* Dans la série : "Rêve métissé d’un éternel
futur"
Je suis tombé par hasard sur un articulet du site de
RTLinfo (Belgique), dans sa rubrique euh… disons
"faits divers pittoresques". Et j’avoue que je ne sais pas trop ce
qui domine chez moi : De la surprise ? Non ! La chose devait
arriver. Je dirais presque que je l’attendais… De l’infinie compassion pour les
familles qui se trouvent atrocement impliquées dans l’affaire ?
Absolument ! Mais aussi, je l’avoue, une certaine schadenfreude, ricanant
à l’idée des immenses perspectives indéfinies, donc infinies, que nous ouvre la
science pour l’avenir de l’espèce et sa fusion dans l’Autre comme dans le
Même ! Mais je m’égare. Revenons à la nouvelle de RTLinfo.be,
laquelle ne semble pas avoir été reprise par Elle, Libé ou BFMTV :
De quoi s’agit-il ? D’une banale histoire de
"fivette" (fécondation
in vitro), le plus
ancien et le moins sophistiqué des multiples procédés regroupés sous l’appellation PMA : Aider un
couple hypofertile (hétéro !) à engendrer. On booste la
production de gamètes (ovules ou spermatos) des deux intéressés, on prélève,
accouple toussa dans un tube à essai, on injecte dans l’utérus de la
dame et on voit ce que ça donne… (je résume…)
- Or donc, un couple Californien lambda fait appel à
la clinique X de Los Angeles pour bénéficier de cette prestation. Aucun des
"articles" produits in vitro et implantés dans la dame ne s’est
hélas développé et il a fallu en rester là…
- Par ailleurs, un autre couple lambda avait suivi le
même traitement dans la même clinique et, pour eux, avec succès. Désormais
domicilié à New-York, c’est donc avec joie qu’ils attendaient la naissance de
leurs deux filles puisque la grossesse était gémellaire et que la clinique leur
avait affirmé que le seul embryon masculin sur les huit créés grâce à leurs
dons de sperme et d'ovule n'avait pas été implanté… Ce fut la première
surprise : la femme accoucha de… deux garçons. Accessoirement, les traits
franchement caucasiens des deux mômes avaient de quoi surprendre, les deux
conjoints et leurs deux familles étant vraiment typés asiatiques… Cela ajouté
au fait que la clinique disait avoir fourni des œufs féminins amena à
faire des tests génétiques.
Les tests ADN confirmèrent que les deux garçons
n'étaient pas leurs enfants. Et qu’ils n’étaient même pas frères !
- Revenons en Californie. La queue entre les jambes (sic), le clinique X rechercha "les fournisseurs de
matière première propriétaires des produits finis mal orientés au stade de la
distribution"…
C’est ainsi que, tombant des nues, notre premier
couple californien demeuré sans enfant reçut un appel de la clinique leur
demandant de passer un test génétique afin de vérifier, euh… "si des fois
ils n’auraient pas un fils tout récemment né à New-York"…
- L’un des deux bébés se révéla être
bien à eux…
Au terme d’une bataille juridique somme-toute assez
courte, ils ont finalement réussi à obtenir la garde de leur fils en mai
dernier. Être privé de neuf mois de gestation, du travail de parturiente, de
l’allaitement et ne faire la connaissance de son fils qu’en le rencontrant pour
la première fois, âgé de six mois, dans un hall d’hôtel, certaines trouveraient
peut-être ça cool… D’autres non ; surtout après avoir suivi tout le
protocole d’injection d’hormones et s’être fait implanter sans succès un
embryon qui n’était sûrement pas le sien…
- Quant au couple new-yorkais qui a dû rendre le
marmot, on évite de nous en dire plus. Après tout, malgré son "projet
parental", la femme n’a été dans l’histoire que la "mère
porteuse", la GPA étant légale aux USA… Qu’elle se débrouille pour se
faire indemniser par la clinique…
- Quant au
second petit garçon, il est le fruit d'un troisième couple ayant eu recours aux
services de la même clinique, mais ce couple-là n’a pas pu être identifié. Que
va-t-il devenir ? La dépêche ne se pose pas la question. Soit il sera
expédié dans un orphelinat comme "article sans traçabilité", soit les
new-yorkais le garderont peut-être en dépit de ses yeux non bridés, mais avec
la crainte de devoir à tout moment le rendre…
- Le
journaliste a aussi interviewé avec gourmandise l’avocat du couple californien.
Et que nous dit le baveux ? Certes, qu’il n’avait encore jamais vu un cas
pareil ; mais aussi que son cabinet a déjà représenté en justice… des centaines
de victimes de centres de fertilités…
Bref, ce "fait
divers pittoresque" ouvre des perspectives insoupçonnées pour la
croissance du Produit Intérieur Brut. Pensez donc :
- L’extension
à tou(s-tes- ?s…) de "techniques d’aide à la
reproduction" de plus en plus variées, sophistiquées et en progrès continu,
- La dispersion
jurisprudentielle du droit dans les domaines de la parentalité comme des
clauses des contrats privés de GPA ; la zone grise entre obligation
de moyen et obligation de résultat en matière de procréation ; oups !
sans oublier, bien sûr, la responsabilité pénal et civile en cas… d’erreurs…
- Et, ne les
oublions pas, les contentieux divers et variés générés par les droits
des multiples intervenants : La mère biologique, la mère "porteuse",
les parents 1 et 2 "officiels" (biologique ou non), le tiers donneur de sperme, la tiers-donneuse d’ovules,
les professionnels, l’inséminateur et autres intermédiaires sans qui rien n’eut
été possible, j’allais oublier la concubine de la marâtre…
Imaginez le colossal gisement d’emplois d’avenir et d’honoraires
juteux qui s’ouvre pour la profession d’avocat !
Ah oui ! J’oubliais. Le môme produit en bout de
chaîne ? - Ce n’est pas le sujet…