"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

jeudi 29 juillet 2010

Le fond est encore et toujours dans l’affiche…

Je reviens sur une de mes petites manies déjà évoquée le 30 juin dernier, laquelle consiste à meubler des moments de désœuvrement en méditant sur l’évolution des affiches de propagande électorales à travers les âges…

En des temps désormais reculés, voire obscures, une sorte de naïveté charmante poussait les masses laborieuses à espérer les bienfaits d’un avenir radieux, fruit d’un concept certes assez flou mais porteur et connu sous les vocables de progrès et de démocratie. Non seulement cette espérance était largement partagée, mais ce n’était pas qu’une attente. Le mot citoyen était alors un substantif (ce n’est plus aujourd’hui qu’un adjectif) et le premier venu des guignols pouvait faire sienne la conviction qu’il avait un rôle à jouer dans le film… En ces temps reculés, donc, il importait d’alimenter les dits guignols en objectifs concrets, en arguments, etc. Et les affiches en étaient le reflet.
Bien sûr, cela pouvait s’accompagner de crispations et d’échanges de noms d’oiseaux de nature à scandaliser nos braves bisounours confits dans le vivre ensemble et l’addiction aux recours judiciaires. On se frittait parfois grave mais au moins on se bougeait…

Vint le temps où, l’élection présidentielle au suffrage universel aidant, le matériel de propagande s’est fortement personnalisé mais en couplant toujours l’homme providentiel présumé avec un objectif plus ou moins concret supposé justifier un vote en sa faveur.

Il semble qu’ensuite la déliquescence gorbatchévienne couronnée par la chute du mur de Berlin ait conduit à jeter le bébé avec l’eau du bain. En effet, nos politiciens et communicants ont totalement perdu la mémoire de la condamnation du culte de la personnalité pourtant martelée alors depuis plus de trente ans par l’avant-garde de l’avenir. Il est vrai qu’il est bien commode de pouvoir faire l’impasse sur des projets de moins en moins crédibles et, en plus, s’agissant d’accrocher la cible (l’électeur), ça permet de ratisser plus large en matière de QI…
Comme disait Jules Romains : "- Les esprits sains discutent des actes, les esprits moyens discutent des événements, les esprits médiocres discutent des personnes"…

Mais la vie continue. L’affichage politique s’améliore et corrige ses erreurs passées pour se rapprocher à nouveau des préoccupations concrètes (et, le cas échéant, citoyennes) non plus des citoyens (qui n’existent plus qu’à la marge) mais des usagers, des consommateurs et des résidents :

La propagande anglophone pour les traités européens est bien pensée pour recueillir une majorité de suffrages. L’ajout à la gente féminine des homos, bi, trans et de je ne sais quoi encore permet de s’assurer un socle de voix consistant. L’affiche suggère de multiples opportunités. Opportunités dont je ne me souviens pas qu’elles aient été évoquées par Robert Schuman ou Jean Monnet mais qui sont bien la preuve d’un souci constant d’innovation, même si certaines d’entre elles peuvent s’avérer bien étroites… De plus, si l’affiche ne donne pas une information programmatique exhaustive, elle dit l’essentiel : l’Europe est prête à enlever le bas…
Line Stambouli est charmante. "Je suis capitale pour vous" nous dit-elle, les yeux dans les yeux avec une (quel est le mot épicène pour mâle ?) assurance…Son affiche méritait mieux que ses 0,88%, elle est bien pensée sur un fond pastel-fushia-poupée Barbie propre à retenir l’œil des habitués de Secret Story et de l’île de la Tentation (reste à savoir si ceux-là votent…) Je ne sais pas de quel Paris elle parle (Paris Hilton ?) mais ce Paris-là n’a pas sauvé Paris de Delanoë...
Ah ! Mélanchon ! On sent que cet homme a de l’avenir. Non seulement c’est bien pensé pour attirer l’œil à la sortie du métro, mais ça mérite un remerciement du sponsor BNPParibas pour le coup de pouce à sa propre campagne d’affichage. Après tout, peut-être que Federer, tout Suisse qu’il est, était le porte-drapeau du Front de Gauche dans cette histoire. En tout cas, pour illustrer le discernement de Mélanchon en matière de pronostics sportifs, c’est pas gagné. Pour le discernement politique, je ne sais pas…
Quant à cette chère Halina Wawzyniak qui donne de sa personne pour cette "Gauche" d’outre-Rhin (d’outre-Rein ?) ayant servi de modèle à ce même Mélanchon, je n’ai peut-être pas bien compris. Dans le montage ci-dessus des quatre affiches, les petits caractères du placard rouge sur ses fesses sont malheureusement illisibles. Il y est écrit "Mit Arsch in der Hose in den Bundestag". J’ai donc bien sûr pigé qu’elle souhaitait entrer au Bundestag avec son cul dans son pantalon (ce qui est tout à fait légitime et en général de bonne pratique) Mais elle nous invite aussi, semble-t-il, à aller "direkt" plus bas que son tatouage politiquement assumé. Ce qui, somme-toute, paraît assez attractif mais ne nécessite pas, a priori, de déposer au préalable un bulletin dans l’urne…

Rétrécissement des horizons visibles 4

1 commentaire:

  1. Dirions - nous , par hasard , à peu près la meme chose ???.....mais de façon totalement différente ???
    Excellente panoramique de la pub électorale !
    Que signifie l'expression " enlever le bas " ???

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