"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

jeudi 17 novembre 2016

Soir Beaujolais nouveau et débat-télé…



Etant monté me réfugier quelques jours en mon douar d’élection, il a fallu que l’ami Grincheux me rappelle que c’était ce soir "Beaujolais Nouveau" ! Du coup, pour meubler en attendant distraitement le 3° débat primaire de la-droite-et-du-centre, l’envie m’est venue de vous ressortir ci-après en levée de rideau le billet publié céans il y a exactement 6ans sous le titre "Autour du Beaujolais nouveau, c’est plus ce que c’était"…

On dirait une éternité compte tenu de certains sigles et personnages datés évoqués dans le contexte de l’actualité du moment. Au demeurant, à certains égards, ma prose d’alors me semble encore d’actualité... :
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« Faute de mieux (c’est pas tous les jours qu’on peut se payer un Latour 2003…) j’ai préféré sacrifier à la mode commerciale (fort conviviale, sinon de haute valeur gustative) du Beaujolais nouveau plutôt qu’à celle d’Halloween… Ce qui ne surprend pas ceux qui connaissent ma nette propension à me jeter sur le produit de la vigne plutôt qu’à chercher des occasions de me faire peur

Tant qu’à sacrifier, j’ai voulu joindre l’utile à la préservation de mes finances et trouver comment tirer des bords entre Saône et Rhône sans verser mon écot à chaque verre. Vous me direz que ce souci là fait un peu radin… Mais ça prouve que je deviens un bon lyonnais (qui, comme chacun sait, se doit d’être un peu faux-cul et près de ses sous. Ce n’est pas Calixte qui me contredira) La tournée des bouchons et autres bistrots fréquentables n’étant pas vraiment "donnée", où aller ?

Il y a 10 ans, j’avais profité de l’approche des élections municipales pour vider les verres dans les permanences électorales. Il suffisait d’y penser… Boire à l’œil sur le compte de ces braves, pourquoi pas ? Incognito évidemment (sauf là où j’avais alors mon rond de serviette, mais je ne vous dirai pas chez qui…) Les verres étaient en carton et les contenus d’entrée de gamme, plafonnement des dépenses oblige. Mais bon. C’était mieux que rien.

Cette année, pas d’élection mais les partis politiques étant comme les araignées, il y en a toujours dans les coins de plafond. J’ai donc décidé d’en refaire la tournée. Je me doutais que le paysage avait un peu changé. Les verres sont toujours en carton et la bibine jeunotte, mais sachez que ce n’est plus du tout comme avant !
 
Il y a ceux qui ont fermé boutique, ceux qui se sont fait racheter, ceux qui ont seulement modernisé l’enseigne, ceux qui ont gardé la même mais changé de centrale d’achat, etc. Sans parler des coquilles vides où il n’y a plus rien à boire.

Chez les Verts tout d’abord, toujours pas de jus d’artichaut, sans doute par lassitude, leur couleur mascotte n’étant guère qu’un logo conservé pour d’évidentes raisons de marketing et de segmentation de clientèle. Tout au plus servaient-ils jadis du jus de carottes bio sans colorant (qui n’était donc même pas rouge…) Aujourd’hui, ils semblent se foutre éperdument de ce qu’on boit, même si c’est du Red Bull gonflé aux OGM. Par contre, ils font une pub d’enfer pour tout un tas de produits sous emballages éthiques, équitables et présumés durables. Et pas des trucs à se jeter derrière la cravate (en principe) : Tout ce qui se fume, tout ce qui se baise (de tous âges et par des bouts variés) et, surtout, tout ce qui s’invite sans carton et (affirment-ils) qui se mélange sans risque de rejet de greffe… De plus, suite à de récentes embrassades, on ne sait pas très bien qui sera le taulier ; très probablement une taulière, peut-être même une viking. De toute façon ce sera le genre dominatrice crispée à la Savonarole…

