Le devoir de prudence, c’est vieux ; nos aïeux l’avaient déjà et c’est pour ça qu’on est toujours là.
Le devoir de précaution, c’est mieux ; il est dans la Constitution et c’est pour ça qu’on l’a dans le fion.
Ci-après, l’essentiel d’un récent "courrier des lecteurs" dans le quotidien La Croix :
"A l’issue de la consultation d’un nourrisson de trois mois, sa maman, qui vit dans des conditions très modestes et bénéficie de la CMU, me demande un certificat médical pour les "Restos du Coeur".
"Lorsque je lui demande l’objet de ce certificat, elle me répond que cet établissement s’est engagé à lui donner du lait en poudre à la condition expresse… qu’elle fournisse un certificat établi par son médecin mentionnant "l’absence d’allergie au lait" chez son enfant !!..
Je suis, année après année, confronté comme mes confrères, à une demande exponentielle de certificats en tous genres, pour l’assistante maternelle, la crèche, l’école, les clubs sportifs, les colonies, les centres aérés. Cela me permet de délivrer moult certificats où j’essaie de développer mon sens de l’humour pour démontrer l’inanité de ces demandes et la dérive d’une société irresponsable où chaque individu revendique ses droits sans limites, mais où il demande en son nom propre ou par le biais des institutions et associations qu’il utilise de manière contradictoire et paradoxale que la responsabilité de ses choix soit portée par d’autres, les médecins entre autre. Ceci peut être d’un coût notable pour la société car certains collègues ne manquent pas de considérer la délivrance de ces certificats qui autorisent les enfants à aller à la crèche ou à jouer au ballon le mercredi comme un acte médical qui justifie paiement et remboursement par la Sécurité Sociale.
Pour pousser encore plus loin le paradoxe, on pourrait suggérer à l’ONU qu’elle exige des populations d’Afrique et d’ailleurs, qu’elle secourt dans le cadre de famines liées à des conflits ou conditions climatiques extrêmes, que les mamans fournissent des certificats médicaux de non-allergie pour pouvoir obtenir une aide alimentaire (…)"
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Dans un même ordre d’idée, une anecdote véridique récemment vécue dans les proximités du Plouc :
Représentez-vous une charmante crèche municipale parfaitement aux normes et bénéficiant d’un personnel aussi compétent et diplômé que motivé par son job. Il y est d’usage de fêter les anniversaires des jeunes rationnaires de la grande section. Les parents du héros du jour ne manquent pas d’apporter ce matin-là quelques douceurs ou friandises pour l’ensemble de la section…
A la bourre comme d’hab’ avant de courir sauter dans son RER de banlieusarde, une mère de famille pose son môme en son jour anniversaire… Avec la sérénité du devoir accompli, elles remet alors aux puéricultrices de service le gâteau maison, confectionné à point d’heure et la nuit même, avec amour, sur son temps de sommeil et au format convenable pour l’effectif de petits morfales. Gâteau, précisons-le, pensé, adapté aux intéressés et pratique à distribuer, sans doute un genre quatre quart, sablés, biscuits sans crème ou quoi que ce soit de ce genre…
Réaction navrée du personnel responsable : Niet ! " Avec tous les risques d’allergies et le souci de traçabilité des produits, vous comprendrez que nous ne pouvons accepter que des produits manufacturés du commerce sous emballage d’origine. Nous ne savons pas ce que vous avez mis dedans, de quelle date de péremption, dans quelles conditions d’hygiène, etc."
Bref, apportez un cake de chez Carrefour avec de la graisse de palme hydrogénée, du carbonate acide d’ammonium, du phosphate monocalcique, du lactose, de l’E1789, ça va… Encore que s’il y a des traces de fruits à coque, de soja et d’arachides, comme souvent, on ne sait pas si on peut courir ce risque, même quand aucun parent d’enfant présent n’a fait de déclaration d’allergie ; on ne sait jamais, il suffit d’une fois…. Ou alors prenez des fraises Tagada de chez Haribo, c’est mieux…
Stressée par le souci de ne pas rater son RER qui, par chance, n’était pas en grève, en contractant douloureusement ses phalanges comme ses zygomatiques, la mère de famille réprima à grand peine un double besoin pourtant quasi irrépressible : Entarter les connasses avec l’objet du délit et partir d’un grand éclat de rire…
Toutefois, elle réussit à se contenir et pria fort civilement ses interlocutrices de lui rendre le service de garder le fruit de ses talents culinaires qu’elle ne pouvait emporter jusqu’à Paris dans les miasmes des transports collectifs…
Dans un louable souci de chasse au gaspi, d’économie durable et de comportement citoyen, le personnel de la crèche s’est dévoué pour consommer le gâteau à la pause de midi.
Pourtant, franchissant la porte en partant, la mère avait eu la présence d’esprit de se retourner et de leur rappeler qu’il y avait peut-être aussi un risque… de rupture de la chaîne du froid. La réaction de ses interlocutrices fut alors pour elle un de ces petits moments de plaisir qui enchantent parfois par surprise un quotidien banal : la fugace vision des visages des trois connasses aux regards bovins était un vrai ravissement ; s’y lisait tout à la fois l’incompréhension, le sentiment confus qu’une bénéficiaire-privilégiée-compte-tenu-de-la-liste-d’attente se foutait peut-être de leur gueule et, surtout, quelque chose d’indéfinissable du genre "encore une avec une araignée au plafond qu’il vaut mieux ne pas contrarier, on ne sait jamais"… Les chiens ne faisant pas des chats, quoi de plus normal ? Tenant trop du Plouc en général et de Mme Plouc en particulier, la mère de famille en question s’en est trouvée confortée dans sa "normalité" Ce fut pour elle une belle journée…
"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"
"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.
Je commente dès la première phrase, avant d'avoir lu la suite.
RépondreSupprimer"Le devoir de prudence, c’est vieux ; nos aïeux l’avaient déjà et c’est pour ça qu’on est toujours là.
Le devoir de précaution, c’est mieux ; il est dans la Constitution et c’est pour ça qu’on l’a dans le fion."
Je note, je mémorise et je la ressortirai.
Tout est résumé.
Merci !
Pour le reste de ce morceau de vécu, je vois que les choses ont grandement empiré car j'ai le souvenir de fêtes et de kermesses scolaires où les gâteaux des mères étaient les bienvenus, vu qu'on les vendait pour se faire des sous pour acheter des livres de bibliothèque.
RépondreSupprimerMême qu'un jour, un apprenti malfrat avait volé la caisse, qu'on n'a jamais retrouvée.
Je dis "apprenti" parce que j'ai toujours pensé que c'était un gentil gamin au bel avenir qui avait délesté l'école du fruit commun, mais c'était ptet un parent. Qui sait.