Méditation sur une image
Je suis tombé dessus par hasard.
Photo prise dans le métro de Moscou. A première vue, elle reflète tout au plus la banalité urbaine du quotidien de la vie des moscovites. Qu’y voit-on ? Deux panneaux publicitaires dont un pourrait être une affiche de campagne dans le cadre de la politique nataliste initiée en 2006 par Poutine ou, tout aussi bien, une quelconque réclame commerciale (je ne lis pas le pусские, merci à qui peut traduire) Que voit-on d’autre ?
Quatre visages de femmes et quatre nourrissons…
Derrière toute image volée, il y a souvent quelque chose qui nous parle du réel.
Reflet, ici, de la réalité démographique de ce grand pays. Grosso et modo (allez, c’est à la louche…) il y a ¾ de russes et ¼ d’autres nationalités. Le taux de fécondité est plutôt inférieur à 1,5 enfants pour les femmes russes. Celui des autres est presque toujours supérieur, qu’elles soient de souche turcophone, asiatiques ou caucasiennes (3,4 enfants pour les tchétchènes…)
Regardons les trois femmes russes. Deux d’entre-elles passent, pressées, le visage fermé, l’esprit préoccupé sans doute par leur quotidien ; ou ne pensant à rien. De plus, elles n’étaient visiblement pas prévues par le photographe ; leur présence l’a dérangé et perturbé sa prise de vue. Elles sont sans intérêt… La troisième, elle, est rayonnante. Mais elle est virtuelle ; ce n’est que du papier.
Et les trois nourrissons russes, aussi, n’existent que sur le papier…
Regardons maintenant la quatrième femme. Est-elle tatar ? bouriate ? tchétchène ? ingouche ? géorgienne ? Qu’importe ! Très statique, son attitude et son visage reflètent quoi ? Du fatalisme, peut-être. En tout cas, elle est là. Elle attend. Elle a tout son temps. Elle le sait. Et son enfant, lui, est bien réel et bien vivant…
La mise au point ne ment pas : c’est elle qui intéressait le photographe ; elle seule…
Hier, la fédération de Russie fêtait l’anniversaire de la victoire dans la "Grande Guerre Patriotique". Toutes nationalités confondues. Et avec fierté. Sans doute est-ce un peu parce qu’eux savent.
Nous, français, nous ne savons pas. Plutôt, nous n’avons pas à savoir. Rendez-vous compte : ce serait nauséabond !
La 1ère affiche : « Le Pays a besoin de vos records. Chaque minute 3 enfants naissent en Russie »
RépondreSupprimerLa 2ème affiche : « Commencez la journée avec « ОЛИМП » (une marque de thé, probablement, les russes étant très amateurs du thé), publicité dans le métro.
La prise de cette photo n’est pas du au hasard (mais je peux me tromper). Le métro moscovite, appelé aussi « les palais souterrains » (pour un très grands nombre de ses stations) est réputé pour sa propreté, la mendicité y est interdite et cette femme le sait. Ce qui est intéressant, c’est son choix. Faire partie en quelques sortes de l’affiche pour passer inaperçue?... Une chose est certaine, elle n’y restera pas longtemps.
C'est bien elle qui intéressait le photographe...
Merci pour la traduction. Si elle mendie, je présume qu'elle a dû remonter s'aligner sagement avec les autres à la sortie en haut des escaliers (enfin je suppose, il y a quinze ans que je n'ai plus mis les pieds à Moscou)
RépondreSupprimerIntéressant que vous ayez pointé le terme pусские, je n'ai pas la compétence de Cruella pour savoir s'il désigne avec une telle orthographe les russes comme ensemble impérial ou les russes comme "ethnie", cela nous éclairerait sur la politique poutinesque, russifier l'Empire au sens ethnique ou réamorcer le mythe impérial des trois aigles
RépondreSupprimerOn ne trouve pas de mendiants dans le métro, cette photo est plutôt exceptionnelle. On les voit dans les passages souterrains(très nombreux à Moscou), dans les gares, près des marchés et commerces et en dehors du centre ville. Moscou a beaucoup changé en 15 ans, vous devriez y aller. La restauration et la reconstruction des églises détruites durant l'époque soviétique donne un charme très particulier (slave?) à cette ville.
RépondreSupprimerLe terme pусские, les russes, désigne les russes comme ethnie.
RépondreSupprimerLa Russie se relève démographiquement d'après ce que j'ai lu ici et là, cette image illustre mieux la réalité de l'U.E que celle de la Russie.
RépondreSupprimerC'est vrai. Mais ça montre bien que les effets d'un relèvement du taux de fécondité sont lents, très lents. Après l'effondrement catastrophique des années 90 ce taux remonte (pour les "russes", 1,16 en 99, 1,49 en 2008)mais la population (toutes "nationalités") n'a cessé de diminuer pour ne marquer un premier très léger redressement qu'en 2009. D'où l'engouement des médias pour en parler ces derniers temps. Mais bien sûr, personne n'imaginerait comparer avec l'UE ! Chez nous tout va bien. D'ailleurs on a pas besoin de thermomètre...
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