Désormais,
Amandine est carrément dans les choux. Enfin, pas vraiment vu comme les choux d’où
c’est que naissent les enfants ont fait de sacrés progrès de nos jours…
D’ailleurs,
qu’est-ce qui fait plus banal aujourd’hui, qui fait plus titre pour fait divers
dans votre quotidien, page 8 en bas à droite que : "Amandine
Duchnoque, 34 ans" ? Il y a quatre ans, dans un billet lui souhaitant son
anniversaire (hormis
ses proches, j’ai bien dû être le seul),
j’évoquais déjà très exactement les avancées
de notre-aujourd’hui-des-choux… Née en février 1982, notre Amandine a été
conçue en plein dans ce moment d’euphorie où on rallumait la lumière pour éclairer le champ des possibles s’ouvrant
à la génération Mitterrand. A des années-lumière,
donc. Mais je m’égare…
Avec
plus de trois ans de retard sur la Grande-Bretagne
et un an sur les USA, Amandine avait eu comme titre de gloire d’être le premier
"bébé-éprouvette" cuisiné
en France ! Mais depuis ces temps quasi préhistoriques, la fivette est devenue banale avec une production en croissance constante de
plus de 11.000 naissances par an. D’autant plus banale que 97 % de celles-ci
sont réalisées sans apport externe
par d’autres géniteurs que papa-maman. Autant dire qu’Amandine est totalement has been…
Heureusement,
on n’arrête pas le progrès et nos pinaillages sur la GPA ressemblent à des
débats surannés sur le sexe des anges. Grâce aux avancées de la technique, nous
avons désormais le modèle à trois parents. J’entends bien : à trois
parents génétiques. Le plus compliqué
étant devenu possible, en y ajoutant le plus simple déjà bien rodé de la GPA, rien
n’empêche désormais de profiter des facilités
que peuvent offrir les arrangements
évoqués dans mon précédent billet sur Amandine.
Car
aujourd’hui nous avons Abrahim. Il a déjà cinq mois et va bien ; merci.
Abrahim est enfin le premier d’entre nous à avoir hérité des ADN de trois
géniteurs, ceux de ses parents et celui d’une donneuse.
Résumons. Porteuse saine d’une maladie rare (affectant 1 enfant sur 36.000) véhiculée par les mitochondries des cellules maternelles,
la mère a déjà perdu de ce fait deux enfants en bas-âge. Pour pallier cette
situation individuellement dramatique, on a donc eu recours avec succès à un
procédé d’ingénierie génétique d’une technicité sûrement plus sophistiquée mais
de même nature que celle utilisée pour le maïs. Elle a consisté à extraire le
noyau d’un ovocyte de la mère et de l’implanter dans l’ovocyte sain d’une
donneuse préalablement débarrassé de son propre noyau. Ne restait plus alors qu’à
faire féconder in vitro cet ovocyte par un spermatozoïde du père et de l’implanter
dans la mère. Le môme issu de ce processus de fabrication reçoit donc dans son
patrimoine génétique les ADN (portés par les noyaux) de ses
père et mère et l’ADN de l’ovocyte de la donneuse. Et si l’embryon est une
fille, sa formule génétiquement modifiée se transmettra de génération en
génération… Les maladies mitochondriales ne se transmettant que par la mère, c’est
pourquoi un tri préalable a été fait pour que le produit fini soit un garçon…
Voilà où nous en sommes. On notera au passage qu’à
cette occasion, je n’ai ouï aucun de ces bruits de fond dont sont coutumiers
les faucheurs d’OGM…
On notera aussi que pour des raisons de législations
répressives encore en retard et
bestialement obscurantistes, la fabrication du produit a été faite au Mexique par
un éminent spécialiste américain d’origine asiatique qui préside aux destinées
d’un centre de recherche en santé
reproductive de New-York également présent en Chine et en Russie…
On notera aussi qu’Abrahim Hassan, comme son nom l’indique,
est le fils d’Ibtisam
Shaban et Mahmoud Hassan, un couple de Jordaniens ayant les moyens de faire
face à la dépense. Et ce n’est pas le moindre des signes d’espérance pour l’avenir…
On vit vraiment une époque magnifique ! Moi, j'attends avec impatience le jour où je pourrai me faire cloner. Sans déclonner !
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