"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

mercredi 31 janvier 2018

La xylo-rhétorique est évolutive…



Comme toutes les langues vivantes, la langue de bois (qui est pourtant une langue morte mais ne le saura jamais) évolue avec le temps. Elle évolue avec une rapidité bien supérieure à celles des langues vivantes, ces dernières ne pouvant aller plus vite que la musique afin que leurs auditeurs puissent continuer à comprendre (à peu près) ce dont on leur cause. Alors que le souci d’être vraiment compris n’est pas la vocation première de la langue de bois, ce pourrait même parfois devenir dangereux… Elle peut donc évoluer très vite. Et l’évènementiel permanent qui est désormais le lot du "village global" contraint l’acuraba à revoir constamment son lexique. Mais ce n’est pas tout. De nos jours, non seulement le sens des mots et des xylo-formules change, mais l’art du discours, la finalité de la rhétorique elle-même prend des virages surprenants. Virages nouveaux où semblent se complaire les nouveaux xylo-locuteurs de l’espèce macronienne désormais aux manettes (ou du moins qui s’y croient…) : 
 Pour eux, en effet, le discours vise moins à convaincre du bien fondé d’une action, mais de plus en plus souvent à se défausser, à reporter la responsabilité sur d’autres, ou, tout bêtement sur la nature des institutions…

Deux exemples viennent de nous en être donnés :

- Lundi, le secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire (Sébastien Lecornu, des fois que vous l’ignoreriez) s’est rendu sur le site de Bure, futur centre d’enfouissement de déchets nucléaires. Visite pas vraiment attendue sur zone ni prévue de longue date. Bure, comme chacun sait, est la futur ZAD number one où vont bien finir par se replier tous les éléments radicaux de NDDL. Comme c’est curieux…
Mais ce n’est pas le sujet. Cette visite fut l’occasion pour le sous-fifre de Hulot de dire aux élus locaux sous abri des gendarmes cette évidence qui n’aura échappé à personne :

"Chaque citoyen qui a un jour allumé une ampoule a une responsabilité sur cette affaire de déchets nucléaires"

Reconnaissons qu’il n’a pas tort si l’on remonte aux origines de la chose. Mais, au-delà de l’envolée lyrique, ça débouche sur quoi ? Sur rien dans la mesure où le propos n’ouvre sur aucune perspective, sur aucune piste ouvrant sur une espérance. En revanche, c’est une belle illustration de la méthode de communication instituée par le Cyborg-président. Et Lecornu a bien révisé son manuel :
Avec une phrase qu’on n’attendait pas, il s’élève au-dessus des contingences concrètes et place le débat à un niveau de pensée complexe quasi philosophique tout en renvoyant les sans-dents à leurs nez qu’ils ont besoin de moucher. Et en faisant cela, il obtient ce résultat extraordinaire : Faire dire :
"- En voilà enfin un qui parle vrai sans langue de bois" ! CQFD…

- Ce week-end, à Damanzan, charmante bourgade de 1.300 habitants de l’arrondissement de Nérac dans le Lot-et-Garonne, les trois députés LREM (ils ont évidemment fait carton plein là-bas) avaient organisé à la salle des fêtes une petite sauterie départementale pour présenter les vœux du parti devant un parterre euh… modestement garni.
Las ! Voilà que débarquèrent dans une pétarade de grosses motos des quidams qui n’étaient pas invités. Et, si les motards étaient à l’origine de la manif, ils n’étaient pas seuls mais suivis de voitures, de taxis et même d’ambulances, au point de doubler la population du village, vieillards, nourrissons et migrants compris…
Contraints de renoncer aux discours et petits fours, nos trois députés LREM ont alors dû se colleter avec les revendications véhémentes d’une foule exaspérée par l’abaissement de la vitesse à 80 km/h.   

C’est au cours de ce dialogue de sourds que M. Damaisin, le député de Villeneuve-sur-Lot, a prononcé haut et fort les propos suivants :

« 80 km/h, je ne suis pas pour car dans ma circonscription, il n’y a pas d’autoroute, il n’y a pas de voie rapide quasiment. Oui, il faut écouter tout le monde. Mais cela ne se décidera pas au Parlement. C’est réglementaire. On peut le regretter mais c’est comme ça ! »

On ne sait pas trop par quel bout prendre ça tant on est dans la rhétorique du "en même temps" Essayons :

Tout d’abord, il "comprend" et "partage entièrement" le point de vue des opposants. Il ne peut faire autrement car son électorat est jusqu’aux cheveux dans la France périphérique. Mais en même temps, il leur torche en deux phrases la différence entre la loi et les décrets, arrêtés, etc. Il a été élu pour voter les lois que le gouvernement veut bien lui soumettre, et pour le reste c’est le gouvernement qui fait ce qu’il veut. Bref, circulez, y a rien à voir !

