"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

dimanche 29 avril 2018

Sortir du système…


Déjà dix jours de lassitude ensommeillée sans réagir à ce qui se passe, et pourtant il y aurait de quoi dire ! Le pire, c’est que la seule chose qui m’a fait soulever une paupière aujourd’hui, c’est l’extase béate avec laquelle les médias nous annoncent que le couple présidentiel paie de sa poche son dentifrice, les clopes de son clebs et les croquettes de la Première Cougar Dame ! C’est dire… J’aurais préféré apprendre ce qu’il entend - lui – par multilatéralisme… Mais bon. Je vais me retenir d’en faire une ébauche de billet. Car se focaliser sur la personne du Président, c’est-à-dire sur le Cyborg actuellement dans le costard de la fonction, c’est se comporter en collabo de sa com’, tant il est vrai que causer du dentifrice aide à pousser la "polis" sous le tapis.

Je préfère donc passer la parole à Maxime Tandonnet en relayant ci-après son billet de ce jour :
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« Ceci ne concerne en aucun cas la personne du président, (…) Au-delà de sa personne, qui n’a strictement rien à voir avec mon propos, il faut prendre acte de la nuisance intrinsèque d’un régime politique qui empoisonne la France, une Cinquième République dégradée, dévoyée, dégénérée. En l’état actuel des choses, il ne peut que donner le pire, quel que soit le titulaire de l’Elysée.
L’élection présidentielle se fait par une vaste opération de propagande et de manipulation médiatique : ce sont les médias qui choisissent en influençant la foule médiatisée, et qui lui vendent une image. En sublimant un personnage, un acteur, cette élection détruit toutes les sources de vie démocratique, notamment le Parlement qui devient un Parlement croupion. L’élection se fait sur une surenchère de promesses démagogiques et fondamentalement nuisibles pour l’intérêt général, par exemple la suppression de la TH ou la création d’un service national d’un mois, profondément inutile et qui va coûter une fortune. Il faut ensuite les appliquer et les financer, à n’importe quel prix.
L’image narcissique et égotique d’un homme ou d’une femme, n’importe lequel, devient le but absolu du régime, au nom de "sa trace dans l’histoire" ou de la "dignité de la fonction", notion intrinsèquement ridicule – c’est la France qui compte et non "la fonction" dès lors que tout dirigeant politique, en démocratie, n’est que l’humble serviteur de son pays et de ses habitants. La réélection présidentielle devient le but en soi du système, à n’importe quel prix.
La vie publique se transforme en spectacle médiatisé et en décors de carton-pâte. Les postures et les coups de menton se substituent à l’action authentique. Au prix d’une formidable mystification, le chaos quotidien, le renoncement et l’impuissance de l’Etat sont vendus à l’opinion comme une "transformation profonde de la France". La vanité, sous-produit de l’impuissance, s’impose dès lors comme le principe fondamental du régime. La fracture démocratique, entre une petite clique influente, totalement déconnectée de la réalité, et la population, plongée dans ses drames quotidiens, ne cesse de se creuser.
Ce régime, qui trahit l’intérêt général au profit de la vanité narcissique, explique en partie la chute de la France depuis plusieurs décennies (niveau scolaire, pauvreté, violence, chômage de masse, écrasement fiscal, dette publique) Mais il convient d’insister sur ce point: en l’état du régime, du système politique, fondé sur un mélange de vanité narcissique et de médiocrité (morale, intellectuelle), rien ne changera jamais, et ceux qui pensent qu’untel ou untel, de l’extrême droite à l’extrême gauche, ferait beaucoup mieux, sont victimes de la même illusion que les idolâtres et les béni-oui-oui  du temps présent. Cela ne me réjouis pas, je ne fais ici que dire ma vérité.
Une prise de conscience, révolution des mentalités, réhabilitation de la démocratie, de la res publica, réveil de l’intelligence collective est le préalable à la réforme nécessaire qui consistera, fondamentalement, à en finir avec le naufrage du pays dans la vanité stérile, la médiocratie, et à réconcilier la France avec la notion d’intérêt général.  Vaste programme… »
Maxime TANDONNET

mardi 17 avril 2018

Le dernier missile tiré sur Douma…


Celui-là va faire mal, très mal ! L’avantage c’est qu’il ne coûte pas des dizaines de milliers d’euros l’exemplaire. L’inconvénient, c’est qu’il y en a qu’un et que son signal thermique ne cible qu’un seul individu préalablement défini.  Ce qui est quand même aussi un avantage puisqu’il n’y a aucun risque de dommage collatéraux que-c’est-pas-bien pour les populations civiles. De plus, il ne peut pas être intercepté par les systèmes anti-missiles les plus sophistiqués, l’objectif est atteint à 100 %, euh… une fois. De plus, surtout, le site de lancement du missile ne courre aucun risque de riposte de l’ennemi.

