Ça y est ! L’été est fini. C’est la
rentrée et mon castel a retrouvé son calme. La semaine dernière m’a donc occupé
à… finir de mettre de l’ordre et à en terminer avec quelques queues de lessives…
Ce que faisant, tout en ramassant çà et là quelques (rares) jouets ou BD oubliés sous les lits, j’ai
eu une pensée compatissante pour mes enfants qui connaissent à leur tour les
affres du tragique de la vie : Comment faire bouillir la marmite pour les
siens et, justement les siens,
comment manager l’éducation de ceux qu’ils laisseront
après eux dans ce monde de dingues. A fortiori quand le stock à faire grandir est, comment dire… étoffé ; Car aucun n’a
oublié l’adage cher à leur grand-mère : "On est jamais assez nombreux !"
A chacun son tour, me direz-vous (et moi, hein, j’ai déjà
donné !).
Mais bon. Au cours de ces deux mois d’été,
en les regardant vivre, j’ai plusieurs fois pensé qu’ils doivent désormais
mieux comprendre ce que j’avais dû leur dire un jour : "- Il faudrait
que les enfants ne naissent pas avant d’avoir vingt-trois ans et leur propre
studio"…
Mais je m’égare…
L’été est fini, disais-je. Bien que
devant rentrer sans délai dans mon douar de cantonnement pour diverses
contraintes, je reste scotché ici par la grâce (hum)
d’artisans pour qui, comme disais Talleyrand (je crois) il n’y a jamais d’urgence mais seulement des gens
pressés. Dans un sens, ce n’est pas pour me déplaire de profiter des lieux une
fois vidés de leurs estivants. C’est
ainsi que j’ai profité du calme revenu pour faire tranquillement en voiture un
long tour du "pays", de ses hameaux et de ses multiples chemins en
culs de sacs. Et cela sans autre raison que d’aller voir ce qui avait changé,
notamment dans les quartiers et "écarts" où j’ai rarement l’occasion
de passer. Initialement entreprise par la curiosité que motivait une brusque prolifération
de panneaux de permis de construire, ma promenade a progressivement fait dériver
ma réflexion : "- Tiens ! Là c’était les G. Ils sont morts et les
enfants, trop nombreux n’ont pu garder et ont dû vendre" ; "-
Ici, les L. sont morts et c’est revenu au plus intéressé des héritiers qui n’est
pas le plus intéressant…" ; "- Ah ! Chez les F. (morts l’hiver dernier) on est en train de lotir…" ;
"- Et là, C., devenu trop vieux ne vient plus et c’est en vente." :
etc.
J’évoquais ça cet après-midi avec une
amie de passage qui ne comprenait pas que je puisse m’attarder à de telles
considérations moroses sur des choses passées qui ne revivront plus.
Et j’ai aussi repensé à cette
conversation loufoque de la semaine dernière au téléphone avec une sorte de
courtier (courtière ?) qui voulait absolument m’embarquer dans
je-ne-sais quelle opération financière : "- Arrêtez de gaspiller vos
heures et les miennes avec ! Je ne suis plus en phase de capacité d’autofinancement
positive à générer du cash ! Seulement en phase de maintien de l’acquis
autant que faire se peut… "
Ajouté à ce précédent coup de fil, la
conversation d’aujourd’hui m’a mieux fait comprendre mon vieillissement : Quand la vie sociale a été définitivement amputée
de sa dimension professionnelle, quand on a raccroché les gants de l’associatif,
bourbier politique compris, quand on n’est plus utile qu’aux siens, quand,
surtout, on a perdu sa moitié et l’obligation de faire au moins le minimum
syndical mondain auquel elle avait droit ; et quand, en plus, taciturne
comme je suis, les routines mondaines genre bridge m’ont toujours donné des
boutons, il ne reste que les amis et relations désintéressées. C’est-à-dire, le
plus souvent, des relations maintenues et entretenues par l’existence
antérieures de choses et de complicités vécues ensemble.
Et évidemment, au fil du temps qui passe
la mortalité fait chaque année des trous dans le stock.
Et tout aussi évidemment, la disparition
des composantes de la vie sociale évoquées ci-dessus aidant, on ne se préoccupe
plus de renouveler le stock…
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