Sachez-le. "Rien ne sera toléré !"
Rien. Et la "communauté nationale"
est appelée à un "sursaut"…
C’est le Pwésident qui l’a dit après l’attentat
de Copenhague et les tombes juives d’Alsace.
Toussa, parce que d’aucuns
ont profané la dignité des morts en plus de dessouder des vivants. Guère plus
qu’hier, sûrement moins que demain et en tout cas nettement moins qu’ailleurs ; mais cépapareil.
- Sursaut : "Mouvement
brusque occasionné par quelque sensation subite et violente"
Le Wiktionnaire (qui
copie-colle bestialement le Littré) ne donne
pas de synonyme.
La plume du pédalonaute et ses communicants doivent déjà réfléchir à
trouver de nouveaux éléments de langage
pour les prochaines fois. Parce qu’appeler
au sursaut, hein… On sursaute quand on est surpris ; une fois, deux
fois… Puis on s’habitue. Vous allez me dire que c’est une figure de style :
Comme le sursaut des poilus épuisés,
à demi-morts, qui sortent de la tranchée et montent à l’assaut ; debout
les morts ! Ouais. A deux détails
près : Il y avait en face un ennemi bien palpable et… la gendarmerie
derrière. Ici et maintenant, il n’y a pas d’ennemi, rien que des loups-solitaires-en-réseaux ;
et plus de gendarmes derrière…
Donc, c’est bien ça, si on nous invite au sursaut, c’est uniquement au sens
de sursauter ; dans l’instant, sans suites, sinon celle de se gratter là
où le moustique nous a piqué ; le moustique ou la vipère, ou la seringue
du thanatopracteur qui prend de l’avance…
- La "communauté nationale" est donc appelée à sursauter. Bon.
Plus de deux siècles durant, disons de Danton à De Gaulle, on lançait un appel
à la Nation. Maintenant, on invite la
communauté nationale à sursauter… Tout
est dans la nuance. Quand l’établissement
utilise l’expression "communauté nationale" - l’adjectif nationale
dit du bout des lèvres, comme à regret faute de trouver quoi dire d’autre – c’est
pour mettre tout le monde dedans, sans en avoir l’air mais quand même, pour ne vexer
personne mais sans trop y croire… Si le substantif Nation est évidemment trop connoté, au point que ça peut gêner qu’il apparaisse encore
dans la Constitution (on aurait dû
y penser quand on s’est occupé du mot race mais on ne peut penser à tout), ça peut encore passer sous forme d’adjectif comme citoyen. Tiens ! "Communauté
citoyenne", on aurait dû y penser, ça sonne bien ; mieux que "communauté
territoriale" qui aurait été la formule la plus appropriée. Mais elle est hélas déjà prise pour désigner les
baronnies de nozélites et les Clochemerles des bouseux. Et c’est encore
prématuré car ça ferait hurler au-delà du cercle des étriqués rassis qui votent
Heffhaine… Mais je m’égare.
- Et puis "Rien ne sera toléré !"
Qu’on se le dise. Serait-ce un progrès ? L’autre jour, évoquant des faits précis,
l’exécutif affirmait "c’est
inacceptable". Du coup, le gus qui a agressé au couteau trois militaires
en service a été laissé libre et invité à consulter un médecin. Les types qui
détenaient à Marseille à la fois le stock d’armes de guerre nécessaire à une
demi-section et le stock de stupéfiants d’un grossiste répartiteur ont été
renvoyés chez eux au terme de leur garde à vue dans l’attente d’une convocation
ultérieure…
Désormais, ce n’est plus inacceptable,
c’est intolérable. Chic ! Sur
les ondes de Radio France, on va pouvoir écouter
la différence.
Il faut que vous sachiez monsieur le président, qu'après s'être réveillé en sursaut, il est difficile de se rendormir.
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