"Du chaos à la beauté du monde" sera
le thème de la prochaine Biennale d’Art Contemporain de Lyon en 2013.
Bien
que le commissaire de la BAC2013 ne soit pas encore désigné, il semble acquis
que la capitale des Gaules exposera l’an prochain – probablement à La Sucrière - plusieurs installations inédites
du jeune Aquiliù Faroukami-Sturp.
C’est la valeur montante de l’art du XXI° siècle, retenez son nom. Si sa cote
sur le marché de l’Art était encore confidentielle l’an dernier (26.000 € pour
son Hermaphrodia mécanisée format
bonzaï), elle est en train de flamber…
Dorénavant,
sa cote commence à tutoyer celles des plus grands tels que Carlos Amorales,
Christian Boltanski, Daniel Buren, André Cadere, Nan Goldin, Jenny Holzer, Roni
Horn, Zilvinas Kempinas, Barbara Kruger, Vik Muniz, Diogo Pimentao, Robert
Ryman, Richard Serra, Andres Serrano, Niele Toroni ou Salla Tÿkka…
De
passage hier à Zurich, j’ai pu admirer sa Ping
Water War dans le columbarium paysagé
des jardins de la fondation Kulbutkian. [photo]
Surtout,
j’ai pu lire dans le catalogue de la Fondation un article de présentation de l’œuvre,
commis par le grand critique et historien de l’art contemporain Karl Gunnar Seeleundkoten. Et je n’ai
pas voulu vous en priver :
__
Aquiliù
Faroukami-Sturp présente sa "guerre
de l’eau" dans la banalité prosaïque d’un humble récipient ordinaire, indispensable
objet voué à désaltérer la terre mais détourné de sa noble fonction, ravalé au
rang de sinistre réceptacle temporaire pour débris de l’industrie humaine
n’ayant d’autre espérance que la déchetterie. Comme si souvent dans son œuvre,
on retrouve là sa manière de représenter les grands défis de ce temps et
d’exprimer l’angoisse ontologique suscitée par la crainte de la pénurie et la
déchirure des conflits. On repense notamment à sa "Stérile
ensemencée" ou à son magistral "Cronos penché sur le berceau de
Zeus" où sa créativité a si harmonieusement su marier le polystyrène et la
mousse à raser dans une construction qui nous interpelle au niveau du vécu le plus
enfoui dans le cortex rachidien de notre pré-humanité.
L’arrosoir,
déesse-mère, symbole de l’eau nourricière, de la corne d’abondance tant rêvée
tout au long des heures les plus sombres de notre Histoire, trône sur un socle
de vieux bois meurtri, desséché, cadavre résiduel d’une société révolue qui a
mangé son blé en herbe deux millénaires durant sous la férule conjuguée de la
férocité gréco-romaine et de la bonne conscience judéo-chrétienne. Désormais
épuisé et vidé de tout contenu vital, l’arrosoir dresse encore son bec verseur
en une ultime érection désespérée dont ne sort plus rien de fécond.
Il n’est désormais plus
source de vie mais décharge, poubelle, déversoir pour des déchets dont ne
voudraient même pas les malheureux Roms stigmatisés, contraints pour survivre d’emprunter
du cuivre à Réseaux Ferrés de France. Déchets qui feraient tant la joie des
petits chiffonniers du Caire ou des morts vivants de Calcutta mais que la
société de consommation occidentale leur refuse, sa repentance étant encore
insuffisante pour qu’elle consente à supporter le coût du fret…
Et que nous disent ces
déchets, symboliques de l’angoisse du temps présent ? Ces ferrailles sont-elles
vaniteusement dressées vers "un ciel où rien ne luit" ? Ou expriment-elles
le foisonnement inquiétant des cris des peuples déshydratés ? Cris
tellement moins médiatisés que l’image encore arrogante des ferrailles fumantes
du 11 septembre !