Au PS, ils s’étaient tous mis au Coca-Cola light (même Emmanuelli) C’était bien pensé pour ratisser large vu que tout le monde il en boit, tout le monde il est content et que çà se vérifie partout, rue Vaubecour comme à Vaulx en Velin, à Tel-Aviv comme à Gaza… Aujourd’hui, après un engouement passager pour le lait dont on fait le beurre des Charente, on sait plus trop. La taulière serait plutôt redevable aux Alcooliques Anonymes mais elle se fait du souci à cause des impatiences de quelques jeunots et, surtout, d’un expat’ hédoniste plutôt porté sur le bourbon 18 ans d’âge…
 
Au PC, le décor et la marchandise n’ont pas l’air d’avoir changé. Il semble planer, encore et toujours, un je-ne-sais-quoi de soupçon de nostalgie de ces temps anciens où le gros rouge languedocien en litron étoilé et capsulé était seul apte à réchauffer les cœurs prolétaires dans l’attente eschatologique et glacée de la parousie stalinienne… C’est d’un tristounet qui faisait presque regretter l’Internationale et ses mâles accents (pour l’édulcoration du dernier adjectif, on les excuse, parité oblige…) Ça c’est pour le décor… Mais aujourd’hui il y a beaucoup moins de chaises et les rayons sont désormais garnis avec un sens tout nord-coréen de la pénurie. Faut dire que la nouvelle concurrence de proximité est rude…
Maintenant, à côté, il y a la boutique de Mélenchon. C’est nouveau et ça fait un tabac sur le même créneau avec le même picrate. En revanche, les rayons sont beaucoup mieux garnis. On y retrouve un certain nombre de produits déjà vus chez les Verts et même au FN. Mais ce sont les grands classiques qui marchent le mieux en dépit de mélanges curieux. C’est un bistrot qui a de l’avenir…

Je ne suis pas allé voir au NPA vu qu’il est indécent de boire au frais des ambulances et, a fortiori, des corbillards…

Au FN, on racontait qu’ils ne toléraient que la bière brune. On le dit toujours. En fait, je n’étais pas allé voir de près et cette année non plus. Pensez-donc ! Des fois que des bien-pensants m’y aient vu entrer… Cela eut été, avouez-le, bien pire pour ma réputation que pour celle d’un évêque qu’un député radical ou un plumitif franc-maçon aurait surpris sortant d’un bordel sous la III° République. Aujourd’hui, tout ça semble un peu plus nuancé. On y fait plutôt dans la bière blonde genre Stella Artois ou Jupiler pour accortes et solides Madelons. Mais rien n’est simple : Au prétexte de rendre en douce la boutique plus accueillante pour le chaland ducon, la fille du patron insiste plus qu’il n’est permis pour vous y rajouter des rasades de thé à la menthe plutôt qu’un doigt de calva. Ce qui ne plait que modérément au gérant local plutôt porté sur le saké. Reste à savoir ce qu’en pensent les vieux habitués… De toute façon, no soucy, la taulière a beau n’être pas très littéraire, elle connaît la phrase de Tomasi di Lampedusa : "Il faut que tout change pour que rien ne change" Derrière une vitrine moins rébarbative ça devrait donc rester un troquet de famille, intermittent du spectacle servant de faire-valoir aux grosses brasseries pour que rien ne change…

Avant, il y avait l’UDF. On n’y buvait que du thé. Aujourd’hui, c’est un salon de coiffure. Je pensais retrouver leurs clients au MODEM. Ben non. Le proprio béarnais avait cru malin de confier les clefs d’ici à un ex sous-ministre fictif, un divers de service, mais si la nature a horreur du vide, le vide attire le vide…

Et puis il y avait les autres petits troquets qui n’existent plus (dont le seul où j’avais quelques potes et où j’ai oublié ma serviette mais il n’est pas ici, cherchez pas)

Chez Madelin (je crois que çà s’appelait D.L. mais ne suis plus sûr de rien) ils marchaient jadis au cabernet-sauvignon made in California, ce n’était pas mauvais et faisait sérieux. Mais ça faisait un peu trop sûr de soi façon OMC ou Jean-Claude Trichet, boisson unique, etc. Aujourd’hui, que dalle ; les habitués sont partis ailleurs et il y a une boutique de piercing à la place.

