"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

lundi 22 octobre 2012

Adrénaline et bistouri.

Pour faire une suite au billet d’hier, en pensant (en passant) au principe de précaution, à la disparition de la faute à pas de chance au profit des assurances responsabilité pénale professionnelle, à la signature avant de passer sur le billard de décharges par les patients prêts à clamser, et toutes ces sortes de choses, je vais vous raconter un moment presque quelconque de la vie de Mme Plouc.

Ce devait-être en 1974, je crois. Une époque où nous n’avions encore qu’un môme à la crèche et où l’on s’employait à mettre de l’argent de côté pour la suite… Infirmière aide-anesthésiste, Mme Plouc bossait à l’hosto de la ville d’alors (un CHU de moyenne importance) où elle partageait son temps entre l’anesthésie en bloc opératoire et des astreintes hebdomadaires pour le SAMU, de jour comme de nuit, en ambulance comme en hélico… Et elle accumulait les récup’ d’heures sup’ non payées… Qu’en faire ?
On était dans une des régions les plus sous-médicalisés de France et les petits hôpitaux ruraux où il ne se passait jamais rien couraient toujours après les remplaçants pour boucher les trous laissés par les congés…

C’est ainsi que son "patron" proposa à Mme Plouc d’aller dépanner l’hosto d’une sous-préfecture de 9 000 habitants que se trouvait sans anesthésiste de garde pour le pont du quinze août. Banco ! Le Plouc-em’ gardera le môme et ça fera toujours trois sous qui rentrent…

Hosto à la Zola quasi désert… Après s’être fait montrer le matos par la fille de garde qui aurait visiblement aimé être ailleurs ce jour-là, avoir vérifié la pharmacie disponible, tâté le matelas de la piaule d’astreinte et sorti un bouquin, y’avait plus qu’à attendre que ça se passe… Ouais…

Sonnerie… Urgence…

La situation : Une femme enceinte (assez proche du terme, celle-là) arrive de ville en catastrophe au bloc. Souffrance fœtale, césarienne indispensable en urgence, pas question de transporter au CHU (à bien plus de 20 minutes…) Bref, faut y aller…
Plus habituée à endormir des vieilles pour col du fémur entre deux réanimations d’automobilistes désarticulés en bordure d’autoroute, Mme Plouc révise mentalement ses pompes sur le cas particulier des césariennes…

Les médecins ne m’en voudront pas de schématiser, je n’y connais rien. Disons simplement que l’agent anesthésiant ne doit pas franchir la barrière placentaire. Et que pour ce faire, il y a (ou avait à l’époque) deux méthodes ; appelons-les A et B. A était sans doute la plus courante et Mme Plouc avait sûrement déjà dû l’appliquer ou la voir appliquer… Alors que B devait relever pour elle de la formation théorique initiale jamais mise en pratique…

Bref, entrée au bloc avec le cirque habituel de l’habillage. A côté d’elle, devant le lavabo à pédale, un jeune gandin fait de même : le chirurgien ? Forcément, qui d’autre ?

Le type : C’est vous l’anesthésiste ?

Mme Plouc : Oui.

Le type : Vous utiliserez la méthode B.

Mme Plouc : Euh… J’aurais pensé que la méthode A…

Le type : Ecoutez ! Vous n’êtes pas médecin, n’est-ce pas ? Donc vous agissez sous ma responsabilité. Vous utiliserez donc la méthode B. 

Mme Plouc : ??

Le type : La méthode B - on m’a appris ça à l’internat - donne une anesthésie plus profonde et plus longue. C’est mon premier remplacement en solo. Et comme je n’ai encore jamais fait de césarienne, je préfère. Vous utiliserez la méthode B, point barre…

Mme Plouc : Bon, on y va…

La mère et l’enfant se portent bien…

1 commentaire:

  1. kobus van cleef04/11/2012 15:08

    je me souviens d'un patron qui préconisait l'abstention dans de nombreuses situations dépassées

    il disait souvent "de mon temps, on faisait comme ça.....et on n'en mourrait pas plus !"

    gag , évidemment

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