Parlons un peu de la République
Centrafricaine…. Résumons d’abord en quelques lignes en quoi consiste ce bidule
où nos soldats paient au tarif de leur vie une opération d’ingérence sans doute
stratégiquement et géopolitiquement initialement justifiée mais totalement
dévoyée par la connerie humanitaro-bisounoursienne.
Arbitrairement établi dans les limites
administratives de l’ancien Oubangui-Chari du temps béni des colonies, la
république de Centrafrique, comme son nom l’indique, est un non-pays qu’on n’a
pas su appeler autrement. Déjà, pour désigner ce territoire improbable dont les
contours doivent plus aux arrangements diplomatiques avec les Anglais après
Fachoda qu’aux réalités géographiques, en prenant l’Oubangui qui charrie les
chiens crevés vers le fleuve Congo au sud et le Chari qui fait idem des chèvres
crevées vers le lac Tchad au nord, les administrateurs coloniaux ne se sont pas
plus fatigués que les barbiches de 1871 pour nommer le département biscornu de
Meurthe-et-Moselle hérité de Sedan…
- La Centrafrique, donc. Après avoir subi
de 1903 à 1959 le supplice de 55 ans de joug colonial, ce pays
territoire a enfin pu jouir de son
indépendance chèrement acquise retrouvée et profiter des charmes qu’offrent
les coups d’Etat à répétition et les guerres civiles récurrentes. Quoique rustique,
la méthode d’alternance de la gouvernance
est toujours gagnante : prise ou dépose du pouvoir avec souvent l’aide de
l’armée française. Ou, surtout depuis que la Françafrique n’a plus bonne presse, avec l’aide de mercenaires
étrangers, souvent Tchadiens ou Congolais, que l’on rémunère à moindre frais en
les laissant se servir grassement sur la bête, nourriture, bétail, femmes et
petits garçons compris… A ce jour, au terme de 54 années d’indépendance, on notera
que sur la douzaine de chefs d’Etat s’étant succédée, c’est un capitaine
mégalomane auto-promu Empereur qui a
tenu le plus longtemps (14 ans)
On retiendra surtout que le système local
d’élection reste résolument stable sans souffrir les fréquentes
révisions constitutionnelles qui sont notre lot. Quelque part, c’est rassurant… En effet, quelle que soit la tendance de l’élu, la victoire revient toujours à celui qui bénéficie du plus grand nombre de machettes. Il est vrai que le résultat aurait pu être différent en comptant des bulletins, mais ce n’est somme-toute qu’une manière démocratiquement
différente de dégager une majorité. Il faut savoir respecter les diversités
culturelles…
Il est vrai que, de nos jours, la férocité
du progrès technique ayant avantageusement remplacé les machettes par les kalachnikovs,
le coût logistique qu’implique l’acquisition et l’approvisionnement des bulletins en consommables n’est plus ce qu’il était au temps des sagaies. Les campagnes électorales nécessitent donc
de plus en plus l’intervention de financements extérieurs. Comme quoi le
progrès ne satisfait pas toujours les espoirs que l’on a pu mettre en lui. Mais
je m’égare…
- La Centrafrique, donc. Dans un pays où l’Etat,
quasi virtuel, ne maîtrise rien, sévit une guerre civile d’intensité variable
mais quasi permanente depuis 2004. Elle oppose Boizizé porté au pouvoir par un coup d’Etat appuyé par la France et
Djotodja appuyé par des soutiens
extérieurs (Soudan, etc.) Pour tenter de stabiliser la
région, l’ONU et les pays d’Afrique centrale ont déployé sous les doux noms de MINURCAT,
FOMAC, MICOPAX, MISCA, diverses "forces de paix" exclusivement
constituées de détachements afwicains. Ce qui permet de se donner bonne
conscience mais ne sert à rien. Sans vraie valeur militaire, les armées afwicaines
sont en générale formatées dans un seul but : le maintien musclé de l’ordre
intérieur au profit du pouvoir en place en vivant sur l’habitant. On pourrait donc
les penser plutôt adaptées à l’objectif. C’est oublier que les pays fournissant
les contingents se foutent en général éperdument de l’objectif. Outre le fait de
se montrer responsables et coopératifs avec les instances internationales, c’est
