site. J’y étais allé pour avoir une vue générale de la cité de la bien fugace reine Zénobie, site immense, plus grec que romain avec ses canalisations en pierre et non pas en terre cuite. J’y allais non seulement pour avoir une vue générale, mais surtout en présageant le spectacle, unique et changeant, qu’allait m’offrir jusqu’au crépuscule le jeu doré du soleil couchant sur les pierres et les colonnes. Je n’ai pas été déçu… 

Hier, tant qu’à faire, les tueurs de l’Etat islamique ont profité des gradins du théâtre romain du lieu pour que la foule qu’ils y avaient rassemblée manu militari profite dans les meilleurs conditions visuelle et acoustique de l’égorgement de vingt civils chiites et alaouites prévu en lever de rideau…   

Si mon âge en est désormais une, ce n’est pas la principale raison qui fait que je ne verrai plus Palmyre. Et bientôt personne d’autre d’ailleurs…

Et cela m’a ramené en pensée vingt ans encore auparavant, en Afghanistan : Je me revois encore à Bâmiyân avoir pu grimper sur la tête d’un des trois Bouddhas taillés dans la falaise. Ceux-là non-plus on ne les reverra plus. Ça fait déjà 14 ans que les Talibans les ont réduits en poussière à coups de canon… Depuis, les mêmes causes produisent les mêmes effets mais nous savons bien que ça n’a rien à voir

C’est bien sûr l’actualité causant de Palmyre qui m’a fait repenser à toussa avec un peu plus qu’un brin de nostalgie et de regret de voir disparaître, hier et bientôt demain, ces morceaux de patrimoine. Mais ça n’aurait sans doute pas suffi pour justifier un billet purement sentimental.

Hier soir, j’ai lu chez Tak un texte d’un certain Joseph Mann. Parfois brutal comme un coup de poing, parfois excessif, paradoxal, voire contradictoire, ce brûlot m’a fait réfléchir. Il s’intitule "Palmyre contre Palm-beach"  C’est et je vous invite à le lire. J’insiste. C’est même un ordre…  


jeudi 28 mai 2015

De l’utilité des gens du voyage…



Il existe encore, de ci, de là, d’outrageantes discriminations entre les malheureux SDF stigmatisés et les longues cohortes de privilégiés que sont les ADFF, couillons de base (ah oui !, je rappelle : les ADFF : les Avec Domicile Fiscal Fixe…) Dans notre société apaisée où prévaut le vivrensemble™, la passoirisation des frontières, la lutte contre les inégalités et la mémoriellisation électorale de François Hollande le Magnifique, cela n’est pas normal

C’est pourquoi, pendant que le Pédalonaute, balançait l’encensoir pour enfumer les fidèles au-dessus de deux cercueils d’os épars, de deux cercueils vides, et de Sa personne ne l’oublions pas, ses députés ont continué de bosser…
  
Hier, donc, les députés ont approuvé en commission une proposition de loi d’un député socialiste et ont inscrit sans débander l’examen du texte par l’Assemblée dès le 9 juin, autant dire sans délai vue l’urgence.
Il s’agit de supprimer purement et simplement le "livret de circulation pour les gens du voyage".
Institué par une loi de 1969 édulcorant et complétant à la fois la loi de 1912 sur les nomades, l’existence de ce genre de livret s’inscrit depuis l’Ancien Régime dans la logique d’un Etat centralisateur soucieux de savoir ce qui se passe chez lui et jamais personne n’en avait fait une pendule…

Obligatoire pour tout individu âgé de plus de seize ans sans domicile fixe depuis plus de six mois, la loi de 69 prévoit en fait trois types de livrets différents : le "livret spécial de circulation" pour les marchands ambulants ; le "livret de circulation" pour les sans domicile justifiant de ressources régulières et le "carnet de circulation" pour les dépourvus de ressources. Et ce dernier "carnet" a été supprimé en octobre 2012.  

Pourquoi vous causer de ça aujourd’hui ?

