"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

vendredi 31 août 2012

La Pâques de l’été…


Voilà que s’achève le double octave qui suit la "Pâques de l’été" comme les anciens d’ici appelaient la fête de l’Assomption.
A défaut de consécration canonique, ce "temps liturgique" du temporal ploukèmien est commandé par des considérations essentiellement profanes et sans lien avec les cycles de la lune ou les fatwas d’al-Ahzar. Chez moi, la "Pâques de l’été" correspond  grosso et modo au sommet d’une espèce de cloche de Gauss sur un graphique où les jours du calendrier sont portés en x et l’effectif de rationnaires présents en y…

Cette période sommitale de la vie clanique ploukèmienne a débuté cette année le 9 août pour s’achever le 15 avec les premiers départs de pèlerins retournant progressivement à leurs apostolats respectifs…
Dix-huit couverts donc lors des célébrations du culte quotidien, seize directo sur la table et deux sur chaises hautes, le dix-neuvième convive, allaité, étant exonéré et autorisé à mettre ses coudes où il voulait. Un(e) vingtième futé(e) émargeait aussi nouvellement autour de la table mais fort discrètement, étant encore en gestation…

Cette année encore, tous les grands rituels de cette Semaine Saine ont été respectés. Cébien. Faut c’qui faut : Quand tous les morts-vivants s’agitent autour de nous en ne sachant plus ce qu’ils sont ni ce qu’ils veulent être dans leur rêve métissé d’un éternel futur ; quand le Petit Chose Normal se tord les doigts de perplexité en disant ben, euh… ; quand, à la question-marronnier-classique "Quelle est la personnalité préférée des… ?" le Schleuh répond Angela et le Fwançais Yannick Noah… faut s’accrocher à des branches solides ! Et comment mieux incarner les fondamentaux qu’en les vivant ? Et en les rendant visibles par la coutume ? En en vivant les rites dans la joie, pas en les singeant

Cette année, les hasards du calendrier faisaient tomber le même jour – un dimanche - plusieurs grands moments rituels :
   D’abord les roses du jardin au cimetière, tous réunis autour du caveau en cette date, mémorial à la fois de tristesse et d’Espérance, du jour où la Mama a changé sa manière de veiller sur les siens.
   Puis, dans la foulée, ce fut la Messe dominicale dans l’église du village. On ne retiendra pas l’absence de notre curé parti pour x jours avec les jeunes de la "paroisse" faire par les cols et sentiers de grande randonnée le tour de ses… huit clochers sur trois vallées… Ni d’avoir dû se farcir à la place l’homélie du vieux vautour auxiliaire, relativiste et philomuzz… On retiendra malgré tout que c’était la messe du jour de la kermesse paroissiale ! Et donc qu’il a fallu aussi, comme chaque année, se farcir les cors des Alpes dans le chœur en alternance avec la chorale et la grande qualité de l’organiste de seize ans…
   Un mot sur le cor des Alpes. Je crois que j’ai fini par comprendre à quoi ça sert : C’est un appeau pour attraper les Suisses ! Et encore… Ça ne marche probablement qu’avec les germanophones vieux-catholiques célibataires exploitant des cheptels de moins de huit vaches estivant à plus de 1.500 mètres d’altitude dans le seul canton d’Uri…

   Ensuite, à la sortie de l’office, il y a eu sur le parvis l’aubade donné par la fanfare municipale de grande qualité et les guincheries cadencées du groupe folklorique dont les danseurs affichent chaque année des faces de plus en plus rubicondes et toujours aussi réjouies. On a beau être plus méridionaux, comme le chantait Brel : "Quand on a septante ans, il est bon de montrer qu’on a toujours bon pied et bon blé dans le pré…"
   On les suivit jusqu’à la place où les solides mécréants avaient déjà investi les meilleurs places à la buvette. Les mômes, eux, investirent rapidement les autres stands. Entre deux causettes, le Plouc-em’ se contenta de faire un carton au tir avant d’être distrait par l’arrivée du charroi des conscrits…
   Un mot sur leur équipage. Je les avais oublié ceux-là lorsque la veille au soir, vers 23 heures et par nuit noire, ils étaient passés par la route près de chez moi. J’avais alors été surpris, sincèrement persuadé qu’il s’agissait d’un convoi de vaches laitières descendant prématurément des alpages… Le dit équipage est constitué d’un tracteur tirant une remorque. Ladite remorque-plateau est agencée à l’aide de planches de bois brut comme un solide wagon ou autobus dont les flancs et le toit sont abondamment garnis de déco que je ne saurais décrire. Au plafond est suspendue toute une collection de sonnailles et clarines de belles tailles qui expliquent ma confusion de la nuit précédente. Mais l’équipement le plus important n’est sans doute pas le carillon, ni les casiers de canettes alignés sous le banc ; ce sont plutôt, aux quatre coins de la remorque, les quatre supports comme on en trouve dans les bars, qui permettent d’avoir sous la main, renversées avec bouchon doseur en service continu, quatre grosses bonbonnes de whisky… On sait vivre…
   Et puis il y a le principal, c’est-à-dire les occupants du bahut. Si tous ont, en principe, à peu près vingt ans, leurs couvre-chefs ont tous passé l’âge. Peu importent les écussons et pin’s variés dont ils les affublent, ces tartes alpines de drap noir parfois bouffées aux mites leur ont été cédées par leurs grands frères, leurs pères ou leur grands-pères, longtemps portés à l’estive ou sous la pluie sur les chantiers, peut-être parfois rescapés du 11° ou du 22° BCA…
Tous le portent. Tous et… toutes ! Car cette année, il y avait deux filles dans la bande !
Des gonzesses sur le char à banc ! Des filles avec le grand béret et la canette de bière à la main !
P’tain ! Tout fout le camp ! Rome n’est plus dans Rome. Si ça continue, on va se croire dans le Marais, ou à Palavas, ou à Saint-Trop’, ou dans le Neuf-trois, vu qu’à terme toussa c’est pareil…

   Bref, nous avons ensuite repris 200 mètres d’altitudes pour revenir sur nos terres banqueter ferme en famille. Je me suis seulement éclipsé le soir pour aller dîner au village comme d’hab

   Pourquoi je vous raconte tout ça, moi ? Peut-être pour garder une trace de bons souvenirs, histoire de me donner du courage dans la perspective de ce qui nous attend en cette "rentrée", la Fwance et nous avec…
   Peut-être aussi pour vous aider à ne pas oublier qu’il reste encore des coins de France et des raisons d’espérer…  


4 commentaires:

  1. J'aime ce beau récit qui donnent les bons coins de France et les raisons d'espérer!

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  2. Merci pour ce beau récit. Exilé en Asie depuis une décade et originaire d'un beau département(l'Ariège),j'ai un réel plaisir à vous lire.

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