Je me perds en conjectures devant la
précipitation qui a poussé Dame Nicola
Sturgeon à solliciter d’urgence une audience auprès des deux bouffis
bruxellois, Jean-Claude Junker et Martin Schultz. Est-ce là une preuve inattendue
de la puérilité des indépendantistes Scots ou, au contraire, un indice d’un
très grand savoir-faire politicien ?
D’une part, le Royaume Uni insulaire et
britannique serait en cas d’imploser et, à tous le moins, se trouve fortement
fragilisé par l’apparition dans ce qu’il faut bien appeler un même peuple de
deux volontés irréconciliables désormais actées et qu’on ne peut plus glisser
sous le tapis :
- D’un côté, l’écrasante majorité d’une
Angleterre profonde et d’un pays Gallois itou qui en ont marre de se voir
imposer par l’U.E. des normes sur l’habitat des poulets, la hauteur des
pissotières, les dwoits-d’l’hom et ‘ceux des étrangers en particulier…
- De l’autre, un conglomérat improbable
réunissant pêle-mêle l’essentiel d’un Londonistan boboïde et cosmopolite rêvant
de devenir une sorte de Singapour hors sol ; une majorité de
Nord-Irlandais craignant d’être un peu plus séparés de la République éponyme
alors qu’ils sont déjà out-of-Schengen et, enfin, une large majorité d’Ecossais
rêvant de je-ne-sais-quoi…
Les
premiers trouvant là l’occasion de montrer le peu de cas qu’ils font du
consensus dit démocratique qui consiste à trancher en faveur du choix de la
majorité, ce qui reste malgré tout, comme disait Churchill, "le pire
système à l’exception de tous les autres" ; notamment pour éviter les
guerres civiles… Enfin, le peu de cas qu’ils en font quand ils doivent
abandonner le manche. Le naturel revient toujours au galop…
D’autre part, le machin qu’on appelle l’Union
Européenne et qu’on qualifie abusivement d’Europe est tout autant en cas
d’imploser et est à tous le moins fortement fragilisé par la décision
souveraine d’une majorité du peuple britannique, sinon de ses diverses Nations.
On ne va pas s’étendre sur ce point ; les erreurs, défauts de construction
et conneries diverses comme l’absence structurelle de capacité d’agir de l’U.E.
sont suffisamment décortiqués par les médias et blogs fréquentés par les
lecteurs de céans pour que j’en reste là.
Donc, le pouvoir exécutif local d’Edimbourg est
allé directement japper aux basques de Junker, incarnation de toutes les
turpitudes du Machin, et, pour faire bon poids, de celles de Schultz,
apparatchik d’assemblée, de couloirs et d’autres lieux… Les deux gus, prudents,
n’ont pas tenu de point de presse après ces rencontres. Conscient pour sa part
d’incarner les Etats-Membres, Donald Tusk a refusé de recevoir la dame…
Par la voix de Dame Sturgeon, l’Ecosse a donc,
semble-t-il, manifesté sa volonté de sortir du Royaume-Uni et, indépendance
retrouvée, grande fille, celle de poser sa candidature d’adhésion à l’U.E. avec
son pétrole off-shore, son whisky et les aides européennes qui viendront alors,
ne les oublions pas. Toussa avant
même que Londres ait notifié officiellement son intention arrêtée de prendre la
porte.
Quel peut être le but de cette démarche quelque
peu prématurée ?
- Soit l’indépendantisme de la dame, boosté par les sondages locaux, l’a
poussée à voir dans la victoire du Brexit
l’occasion d’obtenir enfin une majorité en faveur de l’indépendance, auquel cas
elle fonce naïvement tête baissée pour raccrocher sa barque à un Titanic dont l’engloutissement prochain
paraît bien plus inéluctable que le naufrage de la perfide Albion.
- Soit la manœuvre n’a pour but que d’accentuer
la pression sur Londres afin d’en obtenir plus avec une indépendance adoucie
par une adhésion de principe à un Commonwealth croupion aux côtés de la
Barbade ; le maintien éventuel ou non de l’Ecosse dans l’E.U. lors du Brexit
effectif laissant le temps de voir venir en fonction de la hauteur de l’eau
dans les cales du Titanic et de l’efficacité relative de ses pompes à ce
moment-là…
Dans un cas comme dans l’autre, la maturité
politique se constate à la capacité de trancher.
L’intérêt bien compris de l’Ecosse est de choisir
entre UK et UE et non pas de vouloir le beurre et l’argent du beurre. Comme
disait Margaret Thatcher, "there is no
alternative !" Choisir de
rester sur un bateau qui finira bien par éteindre les incendies à bord et par
continuer sa route ou aller s’accrocher à une future épave sans gouvernail ni
timonier ni patron ni boussole qui prend déjà l’eau de partout et dérive sur
son erre vers je-ne-sais-où…
Dans la famille on a un peu d'Ecosse ;
ça peut expliquer le grain...
Dans la famille on a un peu d'Ecosse ;
ça peut expliquer le grain...
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