"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

mercredi 8 août 2012

Ping Water War


"Du chaos à la beauté du monde" sera le thème de la prochaine Biennale d’Art Contemporain de Lyon en 2013.
Bien que le commissaire de la BAC2013 ne soit pas encore désigné, il semble acquis que la capitale des Gaules exposera l’an prochain – probablement à La Sucrière - plusieurs installations inédites du jeune Aquiliù Faroukami-Sturp. C’est la valeur montante de l’art du XXI° siècle, retenez son nom. Si sa cote sur le marché de l’Art était encore confidentielle l’an dernier (26.000 € pour son Hermaphrodia mécanisée format bonzaï), elle est en train de flamber…
Dorénavant, sa cote commence à tutoyer celles des plus grands tels que Carlos Amorales, Christian Boltanski, Daniel Buren, André Cadere, Nan Goldin, Jenny Holzer, Roni Horn, Zilvinas Kempinas, Barbara Kruger, Vik Muniz, Diogo Pimentao, Robert Ryman, Richard Serra, Andres Serrano, Niele Toroni ou Salla Tÿkka…  

De passage hier à Zurich, j’ai pu admirer sa Ping Water War dans le columbarium paysagé des jardins de la fondation Kulbutkian. [photo]

Surtout, j’ai pu lire dans le catalogue de la Fondation un article de présentation de l’œuvre, commis par le grand critique et historien de l’art contemporain Karl Gunnar Seeleundkoten. Et je n’ai pas voulu vous en priver :
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Aquiliù Faroukami-Sturp  présente sa "guerre de l’eau" dans la banalité prosaïque d’un humble récipient ordinaire, indispensable objet voué à désaltérer la terre mais détourné de sa noble fonction, ravalé au rang de sinistre réceptacle temporaire pour débris de l’industrie humaine n’ayant d’autre espérance que la déchetterie. Comme si souvent dans son œuvre, on retrouve là sa manière de représenter les grands défis de ce temps et d’exprimer l’angoisse ontologique suscitée par la crainte de la pénurie et la déchirure des conflits. On repense notamment à sa "Stérile ensemencée" ou à son magistral "Cronos penché sur le berceau de Zeus" où sa créativité a si harmonieusement su marier le polystyrène et la mousse à raser dans une construction qui nous interpelle au niveau du vécu le plus enfoui dans le cortex rachidien de notre pré-humanité.
L’arrosoir, déesse-mère, symbole de l’eau nourricière, de la corne d’abondance tant rêvée tout au long des heures les plus sombres de notre Histoire, trône sur un socle de vieux bois meurtri, desséché, cadavre résiduel d’une société révolue qui a mangé son blé en herbe deux millénaires durant sous la férule conjuguée de la férocité gréco-romaine et de la bonne conscience judéo-chrétienne. Désormais épuisé et vidé de tout contenu vital, l’arrosoir dresse encore son bec verseur en une ultime érection désespérée dont ne sort plus rien de fécond.
Il n’est désormais plus source de vie mais décharge, poubelle, déversoir pour des déchets dont ne voudraient même pas les malheureux Roms stigmatisés, contraints pour survivre d’emprunter du cuivre à Réseaux Ferrés de France. Déchets qui feraient tant la joie des petits chiffonniers du Caire ou des morts vivants de Calcutta mais que la société de consommation occidentale leur refuse, sa repentance étant encore insuffisante pour qu’elle consente à supporter le coût du fret…
Et que nous disent ces déchets, symboliques de l’angoisse du temps présent ? Ces ferrailles sont-elles vaniteusement dressées vers "un ciel où rien ne luit" ? Ou expriment-elles le foisonnement inquiétant des cris des peuples déshydratés ? Cris tellement moins médiatisés que l’image encore arrogante des ferrailles fumantes du 11 septembre ! 
