"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

mercredi 8 juin 2011

De la Bastille à l’Opéra Bastille…

Souvenez-vous. A Paris, une foule de traîne-savates envahit un bâtiment vétuste servant encore de prison en attendant sa démolition programmée et retardée pour raison budgétaire. Elle libère les sept détenus résiduels (quatre faussaires, deux fous dangereux et un délinquant sexuel), torture et tue le fonctionnaire responsable du lieu, découpe sa tête au canif ainsi que celle du Delanoë de l’époque pour faire bon poids… Vous avez là - vous le savez et vous en fêtez la mémoire chaque année - le moment inaugural et fondamental, historique et générique, géniteur et fondateur, du passage de l’obscurité à la Lumière…

Curieusement mais logiquement, c’est ce jour-là que l’on retient. Curieusement car au regard de la doctrine officielle et de la religion laïque universelle on aurait dû célébrer la chose le 4 août, jour béni de la sacro-sainte abolition des privilèges… Logiquement, néanmoins, car cette date-là ne rappelle guère qu’une de ces déclarations banalement émotionnelles et sans suites que les politiciens d’avant-hier et de demain nous servent quotidiennement.

Nous savons tous que les privilèges n’ont pas été abolis. En revanche, nous sommes généralement persuadés que l’Ancien Régime c’est évaporé ce jour-là. IL N’EN EST RIEN !


Rien ne meurt, tout se transforme… Autant la Nature a horreur du vide, autant les sociétés humaines ne peuvent pas se passer de l’Ordre Trinitaire. Et l’organisation sociale millénaire en trois ordres est toujours là...


Avant-hier, le Clergé avait mission de dire le bien et bénéficiait du for ecclésiastique (n’être jugé que par ses pairs…) Désœuvrée, la Noblesse ne servait plus à rien mais, de par leur naissance, les nobles bénéficiaient de rentes octroyées par le système et de privilèges d’embauche pour divers emplois parfois fictifs. Quant au Tiers Etat, il trimait comme il pouvait et se faisait essorer pour nourrir les autres…


Les trois ordres sont toujours là. Mais tout se transforme et l’inertie cérébrale de nos contemporains les rend incapables de discerner qui est qui aujourd’hui ; au point de confondre la Noblesse et le Tiers Etat !


Le Clergé est bien là ; il a bien sûr changé et c’est lui qui est aux manettes à la Cour. On peut facilement distinguer le haut et le bas clergé. Le haut clergé, on le connaît bien ; il est reçu tous les soirs à la télé où il est dans son rôle : nous dire le bien. Il a toujours le for ecclésiastique (sauf à se faire prendre aux Amériques…) Il a ses papes, ses théologiens, cardinaux, évêques et abbés de cour… Le bas clergé (vérolé ou pas) officie au contact. C’est son rôle : Les Services Publics ont seulement remplacé les paroisses et les Associations les bonnes œuvres… Evidemment, pour maintenir la fiction de l’abolition des trois ordres, le clergé se doit de s’afficher anticlérical….

Le Tiers Etat, c’est bien sûr vous et moi. Vaste programme ! Bourgeois, gens de robe et petits rentiers comme manouvriers, journaliers et autres tâcherons ; la grande masse des vilains On les trouve dans nos campagnes, nos petites villes et dans ces immenses étendues pavillonnaires grignotant les champs, premiers partis, derniers rentrés aux gares terminus des RER…

Et la Noblesse dans tout ça ? Elle existe toujours. Ce n’est plus la même mais les critères qui la définissent sont toujours aussi pertinents : 1° - Tenir son statut de sa naissance ; 2° - N’être pas tenu de travailler ; 3° - Bénéficier de rentes octroyées par le Souverain ; 4° - Bénéficier de toutes sortes de discriminations positives (le mot privilège étant aboli, ne l’oublions pas) ; 5° - Bénéficier de diverses protections juridiques et exonérations d’obligations qui lui sont propres ; 6° - Ne pas déroger (ne pas se mélanger, rester entre eux…) et, 7° - manifester sa morgue J’oubliais : la noblesse peut porter l’épée


Besoin de vous faire un dessin en plus ?


[lu dans les dépêches : Monseigneur le duc Sopo a été admis hier au petit lever du Roi ; La vicomtesse Houria a soupé avec l’archevêque Joffrin en l’hôtel Téeffun ; le baron Mamadou et ses gens ont tiré l’épée et le mousquet contre ceux du baron Karim, l’accusant de venir chasser sur ses terres du fief des Tarterêts, leurs chevauchées ont abîmé les cultures…]


Bande de cons ! C’est quand la Révolution ?

Pas celle des livres d’image. J’enrage…

Les aristos à la lanterne au bout d’un cordon ?

Trop hauts les réverbères basse consommation…

Les sans-culottes se font des apéros-twitter

En bons bobos shootés au shit et à la bière…

L’an prochain peut-être ?

Si Dios quiere…

5 commentaires:

  1. Excellente analyse. J'ai particulièrement aimé les dépêches tirées de nos gazettes.
    Je ne résiste pas au plaisir de les compléter par ce récit d'un manant inconnu trouvé sur le site de Causeur.

