Le dernier
en date des sondages (IPSOS pour
le CEVIPROF et le Monde) est cruel : Quelle que soit la configuration
proposée aux sondés (avec ou sans
x ou y…), le champion que se désignera la "Belle
Alliance populaire" finira… 5° au premier tour (au mieux 4° ex-aequo à l’arrondi
supérieur de la marge d’erreur…) derrière
Fillon, Le Pen, Mélenchon et Macron…
D’aucuns
diront que cela concrétisera enfin l’enterrement solennel de la gauche ; enterrement de 1°
classe avec crêpes et tentures noires à galon d’argent, veuves éplorées,
lamentations au mur des fusillés, importants de tous bords, Raffarin en tête,
se bousculant pour y aller de leur oraison funèbre à la gloire du défunt…
Non ! la gauche est immortelle. Il lui suffit
pour renaître de ses cendres de s’en tenir à ses fondamentaux et à ne pas les perdre en chemin comme elle le fait
depuis qu’elle s’est vendue contre retours de prébendes à cette vieille pute
fardée de François Mitterrand. Elle reste bien vivante et a trouvé son tribun
en la personne de Mélenchon. Ce dernier ne décrochera certes pas le Mickey
cette année, mais, n’en doutez pas, il figurera honorablement. Bien sûr, il lui
faut mâtiner son discours d’un zest d’écologie comme de souverainisme de façade
pour se conformer à l’air du temps. Mais sa ligne politique reste farouchement
attachée aux fondamentaux de la
gauche ; et si ceux-ci devaient se résumer à une définition ne pouvant
elle-même se réduire à aucune autre, je dirais que c’est "La lutte des classes"…
Ce qu’on s’apprête
à enterrer n’est pas la Gauche mais
quelque chose comme un mouton à cinq pattes et tête de veau qu’on appelle par
facilité la gauche de gouvernement,
voire la social-démocratie, et que la
décence ne permet pas d’appeler la sociétale-ploutocratie…
Je sais qu’il
faut se méfier de l’agonisant en phase terminale dont les médecins
médias ne se décident pas à débrancher les tuyaux vu-que-c’est-lui-qui-les-paie.
Mais bon. Sa mort est inéluctable à très court terme. L’encéphalogramme
hollandien est d’ores et déjà plat et tout au plus peut-on craindre quelques dangereux
cazeneuvesques soubresauts du "mieux de la fin"…
On peut donc
dès aujourd’hui réfléchir, à la lueur de ce qui s’est passé depuis cinq ans, pour
essayer de déterminer exactement ce qui est en train de s’enterrer soi-même,
puisque ce n’est pas la Gauche.
Ce n’est pas
un dévoiement hérétique, ni même une simple dérive schismatique, car le dogme
germinal n’est pas la "lutte des classes" mais tout autre chose.
Rappelons bestialement quelques notions de base. Toute
politique qui ne part pas dans tous
les sens ou au fil de l’eau s’inscrit dans une hiérarchie de niveaux :
- Il y a au
départ une philosophie ou une idéologie qui élabore des principes, des fondamentaux. Ceux-ci sont mis en
musique par la ligne politique sous
la forme d’objectifs qui visent à
concrétiser sur terre les concepts
initialement hors sols forgés par la philosophie de départ. Ces fondamentaux fondent la raison d’être et la
légitimité de cette politique…
- S’en suit
l’élaboration d’une stratégie qui
vise à organiser l’action pour atteindre les objectifs, en prenant en compte
les moyens, les délais, les coûts, etc.
