Ça
y est ! Trois flocons de neige durant trois minutes et c’est
reparti : Il tombe de la flotte comme vache qui pisse depuis vingt-quatre
heures… Cela fait dix-sept jours que j’ai regagné mon douar d’élection et
j’avais prévu d’en repartir demain. C’était mon programme et après le courrier
ne suit plus. Eh bien zut, il attendra. La barbe aussi ; j’ai oublié de la
tailler avant de partir ; elle en avait déjà besoin et j’ai laissé la
tondeuse à Lyon… Je commence à ressembler à Hubert Reeves mais tant pis, je
vais rester encore huit jours ici. Ça ne me laissera que deux semaines au lieu
de trois pour traiter tout le fourbi qui m’attend dans les villes de grande solitude avant de revenir,
impérativement, préparer l’accueil du clan avec ses charrois chargés de mômes,
de bagages et de cadeaux… Je ferais avec. J’aime bien novembre ici.
Bien
sûr, il y a les contrariétés de
saison :
-
Les après-midi sont vachement raccourcies alors qu’on en avait perdu l’habitude
depuis le printemps. Et ce n’est pas comme en centre-ville où l’on ne remarque
même plus les réverbères et où la nuit est comme le jour jusqu’à une heure du
mat’ (mais où le jour est un peu comme la nuit jusqu’à 10h du mat’ quand les
magasins ouvrent…) C’est d’autant plus voyant ici que presque tous les volets sont
fermés à 1 km à la ronde. Mais ça, ce n’est pas une contrariété et (certains)
voisins ne sont pas là pour me pomper l’air…
-
Il y a aussi la contrariété des feuilles
mortes qui se ramassent à la pelle. Mes coronaires m’enjoignant de laisser
ça à des mercenaires, le challenge consiste à faire faire ça le plus tard
possible. Mais le risque est de se laisser piéger par la chute prématurée de la
première neige permanente. Ça m’est
déjà arrivé et c’est la cata : l’épais tapis de feuilles mortes qui
pourrit alors tout l’hiver sous la neige constitue après la fonte une croute empêchant
la repousse de l’herbe (je n’ose pas dire de la pelouse), croute que seuls
percent les taupinières au réveil des campagnols. A propos de ces bestioles, il
y a par ici un proverbe (récent) qui dit :
"-
Mieux vaut avoir des mulots dans son
jardin qu’un Hollandais comme voisin" Moi j’ai les deux…
Cette
arrivée prématurée de la neige est d’ailleurs aussi un peu la cata pour les
gens du pays. Si les bêtes ont déjà été démontagnées,
en revanche la neige trop précoce sur un sol non encore refroidi en profondeur
annonce bien souvent une fonte de printemps par en-dessous qui raccourcit la
saison rentable de l’or blanc… Ça ne
paraît pas parti pour être le cas cette année. Mais mes feuilles ne sont
toujours pas ramassées…
L’autre
jour, mes voisines du champ d’en-dessous, fort sympathiques et m’offrant gratos
la sono de leurs sonnailles, ont trouvé l’herbe d’à côté plus attrayante que
celle de la mère P. Et je soupçonne l’alimentation électrique du fil de clôture
d’avoir été leur complice. Bref, sentant brusquement la sono plus proche et
levant alors la tête de l’ordi, j’ai vu quelques-uns de ses braves gens
s’apprêter à descendre le talus pour entrer sur mes terres ; avec toutes les perspectives de labourage et mise
en… fumure que ça suggère… Je me suis donc précipité avant qu’elles ne
descendent, vu que leur faire remonter le talus n’aurait pas été une mince
affaire… Bref, j’avoue sans gêne ni vergogne devant les Vallaud-Belkacem et Cie
que j’ai cassé ce jour-là un manche à balai sur la croupe d’une demoiselle…
C’était
des gens à l’embouche qui sont à
Léon : une petite trentaine de génisses et une demi-douzaine de veaux. Ces
braves gens ont fini par répondre aux sollicitations de Léon accouru avec les
siens, les considérant sans doute bovinement comme du personnel domestique à
leur service… Le truc utilisé pour faire revenir ces gens sur leur parcelle à l’insu de leur plein gré m’était encore
inconnu : Ils sont friands de baguettes de pain invendues… Oui, ce fut un
spectacle réjouissant de voir un ruminant se dépatouillant d’une baguette
parisienne en guise de gros cigare dans la gueule… La demande était si
pressante autour du serveur distribuant
la manne qu’on se serait cru dans le métro à l’heure de pointe. Pareil :
Profitant de la presse, un veau sans doute un peu précoce a tenté mine de rien
par deux fois de grimper l’une ou l’autre des génisses. S’étant fait envoyer
foutre (encore
que le terme soit mal choisi)
et, sans doute influencé par la mode, il fit ensuite en désespoir de cause une
ultime tentative avortée avec un de ses collègues masculins. Comme quoi, chez
le naturel, cela reste une option
subsidiaire de dernier recours. Mais l’espèce humaine est-elle encore
naturelle ? Bon, je m’égare…
Bon,
il fait nuit et ça tourne à l’éclaircie. Et il faut vraiment que je commence à
réfléchir aux 22 cadeaux de Noël que je vais faire. Je vais commencer par me
faire un tableau Excel des bénéficiaires… avec les cases à remplir. Ce sera
déjà ça…
Passez
un bon dimanche.
option subsidiaire de dernier recours ? bon, ça doit être que je suis pas très naturel pour m'intéresser aux barbus... Pour ma défense : je ne les épouse pas !
RépondreSupprimerRassurez-vous, l'espèce humaine dans son ensemble (sous nos latitudes) manque de naturel.
SupprimerVous faites bien (de ne pas les épouser^^)
PS (le protocole de céans laisse rarement entrer les anonymes. Je suis bon...)
vous avez attaqué les femenem toutes mamelles dehors et à poil avec un manche à balai
RépondreSupprimerje vais alerter Caroline fourest
"Je vais commencer par me faire un tableau Excel des bénéficiaires". Je vois: tout pour retarder un début d'exécution.
RépondreSupprimer22 cadeaux, mazette! Ce n'est plus un clan mais une tribu.
Bon courage pour les cadeaux !
RépondreSupprimerSont de plus en plus nombreux, les jeunes Ploucs ^^
Et c'est tant mieux !