"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

mercredi 3 mai 2017

En Marche ! ou En Avant ?



L’outrancière campagne médiatique quasi hystérique orchestrée en sa faveur avec l’appui de la haute finance et l’intolérable complicité active des moyens de l’Etat a, certes, largement contribué à porter Emmanuel Macron en tête du premier tour de la présidentielle. Mais a aussi joué pour ça la parfaite cohérence du produit, aucune contradiction ne pouvant être décelée entre "l’homme" et son "programme" : Qu’il s’agisse de sa tronche de gendre idéal ou du digest de mots vides et d’incantations qui lui sert de programme, l’un comme l’autre sont pareillement lisse, fade, sans caractère et n’offrent aucune prise. Bien sûr, qui a attentivement suivi les prestations du produit peut à juste titre s’inquiéter quant à la capacité de ce post-adolescent agité à l’ego surdimensionné et dépourvu de vrai "fondamentaux" à agir pour-de-vrai dans la "solitude sans fusibles" ; en tête à tête avec Poutine, par exemple… Mais bon. Tant que les cadreurs de la télé et les photographes des magazines font le boulot qu’on attend d’eux, tout baigne…  

Mais ni les raisons évoquées ci-dessus ni l’indécrottable bêtise des deux partis traditionnels ne suffisent à expliquer un tel engouement au point de porter le produit loin devant tous les autres. Il y a aussi autre chose :  
Macron, que certains ont qualifié de "premier candidat postmoderne" incarne un phénomène politique que l’on retrouve ailleurs, en Europe mais pas seulement.
On pourrait certes évoquer le mouvement 5 Etoiles en Italie qui est plutôt une étoile filante en voie d’épuisement, mais c’est loin d’être lisse et bien plus proche des grégarismes éphémères des Indignés et autres Nuit debout…

En Marche ! a déjà existé ailleurs. En Israël ! Là-bas, ça s’appelait Kadima

En hébreu, "Kadima" ( קדימה,) veut dire "En Avant !", ce qui, hein, est aussi creux que "En Marche ! "…

Ephémère parti politique israélien, Kadima était une organisation politique sui generis, sans identité bien définie, regroupant d’anciens membres du Likoud et de la gauche travailliste autour de Tsipi Livni. Kadima se définissait comme centriste et affirmait rejeter le clivages droite-gauche… Phénomène incarnant les idées alors en vogue dans les milieux universitaires et intellectuels israéliens, Kadima fit une apparition fulgurante dans le paysage politique d’Israël en remportant les élections législatives de 2005 avec le premier groupe parlementaire, devançant la droite (Likoud) et réduisant la gauche travailliste à presque rien…

Les deux mouvements (En Marche ! & Kadima) sont tous deux l’expression de la même idéologie post-moderniste et l’analyse de leurs parcours montre qu’ils sont en tous points comparables : Rejet des clivages politiques traditionnels ; rejet de la souveraineté de l’Etat et des frontières ; absence de positionnement politique réel (socialistes ou libéraux ? conservateurs ou réformistes ?) ; absence de programme concret ; recours à des slogans relevant plus du marketing que du discours politique ; manière d’aborder l’électeur (le "prospect") sous l’angle du consommateur ; etc.

Avec une différence : Charmant bambin, En Marche ! commence juste à marcher… Et on se doute que ses nombreux… parrains vont tout faire pour l’aider à grandir…
En revanche, Kadima "a eu du vécu" comme on dit… Et ça a donné quoi ?
Son spectaculaire succès fut de courte durée. Dans ce pays à proportionnelle intégrale, Kadima a été pulvérisé aux législatives de 2013 en ne retrouvant que 2 sièges sur 28. Kadima a depuis totalement disparu du paysage politique israélien sans laisser aucune trace hormis le souvenir catastrophique de la deuxième guerre du Liban que tout le monde cherche à oublier…

Jusqu’à hier, les électeurs français avaient toujours, à tort ou à raison, élus des gouvernants qui n’étaient pas forcément des aigles ou des prix de vertu, mais qui tous avaient réussi à passer vivant au tamis des appareils politiques, ce qui rassurait, permettant de présumer au moins un minimum de savoir-faire.
Aujourd’hui, novation inédite, on invite le citoyen à... se donner à une couverture de magazine assortie d’un slogan vide dont nul ne se contenterait pour choisir un lave-linge à obsolescence programmée !

Prions…  



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