Chez Villiers (au fait, comment çà s’appelait ?) je n’avais pas pu voir ce qu’on buvait. En effet, "chez ces gens-là", m’sieur, on boit pas, on boit pas… On "goûte"… Et le Beaujolais nouveau, c’est d’un vulgaire ! Maintenant que la Troussepinette de Vendée paraît définitivement en rupture de stock, on ne sait plus trop qui va racheter le fonds de commerce.

Il y avait aussi la boutique de Pasqua (cette fois je sais, c’était le errepéèffe) Là, ils ne buvaient évidemment que du pastis. En plus, avé l’assent et des valises sous les yeux, ils chantaient en chœur et en play-back avec Philippe Clay : " - Mal à gauche, mal à droite, je bois(te) ! " C’était marrant mais aujourd’hui il n’y a plus personne, même pas un nostalgique en train de presser des oranges à apporter au chef…

A l’UMP, enfin, on retrouve les mêmes gérants, les mêmes serveurs et les mêmes habitués qu’il y a dix ans au RPR. Et je dois avouer à ma grande confusion que je n’ai toujours pas compris ce qu’ils boivent… Je sais, je n’ai pas fait l’ENA, mais tout de même ! Cette fois encore, je n’ai pas été foutu de déterminer la composition du breuvage ! Faut dire à ma décharge que la nature du liquide et son degré d’alcool varient selon le jour, le proprio de la chaîne, le franchisé local, les promos de la concurrence ou que sais-je encore… Aujourd’hui, c’est encore pire ; les gérants et les barmen de la boutique paraissent ne pas savoir quelles bouteilles oser vous proposer ; surtout, ils semblent avoir une pétoche bleue à l’idée de ce que leurs clients pourraient leur demander de servir…

Au terme de cette tournée, une seule chose est sûre. Une particularité qui n’était encore que très marginale il y a dix ans : Chaque local de ces messieurs-dames, toutes tendances confondues, est dorénavant systématiquement agrémenté d’au moins deux ou trois spécimens présentables de la diversité. Lesquels spécimens font singulièrement tache un soir de Beaujolais Nouveau ! En effet, malgré les quelques femelles gloussantes aux joues roses qui leur font généralement la conversation, ces malheureux s’emmerdent visiblement à cent sous de l’heure, réduits qu’ils en sont à grignoter quelques chips faute de pouvoir sacrifier au rituel de la soirée. Car c’est حَرَام (harām) figurez-vous. Mais voilà, on ne saurait plus se passer d’eux. Heureusement, donc, que ça ne tombait pas en plein Ramadan !

C’est un drame qui se profile pour les viticulteurs et négociants éleveurs des cantons de Beaujeu, Gleizé, Belleville… Difficile d’anticiper l’année où ça va se produire vue la complexité de leur calendrier lunaire à la con, mais viendra bien le jour où le Préfet de la République devra reporter le 3° jeudi de novembre après la rupture du jeûne sur injonction des Oulémas… »

2 commentaires:

  1. J'ai rien compris.
    Ou alors c'est mon pinard qui fait des bulles.

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    1. Vous êtes tout excusé. Ressorti pour "meubler" faute de Beaujolais céans, ce texte terriblement daté ne reste d’actualité que pour son dernier paragraphe… Nostalgie de vieux plouc "que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître"^^ Ça n’a pourtant que six ans…
      Il fait référence à un tas de souvenirs charmants : Aux Verts d’Eva Joly. Au PS où Ségolène tentait de se remettre en selle à leur primaire et où Martine Aubry (sortie de cure de désintoxication) se frittait avec Valls et Montebourg sous l’œil de de DSK pas encore passé au Sofitel… Au FN où MLP se frittait alors avec Bruno Gollnisch (prof de japonais à l’université…) Au MODEM où Bayrou avait investi Azouz Begag à Lyon… Etc.

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