- Des lettres tout d’abord. C’est comme avec les sons. Les sons, on peut
les agencer comme on veut, dans l’ordre qu’on veut pour bruiter une apparence
de parole avec sa bouche. Les lettres, c’est pareil. Il est des retraités qui font
des efforts méritoires pour les ranger sur des petites planchettes. Ça s’appelle
bizarrement Scrabble, un genre de
Pétrole Hahn contre la chute des neurones. Mais on peut aussi en faire des
phrases. Ça peut servir et il est avéré d’expérience que ça peut être utile
dans une grande variété de situations. La production de phrases remonte d’ailleurs
à la plus haute antiquité.
Construire certaines phrases nécessite parfois un laborieux travail, voire
une intelligence supérieure afin qu’elle puisse répondre à leur fonction :
être non seulement lisible, mais faire en sorte que le lecteur puisse à peu près comprendre sans trop de
contresens ce que son constructeur a à
peu près voulu dire. Et croyez-moi, ces phrases-là que certains essaient de
fabriquer tous les jours nécessitent autant d’efforts que la construction de la
pyramide de Kéops.
D’autres non.
Avec un stock de lettres et suffisamment de "e", on peut bruiter
une apparence de phrase sans se fouler. Comme avec les sons. L’ordre des
lettres et les césures entre les mots sont certes imposés par des règles absconses
de l’Académie mais c’est là usage surannée. Car lorsqu’on n’a rien à dire,
pourquoi ne suffirait-il pas de piocher comme
ça vient dans le stock et d’écrire :
paé prtstaa vgiréRveuc'
eleni queu ad'n rêbl
Pourquoi faut-il s’escagasser à écrire :
"- La
République c'est un rêve d'avenir partagé." ?
Ç’est presque aussi beau que "Rêve
métissé d’un éternel futur" déjà si souvent évoqué ici. Mais pas
autant : il y a un sujet, un verbe et un complément, ça fait donc un peu
trop construit…
Bref, c’est notre président du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré qui
a sorti ça aujourd’hui en flinguant Sarkozy. Pour lui, les institutions
fondamentales dont il est le gardien ne sont donc qu’un rêve, un rêve dans l’avenir ;
et un rêve partagé (par qui ? entre qui ? avec
qui ?)…
Bon, ce sera la phrase du jour (du jour seulement…)
- Ah oui ! Des chiffres… 29 !
Aujourd’hui, sur BFM-TV, l’animateur de je ne sais plus quel débat (je les confonds tous) que je n’ai pas suivi plus de 5 minutes a évidemment
commencé par présenter le thème dont vous vous doutez puis ses 4 invités (leurs titres et leurs bouquins). Ce qui a pris exactement 4 minutes 19 secondes.
Durant ce laps de temps (je me suis repassé la bande pour compter) il a prononcé exactement
29 fois le mot "affaires"
Soit en moyenne une fois toutes les 8 secondes 93/100°
Ce sera le chiffre du jour et, évidemment, le mot du jour
Ce sera tout pour aujourd’hui.
[paraît que l’Allemagne
mène 1 à 0 à la mi-temps vu le calme dans la rue]
Il en faudrait très peu à ce Monsieur Debré pour ressembler à un clown.
RépondreSupprimeril a dejà le gros nez....
RépondreSupprimerà mon humble avis il y a des dormeurs que l'on doit réveiller d'urgence , même avec un seau d'eau s'il le faut !
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