Rien à dire, c’était parfait ! Amateurisme, Période d'essai, Emploi d'avenir... Qu’en
dire d'autre ?
Moi ? - Rien (vaut mieux…)
Je prends quand même la peine de vous coller ci-après l’essentiel
très peu contracté du papier de Pierre-Yves Dugua, le correspondant économique du
Figaro aux Etats-Unis qui a eu le courage de suivre ça en direct jusqu’au
bout et de nous en parler sur son blog d'un point de vue purement technique :
1) Le
contraire d'une conférence de presse
Deux heures
et demie ! C'est beaucoup trop long, surtout pour la capacité d'attention de
l'électeur moyen. Même en pleine après-midi de semaine...Si le message des
priorités d'un chef d'État ou de gouvernement ne peut pas être résumé en moins
d'une demi-heure, il y a un problème dans le message et les priorités...
On ne
commence pas une conférence de presse par un long discours de justification.
Cinq à dix
minutes maximum, suffisent pour cadrer le message. Et surtout pour maîtriser le
message par la suite. Un communiquant doit avant tout se préoccuper de la
manière dont ce qu'il dit sera retransmis à ceux qui ne regardent pas
directement son intervention.
Plus la
communication est longue, plus la matière à des interprétations diverses est
riche. Le communiquant qui perd la maîtrise de la matière première de sa
communication perd son temps. Il passe à côté d'une occasion de recadrer le
débat public selon ses propres termes. En gros, plus on veut en dire,
moins on en dit et plus on risque de se voir faire dire ce que l'on n'a pas
dit.
C'est à
l'occasion des réponses que le Président aurait dû placer les messages qu'il
voulait faire passer dans un long discours.
2) Un
Président choisit et tranche
Si un
Président ne sait pas choisir dans une foule de journalistes celui qui va lui
poser une question...ça fait désordre. Rien de pire qu'un chef, qu'un patron,
qu'un leader, qu'un capitaine d'équipe sportive, qui se montre en direct
hésitant et dépassé par la tâche basique de donner la parole à quelqu'un. Tous
les spécialistes de "com" vous le diront.
Accepter
plusieurs questions d'un coup, y compris des très longues, sur des sujets
totalement différents, pour y répondre ensuite à la queue leu leu, est
anti-pédagogique.
Il y a
toujours un risque que le style de communication brouillon fasse passer le
Président pour un homme peu clair dans sa stratégie et dans sa tête.
3) Les
responsables de la communication de l'Élysée servent à quoi ?
Je ne sais
rien de la manière dont l'Élysée travaille. Mais in fine, tout ce qui relève de
la communication du Président est validé par définition par le Président. À la
Maison blanche, de Reagan à Obama, jamais une telle improvisation n'aurait été
vue. La fin de la "conférence de presse" aujourd'hui partait
carrément en eau de boudin.
Pas de
timing, pas de discipline, pas de recadrage des journalistes qui se laissent
aller à poser des questions précédées d'éditoriaux...Tolérance ridicule pour
des relances.
La première
question du journaliste de l'AFP: un vrai gag ! Mon collègue lisait dans son
petit livre rouge la question qu'il avait rédigée ! J'ai cru à un sketch !
Je vous
assure qu'un journaliste qui couvre la Maison blanche, ou n'importe quelle
agence gouvernementale américaine, maîtrise autrement plus son sujet.
Autant il
est essentiel que le Président ne sache pas à l'avance ce qu'on va lui
demander. Autant il est tout aussi important que les journalistes, qui ne sont
pas triés sur le volet, respectent leur collègues, respectent le Président, et
fassent preuve eux-mêmes de discipline dans leurs questions. Des questions
dures, oui. Mais des questions courtes. Ce sont les meilleures.
Je ne résiste
pas à la tentation de vous suggérer d'aller revoir les conférences de presse de
George W. Bush, Président ouvertement méprisé en France. Vous y verriez un
homme qui connaissait tous les noms des journalistes, qui répondait avec
précision aux questions, qui plaisantait et improvisait en réaction aux
questions, avec un professionnalisme à mille lieux de ce que j'ai vu cet
après-midi.
Barack
Obama, qui donne moins de conférences de presse que G.W. Bush, est lui-même
beaucoup plus discipliné dans cet exercice que son homologue français.
Pierre-Yves Dugua
(l’intégral ICI)
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