pour eux l’occasion d’envoyer leurs troupes s’entraîner et parfaire leur
formation sans les faire supporter par leurs propres populations et, surtout, le
temps de la mission, de faire payer leurs soldes, équipements, intendance,
carburant et munitions par les budgets de l’ONU et autres machins…
Ça me rappelle l’escorte que Kadhafi m’avait
aimablement fournie il y a une quinzaine d’année pour traverser le Fezzan. Plutôt
que de laisser ces appelés faisant leur service militaire traîner leur désœuvrement
dans une caserne, autant les occuper un peu en les faisant nourrir et payer
pendant dix jours par mes dollars…
Mais je m’égare encore…
Donc, Djotodja prend le dessus, vire Boizizé et s’installe à Bangui avec ses
soutiens de la Seleka. Et comme le
veut l’usage confirmé par la jurisprudence depuis l’Indépendance, la Seleka commence
accélère la mise en coupe réglée de la population. Traduction diplomatique :
La guerre civile s’intensifie. Traduisons
plutôt (pour qu’il y ait guerre il faut être deux) : Les massacres
de populations abandonnées par tous s’intensifient sans perspective d’autres
limites que leur éventuelle extinction…
Fort d’avoir "vécu le plus beau jour de sa vie" au Mali, François II
Pédalonaute envoie en CDD un "corps expéditionnaire" pour s’interposer. Sauf qu’au Mali, on n’allait
pas pour s’interposer mais pour éliminer… Peut-être plus encore que dans
d’autres pays afwicains, dans un merdier comme la Centrafrique il faut savoir choisir son camp !
Sinon l’indigène de comprends pas ce qu’on fait là et on se met tout le monde à
dos.
Résumons : Dans un pays
territoire peuplé de 80% de chrétiens et 15% de musulmans, les hommes de la
Seleka, (musulmans et souvent mercenaires venant de l’étranger) se sont livrés à la chasse aux chrétiens
avec souvent la complicité passive des musulmans locaux. Des milliers de morts
en quelques semaines ont évidemment suscité l’apparition spontanée, dispersée et
peu armée de milices chrétiennes d’auto-défense, les anti-Balaka. Arrivés après la bataille
(après le plus gros des massacres), les Français ont évidemment commencé par vouloir désarmer les criminels
de la Seleka, subsidiairement transformés en interlocuteurs légitimes et entrepris
de favoriser la mise en place d’une autorité fantoche d’un pouvoir de transition et de consensus…
Qu’attendait-on ? Evidemment, la
haine compréhensible accumulée par l’écrasante majorité de la population contre
la Seleka s’est traduite par un désir immédiat de vengeance. L’occasion est
trop belle d’assouvir ce ressentiment atavique contre cette Seleka, incarnation
génétiquement avérée des colonnes infernales islamiques qui, il n’y a guère
plus d’un siècle, venaient là razzier ses esclaves pour la traite orientale. La
chasse est donc ouverte contre les tueurs et tortionnaires de la Seleka avec
son lot inévitable d’excès et d’exactions commises par des miliciens
anti-Balaka de la dernière heure contre le premier musulman leur tombant sous
la main.
On oublie vite les femmes pas seulement
tondues chez nous à la Libération…
Résultat, la France est accusée d'avoir
exclusivement désarmé les milices de l'ex-rébellion Seleka. "Ce désarmement à géométrie variable a livré
les populations à la vindicte des milices chrétiennes anti-balaka" La pétoche
d’être considérés comme faisant le jeu des 80% de chrétiens agressés contre les
pauvres 15% de musulmans a modifié la doctrine initiale professée par Paris et le
général commandant nos forces sur place l’a dit très officiellement à Bangui :
"Ceux
qui se disent 'anti-balaka' sont devenus les principaux ennemis de la paix en Centrafrique,
ce sont eux qui stigmatisent les communautés"
Les ONG s’y mettent et j’ai entendu ce
matin sur Fwance-Cul’ commencer à parler d’épuration
ethnique en attendant qu’on parle de génocide et de crime contre l’humanité
perpétrés par les chrétiens de Centrafrique contre leur minorité musulmane !
Excellent travail de notre gouvernement
laïc…