Le choix des
matériaux ne doit rien au hasard : Il ne s’agit pas, comme Aquiliù
Faroukami-Sturp l’avait déjà si souvent
mis à l’honneur, de restes de machines ayant contribué à libérer la femme :
lave-vaisselle, aspirateur, polisseur d’ongles ou fer à friser. Non ! Il n’a
utilisé que les épaves dérisoires issues du désossage volontaire d’une table de
ping-pong d’un modèle produit en série, de surcroît métallique pour "résister
au temps". Quel objet peut mieux illustrer l’inutilité "humanitaire"
et la puérilité ludique des besoins d’une société saturée de divertissements ?
A cet instant de la contemplation, on prend conscience de la créativité exceptionnelle de cet artiste
aux inspirations polyculturelles les plus planétaires : Les tiges d’aluminium
dressées en désordre prophétisent à l’évidence le "chaos de la soif"
qui se profile. Et leur teinte acier exprime toute la volonté, farouche mais
désordonnée, des peuples émergents ; peuples encore condamnés à se
contenter du maigre filet boueux d’eau bactériophile que pollue l’urine de
chèvres faméliques aux mamelles efflanquées ; eau stagnante d’oueds
asséchés par la voracité gaspillante d’affameurs soucieux d’alimenter en eau
potable les pédiluves de leurs piscines de bord de mer et les stations de
lavage de leurs 4x4 rutilants aux pare-buffles aussi chromés que criminellement
insecticides au regard de la biodiversité. Toutes ces tiges métalliques se
dressent vers le ciel. Sauf une. Celle-là est semblable aux autres, de même
nature, pauvre parmi les pauvres ; mais, avec son extrémité encore garnie
d’un morceau de bakélite noire, elle évoque le canon d’un fusil d’assaut. Nous
avons là le symbole du dernier rempart du monde ancien : ces mercenaires, par
nécessité de survie, à la solde des Assad, Milošević
ou, demain encore, d’autres stipendiés de la finance libérale. Cette tige-là
pique du nez ; son renoncement annonce à n’en pas douter la fin prochaine
du mur d’argent…
On notera aussi la présence de deux petites roues restées accrochées, çà et
là sur les tiges. Elles nous rappellent l’éprouvante nécessité pour les peuples
privés de sources – et de ressources – de partir, de quitter leurs terres, à
leur corps défendant, en pauvres immigrés discriminés, tels les Roms contraints
à l’errance par la férocité de minorités de nantis.
Toutefois, au milieu de ce foisonnement de ferrailles, un fer se distingue
du lot : seul de son espèce, il se distingue par sa couleur, par la
peinture, c’est-à-dire le "masque" dont il s’affuble, ou peut-être le
cosmétique dont il se pare vaniteusement. Mais surtout par sa verticalité
maintenue au milieu du désordre, par sa rigidité – peut-être sa psychorigidité –
tel le pharisien dans la synagogue… Cette barre orange qui tranche sur l’ensemble
incarne ce monde ancien, imbu de sa supériorité et toujours debout. Mais il ne
se tient encore droit que grâce à l’enchevêtrement désordonné des autres tubes.
Lorsque ceux-ci se seront enfin réunis en un ensemble organisé, l’heure de sa
chute viendra…
Nous n’aurons pas l’outrecuidance de tenter d’approfondir plus avant toutes
les pistes de réflexions et les intenses émotions esthétiques que peut nous
procurer cette œuvre prophétique d’une valeur exceptionnelle. Il est sûr que
les futurs historiens de l’Art de ce siècle n’en épuiseront pas la matière
avant longtemps.
Il n’est pas douteux,
en effet, qu’avec Ping Water War, Aquiliù Faroukami-Sturp nous donne à voir une
œuvre qui porte l’expression du néo figuratif contemporain à un niveau jusqu’alors
inégalé et qui fera date. Nous n’en attendions pas moins d’un artiste aussi
sensible qui bénéficie de la richesse multiculturelle exceptionnelle de ses
origines. Elevé par une mère adoptive Italienne, psychosociologue spécialiste
de l’art étrusque et fille d’immigré Libyen, ainsi que par la compagne de
celle-ci, Géorgienne militante de la fierté lesbienne d’origine Tchétchène, il a
légitimement cultivé la fierté de sa négritude sub-saharienne dont il sait user
avec intelligence et un sens inné de la créativité commerciale et médiatique.