- Tout d’abord pour la manière dont la chose nous est présentée. En effet, la désinformation prévaut autant dans l’exposé des motifs que dans la façon qu’ont les dépêches d’agence d’en relayer l’annonce.
On nous parle de "gens du voyage", ce qui fait penser aux marchands forains, cirques, etc. et, plus qu’accessoirement à ces pauvres Roms stigmatisés. Alors que l’assiette juridique des livrets concernés est beaucoup plus large… On se précipite pour demander son avis à un avocat "spécialiste de la question" qui nous enfume en déclarant, péremptoire : "Bien que français, les gens du voyage doivent encore pointer régulièrement au commissariat ou à la gendarmerie" Pire que le contrôle judiciaire d’un mis en examen ! Régime digne de Vichy ! Ce livret est donc une stigmatisation intolérable qu’il est urgent de supprimer en Bisounoursland ! Il se garde bien de nous dire que cette obligation de "pointer" tous les trois mois n’existait que pour le "carnet" (concernant, entre autres, les "punks à chiens") qui a été supprimé en 2012 ; que l’obligation n’est qu’annuelle pour le "livret" simple, le défaut de visa ne valant qu’une contravention ; et qu’elle n’existe pas pour le "livret spécial"…

- Ensuite, que fait-on ? Est-il besoin de le rappeler, on ne s’agit pas ici de "gens du voyage", expression romantique, mais de "sans domicile fixe", définition juridique.
Or, c’est l’obtention du livret qui permet à un individu sans domicile d’obtenir son inscription dans une commune dite "de rattachement", commune qui est laissé à son libre choix, sauf refus du Préfet expressément motivé par un cas grave de "trouble à l’ordre public".
C’est dans cette commune de son choix que le "sans domicile" peut bénéficier des services nécessitant de disposer d’un "domicile" administratif : faire enregistrer son mariage à l’Etat Civil, s’inscrire sur les listes électorales, avoir un domicile fiscal, remplir ses obligations vis-à-vis de la Sécurité Sociale, être enregistrer à l’ANPE, etc.
On ne nous dit rien des effets induits sur toussa par la proposition de loi en question. J’y vois d’ici un souci de simplification administrative qui simplifiera à n’en pas douter la vie des personnes concernées, c’est-à-dire qui les éloignera encore plus de la vie de la Cité au prix d’une complexification administrative nécessitant l’apparition sui generis de nouveaux machins budgétivores…  

- Enfin, la proposition de loi de Dominique Raimbourg, député PS et néanmoins petit futé, prévoit de renforcer l'obligation pour les communes de construire des aires d'accueil adaptées et d’autoriser les préfets à piocher d’office pour cela dans les budgets communaux. Il faut en effet faire cesser le scandale que dénonce le député : "Aujourd’hui, 40 000 aires devraient être offertes aux gens du voyage, or seules 27 000 le sont réellement !". Il prévoit aussi la suppression du seuil maximum d'accueils pour une commune (environ 3% de la population)…

Il faudrait 40 000 aires d’accueil ? Il y en aurait déjà 27.000 et ce serait insuffisant ? J’observe que, d’après les lois en vigueur, l’obligation d’aménager des aires d’accueil ne s’impose qu’aux communes de plus de 5.000 habitants. Sur les 36.660 communes métropolitaines, il n’y en a que 5.121 qui comptent plus de 2.000 habitants ; et sûrement moins du tiers qui en ont plus de 5.000…
Il est évident qu’il faut que ces braves gens puissent s’installer où ils veulent, y compris, s’ils le souhaitent, s’abattre comme nuée de sauterelles sur Rochefourchat dans la Drôme pour tenir compagnie à son unique habitant. C’est pourquoi le texte prévoit aussi de supprimer la possibilité actuelle pour un maire de refuser d’héberger sur sa commune l’installation temporaire d’un nombre de gens du voyage excédent 3% de la population autochtone… C’est une question de dignité, n’est-ce pas ?

Au prétexte de non-discrimination, en abrogeant entre deux portes les obligations prévues par la loi de 1962, on supprime du même coup les seules sources statistiques fiables permettant d’évaluer quantitativement les besoins réels liés à cette catégorie de population. Et dès lors raconter par exemple qu’il faut un demi-million d’aires d’accueil et, accessoirement, essorer autant qu’on veut les ADFF, culs terreux corvéables à merci, pour alimenter les fins de mois des SDF et, surtout, des ministères et administrations, sans oublier les factures de taxi de certain(e)s, ne les oublions pas…