Le choix des matériaux ne doit rien au hasard : Il ne s’agit pas, comme Aquiliù Faroukami-Sturp  l’avait déjà si souvent mis à l’honneur, de restes de machines ayant contribué à libérer la femme : lave-vaisselle, aspirateur, polisseur d’ongles ou fer à friser. Non ! Il n’a utilisé que les épaves dérisoires issues du désossage volontaire d’une table de ping-pong d’un modèle produit en série, de surcroît métallique pour "résister au temps". Quel objet peut mieux illustrer l’inutilité "humanitaire" et la puérilité ludique des besoins d’une société saturée de divertissements ? A cet instant de la contemplation, on prend conscience  de la créativité exceptionnelle de cet artiste aux inspirations polyculturelles les plus planétaires : Les tiges d’aluminium dressées en désordre prophétisent à l’évidence le "chaos de la soif" qui se profile. Et leur teinte acier exprime toute la volonté, farouche mais désordonnée, des peuples émergents ; peuples encore condamnés à se contenter du maigre filet boueux d’eau bactériophile que pollue l’urine de chèvres faméliques aux mamelles efflanquées ; eau stagnante d’oueds asséchés par la voracité gaspillante d’affameurs soucieux d’alimenter en eau potable les pédiluves de leurs piscines de bord de mer et les stations de lavage de leurs 4x4 rutilants aux pare-buffles aussi chromés que criminellement insecticides au regard de la biodiversité. Toutes ces tiges métalliques se dressent vers le ciel. Sauf une. Celle-là est semblable aux autres, de même nature, pauvre parmi les pauvres ; mais, avec son extrémité encore garnie d’un morceau de bakélite noire, elle évoque le canon d’un fusil d’assaut. Nous avons là le symbole du dernier rempart du monde ancien : ces mercenaires, par nécessité de survie, à la solde des Assad, Milošević ou, demain encore, d’autres stipendiés de la finance libérale. Cette tige-là pique du nez ; son renoncement annonce à n’en pas douter la fin prochaine du mur d’argent…
On notera aussi la présence de deux petites roues restées accrochées, çà et là sur les tiges. Elles nous rappellent l’éprouvante nécessité pour les peuples privés de sources – et de ressources – de partir, de quitter leurs terres, à leur corps défendant, en pauvres immigrés discriminés, tels les Roms contraints à l’errance par la férocité de minorités de nantis.
Toutefois, au milieu de ce foisonnement de ferrailles, un fer se distingue du lot : seul de son espèce, il se distingue par sa couleur, par la peinture, c’est-à-dire le "masque" dont il s’affuble, ou peut-être le cosmétique dont il se pare vaniteusement. Mais surtout par sa verticalité maintenue au milieu du désordre, par sa rigidité – peut-être sa psychorigidité – tel le pharisien dans la synagogue… Cette barre orange qui tranche sur l’ensemble incarne ce monde ancien, imbu de sa supériorité et toujours debout. Mais il ne se tient encore droit que grâce à l’enchevêtrement désordonné des autres tubes. Lorsque ceux-ci se seront enfin réunis en un ensemble organisé, l’heure de sa chute viendra…  
Nous n’aurons pas l’outrecuidance de tenter d’approfondir plus avant toutes les pistes de réflexions et les intenses émotions esthétiques que peut nous procurer cette œuvre prophétique d’une valeur exceptionnelle. Il est sûr que les futurs historiens de l’Art de ce siècle n’en épuiseront pas la matière avant longtemps.