    « Aujourd’hui, aux environs de 14 heures trente plein centre de la ville de périphérie lyonnaise, devant la mairie. Tous les samedis, lors des mariages où on voit tous les drapeaux sauf le Français, on a droit au ramdam habituel lors des mariages. Mais là il semblait que ça dépassait le stade habituel. Je descends de chez ma mère et je vois que la belle jeunesse des invités avaient fermé la circulation au carrefour et avaient lancé des rodéos de voitures, motos et squads. Mais comme cela ne semblait pas leur suffire, ils s’étaient mis à rouler comme des dératés autour de la mairie, manquant de renverser des gosses.

    Croyez-vous que parmi les plus âgés des invités sur le parvis de la mairie, quelqu’un serait aller leur dire de se calmer ? Wallou ! Le con qui s’y est collé, c’est moi. Voyant une voiture coincée, je m’approche d’eux et je leur dis gentiment : « et les gars, faîtes la fête mais roulez doucement, il y a plein de gosses. Le petit con est à moitié sorti par la fenêtre de sa bagnole et m’a agoni de conneries, m’affirmant qu’aujourd’hui la ville étaient à eux et qu’ils allaient en faire ce qu’ils voulaient… en termes moins convenables. La rage m’est montée au ventre, sauf que, le commissariat est seulement à cent mètres et je crois que c’est de voir l’inaction des élus et de la police qui m’a le plus rendu dingue. Fou furieux je suis entré au commissariat en leur hurlant dessus et en demandant ce qu’ils foutaient. Ca ne leur a pas plu et ils m’ont demandé de me calmer. Je leur ai dit que s’ils voulaient me calmer, ils n’avaient qu’à aller à cent mètres. Mais non ils m’ont menacé de me mettre en cellule. Je suis sorti tellement furibard que j’ai claqué la porte du commissariat si violemment qu’elle s’est disloqué. Un flic est sorti et m’a ordonné de revenir. Comme je n’obtempérais pas, il m’a couru après et m’a rattrapé facilement puisque je ne me sauvais pas. Je ne frappai pas, mais ne me laissai pas faire. Comme il n’arrivait pas à me maîtriser, un deuxième policier est arrivé puis un troisième puis un quatrième puis un cinquième. Un me donnait des coups à l’arrière du genou pour me faire tomber et celui derrière moi me faisait un étranglement avec l’avant bras. A ce moment là seulement ils m’ont mis à terre et ont fini par me lâcher. Comme j’avais mal au dos, ils m’ont aidé gentiment à me relever et je sentais qu’ils étaient plus gêné qu’autre chose.

    Ils m’ont fait rentrer à nouveau dans le commissariat et m’ont servi un verre d’eau. Là, une (jolie) fliquette a lancé qu’ils avaient reçu un appel d’une dame disant que les petits voyous du départ avaient failli renverser un type. A 100 mètres, on croit rêver. Ils ont envoyé deux voitures. Oh ! ils n’ont arrêté personne, juste acte de présence. Ils ont essayé de me parler. M’ont dit qu’ils ne savaient plus quoi faire, qu’ils étaient pieds et poings liés, qu’ils avaient affaire à cette engeance tous le jours, etc. Ils ont pris mon nom et m’ont laissé partir. Non ! Ils ne m’ont pas menacé de payer les réparations.

    Si des petits cons pouvaient bafouer la loi en mettant en danger la vie d’autrui sans être appréhendés, j’avais bien le droit moi, de casser du bien public, en l’occurrence : la porte du commissariat ! Ecœuré ! Pas par les flics, ils me faisaient plus pitié qu’autre chose. Beaucoup par cette racaille bien sûr. Mais peut-être surtout par les élus de la mairie qui ne réagissent jamais. Peut-on imaginer que ce ne sont même pas eux qui ont prévenu les flics ? »

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  2. Super billet cher Emissaire. J 'adore votre description réaliste des événements de la Bastille : on comprend mal que le récit qu 'on en fait ait pu résister à la déconstruction générale si on n'admet pas qu 'ils servent d 'éléments mythiques à une religion.
    Quand je n 'étais pas chez les méchants, ça me gênait déjà...mais à l 'époque je me consolais avec la métaphore des omelettes.

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  3. Je vous recommande le numéro spécial Terreur et Vendée de la NRH. Si, si je vous le recommande, moi PRR !

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  4. Merci Plouc de remettre un peu les pendules à l'heure et les lanternes à leur vrai place.
    Magnifique!
    Amitiés.

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  5. kobus van cleef14/06/2011 10:51

    j'ai adoré votre redescription des 3 ordres
    celle de l'ancien temps se fondait , au départ sur une utilité sociale , réelle , tous les historiens médiévistes vous le diront
    les ploucs bossaient , mais étaient protégés par la noblesse , laquelle investissait dans le temporel pour que tout ce petit monde supporte sa condition sans moufter et sans se suicider
    vous avez oublié le droit de cuissage , qui persiste de nos jours
    exemple ; "hier dans le rer b , mamadou a fait son compliment à la fille du savetier en usine , laquelle , à la longue , vint à recipiscence , il était accompagné du chevalier ali et de l'exempt karim . les badauds n'ont , et c'est étrange , pas applaudi cette virile manifestation de civilité "

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