Le
soi-disant "accord" UE-Turquie est donc entré en vigueur depuis
quinze jours.
Les
clauses en sont connues. Pour faire simple, l’UE a confié la charge de
contrôler sa frontière en mer Egée à la Turquie dans le cadre d’une convention
de "délégation de service public".
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En rémunération de ce service rendu
par le délégataire (la Turquie), le délégant (l’UE) relèvera de 3 à 6 milliards
d’euros l’indemnité compensatoire qui avait déjà été antérieurement prévue sans
qu’on ait bien compris en contrepartie de quoi ; recevra sans visa tout
visiteur ayant des papiers turcs et relancera l’adhésion du délégataire à
l’UE.
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Le délégataire, lui, s’engage en
contrepartie, à arrêter freiner faire ce qu’il peut pour éviter
l’afflux de migrants entrant irrégulièrement dans l’UE en provenance de ses
côtes. Et comme il n’est pas sûr de vouloir le faire, dans sa grande
mansuétude, le délégataire s’est engagé à reprendre ceux que (oups !) il
aurait laissé passer par inadvertance, mais à condition que l’UE accepte
d’accueillir et de se garder un nombre équivalent de Syriens pris permis ceux
dont il voudrait lui-même se débarrasser… A vos calculettes…
Bon.
Nous
avons vécu hier le renvoi vers la Turquie de la première fournée d’immigrants clandestins non admissibles au droit d’asile,
prélevés parmi le bon millier arrivé sur nos plages durant la première
quinzaine de l’accord ; donc parmi ceux que la Turquie n’a pas voulu
pas cherché à n’a pas pu contrôler conformément à l’accord…
Ils
étaient 202 à être effectivement
expulsés. Pour cette première opération de déportation
(pour
causer comme le journal de France-Cul’),
la chiourme de Frontex avait mis le
paquet dans le genre discret : Sur les deux îles grecques concernées, l’embarquement
dans des autobus à destination du port a eu lieu de nuit, à 3h du mat’ pour
éviter autant que faire se peut les manifs’ de no-border et autres humanitaires.
Ceux-ci n’ont donc été qu’une cinquantaine à brailler dans chaque port et
ça s’est passé dans le calme. Trois bateaux turcs ont ensuite pris le relai. On
notera surtout que chaque expulsé était accompagné jusqu’à bord par un policier
grec ou un agent de sécurité européen détaché par Frontex. Chacun avait le sien.
Fallait ça.… Faite le compte.
N’oublions
pas non plus que si la Turquie s’est engagée à reprendre à l’UE les migrants
irréguliers, c’est à la condition qu’ils soient expulsés dans les quinze
jours de leur arrivée en Grèce. On notera à ce propos qu’on a fait le plus
facile : Les deux cents premiers réexpédiés aujourd’hui à la limite du
délai n’étaient quasiment que des hommes seuls, pour la plupart Pakistanais,
Afghans et Bangladais, qui n’avaient pas demandé
l'asile aux autorités grecques et étaient pour la plupart voués d’entrée de jeu
à l'expulsion…
Pour tous les autres déjà concentrés
dans les camps de rétention de Lesbos et Chios et ceux qui les rejoindront, le
message est passé : Il faut déposer une demande d’asile et ils le feront
tous. Or, pour traiter les demandes individuelles en tenant le délai maximum de
15 jours, en dépit du renfort de centaines d'agents européens, les autorités
grecques sont totalement débordées…
Je voudrais consoler la manifestante allemande qui criait à Mytilène "Stop
aux déportations !" :
Ce n’est pas ça qui accouchera d’un génocide de masse.
Enfin, pas celui qu’elle craint…
j ai pas compris l histoire: z avaient dit qu ils renvoyaient que des syriens en Turquie, ce qui semblait logique puisque la syrie est voisine de la Turquie mais dans cette première pelletée, d’après Itélé et BFM, y avait pas de syriens ???
RépondreSupprimerC'est le grand mystère du grand flou organisateur. Qui parmi les citoyens lambdas dont nous sommes peut dire exactement ce qu'il y a dans "l'accord" ? Nous en retenons ce que le stagiaire de BFMTV ou autre aura retenu, avec sa propre contrainte de temps d'antenne, de ce que l'AFP aura retenu "d'essentiel" à ses yeux avec sa propre contrainte de nombre de signes et espaces...
SupprimerIl n'y avait que 2 Syriens sur les 202. Et en contrepartie, le même jour, la Turquie a expédié 16 Syriens en Allemagne par avion.
Au final, la seule chose concrètement sûre dans l'histoire, c'est le chèque de 6 Md + visas + négo d'adhésion...
Mais imaginez ! Des trains, des armes, des gendarmes ancien modèle, la nuit ! Non, non, non ! Pas nous, pas ça ! Héhé...
RépondreSupprimerEnfin, on comprends absolument rien. Ce que j'ai compris, en tout cas, c'est que les Turcs sélectionnent ceux qu'ils nous envoient...
Après tout, peut être que le Sublime Sultan a fait de notre Jourdain national un Mamamouchi ! Mahameta per Iordina... Y en a un, au moins qui est content !
J'ai oublié de signer, c'est Antiloque. (pour le commentaire sur le Mamamouchi).Enfin, ça me permet d'essayer d'exprimer toute mon admiration et cie. En vil flatteur, je me risque à dire que la sagesse de vos réflexions m'accompagne au rythme de vos publications. Je m'y risque alors...
RépondreSupprimerAntiloque
Merci...
SupprimerPassant pour une deuxième visite, je viens de remarquer (avec horreur) une belle faute dans ma prose : "on comprends" semble aller mieux sans "s"... Faites moi grâce du "ne" de la négation, rajoutez une virgule après "au moins" et mettez ces fautes sur le compte de l'alcool ou de la fatigue...
SupprimerAntiloque