Ce
matin au petit-dej’, de retour dans mon douar d’élection et histoire de rester tuned avec les news locales des clochers environnants, j’écoutais distraitement le
fond sonore aimablement fourni par une radio régionaliste.
L’interviouvée était, cette fois-ci, - d’après
la voix - une charmante dame que je suppose déjà dans la force de l’âge. Ça
causait d’une initiative a priori assez sympathique visant à rapprocher les ruraux de la culture. Mais là ne se situait pas
pour moi la pointe du sujet. Ce que j’en ai retenu, ce qui a
brusquement fait remonter mon café dans mes fosses nasales, c’est autre chose.
C’est le ton et la manière avec lesquels l’intéressée elle-même a décliné sa
qualité qui justifie son expertise ;
bref, a précisé sa profession et, quelque
part, son statut social :
-
Elle est "programmatrice artistique
en milieu rural"…
(Muray,
où es-tu ?)
Juste
après cette séquence, j’ai eu droit au journal.
Au
journal local, je précise.
Et
la "Une" était d’importance, mes enfants ! Figurez-vous que yesterday le Conseil général de
Haute-Savoie a signé en grande pompe devant la presse ses trois premiers Contrats d’Avenir !
Trois
djeûnes "peu ou pas qualifiés"
ont donc été embauchés. Deux d’entre eux iront travailler dans les collèges où ils n’auront antérieurement rien
foutu (au
mieux) ou
dont ils se souviendront peut être s’être fait virer. Quant au troisième, c’était
plus flou ; sans doute n’a-t-on pas trop osé nous dire ce qu’on allait
pouvoir lui faire faire…
Il
paraît que le Conseil général a acté l’ardente obligation d’en trouver 400
comme ça pour le Département…
Ça
fera toujours 400 chômeurs de moins et jamais que 100 masses salariales
ponctionnées sur nos impôts locaux (et 300 sur nos contributions à l’IRPP, mais
ça cétotomatique, effet d’aubaine
pour les élus locaux)…
Grâce
à nous, tous ces braves djeûnes auront
non seulement un emploi, mais aussi
un titre : "Agent d’ambiance" pour les plus
autonomes (sic), "Assistant de…" pour les autres…
Depuis
les Ateliers de charité de l’Ancien
Régime et les Ateliers Nationaux de
la révolution de 1848 (qui
n’ont duré que… quatre mois), on n’a rien inventé et, pourtant, on a faite de gros
progrès :
En
1848, les bénéficiaires de ces parkings sociaux devaient embaucher à 6h30’ pour
partir au chantier de terrassement, n’en étaient libérés qu’à 18h et étaient
soumis à 2 appels par jour avec retenue ou suppression de salaire aux absents.
Le bagne de Cayenne, quoi ! Que dis-je ! Konzentrationslager !
Heureusement,
aujourd’hui il y a de gros besoins de plantons dans les Musées et d’hôtesses d’accueil
partout… (ici)
C’est
indispensable pour le redressement productif !