- Puis
intervient la tactique qui adapte la
stratégie aux aléas rencontrés, imprévus et autres difficultés concrètes…
- Et, enfin,
il y a le passage à l’action en
utilisant les techniques et savoir-faire nécessaires…
Reprenons :
- Quels sont
les fondamentaux qui déterminent la politique justifiant l’être et l’agir de la soi-disant gauche
d’aujourd’hui ? Le marxisme, le trotsko-léninisme, le keynésianisme,
l’anarcho-syndicalisme, Blanqui, Proudhon, Rosa Luxembourg, Jaurès, etc. ne
sont plus que des statues de plâtre sulpiciennes conservées dans des chapelles
latérales du Temple, parfois dépoussiérées lors de fêtes votives. Le principe
fondateur, le seul, l’unique, qui anime et légitime la ligne politique d’aujourd’hui, ce n’est pas la lutte des classes. C’est
la lutte pour aboutir à l’Egalité
Parfaite !
C’est à dire
l’égalité absolue de tous et de chacun. La totale égalité de situation, égalité
de condition, égalité des chances ; égalité qui ne peut s’atteindre que
par l’abolition de toutes les différences
(pas des diversités !) L’égalité morphologique et caractérielle,
physiologique et intellectuelle, pathologique et générationnelle… Et cela
nécessite d’offrir d’imposer à tous et à chacun la fusion dans le même. Nouveau Paradis sur terre où les aveugles
mal voyants seront tireurs d’élite, les paralytiques personnes à mobilité
réduites footballeurs syndiqués ; où seront compensées les inégalités entre le djihadiste et le
chrétien d’Orient, le voleur et le buraliste, le clandestin et Mme Michu… Où
chacun sera homme, femme ou autre
selon son espèce, enfin libéré grâce au conditionnement policier d’un
hermaphrodisme d’Etat.
- Pour cette
soi-disant gauche, c’est de là et
seulement de là que découlent les objectifs fondamentaux,
ceux auxquels on ne dérogera pas, quoi qu’il arrive et quelles que soient les
difficultés rencontrées dans la stratégie
adoptée. Tout le reste n’est qu’accommodements tactiques n’ayant d’autre utilité que de contribuer à maintenir aux
manettes les tenants de la ligne politique choisie. Chômage, dette, déficit,
insécurité, soumission impuissante face à l’invasion, dégringolade PISA, méfiance
généralisée et chacun-pour-soi ne sont que broutilles conjoncturelles.
L’essentiel est de garder le cap vers cette égalité
parfaite entre les êtres. Egalité absolue déjà mise à mal, il est vrai, à
l’instant même de la rencontre entre le spermatozoïde et l’ovule ; c’est
contrariant. Mais on va y remédier… A ce titre, il importe peu de savoir à qui
on sous-traite tel ou tel détail prosaïque, que ce soit aux partenaires sociaux
ou à Francfort, à la LICRA ou à Bruxelles, au Département d’Etat ou à Goldman Sachs…
Voilà en
quoi se résument les fondamentaux de
cette gauche-là. Elle est morte.
Ceci-dit, si c’est son propre comportement dans l’action, au cours de ces cinq
dernières années, tout d’amateurisme et de bricolage dans la précipitation, qui
a plombé son cercueil, ses "fondamentaux" délétères ont imprégné
durant cinq ans les esprits des acurabas
de base et des enfants des écoles. Et l’avenir n’est pas serein…
Quoi qu’il
en soit, la vraie Gauche est toujours
là, bien vivante, car la lutte des
classes est éternelle. Il lui suffit de changer le contenu des "classes"(1), au gré
des circonstances comme on change le manche ou la lame du couteau tant le désir
mimétique cher à René Girard est éternel…
La "gauche de gouvernement" qui, si j'ai bien compris, est celle de "la Belle Alliance Populaire" est peut-être morte mais elle aura au moins eu le temps d'instutionnaliser les "funérailles laïques et républicaines" dont elle va ainsi pouvoir être une des premières à bénéficier.
RépondreSupprimerQu'on ne me dise pas que tout cela n'est pas judicieusement organisé !
Cher Plouc,
RépondreSupprimerEgalité à tout prix qui ne concerne que les membres du troupeau d'ovins composant la société. Cette égalité ne sera pas appliquée aux tenants de l'élite qui entend nous façonner selon leurs goûts égalitaristes...