Ah ! Le préjudice d’angoisse !
Guerre et "faute à pas de chance",
Résilience et Assurances…
J’avais déjà évoqué ce foutu préjudice ici
il y a plus de sept ans. Et il revient aujourd’hui au galop, tant il est vrai
qu’on en fait jamais assez dans l’accompagnement…
Figurez-vous que le conseil d'administration du FGTI (Fonds
de garantie des victimes d'actes de terrorisme et d'autres [sic] infractions) s’est réuni "pour décider des modalités de mise en œuvre
et d'éligibilité de deux nouveaux préjudices spécifiques aux victimes du
terrorisme" reconnus en mars par le Fonds. Il s’agit :
- Du "préjudice d'angoisse de mort imminente"
nécessitant de "prendre en compte l'angoisse intense des victimes qui
ont vu venir la mort"… Présumé d’office pour les victimes décédées, ce
préjudice sera évalué par expert médical indépendant pour les blessés,
physiquement ou psychologiquement. Il serait plafonné à 30.000 €…
- De "l'attente et l'inquiétude que les
proches des personnes décédées ont ressenties" qu’il convient aussi d’indemniser
jusqu’à un plafond de 5.000 €…
Quant à l’actuelle indemnisation du "préjudice
exceptionnel spécifique aux victimes du terrorisme" (PESVT), elle continuera d’être versée, mais aux seules victimes directes des attentats avec la volonté
louable "d'approfondir l'indemnisation des victimes les plus gravement
touchées et de leurs proches, plutôt que d'élargir le périmètre des personnes
indemnisées"…
* On notera que 2.800 personnes ont
été reconnues victimes dans les attaques de Paris et de Saint-Denis en novembre
2015 et que plus de 2.100 demandes d'indemnisation ont été adressées au FGTI
pour l'attentat de Nice de juillet 2016.
Entendons-nous bien : Je compatis sincèrement à
la douleur comme aux inextricables soucis matériels auxquels sont confrontées
les victimes survivant à ces drames. Non seulement confrontés à la perte sèche
et brutale d’un être cher, enfant, parents pour un enfant mineur… mais aussi à la perte du soutien de famille
et, surtout, par exemple, à la vie définitivement brisée d’un grabataire
paraplégique et de ses proches…
Mais, dans la perspective de ce qui nous attend, je m’interroge quand même sur ce que cela
nous dit de notre société d’assistanat généralisé.
Il est vrai que nous vivons une situation étrange et
inédite : Nous sommes en guerre et, tout à la fois, nous ne nous
connaissons pas d’ennemis ! Il y a là une contradiction inextricable. Car
faute de désigner l’ennemi (qui, lui, nous a bien désigné) dire que
nous sommes en guerre n’est que parole virtuelle, effet de manche sans
consistance ni conséquence juridique.
Si nous étions en guerre, on ferait feu de tout bois et bouts de ficelles pour vaincre en reportant à plus tard le
versement de dommages de guerre aux
civils, en général après avoir pu présenter la facture aux vaincus… Je repense à Churchill et à Londres sous le blitz…
Mais comme il n’y a pas d’ennemi identifié, il n’y a pas état de guerre ! Nous sommes dont en
Paix (avec tout le
monde, hein ?) Et pas
plus une énième loi antiterroriste qu’un état d’urgence de-mes-deux ne change
quoi que ce soit aux procédures de temps de paix civile. La preuve en est que
le combattant adverse fait prisonnier
sur le champ de bataille n’est pas directement encabané mais passe par les cases
garde à vue, avocat, mise en examen, chambre d’accusation, instruction,
expertises, jugement, appel, cassation, recours à la CEDH, et toutes la sauce.
Et que s’il a été tué au combat par un flic ou un soldat, ce dernier doit faire
rapport à sa hiérarchie et se justifier auprès d’un juge au lieu de recevoir
une médaille et de retourner illico au front…
Mais je m’égare et le combattant de l’ennemi-qui-n’existe-pas
n’est pas ici le sujet.
Le sujet, ce sont les victimes civiles tombées par la faute à pas de chance sous les balles (folles ou camions fous) d’un non-ennemi. Et c’est plus précisément le souci prioritaire de la société, alors qu’il y
a le feu à la maison, d’indemniser monétairement et sans délai leur "préjudice
d'angoisse de mort imminente" ; quitte à rogner d’autant pour
cela sur les moyens de la défense collective…
Evidemment, c'est toujours le peuple de ploucs émissaires qui est responsable. Onfray et Houellebecq nous l'ont bien dit, eux qui appartiennent à l'hyper-humanité hors-sol (faisant donc partie de ces gens qu'on n'a plus le droit de nommer), que la disparition de notre civilisation incombe à notre inertie, notre nihilisme et la baisse de notre "spiritualité", nous pauvres ploucs enracinés. Jamais ces auteurs ne nous signalent que le Grand Remplacement est voulu précisément par cette hyper-humanité, entre autre choses pour que plus jamais le 3ème Reich et les heures les plus sombres et patati et patata.
RépondreSupprimerParce je vous rappelle tout de même qu'on a bien une armée et une police tout à fait capable de faire le boulot. Encore faudrait-il que l'hyper-humanité sus-mentionnée les y autorise, ce qui n'est pas le cas, puisque çà contrarierait le Grand Remplacement.