__
Que
dire de plus ? Juste une chose : Je me suis laissé dire qu’Aquiliù
serait en négociation avec Mgr Barbarin pour exposer sa "Mise au tombeau de l’Espérance"
dans le chœur de la primatiale Saint Jean pendant la Biennale (les vieux schnocks de la Fondation de
Fourvière l’ayant refusée dans la basilique) Il s’agit d’une installation où un luminaire rouge de
présence du Saint Sacrement d’un modèle sulpicien courant en laiton est
suspendu par un fil au-dessus d’une cuvette de toilette chimique avec une paire
de ciseaux dans une boîte du genre "en cas d’urgence brisez la vitre".
Tout reposera ensuite sur le savoir-faire de son attaché de presse pour activer
deux naïfs de Civitas sans que ça lui
coûte un rond et valoriser leur action dans les médias. On en attend un
triplement immédiat de la cote de Faroukami-Sturp sur le marché… Je dis ça, je
dis rien...
Dîtes moi, grincheux, le prof qui a écrit cette prose, ne nous prendrait il pas pour des simplets mais il est vrai que je suis un bourrin né en France et de parents bêtement français et hétérosexuels, c'est ce côté qui doit faire toute la sensibilité artistique.
RépondreSupprimerJoli bouquet de non-fleurs d'acier: ça piiiique !
RépondreSupprimer"Du chaos à la beauté du monde"
ca va être du propre ! J'ai hâte.
Alors, sa "mise au tombeau de l'espérance", il la met où il veut, hein !
RépondreSupprimerMais pas à Paimboeuf, parce que là, ça serait trop.
Déjà que le jardin qui pique de partout, c'est "compliqué".
Faut pas pousser …
Comment ça "faut pas pousser" ? Vous n'avez aucune idée des efforts déployés par l'artiss pour aboutir à un résultat aussi "signifiant" !
SupprimerLe façonnage de "l'oeuvre", c'est le plus fastoche ; La rédaction de la critique, c'est plus laborieux mais plus jouissif... Au final, le plus dur pour le créatif en question a été de plier en deux chaque plateau de tôle de la table pour rentrer toussa dans la bagnole jusqu'à la décharge...
"La commune vertu entre les artistes de cette collection, c’est qu’ils sont parmi les plus chers du monde. Ce sont dans l’ordre alphabétique : Carlos Amorales, Miquel Barcelò, Jean-Michel Basquiat, Christian Boltanski, Daniel Buren, André Cadere, Vincent Ganivet, Nan Goldin, Douglas Gordon, Jenny Holzer, Roni Horn, Zilvinas Kempinas, Anselm Kiefer, Barbara Kruger, Bertrand Lavier, Claude Lévêque, Allan Mac Collum, Robert Mangold, Brice Marden, Vik Muniz, Diogo Pimentao, Robert Ryman, Richard Serra, Andres Serrano, Niele Toroni, Salla Tÿkka"
RépondreSupprimerC'est l'original de Nicole Esterolle ...
Vous avez d’excellentes lectures aux bonnes sources. J’ai évidemment piqué chez dame Nicole la matière pour tirer à la ligne ; en enlevant cependant, vous l’aurez remarqué, Barcelo, Basquiat, Kiefer et Twombly qu’elle juge avoir quelque valeur artistique autre que spéculo-médiatique (c’est dire comme je lui fais confiance, pcq les éléphants équilibristes de Barcelò… mais bon…) Il manque quand-même encore du Faroukami-Sturp dans la collection Lambert !
SupprimerBin et mon Chinois ?
RépondreSupprimerLe responsable de mon serpent n'est même pas cité !
Je ne connais pas son nom, mais ya pas de nom chinois ici.
