Comme Woland le faisait remarquer ce matin,
Halloween n’a jamais vraiment pris en
France.
Bien sûr, des esprits chagrins diront qu’on voit
bien des mômes friands de la chose. Mais pourquoi résisteraient-ils à cette
mascarade carnavalesque grotesque qui leur est survendue avec insistance
par des parents déculturés et des institutrices qui n’ont pas besoin de les pousser dans cette activité d’éveil… Rien à voir, en effet avec le carnaval qui, lui, contribue à l’apprentissage
de la transgression consciemment régulée en restant dans le réel. Là, il s’agit de croire apprendre
à racketter les adultes en croyant leur faire peur…
Il y a à peine quinze ans que le truc a vraiment démarré.
Pour accompagner le lancement d’un téléphone mobile orange baptisé Olaween,
France-Télécom avait distribué gratos des milliers de citrouilles et Eurodisney
avait suivi… Dès l’année suivante, tous les commerçants s’y étaient mis,
heureux de cette aubaine en pleine période creuse entre la rentrée et les fêtes de Noël.
Au point que c’était devenu la troisième fête commerciale derrière Noël et le
Nouvel-An…
Ceci-dit, aux dires du
CREDOC, le chiffre d’affaires d’Halloween n’a jamais dépassé chez nous celui
des fleuristes pour la Toussaint. Et depuis déjà sept ou huit ans la baudruche a
commencé à se dégonfler…
Bien sûr, les
présentoirs et les bacs à gadgets sont bien garnis en tête de gondole de la
grande distribution. C’est… qu’il faut bien finir de fourguer les invendus de l’an
dernier…
Les mômes vont finir
par s’en lasser plus vite que d’autres. Quels autres ?
Des adultes ; de
présumées grandes personnes ; celles constituant le cœur de cible des
prestataires qui proposent pour ce soir (en vrac) :
"- Une sélection de soirées effrayantes
et festives conjuguant décor de cauchemar, déguisement, et monstres à gogo !
- Une nuit de frayeur et de sensations. Au menu des créatures aux mille
facettes, party-monsters, gothic-urbain, fashion-addicts, fetish-queens et
autres devilish-lolitas... - Une soirée effrayante et caliente où danser au
rythme des zombies - Une fête nommé Sexy Trouille. – Une soirée Horror. – Une soirée
d'angoisse. - Une nuit d'horreur où frayeur et glamour seront au rendez-vous.
Âme sensibles, s'abstenir ! – Une soirée d'allumés avec de la vrai peur dedans…"
Voilà. Au pays des
ventres pleins, tout le monde n’a pas les moyens de sauter en élastique et il
faut bien meubler le vide et le désœuvrement
cérébral et sexuel des acurabas formatés par le rêve métissé d’un éternel
futur. Offrir, parce qu’ils le valent
bien, des divertissements à leur niveau à tous les zombies de fait qui nous entourent ; les morts-vivants de la
lumpenjet-set, bobos et prolos, les TINKs (Two Incomes No Kids) citadins et
toutes les névrosées célibs’ rêvant de se faire mettre le samedi soir sous les
ponts par tous les vérolés du Congo... C’est cette clientèle qui sauvera
Halloween du naufrage de la Méduse.
C’est peut-être aussi
cette clientèle qui assurera l’avenir du consortium PS-Vert-LGBT-etc. Faudra
penser à la soigner…