Il doit y avoir du mouvement dans les couloirs de l’Elysée. Comme dans
tous les ministères d’ailleurs, compte tenu de toutes les allées et venues à
pas feutrés des commis en blouses grises venant tous les jours emporter les
cartons des attachés de cabinet, chefs et directeurs de cabinet, conseillers en
ceci et conseillers en cela qui ont rendu leurs tabliers… Mais cépatout.
Vu l’urgence de poser des actes pour rassembler
(il ne
reste que 112 jours avant "la primaire de la gauche et du ventre"), on cherche ce qui
pourrait meubler une campagne
électorale déjà commencée aux frais du contribuable depuis quatre ans et demi.
Bien sûr, il reste la commémoratiomania
mémorielle. Mais on ne peut pas répéter à l’infini les cérémonies
commémoratives des évènements que le "pas de bol" nous a imposé (du genre,
par exemple, Honneur au Bataclan le
retour 4…) Bon, OK,
on va le faire quand même pour la photo,
vu que la boîte à outils est vide. Mais ça ne suffira pas ! Alors on va
monter fouiller au grenier pour trouver parmi les toiles d’araignées des trucs oubliés
qu’on pourrait arriver à fourguer pour trois euros voix. Qui ne tente
rien n’a rien et on s’est mis à ouvrir fébrilement les cartons... Vous savez,
dans les vide-greniers, on ne sait jamais : La cruche fêlée 1900 en
faïence de Sarreguemines de la tante Joséphine peut rappeler quelque chose au
quidam qui passe. Et, du coup, il est foutu de vous en donner vingt centimes
une voix… C’est toujours ça de pris. Et en plus on prendra des photos…
·
Dans la série mémorielle classique, on a encore deux fers au feu :
- D’abord, hier, François II Pédalonaute est allé en personne à
Dammartin-en-Goële inaugurer les nouveaux locaux entièrement rénovés et
agrandis de l’imprimerie Catalano où deux tueurs de Charlie Hebdo s’étaient
réfugiés en prenant le patron et un employé en otages. Il est vrai que le
patron s’est montré à la hauteur et que l’entreprise avait été ravagée, dommage
collatéral de l’assaut du GIGN. Raout donc avec 250 invités où mou-président a pu
prononcer un beau discours et décorer les deux hommes de la Légion d’honneur.
C’était beau.
- Ensuite, le 14 octobre prochain, François II Pédalonaute se rendra à
Nice pour rendre un hommage national aux victimes du 14 juillet. On a
semble-t-il prévu de faire ça à un endroit
propre au recueillement, vraisemblablement, sur la colline du Château. Je
suppose (et ce serait
bien) que ce sera sur la terrasse de la
tour Bellanda, au-dessus des bruits et de l’agitation de la ville, et dont on
voit la baie et le lieu du massacre, toute la Prom’ en enfilade… Mais ne serait-ce pas trop étriqué pour la photo ?
·
Mais c’est dans la série fond de grenier qu’on atteint le sublime !
- Il y a trois jours, nous avions déjà la "Journée nationale
d’hommage aux Harkis" où, contre toute attente, François II Pédalonaute
avait fait le buzz en reconnaissant
la pleine responsabilité de la France dans le lâche abandon de milliers de ces
malheureux à la mort dans les plus effroyables tortures (sans
toutefois évoquer qui les avaient massacrés, faut pas déconner quand
même !) Voilà un
acte présidentiel qui n’était pas prévu dans le discours du Bourget !
C’est dire à quel point on racle le fond…
Quand on cherche, encore et encore, on trouve. Et on va chercher loin !
- Pour ceux qui s’en souviennent (enfin, du côté de ceux qui
ont au moins dans les 90 balais…), rappelez-vous des grandes grèves insurrectionnelles de 1948 ! Le
début musclé de la guerre froide, Staline, le rideau de fer, le blocus de
Berlin, la guerre de Corée, le putsch communiste en Tchécoslovaquie, etc. La
CGT, bolchévique jusqu’à l’os, était à la manœuvre et les mineurs l’avant-garde
de la classe ouvrière. Les socialos de la SFIO de l’époque avaient encore des
couilles et Jules Moch, place Beauvau, n’était pas Cazeneuve : On fit
donner l’armée et la répression frappa trois-cent-mille grévistes…
Bon. A l’instar des fusillés des mutineries de 14-18, les mineurs de 48 avaient
déjà bénéficié en 2014 de la repentance hollandesque en voyant reconnaître que
leurs licenciements étaient abusifs.
Mais cette triste affaire où la violence d’Etat avait fait face sans état
d’âme à la violence insurrectionnelle ne pourrait-elle pas encore servir ?
Il reste si peu d’occasions de "poser des actes" pour la photo…
Ben oui ! Avant-hier, au cours d’une cérémonie à l’Elysée devant une
soixantaine d’invités du troisième âge parqués là pour la photo, François II
Pédalonaute a solennellement remis aux familles de quatre des mineurs
grévistes de l’époque des
attestations de réintégration – à titre posthume
– dans… leurs grades de militaires... de réserve... C’est-y pas beau ?
En fouillant
dans les malles du grenier, on avait trouvé les dossiers de ces quatre pauvres
types. Du coup, on avait enfin un prétexte pour faire revenir Taubira poser "en
couple" avec François pour la photo !
Et montrer qu’on est toujours de gauche,
mine de rien. Sûr qu’avec ça on va récupérer trois voix chez les frondeurs et
deux voix chez Mélenchon.
La campagne
électorale bat son plein et va chercher avec les dents jusqu’au fond du
grenier. Le gouvernement du pays, ça peut attendre juin prochain ; peut-être.