Je sens chez beaucoup de
blogueurs pas-de-gouvernement comme un soupçon de lassitude, un je-ne-sais-quoi
de langueur. Je comprends et je partage… Mais, faute d’avoir la force d’âme
nécessaire pour commenter toutes les petites choses décourageantes bricolées
sur un coin de table que nous vend le "bougisme-communiquant", pour
tenir-son-rang, hein, il faut bien arriver à "meubler"…
Et pour ça, rien ne vaut
la rubrique "fonds de tiroir et vieux papiers" ! En nous sortant
ses relevés d’aphorismes chaque dimanche, il y en a un qui a bien compris le
truc, c’est Didier Goux (oui, le misanthrope du
Plessis-Hébert qui m’a viré dans les profondeurs anonymes de la blogosphère-plancton)
Avec son dico dominical, il a le temps de voir venir la lettre Z. Et je retiens
l’idée.
En espérant y piocher
quelques perles pour vous distraire ou vous faire méditer épisodiquement, j’ai
donc ressorti les chroniques hebdomadaires d’Alexandre Vialatte publiées
de 1952 à 1971 par La Montagne, quotidien
régional Auvergnat comme on n’en fait plus. Beaucoup sont très "datées"
par l’actualité du moment mais beaucoup restent, comment dire… intemporelles ?
En ouvrant le premier des
deux tomes au hasard (sans mentir),
je suis tombé sur celle du 6 mai 1958, publiée, donc, juste une semaine avant
ce fameux "13 mai", acmé de l’agonie de la IV° République. Il y a bientôt soixante ans...
En voici un extrait :
_
« Le 1°mai s’est passé à Paris dans
la plus franche cordialité. Des tracts imprimés en arabe et en français (ou à
peu près) dans des imprimeries protégées par la loi, qui donnent leur nom et
leur adresse, exhortaient le "travailleur" à égorger le roumi, par
pacifisme et par "sens de l’Histoire". Quarante mille autos, sur les
routes, déversaient à l’orée des bois cent soixante mille Parisiens qui
déchiraient l’asphalte de leurs ongles pour en extraire les restes de muguet
que pouvait y avoir laissé une première horde de quatre-vingt-trois mille
Vespas. La France était sans ministère. L’opinion se passionnait pour une dame
d’Hollywood.
_
Jacques Perret a obtenu le prix de
Monaco. C’est un de nos meilleurs écrivains. Mais comme il ne va pas "dans
le sens de l’Histoire", la presse en a très peu parlé. Des journalistes
sans grammaire, sans style, sans patrie, sans humour, ont eu trois lignes indulgentes
en septième page pour encourager ce "débutant" [1].
Car il arrive que le pissenlit parle du chêne comme d’un arbuste qui a de l’avenir.
_
Il en va du sens de l’Histoire comme du
sens de la montagne. La montagne a un sens très net. Il va du haut en bas. L’eau
la descend toute seule ; le caillou, la terre, la crotte de chèvre. Seul l’alpiniste
la remonte.
La crotte de chèvre ne l’approuve pas.
_
La crotte de chèvre marche en groupe.
Elle roule en groupe du haut en bas. En même temps, elle dit : "- Pourvu
que ça dure ! " En bas il y a le torrent et ça dure jusqu’à lui.
Après, c’est l’histoire du torrent ;
on ne parle plus de la crotte de chèvre. Elle s’est dissoute dans le fleuve de
l’Histoire comme un souci mesquin dans un beau jour d’été. »
…
Ça continue en revenant sur Jacques
Perret. Et cette première partie de la chronique s’achève ainsi :
« … et on a honte avec Perret de
discuter du sexe des anges au milieu de Byzance envahie. Car on se bat dans les
rues de Byzance.
Les Byzantins se sont mis aux fenêtres
et parient pour l’envahisseur. »
_
[1] NDLR. Il avait alors déjà
publié une dizaine de romans et nouvelles (généralement chez Gallimard) Dont le
"Caporal épinglé" près de dix ans auparavant…
J'ai, moi aussi, fait l'acquisition des "Chroniques de La Montagne". Il faut y piocher au hasard et ne pas hésiter à en laisser de côté. C'est en picorant qu'on déguste. Et c'est ainsi qu'Allah est grand.
RépondreSupprimerL'histoire (que l'on n'apprend plus) nous apprend que lors de la prise de Constantinople par les mahométans, le dernier empereur byzantin (Constantin XI Dragasès) fut tué en combattant sur les remparts de sa ville assiégée. Je peux me tromper, mais je vois mal macrounette se faire tuer en défendant la France contre l'invasion des mahométans d'aujourd'hui.
RépondreSupprimerallons allons!
Supprimerêtes vous taquin
de pareilles idées , à votre âge!
avec ce que vous savez des hommes politiques français!
lequel , oui lequel a subit l'épreuve du feu ?
en dehors du vieux borgne? aucun
vraiment aucun