Anders Behring Breivik n’ira sans doute pas en prison. Deux experts-psychiatres ont estimé que l’auteur des attaques sanglantes du 22 juillet dernier en Norvège n’était pas pénalement responsable de ses actes. Dans un rapport de 240 pages rendu à la justice norvégienne, les médecins expliquent que le tueur était "malade quand il a tué 77 personnes". Il souffrirait de "psychose", une maladie qui aurait altéré son jugement au moment des attaques. Si le tribunal suit les recommandations des experts, il devrait "être interné dans un établissement psychiatrique et recevoir un traitement mental obligatoire qui pourrait lui être administré à vie"...
Ouf ! On respire ! Circulez, il n’y a rien à voir ! Son procès qui s’ouvrira le 16 avril 2012 et devrait durer 10 semaines se résumera à un débat d’experts psychiatres sur l’état mental du prévenu, les traumatismes de sa petite enfance, l’éventuel alcoolisme de son grand-oncle, son complexe d’Œdipe mal digéré, l’incidence de la masturbation précoce sur la construction de sa personnalité, l’interprétation de ses résultats scolaires et que sais-je encore…
Il n’y a heureusement rien d’autre qui puisse éventuellement apporter un éclairage sur le lent, méthodique et efficace processus de préméditation de ses actes commis dans un moment de folie. La psychose ! Oui, la psychose. Rien d’autre ne saurait être évoqué. Ce serait évidemment hors sujet. Procureurs et les avocats de la défense seront sûrement d’accord là-dessus et ce sera bien sur ce registre et lui seul qu’on citera des témoins à décharge.
On observera, curieusement, que les auteurs d’actes de racisme sont toujours jugés pénalement responsables de leurs actes. Le moindre propos qualifié de raciste est un délit sévèrement puni (en attendant le délit de recel de complicité d’intention de propos raciste qui ne saurait tarder) et du délit aggravé on vire vite au crime raciste, prémisse du crime contre l’humanité… On n’évoque jamais la psychose…
En revanche, la tuerie sanglante perpétrée par Breivik est d’une autre nature : Reconnaître sa responsabilité, ce serait reconnaître à une motivation islamophobe, à une motivation identitaire, la possibilité d’être un comportement aussi normal que l’appât du gain, le désir de domination sexuelle, etc. Voilà qui serait un poison dont nous devons absolument protéger le peuple ; c’est le principe de précaution, c’est constitutionnel !
Heureusement, les riches heures léninistes, staliniennes, brejneviennes und so weiter nous ont enseigné l’usage des asiles psychiatriques. Grâce leur en soit rendu !
Pour le moment, ce n’est qu’un Breivik que nos sociétés démocratiques et Etats de droit enfermeront sans jugement sur les actes, avec traitement pour en faire le plus vite possible un légume inerte. Ce n’est que lui, pour le moment…