Et là, on prend conscience que si la langue de bois change dans sa forme, elle n’a pas changé sur le fond.    

dimanche 28 janvier 2018

Vous avez dit Maurras ?



Compte tenu de la commémorationite proliférante aigüe qu’on nous inocule à tour de bras, je me doutais bien qu’il devait y avoir quelque part un comité Théodule, fromage subsidiaire, en charge d’en établir le calendrier. C’est bien le cas.
Le "Haut Comité des commémorations nationales" qui dépend du Ministère de la Culture vient donc de rendre public la liste officielle de la centaine de "commémorations d’anniversaires susceptibles d’être célébrés au nom de la Nation en 2018". Or, figurez-vous qu’on trouve dans le lot le 150° anniversaire de la naissance de Charles Maurras !
- Aussi sec et comme de bien entendu, la LICRA et SOS Racisme ont crié qu’on les égorge et orchestré sur les réseaux sociaux une levée générale de bouclier émanant, n’en doutons pas, de guignols n’ayant jamais entendu parler de ce barbichu natif de Martigues qui est décédé il y a 65 ans.
- Du coup, se réveillant de sa sinécure et ne pouvant être en reste, le Préfet (oui, faut un préfet pour ça) qui dirige la "Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT" (Dilcrah, ça existe aussi) s’est fendu d’un "Maurras, auteur antisémite d'extrême droite, n'a pas sa place dans les commémorations nationales !"
- Bien évidemment, les fonctionnaires du ministère se sont excusés/défaussés en communiquant : "La ministre s'appuie sur un travail d'historiens qui recensent des anniversaires clés de l'histoire de France. Il ne s'agit évidemment pas de célébrer le penseur de l'extrême droite qu'était Maurras, mais au contraire de connaître son rôle dans l'histoire de France"
Mais tout aussi évidemment, la Sinistre de la Kultur ne saurait prendre aucun risque. Ayant finalement rayé Maurras de la liste, elle a rappelé hier avec fermeté "son rejet total des thèses et de l'engagement de Maurras"

Rappelons brièvement qui fut Charles Maurras que tous les "jeunes de moins de 75 ans" n’ont pu connaître :

Essayiste, homme de presse, littérateur très diversifié, poète, polémiste et homme politique, passionné d’histoire, de littérature et de philosophie, il exerça pendant un demi-siècle une très grande influence sur la vie intellectuelle en France et de nombreux écrivains ou hommes politiques ont subi son influence sans nécessairement se réclamer de lui. Avec plus de dix mille articles publiés entre 1886 et 1952, il fut le journaliste politique et littéraire le plus prolifique de son siècle. Parallèlement à une œuvre littéraire dédiée à la Provence et à son amour pour la Grèce et l’Italie, il devint le maître à penser des monarchistes avec la création du journal l’Action Française et du mouvement politique du même nom. Le canard était alors influent et d’un très haut niveau culturel. Soutenant à fond l’effort de guerre contre l’Allemagne en 14-18, contestant avec violence le régime de l’entre-deux-guerres, condamné par le Vatican en 1926, pétainiste pendant l’occupation, il a été condamné en 1945 à la réclusion criminelle à perpétuité pour Haute Trahison et automatiquement exclu de l’Académie Française (ses pairs, curieusement, ont laissé son siège vide jusqu’à sa mort) Il mourut à 84 ans, en résidence surveillée dans une clinique où on l’avait discrètement expédié quelques mois plus tôt, histoire qu’on ne dise pas qu’il était mort en prison (on l’y avait envoyé à la "Libération", à 77 ans…)
A titre anecdotique, pour situer le peu de place que ce penseur à eu dans l’Histoire de France, Wiki-sa-race n’a pu faire moins que de lui consacrer un article de 30 pages écrans (11 seulement pour Jean-Jaurès)

Mais bon, il importe que les esprits ne soient pas perturbés en risquant de découvrir qu’au temps des HLPSDN, la vie politique et la société étaient moins duales que complexes. Et, surtout, qu’elles étaient vivantes !

Pour veiller à la santé mentale du peuple, nous avons un "Haut Comité des commémorations nationales" et c’est une chance. Il fait son travail et il le fait bien. La preuve, c’est même écrit dessus :

Le ministère présente le recueil annuel des commémorations comme étant :