Il n’est pas douteux, en effet, qu’avec Ping Water War, Aquiliù Faroukami-Sturp nous donne à voir une œuvre qui porte l’expression du néo figuratif contemporain à un niveau jusqu’alors inégalé et qui fera date. Nous n’en attendions pas moins d’un artiste aussi sensible qui bénéficie de la richesse multiculturelle exceptionnelle de ses origines. Elevé par une mère adoptive Italienne, psychosociologue spécialiste de l’art étrusque et fille d’immigré Libyen, ainsi que par la compagne de celle-ci, Géorgienne militante de la fierté lesbienne d’origine Tchétchène, il a légitimement cultivé la fierté de sa négritude sub-saharienne dont il sait user avec intelligence et un sens inné de la créativité commerciale et médiatique.
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Que dire de plus ? Juste une chose : Je me suis laissé dire qu’Aquiliù serait en négociation avec Mgr Barbarin pour exposer sa "Mise au tombeau de l’Espérance" dans le chœur de la primatiale Saint Jean pendant la Biennale (les vieux schnocks de la Fondation de Fourvière l’ayant refusée dans la basilique) Il s’agit d’une installation où un luminaire rouge de présence du Saint Sacrement d’un modèle sulpicien courant en laiton est suspendu par un fil au-dessus d’une cuvette de toilette chimique avec une paire de ciseaux dans une boîte du genre "en cas d’urgence brisez la vitre". Tout reposera ensuite sur le savoir-faire de son attaché de presse pour activer deux naïfs de Civitas sans que ça lui coûte un rond et valoriser leur action dans les médias. On en attend un triplement immédiat de la cote de Faroukami-Sturp sur le marché… Je dis ça, je dis rien...

16 commentaires:

  1. Dîtes moi, grincheux, le prof qui a écrit cette prose, ne nous prendrait il pas pour des simplets mais il est vrai que je suis un bourrin né en France et de parents bêtement français et hétérosexuels, c'est ce côté qui doit faire toute la sensibilité artistique.

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  2. Joli bouquet de non-fleurs d'acier: ça piiiique !

    "Du chaos à la beauté du monde"
    ca va être du propre ! J'ai hâte.

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  3. Alors, sa "mise au tombeau de l'espérance", il la met où il veut, hein !
    Mais pas à Paimboeuf, parce que là, ça serait trop.

    Déjà que le jardin qui pique de partout, c'est "compliqué".
    Faut pas pousser …

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    1. Comment ça "faut pas pousser" ? Vous n'avez aucune idée des efforts déployés par l'artiss pour aboutir à un résultat aussi "signifiant" !
      Le façonnage de "l'oeuvre", c'est le plus fastoche ; La rédaction de la critique, c'est plus laborieux mais plus jouissif... Au final, le plus dur pour le créatif en question a été de plier en deux chaque plateau de tôle de la table pour rentrer toussa dans la bagnole jusqu'à la décharge...

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  4. "La commune vertu entre les artistes de cette collection, c’est qu’ils sont parmi les plus chers du monde. Ce sont dans l’ordre alphabétique : Carlos Amorales, Miquel Barcelò, Jean-Michel Basquiat, Christian Boltanski, Daniel Buren, André Cadere, Vincent Ganivet, Nan Goldin, Douglas Gordon, Jenny Holzer, Roni Horn, Zilvinas Kempinas, Anselm Kiefer, Barbara Kruger, Bertrand Lavier, Claude Lévêque, Allan Mac Collum, Robert Mangold, Brice Marden, Vik Muniz, Diogo Pimentao, Robert Ryman, Richard Serra, Andres Serrano, Niele Toroni, Salla Tÿkka"

    C'est l'original de Nicole Esterolle ...

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    1. Vous avez d’excellentes lectures aux bonnes sources. J’ai évidemment piqué chez dame Nicole la matière pour tirer à la ligne ; en enlevant cependant, vous l’aurez remarqué, Barcelo, Basquiat, Kiefer et Twombly qu’elle juge avoir quelque valeur artistique autre que spéculo-médiatique (c’est dire comme je lui fais confiance, pcq les éléphants équilibristes de Barcelò… mais bon…) Il manque quand-même encore du Faroukami-Sturp dans la collection Lambert !

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  5. Bin et mon Chinois ?
    Le responsable de mon serpent n'est même pas cité !
    Je ne connais pas son nom, mais ya pas de nom chinois ici.

