L’outrancière campagne médiatique quasi hystérique orchestrée
en sa faveur avec l’appui de la haute finance et l’intolérable complicité
active des moyens de l’Etat a, certes, largement contribué à porter Emmanuel
Macron en tête du premier tour de la présidentielle. Mais a aussi joué pour ça la parfaite cohérence du produit, aucune contradiction ne pouvant être décelée entre "l’homme"
et son "programme" : Qu’il s’agisse de sa tronche de gendre
idéal ou du digest de mots vides et d’incantations qui lui sert de programme, l’un
comme l’autre sont pareillement lisse, fade, sans caractère et n’offrent aucune
prise. Bien sûr, qui a attentivement suivi les prestations du produit peut à juste titre s’inquiéter
quant à la capacité de ce post-adolescent agité à l’ego surdimensionné et dépourvu
de vrai "fondamentaux" à agir pour-de-vrai dans la "solitude
sans fusibles" ; en tête à tête avec Poutine, par exemple… Mais bon. Tant
que les cadreurs de la télé et les photographes des magazines font le boulot qu’on
attend d’eux, tout baigne…
Mais ni les raisons évoquées ci-dessus ni l’indécrottable
bêtise des deux partis traditionnels
ne suffisent à expliquer un tel engouement au point de porter le produit loin devant tous les autres. Il
y a aussi autre chose :
Macron, que certains ont qualifié de "premier
candidat postmoderne" incarne un phénomène politique que l’on retrouve ailleurs,
en Europe mais pas seulement.
On pourrait certes évoquer le mouvement 5 Etoiles en Italie
qui est plutôt une étoile filante en voie d’épuisement, mais c’est loin d’être
lisse et bien plus proche des grégarismes éphémères des Indignés et autres Nuit
debout…
En Marche ! a déjà existé ailleurs. En Israël ! Là-bas, ça s’appelait
Kadima…
En hébreu, "Kadima" ( קדימה,) veut dire "En Avant !", ce qui, hein, est aussi creux que "En Marche ! "…
Ephémère parti politique israélien, Kadima était une organisation
politique sui generis, sans identité bien définie, regroupant
d’anciens membres du Likoud et de la gauche travailliste autour de Tsipi Livni. Kadima se définissait comme
centriste et affirmait rejeter le clivages droite-gauche… Phénomène incarnant
les idées alors en vogue dans les milieux universitaires et intellectuels
israéliens, Kadima fit une apparition fulgurante dans le paysage politique d’Israël
en remportant les élections législatives de 2005 avec le premier groupe
parlementaire, devançant la droite (Likoud) et réduisant
la gauche travailliste à presque rien…
Les deux mouvements (En Marche ! & Kadima)
sont tous deux l’expression de la même idéologie post-moderniste et l’analyse
de leurs parcours montre qu’ils sont en tous points comparables : Rejet des
clivages politiques traditionnels ; rejet de la souveraineté de l’Etat et
des frontières ; absence de positionnement politique réel (socialistes ou libéraux ?
conservateurs ou réformistes ?) ; absence
de programme concret ; recours à des slogans relevant plus du marketing
que du discours politique ; manière d’aborder l’électeur (le "prospect") sous l’angle du consommateur ; etc.
Avec une différence : Charmant bambin, En Marche ! commence juste à
marcher… Et on se doute que ses nombreux… parrains
vont tout faire pour l’aider à grandir…
En revanche, Kadima
"a eu du vécu" comme on dit… Et ça a donné quoi ?
Son spectaculaire succès fut de courte durée. Dans ce
pays à proportionnelle intégrale, Kadima a été pulvérisé aux législatives de
2013 en ne retrouvant que 2 sièges sur 28. Kadima a depuis totalement disparu
du paysage politique israélien sans laisser aucune trace hormis le souvenir
catastrophique de la deuxième guerre du Liban que tout le monde cherche à
oublier…
Jusqu’à hier, les électeurs
français avaient toujours, à tort ou à raison, élus des gouvernants qui n’étaient
pas forcément des aigles ou des prix de vertu, mais qui tous avaient réussi à
passer vivant au tamis des appareils politiques, ce qui rassurait, permettant
de présumer au moins un minimum de savoir-faire.
Aujourd’hui, novation
inédite, on invite le citoyen à... se donner à une couverture de magazine
assortie d’un slogan vide dont nul ne se contenterait pour choisir un
lave-linge à obsolescence programmée !
Prions…
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