"Un outil quotidien pour suivre l'actualité et réviser l'histoire" **

** J'imagine ce qu'ils voulaient dire, mais le choix des deux verbes à l'infinitif me fait l'effet d'un acte manqué...

vendredi 26 janvier 2018

La cour d’école du Palais Bourbon…



L’avantage d’être "le Maître des Horloges", c’est d’avoir la main sur l’ordre du jour ; enfin, plus ou moins… Certes, il y a parfois des sans-dents qui s’imposent en tête de gondole (de quoi j’me mêle) comme, par exemple, le personnel hôtelier des Maisons d’arrêt. C’est embêtant parce que, hein, on a plus important à faire ! - Quoi ? La sécurité, l’immigration, la dette, l’emploi, la démographie la désindustrialisation, l’éducation… ? Vous n’y êtes pas ! Ce n’est pas la peine de parler de toussa, ça embrouillerait trop celles-et-ceux. C’est trop complexe pour leur comprenette et nous on sait faire. 0n gère et tout est sous contrôle. Relisez les discours sur www.elysée.fr.
Non, le plus important, le plus urgent, c’est de traiter tout ce qui fait que la patrie est vraiment en danger : C’est la lutte pénale pour l’égalité hommes-femmes et la parité arithmétique, contre les fèquniouzes d’où- c’est-qu’on-sait-qu’elles-viennent ; c’est la lutte verbale contre les dérives hongroises et polonaises ; c’est la lutte éthique contre les galettes des rois-sans-reines et pour l’écriture inclusive ; c’est l’indignation face à la fièvre porcine dans les cantines scolaires comme dans les starlettes, et les écrivaines ; c’est… Voilà.

Et tout ça, M’sieurs-Dames (oups ! là j’oublie du monde, je sais), ça ne suffit pas pour occuper l’Assemblée Nationale pourtant débordée à ce qu’on dit par toutes ces petites choses ci-dessus évoquées. Or, on sait bien que dès lors qu’une bande de sales gosses est parquée dans un espace clos (une cour d’école ou un hémicycle) le désœuvrement est la mère de tous les chahuts potentiels pouvant déraper en bêtises.

Il est vrai que l’on peut voir maintenant des élèves insoumis apporter en classe des tee-shirts crades ou des boîtes de conserve que le CSA pourrait interpréter comme étant de la pub gratuite faite à des marques commerciales lors des retransmissions de débats à la télé. De là à voir resurgir le temps révolu où la mère Boutin brandissait la Bible pendant l’office il n’y a qu’un pas ! Et pourquoi pas les zeurléplusombre où on laissait scandaleusement l’abbé Pierre et le chanoine Kir venir en classe siéger en soutane…

Le censeur de la boîte, François de Rugy soi-même, a donc décidé de siffler la fin de la récré. Et cela, n’en doutons pas, sur instruction venant d’en haut lieu, le Cyborg jupitérien ne pouvant pas tolérer un tel bordel et que quoi que ce soit dépasse d’un alignement de potaches sagement en rang quand on fait l’appel.

L’Assemblée Nationale, cet aréopage où, d’entonnoirs en tamis, se sublime et se sédimente l’expression de la volonté populaire aura donc désormais un nouveau règlement de discipline. Un règlement auprès duquel celui des écoles hors-contrat Espérance Banlieue passerait pour être d’un laxisme inouï.
C’est à se demander si les gags des élus de la Fwance Insoumises n’étaient pas faits exprès en accord avec le pouvoir en place pour donner prétexte à ce tour de vis.
- Tout d’abord, "Tenue correcte exigée" ne suffit plus : "La tenue vestimentaire adoptée par les députés dans l'hémicycle doit rester neutre et s'apparenter à une tenue de ville. Elle ne saurait être le prétexte à la manifestation de l'expression d'une quelconque opinion…"
- Ensuite, grâce au tee-shirt de club de foot et aux paquets de pâtes Panzani, le règlement peut opportunément préciser que " est notamment prohibé le port de tout signe religieux ostensible, d'un uniforme, d'emblèmes, logos ou messages commerciaux ou de slogans de nature politique." L’allongement de la sauce permet de refourguer en tête de gondole les "signes religieux ostensibles" ; sans s’étendre (ce qui laisse le temps de voir venir…) quant au format des croix et médailles de baptême arborées en sautoir par nombre de dames n’étant pas du bon bord
- Sans oublier qu’il "est interdit de téléphoner à l'intérieur de l'hémicycle"

D’ailleurs, s’agissant des signes ostensibles, pour se justifier, le Président de Rugy a dit s’être contenté de    reprendre les termes de la loi de 2004 applicables dans les écoles, collèges et lycées publics. Il dit vrai mais ce n’est pas tout :
Qu’il s’agisse de la tenue exigée de ses membres ou des objets qu’il est interdit d’introduire dans l’Etablissement, le règlement de discipline interne de l’Assemblée s’apparente largement à celui d’un établissement scolaire bien tenu.

On peut en conclure deux choses :
- Si l’on en est arrivé là, c’est bien la preuve, hélas, de l’actuelle et consternante médiocrité des élus, reflet de celle de leurs électeurs, et, surtout de leur inadéquation à la mission qui leur est confiée.
- Mais aussi, peut-être surtout, c’est la preuve du mépris de la Macronie pour la représentation nationale dont l’existence superflue n’est supportée qu’à condition qu’elle se tienne sagement en rang, en blouses grises, n’exprime pas d’opinion et ne l’ouvre que quand on le lui demande…