Saint-Etienne-du-Rouvray, commune présumée sans histoires de 29.000 habitants dans la banlieue
de Rouen avec ses églises résiduelles et ses mosquées. Tellement sans histoires
qu’elle a encore un maire communiste…
Je vois très bien à quoi devait ressembler cette
célébration eucharistique dans une église à 9 h du matin un jour ouvré de
semaine. Nous avions encore ça l’an dernier chaque jeudi dans mon douar
d’élection avant que le vieux prêtre "retraité" rendant service au
"curé de secteur" parte au cimetière ou à l’EHPAD : Là bas, ce devait être pareil : Au pied de
l’autel où officiait un noble vieillard de 86 ans, il y avait trois bonnes
sœurs (on en a aussi quelques une ici) et un couple, sans doute âgé mais peut-être pas.
A 9h25’, la liturgie de la Parole devait être torchée…
Un commando de deux soldats des corps francs de l’ennemi "Deux terroristes se revendiquant de
Daech" font irruption, égorgent
l’officiant et ratent de peu de finir le même boulot (cher à Fabius) sur l’autre homme présent. Celui-ci, en situation
d’urgence
absolue, a pu être sauvé in extremis
grâce à l’intervention exceptionnellement rapide de la police qui a abattu les
deux ennemis terroristes. Et les pertes en sont restées là…
Les plus hautes autorités de l’Etat commentateurs
autorisés de l’actualité ont évidemment félicité les forces de l’ordre pour
leur célérité et efficacité. On notera cependant que la rapidité de leur
intervention doit tout à la présence d’esprit et vivacité de réaction d’une des
bonnes sœurs (probablement la plus valide) qui a pu s’échapper de l’église. Et que leur
efficacité doit beaucoup au choix des assaillants : Plutôt que de se
barricader avec leurs otages pour finir en beauté dans un bain de sang, c’est
sabre au clair en criant Allahu akbar qu’ils se sont lancés vers les flics comme au tir
forain…
La mairie a ouvert une
cellule psychologique et la "communauté
catholique" fait dire des messes…
"Communauté catholique" ! Dans son discours de circonstance (il en fait jusqu’à quatre par jour) c’est l’expression qu’a utilisée le commentateur
en chef. Elle pourrait
être appelée à un grand avenir (avec obsolescence programmée…)
Tout d’abord, je suis
scandalisé d’entendre le président-de-tous-les-fwançais utiliser cette formule d’apparence
anodine mais habituellement empreinte de ce "respect", cache-sexe
d’une obséquiosité pétocharde, qu’il sied de montrer quand on parle de
"communauté musulmane", de "communauté juive", de
"gens du voyage" et, bien évidemment, de la "communauté
LGBT"…
Il n’y a là de ma part
aucun penchant suprématiste, seulement la rage de voire l’espèce de ludion sans
culture présumé gardien des valeurs de
notre civilisation parler benoîtement du catholicisme comme ravalé chez nous au
rang de minorité comme une autre ;
minorité que les circonstances le contraint d’en admettre l’existence, même si
ça lui arrache la gueule de l’évoquer. Minorité sans doute résiduelle mais qui
mérite d’être protégée par nos lois de papier… Allez ! Protégée au moins autant mais pas plus
que les spécimens de certaines espèces animales exotiques qui arrivent encore
parfois à se reproduire hors leur environnement naturel dans nos zoos pour
satisfaire la curiosité des enfants…
Ensuite et surtout,
j’enrage de nous voir tous désarmés et dépendants malgré nous de ce guignol
suffisant qui prétend que nous sommes en guerre "en faisant preuve d’une détermination absolue", "en mobilisant tous les moyens humains et
matériels disponibles", "avec
la plus extrême fermeté"… Mais, bien évidemment, en ajoutant dans la
foulée : "restreindre
les libertés, déroger aux règles constitutionnelles, n’apporterait pas
d’efficacité dans la lutte affaiblirait la cohésion de la nation. Notre
pays doit éviter les surenchères, les polémiques, les amalgames !"…
La guerre, donc, ne
doit en rien déroger à l’habitus de
temps de paix ! La simple instauration (laborieuse) d’un état d’urgence ne saurait modifier quoi que ce soit dans la vie
quotidienne des acurabas ! Et quiconque, même par nécessité vitale, s’exonérerait
du cursus normal des procédures judiciaires tomberait sous le coup de la loi…
C’est donc en toute
légalité et en conformité avec leur droit imprescriptible d’aller et venir aux
horaires concernés qu’Abdel Kermiche et son compère ont surgi dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray pour remplir la mission qui leur était assigné par leur état-major.
- Abdel Kermiche, 19 ans, était fiché S mais n’avait encore aucune condamnation à
son casier judiciaire. Interpellé en 2015 par la police allemande alors qu’il
tentait de partir en Syrie sous l'identité de son frère, il est placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de
quitter le département et obligation de pointage une fois par semaine dans son
commissariat. Moins de deux mois plus tard, on le retrouve en Turquie avec la
carte d’identité de son cousin. Mis en examen pour "association de
malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste" et placé en détention
provisoire en attente de jugement, il est rapidement remis en liberté
provisoire par les juges du siège "sous contrôle judiciaire" avec assignation à résidence Conscient de sa
dangerosité, le parquet de Paris a fait appel de cette mise en liberté
provisoire mais n’a pas été suivi par les magistrats. Il est alors assigné à résidence avec des permissions de
sortir entre 8h30 et 12h30 du lundi au vendredi, et de 12 heures à 18
heures le samedi et obligation de porter un bracelet
électronique. C’est donc les mains dans les poches et le nez au vent qu’il
s’est rendu à l’église…
- Son… compagnon d’arme
aurait pu être Larossi Abballa qui avait eu à faire au même juge antiterroriste
que Larossi. Lui avait été gardé en détention pendant toute l’instruction. Condamné
en septembre 2013 à trois ans de
prison dont six mois avec sursis pour "association de malfaiteurs en vue
de préparer des actes de terrorisme", c’est bien évidemment et à bon droit
qu’il était deux ans et demi plus tard dans la nature et rien n’aurait pu l’empêcher
de se joindre à Larossi pour monter l’affaire… s'il n'avait pas anticipé le mois dernier à Magnanville en massacrant deux flics chez eux devant leur enfant...
- En définitive, le
second tueur était un autre : Un certain Abdel Malik P. (l’initiale, c’est
passque c’est un présumé, hein !) Celui-là, ça faisait
quatre jours qu’on le cherchait désespérément un vue d’une simple photo, suite
à un signalement de la police
allemande évoquant un prochain attentat en France sans pouvoir dire où…
Ah oui ! Pour marquer le coup suite
au drame de Normandie, la
préfecture du Rhône a fait preuve d’autorité en interdisant avant-hier mardi à
un homme, fiché "S" et assigné à résidence, de paraître devant les
lieux de culte chrétiens et juifs de Lyon. Cela au lendemain d'un jugement
pénal à l'issue duquel il a été relaxé.
Poursuivi pour risque de trouble à
l’ordre public et jugé en comparution
immédiate, il était accusé d’avoir multiplié les comportements provocateurs
en déposant des colis suspects dans
des églises pour créer une psychose…
Déjà condamné à de la prison ferme en 2007 par la cour
d'assises pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans
intention de la donner, il doit pointer trois fois par jour au commissariat
local dans le cadre de son assignation à
résidence prononcée en novembre 2015 au titre de l’état d’urgence faisant
suite à ce que nous savons…
Contrôle judiciaire, assignation à résidence et
bracelets électroniques sont l’acmé des moyens dont dispose la démocratie pour
faire face à la guerre…