Et l’illéconnerie, tu connais ?

Wouaouw ! The scoop ! C’est fou ce qu’on trouve dans la boîte à outil de Dépassé 1° et de ses majordomes en cherchant bien. Il faut dire qu’ils doivent en être à racler le fond puisque pour raboter le chômage, relancer la compétitivité et financer les retraites, ils nous ressortent de vieilles circulaires jaunies, pondues et illico placardisées vite-fait aux riches heures chiraquiennes il y a plus de dix ans :

J’apprends que l’illettrisme a été déclaré grande cause nationale pour 2013 par Jean-Marc Ayrault…

Maintenant que Merkel-Bruxelles nous a donné un peu de sursis, on peut souffler… Et se distraire…

Un collectif, Agir ensemble contre l’illettrisme, va mettre en œuvre toute une série d’actions pour lutter contre ce fléau qui touche 7% des français… Là aussi, on fait dans le smôlizbiotifoule, histoire de ne pas trop affoler les acurabas et, sûrement, pour ne pas trop bousculer l’Educ’-Nat’, d’autant qu’on n’a pas un rond à leur donner en plus (sauf pour rémunérer les copains qu’on va installer comme experts dans le fameux collectif…)

Entre nous, en 1997, Bentolila écrivait déjà, "20% des jeunes adultes sont incapables de lire un texte court et simple, et d’en saisir le sens" ; "en 6°, 10% des élèves sont en détresse profonde de lecture" et 10% des autres, médiocres lecteurs, vont vivoter quatre ou cinq ans en ne tirant aucun parti de leurs études"…

Mais bon, va pour 7% en 2013…

Pourquoi vous causer de ça ? Parce que, il y a de ça dix ans, à l’approche d’élections régionales, se réunissaient ici et là en Fwance profonde des commissions et sous-commissions internes à l’UMP en vue de trouver (sic) des thèmes de campagne pour ses futures listes… Figurez-vous que le Plouc-em’ qui n’était pas encore le Plouc-em’ marnait alors dans l’une d’elles. Et il avait proposé et défendu le thème "Agir contre l’illettrisme"…

Le dossier est effacé depuis longtemps de mon disque dur mais, en soulevant la poussière de mes archives papiers, j’ai remis la main sur les cinq pages A4 police 10 où j’avais développé le projet. Pour résumer en très gros :

1° Illustrer la chose qui finit par coûter plus cher à la société que les clopes à la Sécu : Impact sur le goût d’apprendre, l’envie de comprendre, donc l’ambition d’entreprendre ; incidences qui vont de l’échec scolaire au faible taux de création d’entreprises et donc de création d’emploi. Impact systémique, aussi et surtout, sur la relation à l’autre, l’angoisse de l’échec et donc sur la socialisation des individus…

2° Avantage : Thème transversal impliquant l’économie, les affaires sociales, la sécurité-justice, "l’intégration", la "Politique de la ville", etc.

3° Avantage politique : Montrer la volonté de la "droite" d’agir dans le domaine social pour les plus faibles…

4° Surtout, un projet où l’impulsion ne descend pas d’une administration centrale mais vient de la base : des services déconcentrés (emploi, santé) comme des collectivités locales et des entreprises, tous devant prendre conscience que c’est leur intérêt…

5° Le tout assorti d’un programme concret de mesures avec la mobilisation et l’implication des mairies, des conseils généraux, de Pôle emploi, pour le repérage, la détection, la gestion et l’accompagnement adapté, etc. ; exploiter le cheptel des bénéficiaires de minimas sociaux ; impliquer l’administration pénitentiaire, conventions avec les CCI, part des cotisations "formation" des entreprises, plus concernées qu’on ne le croit… Et, en prenant ça par le traitement des dégâts chez l’adulte sorti du système scolaire, court-circuiter l’Educ’-Nat et la contraindre enfin à réviser ses méthodes… Et ce n’était pas tout…

Mais je m’égare…       

Bref, le bronx ploukémien a bénéficié d’un enterrement de 3° classe, moins du fait de sa médiocrité électoraliste que suite à des bisbilles internes visant à flinguer (NDLR : non sans raison) le président de ladite commission…

Je ne connais pas le programme du collectif installé par Ayrault, mais j’ai ma petite idée. On va nous repasser les mêmes plats réchauffés du Plan d’action ministériel du 19 juin 2002 remastérisé par une plume de Peillon et en en confiant encore la maîtrise d'oeuvre aux mandarins de l'Educ'-Nat, on y consacrera un séminaire  de la Direction de la jeunesse et de la vie associative et… Bref, ça occupe…  

Ah oui ! J’oubliais ! A cette occasion, Mme Fleur Pellerin, sinistre de l’économie numérique (oui, on a ça, figurez-vous) a complété le topo du chef en disant qu’il fallait aussi s’intéresser à "l’illectronisme" Car si les illettrés ne sont que 7%, les fwançais qui ne savent pas se servir des technologies de l’information ou d’un smartphone seraient 15%...

J’ose espérer qu’elle ne compte pas sur la grande majorité de ces 15%, tous retraités âgés et d’aucune valeur combattante pour monter au front contre la fracture numérique. Ou alors c’est encore plus grave que ce que je pensais… En revanche, on voit qu’elle a bien compris le job : trouver tous les trucs possibles pour accroître le budget de son sous-ministère… Je dis ça, je dis rien…