Me voici de
retour dans mon douar de cantonnement ; à mon grand regret tant la chaleur
est lourde. Quand le soir vient avec son petit vent léger, même pas question d’ouvrir
les fenêtres compte tenu du bouzin sonore. Les décibels de la street music sont alors relayés jusqu’à
une plombe du mat’ par les bruits d’assiettes et les piailleries creuses des
connasses urban style, lumpen
bobos ou outwear fashion qui se
font payer à dîner parce qu’elles le
valent bien par des mecs sans classe, en terrasse dans l’étroite rue
piétonne en bas de chez moi. Mais le pire, ce sont les grappes homogènes de
jeunes femelles qui se tapent des verres sans s’embarrasser de mecs (ou faute de mecs…) Celles-là sont du genre à dire,
comme ce cher Dante du haut de ses
six ans : "- J’aime pas les
gens qui parlent quand je les interromps…"
et elles en oublient de pousser le curseur
vers les basses…
Bref, j’ai
hâte de retrouver mon douar d’élection. Compte tenu des impératifs du réel et des diverses casseroles que j’ai
actuellement sur le feu, c’est encore l’affaire d’un bon mois. Certes, il
faudra alors commencer à s’occuper des feuilles mortes, corvée qui m’insupporte ;
mais j’espère pouvoir encore profiter durant quelques courtes semaines de ce
qui est pour moi le moment le plus agréable : cet instant de petit bonheur
récurrent qui consiste à prendre mon petit déjeuner sur ma terrasse devant mes
montagnes. Vous pourriez penser que la répétition quotidienne de ce petit
rituel matinal devrait le rendre banal et lassant ; il n’en est rien !
D’abord, du fait des nuages, de la brume, des caprices de la météo, de la
saison et donc de la végétation, le décor n’est jamais le même. Ensuite, s’agissant
du cycle des saisons, il y a aussi le confort de sa petite personne qui impose
au taulier de petit-déjeuner dedans
quand le thermomètre extérieur refuse de monter au-dessus de dix ou onze degré,
ce qui, à plus de 1200 m d’altitude, arrive plusieurs fois dans l’été…
Et puis ces
petits déjeuners sont propices à la méditation ; enfin, quand je suis seul…
Ce fut le cas les quatre derniers matins avant mon retour ici-bas. L’occasion, dans le calme retrouvé, de faire une relecture
des cinq semaines écoulées. Et notamment de ces trente-cinq petits-dej’ où, au
gré des arrivées et des départs des vingt et une personnalités du Clan, nous fumes chaque jour entre huit et quinze
à rompre le jeûne nocturne sur la
terrasse. Chacun à son rythme, selon son âge, ses habitudes ou son régime
alimentaire. Il y a les matinaux et les… moins matinaux, les thé et les café, le
lait chaud avec chocolat - et même le lait chaud direct (au sein) pour les deux plus jeunes. Il y a ceux qui
semblent avoir des actions chez Kellogs, les beurre doux et les demi-sel… Mais
au final, hormis les deux biberonnant exonérés, tout le monde marche au pain du
boulanger et à la confiture maison… Comme
chaque année, j’avais rentré un nombre de cartons de bouteilles de vin dont je
n’ose plus faire le décompte ; mais nous n’avons pas acheté un seul pot de
confiture !
Or, je dois
dire que diverses perturbations dans mon emploi du temps du mois de juillet ont
gravement nui à la production familiale de confiture cette année. Il s’en est
suivi que l’abricot a imposé son monopole sur la table cet été, abricot dont le
nouveau stock a dû être entamé derechef après épuisement des derniers pots de l’an
dernier. Ce manque de variété a pu lasser…
Pourquoi vous
causer de ça ?
Eh bien parce
que mes quelques petit-déjeuner de clôture
en solitaire m’ont permis de soliloquer dans une longue méditation sur la
notion de confiture unique, ses mystères et ses gouffres, ses liens avec la
pensée unique, avec l’unicité du genre humain, la classe unique dans les avions
low cost, les moufles taille unique et
bien d’autres choses encore…
J’en ai fait virtuellement un gros bouquin a-publié aux
éditions du Plouc. Il cache sous sa couverture obertonienne une pagination d’une vacuité profonde.
Comme je pars
divaguer toute une semaine en des
lieux où je ne serai pas tuned, je
vous le laisse sur la table. Vous pouvez griffonner dans les marges des pages, voire
les remplir si le cœur vous en dit.
Les petits-déjeuners sont effectivement un moment privilégié pour éditer et prendre au plus profond l'énergie du matin, celle qui va animer la journée et lui donner telle ou telle autre couleur ou orientation.
RépondreSupprimerPour ma part, habitant en Asie depuis plusieurs années, le petit-déjeuner "Français", c'est à dire avec pain, confiture, croissants est ce que j'ai le plus de plaisir à retrouver lorsque je viens en France de temps à autre. C'est un moment privilégié.
Alors certes le régime politique à confiture unique peut sournoisement amener sur la voie de la tyrannie, mais je vous assure que le thé unique n'augure rien de meilleur...
Un gros bouquin à publier... copieur, va!^^
RépondreSupprimerMais j'suis prem's!
Oui, si on veut... Mais vous c'est du solide !
SupprimerJ'aime bien les abricots, mais c'est pas pour me vanter, ils étaient tout crasseux cette année. Trop d'eau, pas assez ?
RépondreSupprimerIls ne tiennent pas une journée.
Donc il faut les acheter 4X4, d'où l'effet bourge déplorable chez les petites gens.
Cela dit, qu'est-ce que je vais bien pouvoir publier, moi ...
Que des Bergeron de la vallée !
SupprimerTu trouves bien de quoi publier !
Les petits-déjeuners sur la terrasse ou dans le jardin à cette altitude là et ces jours-ci se font les pieds dans la gelée blanche, une écharpe de brume autour du cou… et 3° d’ambiance, faut aimer !
RépondreSupprimerPour les confitures de saison il vous reste peut-être de la rhubarbe, des figues, du coing ? Du cynorrhodon (un peu ch…. à préparer) la pomme et la poire sauvage en pâte de fruit ? Vous aurez encore le temps et c’est délicieux.
J’ai dévoré vos productions littéraires en une seule bouchée.
Bon courage pour vos divagations…
La rhubarbe, j'ai horreur ! Les coings, allez les éplucher ! (Je fais juste un effort pour en ajouter un à la compote de pomme + un zeste de citron) Pour la poire, je n'admets que la confiture de Williams rouges. Et la pâte de fruit, j'sais pas faire...
SupprimerSinon, merci...^^