Je n’aurais pas imaginé choisir une photo de ce personnage
pour illustrer mon billet de fin d’année. Mais c’est finalement comme ça. D’abord,
parce qu’elle m’a donné l’idée du titre que je viens d’ailleurs de changer à l’instant
puisque c’était initialement "Rien dans les mains, rien dans les poches".
Ensuite, parce que les vœux, hein, ça peut attendre l’année prochaine (euh,
demain…) En dépit
de la fébrilité de beaucoup pour préparer le "réveillon", ce qui
convient en principe mieux au teint du dernier jour d’une l’année, c’est la
rétrospective, en faire le "bilan", quoi ! Et cette photo aura
exactement un an tout à l’heure à 20h. Le Pédalonaute y est en train de nous
présenter ses vœux pour… 2015 ; sans savoir que faire de ses mains.
Bien sûr, il s’en est passé des choses durant
cette année 2015 qui s’achève. Des drames et des psychodrames, des tragédies et
des bouffonneries, des innovations numériques, des inversions inattendues et
des inversions rêvées-repoussées, et, surtout, des nouveautés non anticipées
par aveuglement qui affecteront gravement et pour longtemps l’avenir de nos
enfants… Mais tout cela est venu comme ça vient,
donnant chaque fois à l’intervenant
de ce soir l’occasion de commenter l’actualité
selon le vieux principe : "Ça me dépasse mais ayons au moins l’air d’y
pouvoir quelque chose"…
Mais entre les deux photos, entre celle de l’an
dernier et celle de tout à l’heure (à part le décor que, n’en
doutons pas, les communicants auront modifié), qu’elle aura été le bilan de l’intervenant ?
Je ne m’étendrai pas.
Rien dans les mains, on le voit bien. Mais pas
rien dans les poches comme pourrait le penser un vain peuple, avec ou sans
dents. Ce serait naïf de le croire. Ce sont toujours les poches d’un Président
de conseil territorial secrétaire national d’un réseau d’apparatchiks et de
petits barons locaux ; on ne se refait pas quand on a atteint son plafond
de savoir-faire. Ces poches sont donc bien pleines : pleines de plans de manœuvres,
de "triangulations", de renvois d’ascenseurs, de petits
donnant-donnants, de combines et de bouts d’élastiques qui ne visent qu’un seul
et unique but à courte vue : repiquer pour un bail de cinq ans dans le
penthouse du dernier étage de l’immeuble, contractuellement gérant libre de la
résidence, alors même que l’immeuble se lézarde de partout, qu’il n’y a plus de
portes et fenêtres au rez-de-chaussée et dans les étages inférieurs, que de
plus en plus d’appartements sont pourris par des squatteurs et que les
fondations du bâti se délitent et l’effondrement de l’ensemble de plus en plus
probable…
On nous a déjà annoncé avec gourmandise qu’il ne
changera rien à son discours post-Bataclan au Congrès : "Protection (?) des Français (?), rassemblement (?) face à la menace
terroriste (?) et
poursuite (?) des
réformes (?) seront
au cœur de ses vœux du 31 décembre"…
Vous pourrez zapper. Vous ne perdrez rien.
Et pour ceux qui, comme moi, vont réveillonner ce
soir seuls en face d’eux-mêmes, vous pourrez bien sûr allumer pour une fois la
télé. Vous avez, par exemple, "Les Charlots font l’Espagne" (sur NT1) Ça vous changera un peu de
ceux qui ont "fait" la Syrie, la Centrafrique ou le Vagin de la
reine.
Plus tard dans la soirée, vous pourrez revoir "La
cage aux folles" (22h45’ sur Chérie 25) Excellente idée pour une "soirée bilan" pour mesurer le chemin
parcouru en 37 ans : C’était en
effet une autre époque…
L’intrigue apparaît désormais totalement surannée. Le politicien coincé,
conservateur et sulpicien de façade n’est plus crédible : Aujourd’hui,
évidemment, il verrait dans la future belle-famille poly-dé-recomposée
de sa fille une occasion à ne pas rater pour afficher sa modernité.
Quitte à payer lui-même de sa personne en faisant son coming-out devant
les médias… Quant à Renato, il n’aurait pas besoin de s’inquiéter et de jouer
les crapauds de bénitier pour aider son fils. Car, bien sûr, l’homosexualité
est dorénavant institutionnelle, pour ne pas dire constitutionnelle.
En tout cas, elle bénéficie (avec quelques autres que nous connaissons bien) de
ce privilège d’intouchabilité que même l’Eglise n’a plus, en droit
depuis plus d’un siècle et de fait depuis le XV°…
Reste un aspect du film qui n’a pas vieilli, c’est la susceptibilité
maladive d’Albin. Et le passage, pour sa paroisse, de la tolérance à
l’institutionnalisation, de l’indulgence à l’allégeance obligatoire et du rôle
de Cathare à celui d’Albigeois, n’a fait qu’accentuer, exacerber, hystériser la
susceptibilité pathologique de ses semblables. Leur position sociale (pas si)
chèrement acquise leur permet dorénavant de laisser libre cours à leurs
penchants pour les querelles de chapelle, les caprices d’enfants gâtés, les
jalousies de refendeurs capillaires, les masturbations sur le sexe des anges
(sic) et autres enculages (resic) de mouches…
C’était juste une suggestion pour les poor lonesome widowers.
A l’année prochaine…