Hier
soir, nous autres les antis, nous nous
sommes réunis place Bellecour. Je ne me prononcerai pas sur la participation ; en effet le
programme comprenait un pique-nique dinatoire convivial, ce qui faisait que l’occupation
de l’espace répondait à une logique différente de celle des manifs habituelles.
Au demeurant, la police a dit 3.000 et les organisateurs 5.000… Soit un rapport
de 1 à 1,7. A Paris, c’était de 1 à 3 en janvier et de 1 à 4,5 en mars… Je me
perds en conjecture pour ce qui est des méthodes normalisées de la police. Mais
bon, le préfet du Rhône a sans doute plus le sens du ridicule que le préfet de
police parisianiste… Mais on s’en fout.
J’ai
quand même eu ce matin une pensée compassionnelle pour les anti-antis, dérangés dégénérés dégenrés quoiqu’ils disent, qui ont souhaité contremanifester pour "qu’on
ne les oublie pas"… J’ai appris leur existence par le journal. Z’étaient "environ"
300 selon le canard, regroupés place de la République à 1 km de nous. Là, vu le
passage, même un dimanche aprèm’ à 18h, ça permettait d’y inclure n’importe qui
et ils ont préféré définir leur action comme un "happening" plutôt
que d’assumer le ridicule de la qualifier de manif… Dissuadés par les cognes de
descendre nous chatouiller pour se poser en martyr, un résiduel, "environ 150", a fini par remonter
en sens inverse pour se disperser devant l’opéra. Tout un programme… Mais
on s’en fout.
Revenons
plutôt place Bellecour. Je ne m’étendrai pas sur la sociologie et l’ambiance, on
connaît ; ni sur la teneur des discours et des slogans qui ont quand-même
tendance à se durcir. Côté flics, le cirque habituel : J’ai compté 48
fourgons de CRS rien que sur le pourtour de la place. Les mecs en tenue d’ordre
public avec des brochettes casquées sagement alignées, appuyées sur leurs boucliers.
On n’est jamais assez prudent, merci Walls. Et aussi une trentaine de flics en
civil, genre jean et basket pour ne compter que les porteurs de brassards, qui
semblaient s’emmerder comme rats morts derrière la statue de Louis XIV
transformée en podium, agglutinés les uns aux autres comme si ils avaient peur
de quelque chose… Mais
on s’en fout.
Non,
si je veux vous en causer aujourd’hui, c’est pour évoquer le moment de douce
nostalgie que j’ai vécu ensuite. Après que l’’ordre de dispersion ait été donné
par les organisateurs, je suis allé m’asseoir sur un banc de pierre de la place
comme le font les petits vieux dont je suis. Et j’ai attendu que ça se vide
tout doucement… Puis je me suis relevé pour aller me joindre à un groupe
compact que j’avais déjà repéré. Il s’était réuni autour d’un groupe qui
chantait accompagné par une grosse caisse, une sorte de chorale avec un chef de
chœur. Une poignée d’hommes, des quadras, des trentenaires beaucoup et des plus
jeunes aussi. Des voix chaudes et viriles. Certains ont sans doute vécus "l’appel
sous les drapeaux" dans des unités pas faites pour les bisounours. Mais la
plupart étaient trop jeunes pour avoir connu ça. Quelques filles aussi… Bien
sûr, c’étaient forcément des "identitaires" (le vilain mot) Mais ils attiraient
du monde autour d’eux, des gens âgés, des couples plus que mûrs, et pas
seulement. Je voyais bien que, comme moi, ceux-là voulaient surtout entendre sortir
de ces poitrines viriles ces chants et ces cantiques oubliés, enfouis dans
leurs mémoires. Des chants qui ne parlaient pas de révolte, de plainte revendicative
de nains rongés d’ambition, de repentance, de virtuel et de paraître… Non, des
chants qui parlent de fierté, d’honneur, de volonté, de réel et d’être… Ils
sont partis et nous les avons suivi, 300, 400 peut-être ? Entre les Alléluia
et le chant des Lansquenets, je retrouvais les vieilles paroles sur mes lèvres
et j’avais les larmes aux yeux…
Bien
sûr, eux n’avaient pas l’intention d’en rester là. Ils se dirigeaient vers la
préfecture… Une fois sur les quais, le rythme s’est accéléré. Les flics étaient
derrière, leur artillerie en bandoulière
comme chantait Sardou (pas
Félicien, l’autre)
Tous les flics, les 48 fourgons plus un tas de bagnoles sorties de nulle part.
Il fallait courir. Raisonnablement, avec
ses coronaires, le sac à vin et à clopes en surpoids que je suis désormais ne
pouvait pas… Je me suis donc éclipsé, essoufflé mais heureux. Merci.
Ils
ont dû être pris en sandwich sur le pont Lafayette. Ce matin, la presse locale
titre : "L’extrême-droite a prolongé la soirée"…
On
a relâché leur chef à 23h. J’espère qu’on ne leur a pas confisqué ou crevé la
grosse caisse. Ce sont mes frères. Nos
frères…
Emouvant, en effet.
RépondreSupprimerJ'espère qu'en bons lyonnais vous avez chanté ça : http://youtu.be/VrYtfn22OnQ
RépondreSupprimerAh non ! Je ne suis pas "Lyonnais" ! (manquerait plus que ça comme trahison de plus… Faut quand-même pas déconner) "J’habite à Lyon", nuance… Choix de raison pour mes vieux jours : "petit Paris" à bien des égards, avec offres culturelles, spirituelles, médicales, etc. de haut niveau ; bien relié et avec quelques amis. Mais ce n’est que mon "douar de cantonnement" à deux heures de mon douar d’élection trop isolé. Quant à mou douar d’origine, j’aurais eu trop peur d’être déçu en y retournant…
SupprimerCeci pour dire que si, oui, j’ai entendu le chant en question, il ne me "disait" rien…
48 cars pour 300 personnes, il y avait plus de CRS que d'exteêêêmistes ?
RépondreSupprimerFallait bien qu'ils se dérouillent les guiboles les CRS après tout ?
Fallait les voir courir avec leurs bidons blanc d'aérosols en coursant les fâchistes assassins du vivrensemble !
SupprimerOn ne lâche rien, on ne lâche rien ! Et comme le dit la devise de la coloniale : " qui ose gagne " alors osons et manifestons tant que possible.
RépondreSupprimerOui, je les sens "mes" frères aussi.
RépondreSupprimerTu as passé une bien belle soirée !