Si les média se montrent désormais prudents dans l’interprétation des sondages, ils n’ont toujours d’yeux que pour l’évènementiel animé par les peoples jouant des coudes pour figurer à l’affiche du prochain opéra. Mais, au-delà des hypothèses formulées pour l’ouverture du premier acte, toulemonde a l’air de se foutre du déroulé de l’intrigue qui suivra. Or, bien plus que les frétillements de croupe de figurants avant le lever de rideau, ce sont bien les possibles contenus de l’œuvre qui intéressent le public et en feront un succès ou un four. D’autant qu’une éventuelle nouvelle bataille d’Hernani risque d’être bien plus sanglante que du temps de Victor Hugo…
Bref, pour ceux qui ne passent pas chez lui, je vous
duplique ci-après pour le soumettre à votre méditation le billet publié ce matin par Maxime Tandonnet sous le titre "Les véritables scénarios de 2017 " :
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« Le monde médiatique ne voit de l’année
politique 2017 que l’écume des choses. L’attention se polarise sur la seule
élection présidentielle. En effet, il est infiniment plus attractif de limiter
la vie électorale à une bataille de quelques personnages. Le sensationnel,
l’émotionnel, le romanesque dominent ainsi les esprits. Or, cette présentation,
quasi généralisée, est largement trompeuse. En 2017 se tiendront deux élections
: présidentielles et législatives. Le chef de l’Etat ne dispose pas ou peu de
pouvoirs propres. Il ne peut décider et agir qu’avec l’appui d’une majorité
parlementaire qui vote les lois et contrôle le gouvernement, pouvant renverser
le Premier ministre et les ministres. Dès lors, on ne peut avoir de vision de
l’avenir qu’en combinant les résultats des deux élections. Au stade
actuel, 5 scénarios sont envisageables :
- Une victoire de François Fillon suivi d’un succès
des Républicains aux législatives : tel est l’unique scénario qui assure
pour les cinq ans à venir la possibilité d’un gouvernement effectif de la
France et la poursuite du système de majorité présidentielle qui domine les
institutions depuis les années 1960. (Chances : 40%)
- Une victoire de M. Macron aux présidentielles. Dès
lors que celui-ci, situé au centre gauche, n’émane pas d’une force
politique particulière, il est improbable qu’il puisse disposer d’une majorité
stable. Il serait plus ou moins soutenu par une coalition instable
centre-gauche/centre droite, sous les feux de la gauche et de la
droite : après un bref état de grâce, une période d’instabilité politique
s’ouvrirait renvoyant aux époques troubles de la IIIe et de la IVe Républiques. (Chances : 20%)
- Une victoire de Mme Le Pen aux présidentielles,
serait suivie d’élections législatives sans doute marquées par des
désistements droite/gauche puis une situation où le chef de l’Etat se
verrait dépourvu de toute majorité et de toute possibilité de soutien parlementaire
: d’où une paralysie totale, aucune réforme envisageable, impossibilité absolue
de nommer un Premier ministre et de gouverner (y compris par référendum, supposant
une proposition du Premier ministre). On peut imaginer soit une marginalisation
absolue de l’institution présidentielle, soit une crise politique majeure
de six à douze mois, provoquant un blocage du pays, et s’achevant par de
nouvelles élections. (Chances 15%)
- Une victoire surprise d’un candidat socialiste à la
suite d’une campagne éclair d’une puissance exceptionnelle (M. Valls, M.
Montebourg, M. Hamon), marquée par un retournement spectaculaire de l’opinion.
Une telle victoire à l’arraché, avec un score très faible au premier tour, à la
faveur d’une deuxième tour face à Mme Le Pen, ne permettrait sans doute pas
d’obtenir une majorité aux législatives tant le rejet du pouvoir socialiste est
fort dans l’opinion. Dès lors, on entrerait dans une cohabitation
conflictuelle entre un chef de l’Etat de gauche et une majorité de droite
du type 1986-1988, ou 1993-1995. Mais le président ne serait pas Mitterrand
– avec ses défauts mais aussi sa finesse politique. Au regard du niveau
intellectuel des candidats socialistes tel que nous le constatons, il faut
s’attendre au pire. (Chances 15%)
- Autre : à ce stade, moins de 4 mois avant le scrutin, la
percée d’un autre candidat, par exemple une surprise venue de la société
civile aux présidentielles semble improbable mais ne peut être exclue
dans le climat actuel d’exaspération de la population. (Chances 10%). »
Maxime TANDONNET
Je laisse à Maxime la responsabilité
de ses pourcentages de probabilité…
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