Samedi Saint… Journée sans. Journée vide, la seule de l’année sans Eucharistie… (vous me direz que je n’y vais guère
plus souvent que le dimanche, mais bon…) Même pas d’adoration du Saint-Sacrement d’ordinaire proposée
ici H24… Journée consacrée à la prière ? – J’ai du mal… Alors, pour moi,
journée consacrée à la relecture personnelle et à la méditation. Bonne occasion
de réfléchir à une interrogation bien temporelle, comme un malaise
indéfinissable que j’ai ressenti dès le premier soir après le cri de joie :
Habemus Papam !… Quelque chose
comme un négatif photographique, une lecture inversée, erronée de la parabole du
pharisien et du publicain (Luc 18, 10-14) Et j’ai été tenté d’intituler ce
billet :
Force éternelle des symboles et vacuité
arrogante de l’humilité…
Abrégeons. J’ai
trouvé sur Atlantico.fr un article de
JacquesCharles-Gaffiot qui explicite
mieux que je ne saurais le faire ce sentiment de malaise que je ressens. J’en livre donc ci-après à votre méditation
de très larges extraits - contractés et parfois modifiés-accentués par mes
soins^^- (le vrai texte intégral est là) :
__
"(…) il
n’est pas inutile de considérer le style naissant mis à l’ordre du jour dès
l’apparition du cardinal Jorge Mario Bergoglio au balcon de Saint-Pierre, dans
la soirée du 13 mars dernier.
Sans
prétendre donner aux remarques suivantes une portée définitive marquant le
cours du nouveau pontificat, il convient de relever combien les commentateurs
ont cherché à mettre en relief les "simplifications" observées pour
en faire des démonstrations de rupture avec les usages jusqu’alors respectés ou
remis à l’honneur (…)
Limitons-les
à deux exemples principaux :
La première apparition sur la loggia de Saint-Pierre du nouveau pape est l’une
des phases d’un acte liturgique ouvert depuis l’entrée en conclave et se
terminant le lendemain de l’élection. Jean-Paul II, comme Benoît XVI, pour ne retenir que
ces deux dernières références, sont donc apparus revêtus de la tenue liturgique
propre à cette circonstance, portant sur leurs épaules la petite pèlerine et l’étole
pourpre, prestigieux héritage symbolique remontant au début du IVe
siècle et réservées à Rome à la tenue du grand prêtre sacrificateur,
l’empereur, matérialisant le plein exercice de la fonction de pontifex
maximus, réunissant les deux rives du monde d’en-bas et de l’univers
d’En-haut. Est-ce seulement par simplification du "protocole" que le
nouvel évêque de Rome s’est présenté dans sa seule soutane blanche devant les fidèles
venus acclamer le nouveau pape ? Est-ce le champion d’une élection
remportée en un temps record ou le Vicaire du Christ ? Qui n’a "enfilé"
l’étole que juste le temps de bénir la foule avant de s’en débarrasser
vite-fait dans les mains de son cérémoniaire ? Jamais, jusqu’au 13 mars
dernier, pareille ambiguïté n’était apparue d’une manière si déconcertante.
A lui seul,
en effet, ce simple détail vestimentaire, bien anodin aux yeux de la presse
déculturée, peut traduire une mutation du sens donné à cette salutation
traditionnelle de la foule selon son immémorial rituel.
Lors de sa messe d’intronisation, le nouveau pape n’a certes pas renoncé
au trône pontifical. Toutefois,
et aucun commentaire n’est venu relever ce double fait, le pape a reçu debout
l’hommage rendu par les cardinaux et a prononcé également debout sa première
homélie officielle, à la différence de tous ses prédécesseurs.
Renoncer à
une position assise, qui de tout temps et sous toutes les latitudes représente
la plus haute marque d’autorité alors que la position debout adoptée en face
d’un auditoire assis efface toute marque de véritable reconnaissance. Quel sens
donner à une cérémonie d’hommage dans laquelle l’homme lige et le récipiendaire
restent debout, se mesurant d’égal à égal ?
S’asseoir
pour parler n’est jamais pour le titulaire de l’autorité, du père de famille,
au chef d’État en passant par les enseignants, les magistrats jusqu’à la figure
du pape, l’expression vaniteuse de la volonté de se grandir. C’est au
contraire s’astreindre à observer une convenance qui exige de la part de ceux
qui la respectent, en plus de la dispense de propos réfléchis, une authentique
humilité, une vraie simplicité pratiquée sans le tintamarre des trompettes
médiatiques de la fausse renommée.
Le petit
peuple de Rome, papiste à contre-courant par bien des côtés et enclin à la
raillerie, fait déjà circuler dans la ville une pasquinade pour dénoncer le
caractère démagogique qu’il pense reconnaître dans le renoncement à la pourpre,
à la suppression du pallium sous les nouvelles armes pontificales, à l’abandon
du port de la mitre, etc. Voulant aussi tourner en dérision la modeste et
rustique croix pectorale de son nouvel évêque qui a refusé de porter l’une de
celles qui lui étaient proposées, la statue de Pasquin
murmure depuis quelques jours en haussant les épaules : Une croix de
fer ? Mais nous avons déjà connu cela à Rome… dans un passé récent !
Plus encore
que l’image, le symbole offre à son lecteur un langage de synthèse. Paraphrasant
saint François de Sales, on pourrait ajouter que le symbole "parle au
cœur, la langue ne parlant qu’aux oreilles". Il livre, pour qui sait le
bien voir, au travers d’une unique perception la totalité de son contenu. De la
sorte, se présentant à tous, de même que le soleil, il éclaire les bons et
les méchants.
Manier le
langage symbolique requiert prudence, simplicité et humilité ; le
travestir, c’est prendre le risque de la confusion, un idiome propre aux
constructeurs de la tour de Babel !