"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

samedi 10 juillet 2010

Diversité et mésaventures de Nestorio Cortizone 1

De retour parmi vous après quelques jours de "vacances" (au sens du lâcher prise entre les mains du corps médical hospitalier…), en reprenant ma presse en retard, je tombe dans mon quotidien habituel de vendredi dernier sur une brève vachement importante :
"Quinze nouveaux médias ont signé la charte de la diversité" (dont Arte, M6, Direct 8, Endemol, etc.) Lancée en 2004 par Yazid Sabeg, commissaire à la diversité, cette charte engage les signataires à intégrer la diversité dans leurs effectifs et leurs programmations. Comme le dit le président du CSA : "L’objectif est que chaque français se reconnaisse dans sa télé"…

Ce qui m’amène à vous entretenir des mésaventures récentes de Nestorio Cortizone.

Si le commun des ploucs – et votre serviteur en particulier – a rarement eu le privilège de bien connaître Nestorio Cortizone, tous les esprits un peu ouverts à l’actualité culturelle et notamment cinématographique (donc, a priori, les lecteurs occasionnels de ce blog, forcément… ) ont au moins entendu parler de ce cinéaste italo-helvête, il est vrai vieillissant…
Très jeune et très vite après avoir été assistant-stagiaire d’Alain Resnais sur le tournage de Nuit et Brouillard, Nestorio Cortizone s’est fait un nom en portant à l’écran une adaptation en noir et blanc, un peu statique mais pleine de sens, de "Persiennes", un émouvant poème d’Aragon qui avait fait un tel tabac lors de sa lecture par Elsa dans une cave germanopratine que les petites culottes des dames en étaient toutes mouillées… Ce bout d’essai fut son coup de maître lui assurant audience et respectabilité dans l’intelligentsia culturelle des années 50 du précédent siècle de notre ère (ère dont, soi-dit en passant, la laïcité devrait se décider à changer le nom…) Suivirent plusieurs opus, tous encensés par la critique canal habituel et qu’on peut parfois revoir encore, fugacement, dans certaines salles d’art et essai format timbre-poste, ciné-clubs paroissiaux et MJC de province. On retiendra tout particulièrement "Lol, peut-être", adaptation magistrale du Ravissement de Lol V.Stein de Marguerite Duras, tourné dans le même décor et fond d’intrigue que L’année dernière à Marienbad et où Cortizone dépasse son maître par son audace (en remplaçant notamment les allumettes par des cotons-tige) Sans oublier bien sûr "La possibilité du semi-remorque", adaptation, là encore, d’un manuscrit de Marguerite Duras resté totalement inédit…
L’âge venant, Nestorio Cortizone a certes moins fait parler de lui mais la critique continue toujours à faire état en termes louangeurs de ses réalisations apériodiques. En effet, pour compenser le tarissement de sa créativité, Nestorio s’est fait une spécialité d’acquérir les droits cinématographiques sur les pièces de théâtre de la sélection officielle au festival "in" d’Avignon ; du moins de celles qui bénéficient des meilleurs critiques préalables et articles promotionnels dans Télérama et les pages culturelles du Monde et de Libé… Il est vrai que les retombées financières des entrées en salles ne sont pas terribles, mais là n’est pas l’important. Sa présence dans les médias est ainsi préservée avec ses petits avantages associés : carnet d’adresse, cocktails et autres cartons de mondanité (et greluches allant avec, merci Viagra…) Sans oublier, à l’occasion de chacun de ces petits opus, les passages aux tiroirs-caisse prévus à cet effet par diverses officines culturelles grâce aux amicales et compréhensives libéralités du bouffon du roi (Frédéric Mitterrand, je crois qu’il s’appelle)

Bref, tout allait pour le mieux et, à 75 ans, Nestorio Cortizone aurait pu continuer à laisser couler tranquillement le reste de son âge dans l’attente du couronnement de sa carrière par une notice nécrologique aussi étoffée que bien tournée dans le Monde, une biographie sur double page dans Télérama et, qui sait, une rétrospective de son œuvre sur Arte suivie d’un débat chiant avec un ou deux chevaux de retour…

Las ! Démon de midi ? C’est un peu tard. Non. Plutôt Retournement comme dirait Volkoff. S’étant découvert une passion tardive pour la peinture de la Renaissance Nestorio Cortizone a été touché par la grâce devant la dernière Cène de Léonard de Vinci…

Dès lors, le malheureux n’eut plus qu’une idée en tête : Réaliser un téléfilm sur ce moment fondateur de la secte de ce rabbi galiléen (un agitateur palestinien illuminé de ces temps obscurs, restons laïques…) Souhaitant le vendre pour une programmation le 1° avril 2010 (jeudi saint…) il imaginait un téléfilm d’un format horaire de prime-time resserré sur un déroulement somme-tout très canonique. Le synopsis prévoyait d’aller du "suivez l’homme à la cruche" (Mc 14.33) au départ pour le Mont des Oliviers (Jn 13.30) en forçant le trait sur les deux épisodes du lavement des pieds (Jn 12.4) et de la fraction du pain. En revanche, il passait à la trappe l’annonce implicite du rôle de Judas Iscariote, susceptible d’interprétations antisémites aux dires de ses avocats…

Il faut dire que, soucieux d’éviter de fâcher d’éventuels fâcheux, Nestorio Cortizone s’était entouré d’un "comité scientifique" sans commettre l’inconvenance d’en exclure Alain de la Morandais, Christian Terras et Mgr Gaillot…

Bon. C’est pas un feuilleton, rassurez-vous, mais je suis à la bourre. Donc la suite c’est pour demain…

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