Oui, nous l’avons tiré ! Enfin, non, pas encore vraiment mais c’est comme si c’était fait : L’ordre la demande a été faite par le sommet de la chaîne de commandement et la procédure de mise à feu statutaire d’enquête est lancée. Rien n‘arrêtera plus le compte à rebours et la cible aura beau se terrer au plus profond de ses bunkers, notre missile bien-de-chez-nous l’atteindra direct en nettoyant sa poitrine au niveau du cœur.

Ou Madame, oui Monsieur. C’est peut-être là l’échelon ultime de la réponse proportionnée avant d’appuyer sur le bouton rouge : retirer le ruban rouge…

La nouvelle est tombée par un communiqué de l’Elysée soi-même :

On retire la Légion d’Honneur à Bachar al-Assad.

Rendez-vous compte ! Même à Ceausescu on ne l’avait pas retirée ! (sans doute pour ne pas infliger la "double peine" à cette figure du socialisme exécutée vite-fait par un tribunal autoproclamé)

C’est là qu’on mesure l’extraordinaire gravité des crimes perpétrés par Bachar al-Assad ! Si l’on se réfère aux récentes occasions où ce genre d’arme fatale a été utilisée, les crimes de Bachar seraient (au moins) aussi graves que se doper comme Lance Armstrong ou tenir des propos antisémites de soûlot bafouillant comme John Galliano.

samedi 14 avril 2018

Stupidité et irresponsabilité…


Si la France n’est pas encore tout à fait "à la ramasse", à force d’être "à la remorque" de "l’Etat profond" US motorisé par Davos, Soros et Cie, elle y va tout droit. On le craignait et depuis hier c’est fait : Macron nous a fourré dans la seringue sans nous demander notre avis. On ne pourra donc en sortir que par l’aiguille, courte giclée de fines gouttelettes dispersées par le vent... C’est physique, There Is No Alternative !  

Nous avons donc roulé les mécaniques et claqué un paquet de fric pour "figurer" auprès de nos "alliés" en tirant 12 des 107 missiles balancés hier sur la Syrie. Des "frappes circonscrites" qu’il a dit Le Drian. Comme un dessin humoristique le faisait dire l’an dernier à Poutine : "- On ne gagne pas une guerre avec de petites frappes…" Mais je m’égare.

Je ne rigole pas. La bêtise, le suivisme et l’absence de prospective sont toujours les maître-mots du néant de notre politique étrangère. Et je tiens à relayer ci-après (très légèrement contracté) le billet publié ce matin par Jacques Sapir :
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« Stupidité ; c’est le mot qui semble le plus approprié pour décrire la frappe par missiles de croisière sur la Syrie à laquelle se sont livrés dans la nuit de vendredi à samedi trois pays, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et – hélas – la France. Cette frappe n’a eu, semble-t-il, que des effets très limités. Les gouvernements syrien et russe n’annoncent aucune victime. Ainsi, “selon des informations préliminaires, aucune victime [n’est à déplorer] au sein de la population civile ou de l’armée syrienne“, a déclaré un porte-parole de l’armée russe. Il est clair que cette frappe ne changera pas un iota dans la politique de Bachar-el-Assad.

Stupidité tactique

Relevons tout d’abord que, dans ses objectifs, cette frappe semble avoir été très limitée. On ne parle que d’un centre "clandestin" d’armes chimiques (ou supposées telles) et de deux lieux de fabrication. Les installations directement militaires, et où se trouvent de nombreux soldats russes, semblent avoir été soigneusement évitées. Les derniers contacts entre Macron et Vladimir Poutine semblent avoir eu pour but de confirmer aux russes qu’ils ne seraient pas visés. Cela démontre un effet de dissuasion certain de la présence russe face aux Etats-Unis et à leurs alliés. Cet effet sera certainement noté par différents observateurs et par des pays qui sont susceptibles de devenir des cibles de la puissance des Etats-Unis.
Il faut ensuite revenir sur le chiffre – hypothétique – de 71 missiles abattus sur 103. La défense anti-aérienne russe n’est pas entrée en action, car les troupes russes n’étaient pas susceptibles d’être visées. Ce chiffre est extrêmement élevé, et ce même s’il devait être réduit à une quarantaine de missiles, par rapport aux capacités des systèmes de DCA dont l’armée syrienne est équipée. Ces systèmes sont des armes achetées du temps de l’Union soviétique, ou qui en sont largement dérivées. S on peut raisonnablement penser qu’elles ont été modernisées dans le cadre d’accords avec la Russie, cela reste insuffisant pour expliquer cette forte proportion d’interceptions et de destructions, chose dont l’armée Syrienne n’avait pas été capable jusque-là. Il est possible que les troupes russes, qui disposent de systèmes de détection et de désignation de cibles sophistiqués en Syrie, aient transmises des informations à la DCA syrienne lui permettant d’intervenir avec une efficacité étonnante à priori. Cela expliquerait le nombre important d’engins détruits.
Ces engins, que Donald Trump décrivait dans un tweet comme "beaux et intelligents", coûtent chers. Un missile britannique de type Storm Shadow est estimé à 800 000£. Si, pour faire exploser sur des cibles 32 missiles on doit en perdre 71, autrement dit si le taux de réussite n’est que de 31%, on s’interroge sur la capacité de pays comme les Etats-Unis et leurs alliés à mener une campagne de désarmement (comme celle menée contre l’Irak en 2003). Pour qu’une telle campagne soit efficace, il faut compter plusieurs centaines de missiles atteignant leurs cibles (de 400 à 1200 suivant la complexité du système de défense du pays). Cela reviendrait à tirer de 1300 à 4000 missiles, dans le cas d’une défense qui n’est clairement pas à la pointe du progrès, soit une dépense de 1,6 milliards de dollars à 4,8 milliards de dollars. On le comprend aisément, l’efficacité supposée de la DCA syrienne remet en question le modèle économique des frappes aériennes, modèle qui celui sur lequel les Etats-Unis vivent depuis la "guerre du Golfe" en 1991. Ils auraient fait par cette frappe, aidés par la Grande-Bretagne et par la France, la démonstration que leur modèle d’action militaire est ainsi périmé. S’ils croyaient rétablir à leur profit une forme de dissuasion, c’est évidemment raté ! Les trois pays ont en réalité affaibli leurs positions sur la question de la Syrie, et c’est une évidente stupidité.

