C’est la rentrée… Paraît que les syndicats vont se réveiller
sur la loi travail plus sûrement que les "Nuit-debout"… Quand on ne
sait plus quoi faire en attendant qu’ça vienne (- Quoi ? - Ne posez pas de question idiote !), pour avoir l’air de paraître être, pour meubler, que faire ? Quand le Tour, Roland-Garros, les JO et
le mois d’Août ont plié les gaules, comment distraire
les esprits ? Oui, comment faire pour ne pas continuer à être réduit au
rôle de commentateur télé des trucs embêtants qui vous tombent dessus sans
prévenir ? Du genre burkinite infectieuse
ou Macronite éruptive ? Comment
tenir au moins jusqu’à être momentanément sauvé par le gong grâce au barnum
médiatique que sera à n’en pas douter la "primaire-de-la-droite-et-du-centre"?
- Une seule solution : Poser des actes ! Prendre des initiatives.
Oui mais lesquelles ?
Ben on va faire une cérémonie d’hommage ! C’est
le truc qui ne mange pas de pain, ça ne coûte rien (c’est l’Etat qui paie), ça ne fait
pas débat, ça ne discrimine
personne, ça tire une larme à l’électrice émotive moyennement édentée et y a
que moi qui cause sans contradicteur…
Donc, voilà ; "Le président de la République rendra hommage "à toutes les
victimes du terrorisme" le 19 septembre aux Invalides" a annoncé
aujourd'hui la secrétaire d'Etat à l'aide aux victimes (oui, le poste existe et la dame
aussi, même qu’elle s’appelle Juliette) Et la dame
a bien précisé que "toutes les
victimes d'attentats terroristes, toutes les associations de victimes seront
naturellement invitées". Faut c’qui faut…
De plus la date du 19 septembre correspond à l’attentat
du DC10 d’UTA en 1989. Ça sent son institution d’une nouvelle commémoration
annuelle ; d’autant qu’en matière de terrorisme on n’est pas rendu…
Bon. Ça va ressembler à quoi ? Dépôt de gerbe,
musique et discours du Pédalonaute ? Sans doute. Cette fois, ce sera dans
les jardins. Il me souvient qu’il y a à peine dix mois, on avait déjà eu ça
dans la grande cour pour ceux du Bataclan. Cette fois-ci, ce sera pour tout le
monde. Mais est-ce que ce sera différent ?
Le format ? Sans doute. Mais la nature et le contenu du cérémonial ? J’en doute…
« (…) Président a prononcé le discours convenu d’hommage national aux victimes que,
n’en doutons pas, nous attendions tous. Oui, que nous attendions ; enfin,
dont nous pouvions naïvement espérer quelques hauteurs de vue dans les
circonstances présentes. Des circonstances qui sont de nature à lui donner
fugacement l’occasion de s’élever au-dessus du rôle où il s’est lui-même
embourbé au fil des années : Celui d’un simple Monsieur Loyal commentant le
tour de piste de clowns surgissant de façon imprévue au gré d’une programmation
qu’il ne maîtrise pas, si tant est qu’elle existe…
Ben non.
Bien que sûrement très "travaillée" par les professionnels, la cinéscénie diurne proposée faisait très téléphonée et pour ce qui est du
rassemblement et de la communion dans des valeurs communes, on fait mieux au
Puy du Fou…
Et, surtout,
en décalage avec le tragique du réel, le discours est resté au niveau du robinet
d’eau tiède habituel. Vous me direz que dans un sens ça rassure…
Tous les
poncifs y étaient et ce n’est pas ça que j’en retiens. Ce qui m’a le plus frappé,
c’est la construction de la mise en scène et ses arrangements sonores. Comme un
malaise…
Ce n’est pas
nouveau. C’est presque chaque fois pareil quand le monstre froid qui a effacé
toutes les transcendances du domaine public s’ingénie à singer à son profit les
cultes, rituels et cérémonies qui permettaient autrefois à un peuple, à une
Nation, de faire communauté. C’était
presque aussi grotesque que les cercueils lestés de sable qu’on entra au
Panthéon avec queues de chevaux et sabres au clair…
Cette fois-ci,
le symbole le plus parlant, celui qui incarnait le mieux le vide de sens de la chose, tout à la fois
l’inculture absolue, le renoncement au faire,
la perplexité devant l’agir et la
soumission émotionnelle à l’instant sous
un ciel où rien ne luit, c’est la programmation de la musique et des
chants !
De toussa, les médias qui reflètent bien
l’air du temps n’ont pas retenu la
Marseillaise allant-de-soi, mais le choix de faire chanter par quelques
professionnelles :
"Quand on n’a que l’Amour" de Brel
et… "Perlimpinpin" de
Barbara…
- A
l’angoisse des siens d’être agressés et massacrés par… la haine (venue de nulle part…), l’Etat régalien n’a rien d’autre à
répondre que : - Nous avons l’Amour…
- A la
question des siens de savoir pourquoi on leur fait ça, l’Etat régalien n’a rien
d’autre à répondre que : - Tiens c’est
vrai, pourquoi ? »
Bref, nous
allons voir quelle innovation peut
encore sortir de la boîte à outils… Ne
rêvons pas…
NB : L’ami Koltchak avait fait
une explication de texte exhaustive de ce discours du 27 nov 2015 (effort méritoire) Tout y est…
"Le monstre froid qui a effacé toutes les transcendances" c'est terriblement juste et vrai. Je me permettrai de garder la formule. Mais nous ne sommes pas "les siens", cet homme là ne veut pas faire "Père" : un Peuple, c'est trop grand pour lui, qui ne voit que ses souliers.
RépondreSupprimerEn ce moment, ça doit travailler dur, chez les rédacteurs de beaux discours, pour émouvoir dans leurs chaumières les sans-dent, tout en laissant entendre que l'avenir ne pourra (c'est certain) s'éclaircir que lorsque la certitude d'une nouvelle candidature de Commemorator Ier à la magistrature suprême leur fera espérer un autre glorieux quinquennat. Les ingrédients nécessaires : rappeler que la situation actuelle n'est due qu'à Sarko, fustiger le populisme et le hideux visage du FN, mettre en lumière toute l'efficacité du gouvernement dans la lutte anti-terroriste mais sans stigmatiser qui que ce soit, vanter le futur radieux que nous promet l'UE, prôner l'ouverture à l'autre, les bienfaits du vivrensemble, les valeurs de la République, les droidlom, toussa ... N'oubliez pas le 19 septembre : c'est le retour de la France éternelle et vous pourrez, plus tard, raconter à vos petits enfants (s'ils ne parlent pas seulement l'arabe) : "Ce discours, je l'ai entendu, en direct, un grand moment historique !"
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