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    1. Il s'appelle Huang Yong Ping votre petit chouchou préféré. Faut que je fasse tout le boulot ici...
      'core heureux qu'il ne soit pas dans la top-list
      des 26 artiss con-temporien les plus chers ! Heureusement qu'Ayrault est économe de nos sous.

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  6. Réponses
    1. Comment pouvez-vous insinuer une chose pareille ? Vous ignorez manifestement la fondamentale vérité de ce proverbe guarani :
      "La réalité n'est que l'illusion qui masque la réalité de nos rêves" !
      Cf. l'étiquette : "devoir de vacances"...

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  7. Je me demande si les débris plantés dans le réceptacle portent bien la marque de l'artiste, sa signature, sa volonté d'unir les forces ancestrales aux technologies modernes. Je veux parler de "l'encoche" magistrale, faite non plus au grattoir en silex, mais au couteau Suisse.

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    1. De quelle "encoche" parlez-vous ?

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    2. C'était pour reprendre les propos (nauséabonds) d'un ancien chef de parti dont je tairai le nom, qui se moquait "des arts premiers" en disant : "on prend un bâton, on fait une encoche et ça devient une oeuvre d'art".

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  8. kobus van cleef09/08/2012 17:11

    on peut aussi se penser que l'encoche est celle faite à nos ceinturons , qu'il faudra serrer encore plus , du fait de ces couenneries

    car qui c'est qui paye ?
    ben,c'est l'état , voyons !
    et l'état , c'est....c'est nous , nos impôts, taxes et extorsions ....

    il mee revient d'une émission sur arte , il y a bien 15ans, d'un blaque de sudafrique, qui préparait une expo sur la ville

    je sais que c'était pas en sudafrique , car , s'ils sont relativistes en matière raciale ( races qui n'existent pas, il faut le dire , congue !)je me pense qu'ils ne le sont pas en matière artistique
    ou alors ils s'en foutent , ce qui est plutôt un bon point pour eux
    ou alors la nécéssité culturelle de l'art contemporain n'a pas encore percolé dans leurs élites

    bref

    on voyait ce fruit d'afrique dans une belle salle d'exposition, chercher l'inspiration en vidant forces canettes, et en faisant rouler des petites ouatures , modèles réduits colorés ( coloured , pour les ouatures , hein, pas pour les hommes , car ....)au travers d'échevaux de fils , colorés eux aussi en faisant vroum vroum avec la bouche

    bref
    le jour dit, l'installation était prête et un attaché de presse expliquait que ça symbolisait le malaise de l'homme dans la ville ( ouatures, capsules de bouteilles de bièrre ), la perte de l'emploi ( échevaux de fil, emplois industriels dans les fillatures) , le mal fait à la nature avec la pollution ( les ouatures, là encore )et , en dépit de tout celà , la permanence des rapports humains symbolisés par les fils entrelacés répandus

    ce pénible pensum était infligé par la voix off et neutre caractéristique des émissions d'arte ( moins chiantissime que ce qu'on entend sur france cul )

    ce jour là , j'ai pigé que Habsolument TOUT était faux , tordu, pervers dans l'art contemporain

    que c'était ni plus ni moins une course pour faire rendre gorge au cochon de payant , de tribuable

    j'ignore si ça va se maintenir au jour de la perte de pouvoir des gauchiasses

    sans doute que oui , mais souvenons nous de berlusconi qui avait gravement offusqué les milieux zartistiques de la péninsule...il avait tenu bon, le bougre !

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  9. Ce Pig Water Closet est manifestement un grand artiste
    vu les dithyrambes qu'il suscite de la part des critiques éclairés. Il n'est pas surprenant que Mgr
    Barbarin accueille avec tous les honneurs les oeuvres
    fécalo-blasphématoires du génial créateur.
    La cote de ses arrosoirs et autres cuvettes ne saurait tarder à atteindre les cieux, avec la bénédiction du Primat!
    Amitiés.

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  10. pas mal ...
    canular pour canular, je préfèrais nettement celui du robinet à vin USB

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