Stupidité stratégique

Mais, les conséquences de cette frappe vont naturellement plus loin. Jean-Luc Mélenchon a ainsi twitté : “Les frappes contre la Syrie se font sans preuve, sans mandat de l’ONU et contre elle, sans accord européen et sans vote du Parlement français” (…) C’est une aventure de revanche nord-américaine, une escalade irresponsable“. Et c’est là l’aspect peut être principal. Une frappe militaire est un acte de guerre. Cet acte doit être encadré par le droit international ou alors cela signifie que la loi du plus fort et la seule valide. Aujourd’hui, les preuves de la réalité d’une attaque chimique et de la responsabilité du régime de Bachar-el-Assad n’ont pas été fournies. Compte tenu du lourd passif de mensonges et de manipulations des dirigeants des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, nul ne peut être cru sur parole.
En décidant de commettre cette frappe de manière unilatérale et sans mandat, les dirigeants des trois pays concernés, Etats-Unis, Grande-Bretagne et France ont fait la démonstration du peu de cas qu’ils font du droit international et des Nations-Unies. Cela ne peut que renforcer toute une série de pays dans leur résolution à se doter de l’arme nucléaire afin de se préserver d’actions de cette nature. En d’autres termes, Donald Trump, Theresa May et Emmanuel Macron viennent de confirmer que la prolifération nucléaire est, pour certains pays, un choix logique et inévitable. Or, il convient de préciser que, outre les puissances nucléaires "légales", sont déjà en possession de l’arme nucléaire Israël (avec de 200 à 250 têtes), l’Inde, le Pakistan et la Corée du Nord. Cette frappe va donc conforter non seulement les dirigeants de ces pays dans leurs choix mais aussi persuader d’autres, et l’on pense à l’Iran, à l’Arabie Saoudite, mais aussi à l’Algérie, à la Turquie, et à un certain nombre de pays d’Asie qu’ils doivent imiter les pays "proliférateurs". Ne pas se rendre compte de cela est bien faire preuve d’une incroyable stupidité stratégique.
La frappe décidée par Donald Trump, Theresa May et Emmanuel Macron ne rendra pas le monde plus sûr ni plus juste. C’est en réalité tout le contraire. Elle accroit les risques d’instabilités internationales et plonge un peu plus le monde dans le chaos. Ce n’est plus simplement de la stupidité stratégique, mais de l’irresponsabilité crasse.

Cette frappe a été décidée pour des raisons sans doute différentes et divergentes par les trois dirigeants qui en portent la responsabilité. Les Etats-Unis pourraient bien considérer qu’il s’agit d’une "salve d’adieu" et se décider à abandonner le terrain Syrien. La Grande-Bretagne alors suivra. La France, elle, se retrouvera dans une situation plus que délicate, s’étant compromise avec les Etats-Unis, ayant perdu ce qui faisait sa crédibilité et son honneur sur la place internationale, en particulier la défense des principes du droit international et de la souveraineté des Etats. Très clairement, la France est le pays qui a, et de loin, le plus à perdre dans cette affaire.
Qu’Emmanuel Macron ne l’ait pas compris est bien la preuve qu’il n’entend rien à la politique étrangère et qu’il se révèle inapte à sa fonction, tout comme l’avait été son prédécesseur, François Hollande. »

Jacques Sapir
14 avril 2018
Publié sur son blog "Russeurope en exil", hébergé par "Les Crises" depuis qu’il a été censuré par la plateforme hypoteses.org