Il s'appelle Huang Yong Ping votre petit chouchou préféré. Faut que je fasse tout le boulot ici...
Supprimer'core heureux qu'il ne soit pas dans la top-list
des 26 artiss con-temporien les plus chers ! Heureusement qu'Ayrault est économe de nos sous.
C'est une blague.
RépondreSupprimerComment pouvez-vous insinuer une chose pareille ? Vous ignorez manifestement la fondamentale vérité de ce proverbe guarani :
Supprimer"La réalité n'est que l'illusion qui masque la réalité de nos rêves" !
Cf. l'étiquette : "devoir de vacances"...
Je me demande si les débris plantés dans le réceptacle portent bien la marque de l'artiste, sa signature, sa volonté d'unir les forces ancestrales aux technologies modernes. Je veux parler de "l'encoche" magistrale, faite non plus au grattoir en silex, mais au couteau Suisse.
RépondreSupprimerDe quelle "encoche" parlez-vous ?
SupprimerC'était pour reprendre les propos (nauséabonds) d'un ancien chef de parti dont je tairai le nom, qui se moquait "des arts premiers" en disant : "on prend un bâton, on fait une encoche et ça devient une oeuvre d'art".
Supprimeron peut aussi se penser que l'encoche est celle faite à nos ceinturons , qu'il faudra serrer encore plus , du fait de ces couenneries
RépondreSupprimercar qui c'est qui paye ?
ben,c'est l'état , voyons !
et l'état , c'est....c'est nous , nos impôts, taxes et extorsions ....
il mee revient d'une émission sur arte , il y a bien 15ans, d'un blaque de sudafrique, qui préparait une expo sur la ville
je sais que c'était pas en sudafrique , car , s'ils sont relativistes en matière raciale ( races qui n'existent pas, il faut le dire , congue !)je me pense qu'ils ne le sont pas en matière artistique
ou alors ils s'en foutent , ce qui est plutôt un bon point pour eux
ou alors la nécéssité culturelle de l'art contemporain n'a pas encore percolé dans leurs élites
bref
on voyait ce fruit d'afrique dans une belle salle d'exposition, chercher l'inspiration en vidant forces canettes, et en faisant rouler des petites ouatures , modèles réduits colorés ( coloured , pour les ouatures , hein, pas pour les hommes , car ....)au travers d'échevaux de fils , colorés eux aussi en faisant vroum vroum avec la bouche
bref
le jour dit, l'installation était prête et un attaché de presse expliquait que ça symbolisait le malaise de l'homme dans la ville ( ouatures, capsules de bouteilles de bièrre ), la perte de l'emploi ( échevaux de fil, emplois industriels dans les fillatures) , le mal fait à la nature avec la pollution ( les ouatures, là encore )et , en dépit de tout celà , la permanence des rapports humains symbolisés par les fils entrelacés répandus
ce pénible pensum était infligé par la voix off et neutre caractéristique des émissions d'arte ( moins chiantissime que ce qu'on entend sur france cul )
ce jour là , j'ai pigé que Habsolument TOUT était faux , tordu, pervers dans l'art contemporain
que c'était ni plus ni moins une course pour faire rendre gorge au cochon de payant , de tribuable
j'ignore si ça va se maintenir au jour de la perte de pouvoir des gauchiasses
sans doute que oui , mais souvenons nous de berlusconi qui avait gravement offusqué les milieux zartistiques de la péninsule...il avait tenu bon, le bougre !
Ce Pig Water Closet est manifestement un grand artiste
RépondreSupprimervu les dithyrambes qu'il suscite de la part des critiques éclairés. Il n'est pas surprenant que Mgr
Barbarin accueille avec tous les honneurs les oeuvres
fécalo-blasphématoires du génial créateur.
La cote de ses arrosoirs et autres cuvettes ne saurait tarder à atteindre les cieux, avec la bénédiction du Primat!
Amitiés.
pas mal ...
RépondreSupprimercanular pour canular, je préfèrais nettement celui du robinet à vin USB